L'improbable cure de silence

Nous en avons totalement perdu l’habitude depuis quelques décennies, au point que quand on y est confronté on éprouve de l’angoisse avant de s’y accoutumer! Il serait pourtant indispensable que les cures de silence complet ou de nuit noire soient prises en compte comme thérapies indispensables dans une société oppressante par son tohu-bohu permanent et ses lumières artificielles omniprésentes. Se couler volontairement dans un bain de solitude silencieuse prend vite des allures d’aventure ! Les repères du quotidien n’existent pas ! Ces bruits familiers qui rassurent car ils démontrent que nous sommes dans la vie ont brutalement disparu. Rien.
Au début on cherche, on guette, on attend. Rien. On tend l’oreille ! Rien. Déstabilisant. Pas de folie d’un automobiliste prenant une rue proche pour la ligne droite des Hunodieres au 24 heures du Mans! Pas de bourdonnement excité d’une moto traversant la ville ! Pas de camions de collecte des déchets jouant la symphonie de percussions des poubelles vides ! Même pas le roucoulement matinal des tourterelles turques immigrées urbaines. Le ronronnement agaçant du réfrigérateur ou le tic-tac obsédant du réveil restent parfois présents et prennent alors une dimension exceptionnelle ! Pour le reste : rien ! Le bonheur parfait mais le silence inconnu ou oublié nécessite pourtant un temps d’adaptation!
On ne part pas si facilement qu’on le pense hors du monde oppressant et sonorisé dans un contexte où justement, trop souvent, on recherche à seulement changer de bruits. Certains d’entre eux constituent au cœur d’un silence absolu des « bonbons » que justement la société des sonorités artificielles rejette comme des intrus. Le matin au creux du vallon les coqs se défient en rivalisant de puissance de leur cocorico. Ils entament un dialogue irrité et vigoureux afin de démontrer qu’ils ouvrent positivement une journée de rois de basse-cour ! Les chiens aboient même si aucune caravane passe : eux-aussi entrent dans la rivalité sonore. Là-bas dans le lointain, l’Angelus sans aucune incidence sociale, entame une cavalcade sonore comme si toutes les rythmes de vie des hommes restaient encore sous influence religieuse. Peine perdue ! Il est vrai que parmi celles et ceux qui vivent justement à l’ombre d’un clocher la référence sonore bi-quotidienne n’a plus grande valeur ! Ils préfèrent souvent le lien avec le Klaxon de la voiture du boulanger ou le bruit du moteur de celle de leur assistante de vie ! La pluie enveloppe de ses claquettes fines ou grossières le monde. Le vent secoue énergiquement les arbres. Le ciel se fâche ! Toutes ces sonorités prennent une ampleur particulière quand on est loin du reste.
Un jour et une nuit de silence intégral deviennent vite insupportables car la dépendance au bruit existe bel et bien ! Elle tourne même à l’intoxication et le sevrage reste paradoxalement aussi difficile que celui qu’il faut s’imposer pour n’importe quelle addiction ! La libération ne peut venir qu’après une période d’adaptation. Fermer son téléphone mobile, ne pas allumer un écran, refuser d’écouter les cris du monde : autant de décisions douloureuses !
La tentation est permanente de briser la loi du silence pour retourner vers le principe que  » qu’il est bon de faire quand tout s’agite autour de vous ! « . Mais on finit vite par aimer cette liberté inestimable de ne plus entendre les bruits des autres ! On se prélasse avec délectation dans un « cocon » insonorisé surtout si en plus on y vit hors du temps habituel !

Cet article a 3 commentaires

  1. Rogier

    Qu’il est bon DE NE RIEN faire quand tout s’agite autour de vous 🙂 lapsus ? cordialement

  2. François

    Bonjour !
    Et voilà comment notre vice-président du Conseil Départemental est rentré en retraite monacale !
    Bonnes vacances …. Père J-M ! ! !
    Cordialement.

  3. Christian Coulais

    Juste écouter, ressentir le souffle du vent,
    qui s’immisce dans la bastide d’antan !

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