La victimisation du FN constitue son fonds de commerce

La tactique de la victimisation alimente constamment en électrices et en électeurs supplémentaires au front National. En plus la judiciarisation qui est faite des moindre phrases habilement ambiguës distillées par le clan Le Pen accentue ce phénomène voulant qu’on s’en prend à celles et ceux qui ont le « courage de dire la vérité ». Il suffit d’une plainte souvent traitée des mois plus tard ou d’un procès savamment médiatisé pour que ce qui avait été immédiatement englouti par le rouleau compresseur de l’actualité revienne à la surface. La phrase en cause est reprise des centaines de fois, ressassée à l’envi, décortiquée sempiternellement ce qui lui donne un impact très largement supérieur à ce qu’il avait été à l’origine. Le FN se régale de ces interventions judiciaires qui mettent en évidence une sorte d’acharnement de establishment.
Ainsi Marine Le Pen comparaissait pour incitation à la haine, en raison de ses propos sur les prières de rue en 2010. Une phrase qui jouait en fait sur le mot « occupation ». Elle le savait fort bien et ses avocats aussi. Le terme historique étant critiquable alors que celui du quotidien n’avait rien de condamnable. Comme le grand public est bien loin de ce débat de sémantique les médias ont sans cesse rappelé l’enjeu global du débat : les prières dans les rues de musulmans trop nombreux pour accéder à leur lieu de culte. Et bien évidement le procureur a requis la relaxe pour la patronne du Front national. « Mme Le Pen, en dénonçant ces prières dans l’espace public, imputables non à l’ensemble de la communauté musulmane, mais a une minorité, n’a fait qu’exercer sa liberté d’expression », a argumenté le Procureur. Il a simplement rappelé que pour un juge il faut vérifier la conformité ds propos avec la loi : pour « occuper », ne serait-ce que momentanément, l’espace public, « il faut se soumettre à certaines règles ». Par contre, il s’est refusé à entrer dans le débat sur la référence, ou pas, à la Seconde Guerre mondiale. Il ne s’agit donc qu’une interprétation malveillante des plaignants ! On en est pourtant très loin mais il faut bien sûr différencier le fond et la forme.
Alors en campagne pour la présidence du Front national elle assiste à une réunion publique de militants à Lyon (il ne s’agit pas de propos tenus sur des médias ou dans un espace public) et elle déclare : « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire ». Avant d’ajouter: « C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes, il n’y a pas de blindés, pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants ».La salle du tribunal du tribunal de grande instance de Lyon était prise d’assaut pour l’occasion et la presse était venue en nombre : l’effet est immédiat ! Avant même le résultat les titres, les flashes seront tous à l’avantage de la patronne du FN que la justice risque de blanchir !
Dans le même temps le clan Le Pen a tapé à mort depuis des mois sur une « connivence » (au minimum) et une « alliance » (au maximum) UMPS… et donc mettre en évidence de manière simpliste qu’il gênait les gens en place. En fait le stratagème fonctionne avec une constante mise en « réaction » des autres face à ses provocations ou ses prises de position. Quand Cambadélis écrit à Sarkozy pour solliciter une intervention du CSA pour empêcher sa participation à une émission sur France 2 il accrédite cette position et doit singulièrement faire le bonheur des communicants frontiste . Ils protestent car elle est également candidate aux régionales et Présidente du FN. Une double casquette qui fait d’elle une porte-parole en campagne personnelle. Pour Les Républicains c’est inadmissible sauf si Xavier Bertrand vient lui apporter la contradiction et pour le PS on est contre cette cinquième invitation sur 36 émissions. Supposons que sa venue soit déprogrammée à la suite de cette union sacrée et vous verrez le résultat dans les sondages…
En définitive ne faut-il pas combattre le FN en proposant autre chose, en restant sur des valeurs, en répondant aux attentes des gens, en expliquant sans cesse le vide absolu des propositions faites, en se montrant pugnace dans le militantisme, en répondant enfin aux aspirations du peuple et pas du monde de la finance plutôt que de vouloir entamer des procédures éloignées du quotidien des gens. Le jugement de Lyon ou la réponse du CSA ne changeront pas la réalité sociale et constitueront plus des aveux de faiblesse que des victoires. Un peu comme si plus personne ne savait colmater les brèches ouvertes dans un système à bout de souffle.

Cet article a 2 commentaires

  1. Jean

    Bien vu, Jean Marie !

  2. Coulais

    Lettre de Jean-Luc Mélenchon à son éditeur, la maison Fayard, suite à l’éventuelle édition en 2016 du livre M. K. d’A. H.
    (Comme pour Mme le P. et la Maréchale Le P., je préfère mettre des initiales, ainsi les robots-moteurs de recherche les mettrons un peu moins en avant !)
    http://melenchon.fr/2015/10/22/non-pas-mein-kampf-quand-il-y-a-deja-le-pen/
    Si ce livre n’est pas édité, les Le P. en seront-ils victimes ?

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