CANTONALES – Et si on parlait un peu du département ?

Quand on est candidat à une élection quelle qu’elle soit, il est indispensable d’aborder modestement la campagne électorale et surtout de chercher en permanence les raisons qui empêchent les électrices et les électeurs de voter pour vous. Cet exercice nécessite un esprit d’autocritique très aiguisé et, il faut bien le reconnaître il n’est pas très répandu dans le mode politique. Écouter, saisir dans les visages les hésitations, se poser sans cesse la question de la perception que l’on a de votre action, refuser de croire dans les flatteries qui vous sont forcément adressées par les gens qui ne vous veulent que du bien et ne pas se fier aux « généraux » qui vous poussent toujours en première ligne en haut de la tranchée. Il faut savoir que vous êtes nécessairement porteur d’espoirs pour certains et donc une sorte d’investissement devant devenir rentable à un moment ou à un autre. Avec le recul de 22 campagnes électorales dont seulement 5 effectuées sur mon nom et à mon compte, je peux juger de l’évolution de la période actuelle.

Les élections départementales s’annoncent révélatrices d’un changement notable des mentalités. Collectivité territoriale de proximité garante de de multiples services touchant la solidarité humaine l’entité départementale a été l’objet de toutes « attentions » nationales durant plusieurs mois si ce n’est les 6 dernières années. Tour à tour menacé de disparition par les majorités successives, condamné depuis belle lurette au nom de l’écrémage d’un supposé « mille-feuilles » institutionnel le Conseil général est totalement sorti du champ de préoccupation des populations. Pour elles il n’existe plus ! Il y aura même pas 3 semaines de campagne électorale effective et il y a fort à parier que l’on ne causera pas beaucoup de la réalité mais que tout sera occulté par le débat national ! Il faut donc assumer fermement la défense d’un département garant de l’équité dans tous les domaines de la vie quotidienne de toutes les générations et se contenter de ne pas être flamboyant. Surtout en période de crise !

Le Front national n’ayant rien à proposer en matière de gestion départementale que d’ailleurs il ne peut pas espérer assumer, va commencer son pilonnage de 2017 sur des thèmes rabâchés comme autant de vérités : « l’immigration », « les impôts et taxes », «  les abus sociaux » et pour terminer « l’euro et l’Europe »… Et le pire c’est que ça marchera car le fonds de commerce des protestataires ne cesse de grandir. On le donne nationalement à 30 % des votants ce qui avec 57 % d’abstention ne fait que 13 Français sur 100 ! Mais peu importe !

Le Parti communiste et ses alliés pourtant solidaires depuis des décennies de la majorité socialiste du Conseil général et même acteurs de son exécutif vont surfer sur la nécessaire « condamnation de l’action gouvernementale » et tenter de cristalliser les voix des déçus de la politique nationale actuelle. Là encore tout le travail effectué au quotidien par un conseiller général sur les valeurs essentielles que sont l’égalité dans tous les domaines de la vie, la fraternité à travers le lien social associatif, l’engagement parfois viril en matière de lutte contre les réformes successives ne trouveront pas grâce auprès de cet électorat. Il s’agit de voter contre les « candidats » Hollande, Vals ou Macron qui ne sont sur aucun programme ou aucune affiche. C’est ainsi… il faut assumer même si on a tout fait pour mener localement une autre politique ! Admettons ! Le 22 mars au soir aurons-nous changé la politique européenne et nationale ? J’en doute ! En revanche localement on aura tout perdu !

La Droite elle tente par tous les moyens de dissimuler son vrai objectif départemental en faisant le « pont » ! En Gironde le jeu se résume surtout à ne pas attaquer le « bilan Madrelle ». Au contraire de partout montent les hommages et les louanges de telle manière que l’on puisse récupérer une part de son excellente image confirmée aux sénatoriales et surtout mettre en évidence qu’il n’aura pas de successeur à sa hauteur. Ceux qui l’accablaient de tous les maux il y a un an (il faut relire car c’est délectable sur ce sujet les déclarations de l’ex-futur présidentiable) ne réitèrent surtout pas leurs propos acerbes. On reprend même ses propositions refusées lors de leur présentation mais devenues subitement modernes : le pont sur l’estuaire (voir 1985… Il y a 20 ans), le conventionnement entre la Métropole et le Département (accord signé le 10 mars 2014) ; les liens avec les CCAS sur le social (instruction des dossiers RSA personnes seules)… Rien de nouveau donc mais en filigrane de toutes les déclarations un seul objectif venu du Palais Rohan  : revenir sur la situation de la période Jacques Valade où le Conseil général était devenu la pompe à finances de Bordeaux ! Les prises de positions rigoureuses de la majorité actuelle du conseil général sur le financement du grand stade, sur la cité des civilisations du vin, sur le tram, sur l’élargissement de la rocade… seront vite inversées d’autant que dans tous les cas les besoins de financement à venir sont évidents. Le leurre du pont sur l’estuaire inutile et pharaonique mobilise l’attention et pendant ce temps, on fait avaler la métropolisation des finances du CG…

Les gens sont focalisés sur ces approches de la vie collective et n’en sortent pas facilement car il est impossible de les persuader qu’un engagement sincère local a au moins autant de valeur qu’une prise de position théorique lancée sur les ondes par un héraut parisien obnubilé sa cote de popularité.
Enfin il y a surtout les autres prises de position. Au marché de Latresne un chaland accompagnant « l’UMP sans étiquette » candidat sur le canton de Créon a résumé ainsi son hostilité au conseiller général sortant socialiste: « Je n’ai rien contre l’homme et je connais bien Jean-Marie que j’aime bien. Pourtant je ne voterai pas pour lui car il y a quelques semaines j’ai conduit ma mère à la Bordelaise de Lunetterie (pub gratuite) sur la Place de Créon et le temps que je la pose j’ai pris un PV car je n’avais pas mis mon disque zone bleue… C’est inadmissible ! Je ne voterai pas pour lui ! A Créon il faut du changement! » Çà ne me rassure pas! Je ne suis plus maire depuis un an…et je vais devoir changer le programme cantonal !
Jean-Marie Darmian

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