Les racines révélatrices de la mue factice de l'UMP

Les conseillers en communication sont aux manettes dans tous les partis politiques. Ils jonglent avec les symboles, les images, les sondages mais tous, absolument tous oublient les valeurs qui font le fondement de la vie démocratique. En fait les stratèges sarkozistes ont convaincu leur client d vite se débarrasser de tout ce qui peut le ramener sur son passé. Le sigle Ump est mort tellement il colle à des dizaines d’affaires ou des dizaines de personnes ayant totalement discrédité l’Union pour un Mouvement Populaire. D’ailleurs quand on voit les pignes et les pains que s’expédient les leaders et leurs troupes entre eux on n’a pas besoin d’analyse pour comprendre que l’Union est morte depuis longtemps. La notion même est dépassée ! Et que dire de l’adjectif populaire quand on connaît le niveau social des adhérent(e)s et des financeurs d’un mouvement de fric et de frac ! Bref il fallait absolument de se dépouiller de cette étiquette embarrassante à plus d’un titre. Quand on veut faire du neuf avec du vieux on change de costume et on refait le maquillage ! Là on se contente de faire de la soupe avec un vieux pot !
Rien de transcendant pour justement à afficher la nouveauté. Le « brain-storming » des communicants n’a pas été très productif et même très ringard. Ils n’ont réussi qu’à ressusciter la référence « républicain » qui en France a été déjà mise à toutes les sauces électorales. C’est en effet une trouvaille du XIX° siècle ! En 1898, le groupe parlementaire de la Droite républicaine, successeur du groupe de la Droite constitutionnelle fondé par Jacques Piou (ancien maire de Sadirac!), prit le nom de groupe des… Républicains indépendants avant de s’intituler rapidement groupe de l’Action libérale et de représenter ainsi à la Chambre le premier grand parti de droite créé dans l’histoire de la France par les ralliés.
Le groupe parlementaire des « Républicains indépendants et d’action sociale » est revenu à la mode à la suite des législatives de 1936 remportées par le Front populaire. Il regroupe des députés de droite opposés à la «dérive droitière» de la Fédération républicaine (on avait donc deux références). Une partie des « Républicains indépendants » avait été membre du groupe « Républicain et social » créé après les élections de 1932 par Georges Pernot, qui s’opposait déjà au penchant droitier de la « Fédération républicaine ». bref tout le monde en face de la Gauche se réclame avant les années noires de la République. Bien évidemment entre 1939 et 1944 on oublia totalement la référence pour la voir resurgir après la Seconde Guerre mondiale, quand les « républicains indépendants » refusent d’adhérer au Parti républicain de la liberté (PRL) créé par d’anciens de la Fédération républicaine et d’autres hommes politiques de droite. On revient à la vision initiale très rétrograde de la vie politique avec des fusions, des absorptions, des combines sous un vocable n’ayant vraiment aucun sens profond.
Il en est un qui doit se marrer : Valéry Giscard d’Estaing ! C’est en effet sous sous impulsion et pour tenter de trucider Chirac qu’une partie du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), fait scission en décembre 1962 après la censure du gouvernement de Georges Pompidou. Un « Comité d’études et de liaison des Républicains indépendants » se constitue en « Fédération nationale des républicains et indépendants (FNRI) », en 1966, force d’appoint pour les gaullistes (UNR-UDT puis UDR). La FNRI devient ensuite le « Parti républicain » (statutairement Parti républicain et républicain indépendant) en 1977. Libéraux en économie (ouverture des frontières par exemple) et pro-européens (ils prônent notamment la prédominance des institutions européennes sur le droit interne français, et la coopération des États européens même si elle doit restreindre leur souveraineté). Parmi les valeurs montantes de ce parti rénové on trouve alors Jean-Pierre Raffarin et Patrick Poivre d’Arvor qui ont, entre autres, été responsables de la jeunesse.
On connaît ensuite le destin du Parti républicain du temps de dirigeants et d’élus, gagnés aux idées libérales de la Révolution conservatrice menée à l’époque aux États-Unis par Ronald Reagan et au Royaume-Uni par Margaret Thatcher ! François Léotard, Alain Madelin, Gérard Longuet ont été les remarquables « républicains » qu’il faudrait rappeler dans cette période où on reconstruit un parti encore plus à droite que celui qu’ils avaient imaginé à partir du club de l’Horloge !
Donner le nom « les Républicains » à une UMP traversée par des spasmes d’extrême droite reste une supercherie grossière traduisant simplement l’absence totale de ligne politique. Ce n’est que de l’esbroufe éculée servant à travestir un certain bonapartisme rampant… et surtout à redonner une virginité à bien des travestis de la droite dure susceptibles de trahir avec le bleu marine la République !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Pourquoi ne pas appeler ce nouveau parti qui semble flamboyant de renouveau dans ses idées, qui nous présente de nouvelles têtes, bref, qui semble éclatant de nouveauté, oui, pourquoi ne pas l’appeler RPR, ce nouveau parti ?
    Oui ? Quoi ?
    On me fait signe que ça a déjà existé et certains prétendent que ça voulait dire Rassemblement du Peuple Ringard, mais je ne le crois pas…..
    Quant aux prétendus centristes qui ont tendance à ne pencher que d’un côté, le sigle de RPDH (rassemblement pour une droite honteuse) serait tout à fait convenable.

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