Pourquoi ne pas saisir la chance des langues maternelles ?

Quel est l’avenir économique de ce beau pays que l’on nomme France ? Pour ma part je pense que le tourisme a encore de larges marges de progression quand on constate la manière dont sont accueillis les gens de toutes nationalités venant découvrir les charmes de notre patrimoine, de nos paysages et de nos lieux de villégiature. En conservant une croissance annuelle de 2 % (réaliste au regard des prévisions de l’Organisation mondiale du tourisme), l’objectif de 100 millions de touristes fixé par le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, devrait être atteint à l’horizon 2022. Un objectif qui suppose des milliers d’emplois nouveaux à créer; Le progrès du tourisme devrait s’appuyer sur l’afflux de plus en plus massif de la clientèle asiatique.
Les Chinois ne représentent encore que 2 % des touristes, mais le chiffre est en progrès de 23,4 % sur un an. Y sommes nous préparés ? Pas du tout puisque le système éducatif continue à se focaliser sur des principes anciens voulant que la réussite ne soit qu’académique. Ainsi dans le secteur des langues dites vivantes le handicap français est extrêmement lourd. Il va prendre dans les prochaines années l’allure d’un boulet pour la montée en puissance du tourisme. Il fut une période, pas très éloignée où l’essentiel de la fréquentation tournait autour des pays européens voisins quand maintenant elle devient planétaire. C’est dépassé.
Dans une réunion récente autour de l’emploi des jeunes en difficulté j’ai été ébahi par les propos d’un élu sachant tout ou presque qui proposait d’embaucher pour un futur grand équipement touristique presque que des gens parlant le « mandarin ». Bien évidemment selon lui les « sans emploi » actuels n’ont ni la volonté, ni les capacités pour se former et préparer cette venue massive de touristes asiatiques. Il expliquait doctement que les employés des restaurants asiatiques bordelais demandaient vite la régularisation de leur situation de « migrants » pour pouvoir postuler dans les services qui vont être ouverts (restaurants, musée, accueil, animation…) Et alors qu’il avait fait de perfides allusions aux habitants des quartiers « parlant déjà 2 langues » il sollicita de Pôle emploi les formations accélérées ad-hoc. Certains « immigrés » même clandestins deviennent intéressants !
Bizarre que tout à coup on prenne conscience que l’immigration peut devenir dans certains secteurs de notre vie économique un atout considérable. Connaître les langues du monde pour dialoguer en affaires, pour accueillir, pour prospecter reste la clé pour l’avenir constitue désormais un plus. Et il faut se demander vraiment si l’enseignement n’a pas à prendre des initiatives pour améliorer les connaissances de lycéens ou d’étudiants dans leur langue maternelle. Le potentiel est énorme mais négligé au prétexte que seul le français serait le vecteur de la réussite sociale.
Il en va autrement pour l’avenir puisque écrire et parler arabe, chinois, russe, japonais… constitue un vrai facteur de réussite. L’apport culturel d’une autre langue va devenir au moins aussi prépondérant que le commentaire d’une tragédie classique. Aucune prise en compte réelle de ces besoins n’apparaît dans les programmes puisque l’on continue à ignorer les langues maternelles et justement, au nom de l’intégration à inciter les enfants et les jeunes à l’abandonner. Un étudiant en langue vivante coûte plus de 11 000 euros par an à l’État ce qui devrait faire réfléchir en cette période de disette budgétaire quand on n’a qu’à améliorer le savoir de certains.
Si l’anglais reste la norme sur le marché du travail, la maîtrise du chinois apporte aux aspirants à l’embauche une plus-value non-négligeable. Mais pas de panique, une linguistique parfaite n’est pas encore exigée. Le chinois, langue de la deuxième économie mondiale et du premier pays exportateur de marchandises, est-il en passe de devenir le nouveau laissez-passer pour l’emploi? Certainement dans un proche avenir! En 2001, 4000 collégiens et lycéens étudiaient le chinois. Ils sont aujourd’hui plus de 32.000. On compte 10% de nouveaux inscrits cette année dans le secondaire. Et il faudrait accélérer le processus et se pencher sur l’origine sociale de ces apprentis ! Le nombre d’enseignants d’arabe est passé quant à lui de 218 en 2010-2011 à… 197 en 2012-2013 et à 187 aujourd’hui, en raison de la faiblesse des recrutements aux concours (2 postes à l’agrégation et fermeture du CAPES ), et des départs à la retraite d’enseignants. On a donc assisté à une baisse de 14,22 % en quatre ans. Les élèves, dans la même période sont passés de plus de 7 000 à plus de 9 000, ce qui correspond à une augmentation de 28 %. En même temps, les besoins restent criants avec quelques 50 000 élèves du primaire. Pourquoi ne les retrouve-t-on on pas au collège ?
Quand la France se réveillera…et protégera son « patrimoine migratoire » au lieu de le dénigrer et de le marginaliser on pourra peut-être préparer autrement l’accueil des touristes de demain !

Cette publication a un commentaire

  1. Alain .e

    Tout à fait d’ accord avec vous, il faudra améliorer la qualité de l’ accueil des touristes et pour cela remplacer les français dans leur ensemble par des thaïlandais ou des mauriciens qui ont un sens de l’ accueil et une gentillesse bien plus spontanée,..
    limiter également les vols et agression des touristes, de récentes affaires à Paris donne une image déplorable de notre si beau pays.
    quand à la langue, la technique viendra peut être à notre secours avec des traducteurs instantané de conversations, et la France retrouvera une croissance à deux chiffres !!!!

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