CANTONALES – Défendre durablement la Gironde périphérique

Tous les indicateurs sont au « brun » dans les zones rurales avant les élections départementales. On s’attend à des scores jamais atteints par le FN dans les campagnes ou même parfois dans le périurbain mais pour des raisons différentes. Depuis de longues années la majorité départementale du Conseil général a tout mis en œuvre dans le cadre de ses compétences et contrairement à l’État, pour éviter que ce sentiment profond d’abandon empire. Mais sans le concours et la volonté des équipes municipales le rééquilibrage territorial n’est pas possible. Il faut donc en convenir : les conseillers départementaux ne peuvent soutenir que les communes ou les intercommunalités qui ont des projets ! Le seul bémol à cette vraie volonté politique de « solidarité territoriale » repose sur un constat : plus les collectivités ont de moyens financiers, plus elles ont de projets et plus elles sollicitent les subventions ! Ce constat a conduit les conseillers généraux socialistes à mettre en place une première mesure fondatrice de l’équité avec le « coefficient départemental de solidarité ». Cette mesure technique consiste, à partir de 3 critères objectifs (potentiel financier, pression fiscale et revenu par habitant) à différencier sur la base d’un calcul annuel le montant des aides allouées. En Gironde l’écart est considérable puisque la commune la plus « riche » affiche 5436 €/habitant de ressources alors que la plus pauvre se situe à 339 €. un écart de 1 à 16 ! Comment ne pas réagir car les habitants veulent partout les mêmes services !

C’est révélateur de la situation actuelle des zones rurales qui accueillent en Gironde de plus en plus d’habitants ne pouvant pas faire face au prix du loyer ou de l’immobilier sur la métropole et qui viennent concrétiser dans des villages parfois sans services depuis des décennies leur rêve légitime « maison, gazon, télévision ». Malgré la mutualisation de la réponse à certains « besoins » (petite enfance, sport, culture, périscolaire…) l’intercommunalité ne parvient pas tout à fait à effacer les dégâts de l’étalement urbain forcé et de l’isolement géographique contraint qui s’ajoutent parfois à la précarité économique due à des endettements excessifs.

Avec le plan « solidarité 2013″ et la mise en place d’une structuration par « pôles » autour de toutes les intervention « humaines » dont dispose le Conseil général on a encore franchi une étape nouvelle sans toutefois combler les vides laissés par l’État républicain dans des domaines comme ce que l’on appelle « l’ingénierie ». Un vaste déploiement concret des techniciens et des cadres départementaux ou proches du terrain va permettre de soutenir les communes les plus démunies en personnels qualifiés. C’est une autre mesure de solidarité territoriale concrète choisie par la majorité actuelle.

Dans les territoires où l’État n’est plus suffisamment présent (moins de moyens humains et financiers) et où le marché ne pourvoit pas à l’implantation de services, c’est-à-dire, dans 80% de l’espace national, il s’en suit un sentiment d’abandon des populations qui apparaît de plus en plus fortement au fil des différentes élections et dans lesquelles sont renvoyés dos à dos l’Europe, l’État, les services publics et les élus de proximité ! La situation devient même extrêmement préoccupante.

Il est obligatoire d’apporter des réponses à ce sentiment d’abandon, non seulement en termes de services, mais aussi en matière d’identité, de cohésion et d’appartenance. Il s’agit d’intégrer la préoccupation de lien social compliquée à traduire en forme économique dans le contexte actuel de ratios et de captation possible par Bordeaux et la métropole des crédits disponibles au nom de la nécessité d’avoir une agglomération attractive et performante.

L’exemple de La Poste est à cet égard intéressant : les populations attendent tout autant le facteur que le courrier lui-même. Pour ce qui est des bureaux de poste, le constat est sensiblement le même : beaucoup de bureaux de poste rendent un service limité mais le lien social qu’il représente y est exacerbé. En termes de représentation et de perception de l’action publique, la suppression d’un poste de postier à Bordeaux n’a pas le même impact pour les gens qu’une suppression de poste dans le Haut entre Deux Mers ! Et il en est ainsi dans tous les domaines et notamment celui de la sécurité sous toutes ses formes !

Tout le programme de la majorité départementale est toujours plus tournée vers cette équité indispensable pour ne pas créer des « ghettos » ruraux comme il existe des ghettos urbains. L’analyse des ségrégations ne peut pas se réduire au constat de la relégation de certains quartiers de logements sociaux ou de la création de quelques lotissements sécurisés pour riches ? Plus que la paupérisation de certaines cités, l’embourgeoisement des centres est actuellement le processus le plus emblématique de la recomposition sociale du territoire. La Gironde n’échappe pas au phénomène !

Dans les villes-centres comme Bordeaux se créé actuellement « une ghettoïsation par le haut » et se dessine aussi a contrario l’émergence d’une France périphérique particulièrement absente de la sphère politico-culturelle ; des territoires singulièrement « aphones ». C’est sur ces territoires en déclin (ou en stagnation) économique et/ou démographique qu’émerge une France périphérique que la majorité actuelle en Gironde prendra en compte par les pacte de solidarité territoriale.
L’espace rural en Gironde qui est devenu un espace de résidence pour « ouvriers» par excellence, n’est lui non plus jamais évoqué sauf pour aborder la problématique d’un groupe social désormais minoritaire dans le monde rural, celui des viticulteurs ou des agriculteurs qui n’ont pas tous une situation financière inquiétante ! Malheureusement dans ces secteurs le vote protestataire a pris le dessus sur l’analyse objective des efforts effectués. On y vote FN contre son propre intérêt !

Toute rupture dans le « contrat » républicain développé depuis des décennies par Philippe Madrelle sur le refus d’une Gironde à 2 (on pourrait maintenant dire à 3) vitesses » constituerait une véritable catastrophe socio-économique. Dans le canton de Créon absolument tous les projets communaux ou intercommunaux de services aux populations ont été pris en compte par le conseil général (écoles, maisons de l’enfance, équipements sportifs, culturels, sociaux, environnementaux…). ce ne sont pas des promesses mais des réalités vérifiables !

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