La Grèce va servir de révélateur au vrai visage de l'Europe

Le conseil départemental de la Gironde a besoin d’emprunter pour investir en cette année 2015. Bien évidemment quand on cherche 30 millions d’€ dans le contexte actuel il faut tenter toutes les formes de recours aux banques pour obtenir les meilleurs conditions possibles pour la collectivité. Un appel d’offres sur le marché obligataire, les prêts traditionnels à intérêt fixe ou à taux variables sécurisés permettent de bien sentir la réalité de ce monde de la finance qui devait être mis au pas mais qui continue en toute quiétude à peser sur les décisions politiques. Le constat est simple : l’inquiétude gagne les rangs des banquiers !
Sur le marché obligataire les investisseurs ne se bousculent plus au portillon pour alimenter les collectivités locales françaises contrairement à ce qui était le cas il y a un an ! Les propositions ne sont plus attractives ! Pour le secteur traditionnel les taux à long terme grimpent plus vite que prévu. Le crédit immobilier va vite coûter plus cher pour les particuliers emprunteurs : c’est une certitude. La période des intérêts bas ne semble plus de mise même si rien n’est encore prohibitif. Pour le court terme on sent un frémissement d’inquiétude. Les meilleures propositions arrivent… d’Allemagne où les disponibilités existent et où on continue à tabler sur des collectivités bien notées par une agence. En France seule sur 6 ans la Banque postale tient la route et parvient à tirer son épingle de ce jeu. La méfiance règne car plane sur certaines banques hexagonales la menace de la cessation de paiement de la Grèce. Le spectre de la sortie de la zone euro se fait de plus en plus proche. La responsabilité semble appartenir au FMI que Tsipras accuse d’avoir un comportement criminel. En fait le Premier Ministre grec rappelle aux dirigeants européens que un défaut de paiement de son pays entraînerait des dégâts considérables en Europe… et il demande donc une plus grande solidarité : « le moment est venu pour que les propositions du FMI soient jugées non seulement par nous mais surtout par l’Europe (…) car l’Europe doit discuter non seulement pour la Grèce mais aussi pour l’avenir de la zone euro » Et il a raison puisque le fondement de l’UE devrait être la solidarité. Or on est sur une vision allemande prépondérante consistant à étrangler Athènes pour protéger les intérêts des retraités allemands ayant placé leurs économies ou leurs fonds de pension dans des banques engagées sur la dette hellénique.
Le Premier ministre grec prête une « responsabilité criminelle » au FMI qui refuse une prise en compte des terribles efforts effectués par le peuple grec mais pas nécessairement aux capitalistes. Les prêteurs se contentent inlassablement de réclamer de nouvelles coupes budgétaires. Tsipras insiste sur le fait que pour lui la position du FMI ou de l’UE (surtout après les récents résultats espagnols) est « politique ». Il a dans cet état d’esprit affirmé que la Banque centrale européenne (BCE) tenait au principe de l' »étranglement » financier de la Grèce et il a reproché à cette dernière et à l’Union européenne en général de s’opposer à toute procédure d’allègement de la dette.
En plus le spectre d’une sortie de la Grèce de la zone euro a déjà fait beaucoup de dégâts dans le pays. Les sorties de capitaux se sont accélérées depuis la prise de pouvoir, fin janvier, de la gauche radicale Syriza, qui a refusé de poursuivre la mise en œuvre du plan de soutien de l’Union européenne, de la BCE et du FMI. Ce blocage a aggravé la crise économique dans le pays et a empêché le versement du solde de l’aide internationale (7,2 milliards d’euros) par les créanciers d’Athènes… Les flux de capitaux sortants ont atteint des montants considérables depuis le début de l’année : 12,25 milliards d’euros en janvier, 7,57 milliards en février, 1,91 milliards en mars avant de remonter à 4,89 milliards en avril. Pour la seule journée de ce dernier lundi, ce sont 400 millions d’euros qui auraient quitté la Grèce, après l’échec du dernier round de négociations. Le taux de chômage dépasse les 25% et il atteint 55% pour les jeunes de 15 à 24 ans. Le pays est retombé dans la récession au premier trimestre 2015 après avoir retrouvé la croissance en 2014… Alors que les experts sont sceptiques sur les chances de parvenir à un accord avec Athènes à l’occasion d’une réunion de l’Eurogroupe, le spectre d’un contrôle des capitaux plane désormais sur la Grèce. Un journal allemand  a affirmé que les Européens avaient décidé de mettre en place un plan d’urgence pour éviter une panique bancaire (« bank run ») en Grèce si aucun accord n’est conclu d’ici à la fin de la semaine. Il ne faut absolument pas que Tsipras contamine le reste de l’Europe !

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