A quand un sondage républicain sur l'affaire des sondages ?

Les sondages constituent dans le domaine de la vie sociale des éléments qui portent une lourde responsabilité en matière de perversion de la démocratie. C’est l’histoire inépuisable de la poule et de l’oeuf car nul ne sait véritablement si c’est le sondage qui façonne par sa répétition l’opinion ou si l’on doit considérer que l’opinion est faite avant que le sondage ne la mesure. On ne peut que regretter les sommes folles dépensées pour adapter les valeurs politiques à ce que la société est en mesure d’accepter ou de refuser. Nicolas Sarkozy a largement utilisé les enquêtes d’opinion (plus de 300) sur tout et n’importe quoi pour donner matière à une cellule de communication de façonner les « éléments de langage » adaptés au contexte. En fait le secret de la réussite dans la vie publique c’est d’être capable de formuler ce que ressens la majorité silencieuse avant qu’elle ne l’exprime. A cet égard pour se construire une image il fallait à l’agité de l’Elysée gouverner avec des mots et des actes en adéquation avec son électorat potentiel.
Cette boulimie de sondages avec les fonds républicains constitue probablement le talon d’Achille de celui qui se croît toujours au-dessus des lois ! Il a fallu la pugnacité de l’association Anticor pour mettre en évidence une nouvelle affaire financière au cœur même de l’Etat sarkozyste. L’affaire commence en 2009 avec la remise d’un rapport de la Cour des comptes sur l’exécution du budget de la présidence de la République, conformément à la volonté affichée de Nicolas Sarkozy de rendre plus transparente la gestion de l’Élysée… Tout part de ce rapport qui pointe des sommes folles consacrées à ces sondages ultiples et sans aucun autre intérêt que celui de nourrir parfois les instituts spécialisés.
La cour dénonce alors les modalités de passage et d’exécution d’une convention signée le 1er juin 2007 entre l’Élysée et « un cabinet d’études » pour une somme proche de 1,5 million d’euros (sic) La convention ne suit pas la procédure correcte d’appel d’offres, et sa mission lui permettait de facturer sans contrôle des études d’opinion à l’Élysée. La convention est très succincte (une seule page), ce qui est « exorbitant au regard des règles de l’exécution de la dépense publique » d’après la cour des Comptes.
En 2008, 130 factures ont été réglées par l’Élysée au titre de ce contrat, pour un montant de 392 288 euros, correspondant notamment à des enquêtes réalisées par l’institut OpinionWay. Or il apparaît que ces études sont par la suite publiées dans la presse, sans différence notable : il y a donc double facturation, auprès de l’Élysée d’une part et de clients extérieurs d’autre part – notamment Le Figaro et LCI (bizarre!). Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée, déclare : « On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n’y peut rien ! ». Il estime par ailleurs qu’« il n’y a absolument aucune nécessité » d’ouvrir une enquête sur la politique de commande des sondages par l’Élysée. Ben voyons !
Deux cabinets de conseil sont concernés par ces commandes : Politifact, fondé par Patrick Buisson[ (ex-consultant de LCI, directeur général de la chaîne Histoire qui appartient au groupe TF1, et conseiller de Nicolas Sarkozy et Giacometti Péron & Associés, le cabinet du conseiller élyséen Pierre Giacometti chargé de la « stratégie d’opinion ». On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Bien entendu vous constaterez dans quelques jours qu’il s’agit « d’acharnement judiciaire » et que le « Président n’a rien vu, rien su, rien entendu et surtout rien demandé ! Il n’avait pas le temps de s’occuper de ces broutilles financières !
Après le contrôle des comptes de l’Élysée en 2009, les honoraires du cabinet sont revus à la baisse : de 65 780 € mensuels, ils passent à 52 000 puis à 39 600 euros. Cependant le cabinet trouve d’autres contrats au sein du gouvernement Fillon : il travaille avec Rachida Dati sur la réforme judiciaire, sur les interventions publiques d’Éric Besson à l’immigration, et sur les discours des ministres de l’intérieur Brice Hortefeux et Claude Guéant. François Fillon, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez auront également recours aux conseils de Giacometti-Peron. En tout, sur trois ans, ces dépenses pèseront à hauteur de 2 millions d’euros dans les finances publiques… de vrais républicains ces gens là qui défendent l’économie et d’ailleurs le sociétés concernées ont bien profité durant cette période.
Dans le détail, les frais concernant la société de Patrick Buisson (liés à la convention du 1er juin 2007, reconduite automatiquement) se répartissent avec un versement annuel de 1,5 million d’€ à Publifact pour conseil et sondages, une rémunération mensuelle de 10 000 € pour Patrick Buisson, des paiements à Georges Buisson (fils de Patrick Buisson) à hauteur de 300 000 euros. Les sondeurs ont bien amélioré leurs résultats avec 1,8 million d’€ pour Ipsos, 550 000 € d’OpinionWay et de l’Ifop (société dont l’ex-présidente du Medef, Laurence Parisot, est vice-présidente) pour 550 000 euros chacun ! Un vrai comportement républicain… qui a valu à Claude Guéant, d’être à nouveau placé en garde à vue dans cette affaire avec l’ex-directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon, et l’ancien secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca, les anciens conseillers élyséens Jean-Baptiste de Froment, Jean-Michel Goudard et Julien Vaulpré…Des Républicains, plus des souteisn de l’UMP ! Nuance !

Cette publication a un commentaire

  1. CUSSAC

    Article particulièrement intéressant, mais tout est-il vrai ? C’est la question que se pose tout citoyen quand on connait la capacité de nuisance d’hommes politique de tout bord quant à la manipulation de l’information et l’ingéniosité à monter des situations artificielles ou utiliser les éléments les plus avancés de la technologie (n’avons nous pas subi les images subliminales sous l’époque de M. Mitterand et peut être d’autres choses avec lui ou avec d’autres, y compris des sondages). L’information est exceptionnellement objective, le plus souvent dirigées et souvent du poison distillé, campagnes orchestrées… avec toujours de bons soldats convaincus pour les relayer. Il y a plus de moutons (disait-on au temps du général de gaulle) que de d’esprits avisés. Je ne prétends pas être car je n’ai pas de sources sures …. On doit s’en tenir à la justice …. avec comme beaucoup de Français tout le mal que j’en pense.

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