L'été des parcs aux illusions pour flots de touristes

Les « parcs » «étaient autrefois réservés à la protection nocturne ou à l’enfermement des animaux afin qu’ils soient regroupés et aisément surveillés. Ce terme d’applique désormais à des espaces clos dans lesquels sont concentrées (en été souvent pour tout ce qui est aquatique) des attractions pour que des flots ininterrompus de touristes viennent goûter à la liberté de faire ce que les organisateurs profiteurs ont voulu. Le plus célèbre d’entre eux situé dans la région parisienne draine des millions de visiteurs de tous les âges captivés par le stuc, les émotions fortes ou la tendresse des évocations cinématographiques ou télévisuelles de son enfance. En fait tout a été conçu pour que le visiteur consommateur entre dans ce qu’il pense être la réalité de son rêve. Plus tout est factice et surfait et plus le système fonctionne.
Le « parc » retient au mieux, l’extraordinaire besoin de fiction dont on besoin les femmes, les hommes, les enfants durant leurs vacances ou leurs congés. Partout en été on cherche à magnifier, à amplifier, à valoriser un réel qui souvent se suffit à lui même. La beauté naturelle, la simplicité des faits, la modestie des personnes ne suffisent plus à captiver le touriste. Il lui faut de la sono démesurée, des éclairages spectaculaire pour qu’il puisse vivre une véritable aventure. Cette recherche permanente de l’exceptionnel conduit à une marchandisation touristique du patrimoine naturel, bâti ou social où les investissements doivent devenir rentable. L’ordinaire (paysages du quotidien, bâtisses ou monuments du quotidien antérieur, traditions séculaires…) s’enfonce lentement mais inexorablement dans l’anonymat. Il faut du « parc » attractif, de la concentration, de l’empilage de reconstitutions pour que les foules soient au rendez-vous.
Les initiatives se sont multipliées en France et par le monde. Chaque région ou presque a investi ou soutenu des promoteurs soucieux d’exploiter une spécificité patrimoniale : volcans en Auvergne, préhistoire en Dordogne et Ariège, histoire au Puy du Fou, parc Astérix, cité de l’espace à Toulouse, Marineland, Océanopois et bien d’autres « parcs animaliers... En fait on a poursuivi ce qui au Moyen-Age avait été amorcé par les « foires » dont la plus célèbre était celle du Trône. Ce nouveau gigantisme de « l’extraordinaire » finit par poser le vrai problème de la qualité des propositions actuelles et futures. La marchandisation bat son plein comme dans tous les secteurs de la vie sociale et elle trouve une clientèle de choix à l’époque des congés.
Pour tout ce qui touche à la nature (espaces naturels sensibles, parcs régionaux ou nationaux) le dilemme est permanent. Comment concilier la valorisation culturelle de ces lieux protégés avec une fréquentation souvent contraire aux intérêts de la protection souhaitée ? Jusqu’à quel niveau d’accueil de public parfois inconscient du rôle essentiel de ces « conservatoires » de la biodiversité ou des paysages peut-on aller ? Doit-on préférer la « sanctuarisation » à « l’ouverture raisonnée » ? En période de crise la tentation est de plus en plus grande de « rentabiliser » ce qui constitue de fait une vraie richesse pour la collectivité. On sait fort bien qu’à terme les dégâts environnementaux par ignorance sont inévitables car rien de prépare vraiment dans l’éducation à la prise en compte de l’importance de la faune et de la flore de proximité. Alors inévitablement on va vers des fac-similés qui évoqueront ce que fut la vérité du temps passé. Les apparences trompeuses font recette.
D’ailleurs l’été 2015 est bien parti pour être un très bon cru pour les parcs d’attractions français, qui ont enregistré une fréquentation en hausse au cours des deux derniers mois. Une embellie dont tout le monde a profité, quel que soit le lieu d’implantation ou la taille du parc d’attraction Ainsi le Futuroscope a enregistré une fréquentation en hausse de 20% en juillet et de 13% en août.  Mercredi dernier, le parc a même battu son record de l’année avec plus de 16.000 visiteurs sur une journée. Sans oublier les dépenses sur place (repas, souvenirs, etc.) en hausse de 3%. Une tendance qu’on retrouve dans tous les parcs : au Puy du Fou, en Vendée, le nombre d’entrées a augmenté de 10% en juillet et de 8% en août. Les Français ont été bien moins nombreux à partir à l’étranger cet été. Résultat, ils ont multiplié les séjours dans l’Hexagone et ont davantage fréquenté les parcs d’attractions. Signe des temps le Futuroscope estime que sa dernière offre, inspirée des « Lapins crétins » (tout un symbole), explique l’afflux de nouveaux visiteurs. Or le parc poitevin n’est pas le seul à avoir investi : le Puy du fou a lancé le spectacle Les amoureux de Verdun, tandis que Disneyland Paris a misé sur Ratatouille et la Reine des neiges… Une nouevlle forme de tourisme apparaît avec ses aléas pusique dans le plus grand parc américain de Yosemite un deuxième touriste a contracté la peste. Oui vous avez bien lu : la peste ! Une attraction plus vraie que nature !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    La surenchère dans la médiocrité (à quelques rares exceptions…)..

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