Lundi matin il faudra ouvrir de nouveaux horizons

Bien que mon engagement au service des autres touche à sa fin, j’ai décidé après les votes enregistrés lors des élections régionales sur le Créonnais avec des scores impensables du front national dans certaines communes, de modifier mon approche politique. Je veux consacrer les dernières années de mon seul mandat actuel de conseiller départemental à combattre à la racine les comportements conduisant la société à la catastrophe. Je sais pertinemment que mes efforts ne seront pas nécessairement efficaces et ne modifieront pas le cours des événements mais baisser les bras est… au-dessus de mes forces morales. Je ne serai qu’une sorte de grain de sable sur le chemin des valeurs auxquelles je crois pour changer la réalité ambiante : proximité, citoyenneté, liberté. Si dimanche soir les résultats écartent le FN lundi matin on repartira Paris comme avant or rien ne sera réglé !
La semaine écoulée doit inexorablement interpeller celles et ceux qui refusent de voir la vie collective sombrer dans les miasmes du combat politicien superficiel. Encore une fois le système médiatique a reflété une vision apocalyptique des comportements des « vedettes » du show-bizz télévisé que j’accuse de pervertir la perception qu’a la majorité de la France de ses élus. C’est insupportable, intenable, inimaginable et je ne veux en rien être assimilé à ce « bougli-bougla » national qui me détruit de jour en jour le moral et me pourrit l’existence. Je n’ai ni les moyens, ni l’ambition de bouleverser cette donne mais je ne supporte plus physiquement et psychologiquement d’être assimilé à celles et ceux qui détruisent la République et de rester les bras ballants.
Fils et petit-fils d’immigré arrivé sans papier et avec un maigre baluchon sur la terre des Droits de l’Homme j’ai eu le privilège d’accéder grâce à des « maîtres » convaincus de leur rôle « d’instituteur » (au sens premier du mot) à on tour à leur noble métier. Toute ma vie professionnelle n’a été portée que par une seule ambition : former des citoyen(ne)s ! J’ai débuté en 1967 à 20 ans et j’ai l’amertume de constater que bientôt 50 ans après on est loin, très loin de poursuivre le même but dans un système recroquevillé sur des ratios quantitatifs mais éloigné plus que jamais de cet objectif. Nous payons lourdement, irrémédiablement, la faillite de notre école publique républicaine mise à toutes les sauces réformatrices et ayant oublié sous la contrainte politique le principe de Montaigne sur les têtes « bien faites » plutôt que « bien pleines ».
J’ai une obsession : ai-je ma part de responsabilité dans les résultats qui seront proclamés dimanche soir avant ceux qui arriveront en 2017 ? Oui car après 50 ans de militantisme syndical, mutualiste ou politique j’ai certainement avalé trop de couleuvres. Oui car comme modeste homme de médias durant 30 ans j’ai renoncé à bien des principes. Oui car comme élu j’ai parfois accepté l’inacceptable pour avoir la paix. Oui car je n’ai pas toujours choisi les bons combats. Chacune et chacun des acteurs de la vie collective ont eux-aussi leur part dans le naufrage qui menace le navire « liberté, égalité, fraternité » ballotté par la mondialisation du profit et le nivellement des consciences. Il s’agit de les réveiller…
Je vais donc tourner le dos à la vie politique institutionnelle des partis qui a échoué pour revenir, au nom de la proximité, vers les fondements associatifs menacés de tous cotés mais essentiels pour la vraie démocratie car ils donnent tous son sens à l’action citoyenne. Le conseil consultatif citoyen cantonal sera activé le plus souvent possible pour élargir au-delà des élus le rôle de relais d’information. Je relancerai en mars 2016 le « printemps citoyen » atour de thèmes liés aux compétences départementales. Je soutiendrai l’initiative de création de « cercles citoyens » sur le territoire girondin.
J’irai une fois par semaine à la rencontre des habitants dans les communes pour écouter et apprendre directement d’eux sur les marchés ou sur les manifestations publiques. Plus question d’attendre seulement que les gens viennent vers moi (permanence, rendez-vous) mais chaque fois que ce sera possible le mercredi et le samedi matin j’irai vers eux. Bref il faut briser par tous les moyens le globe de cristal télévisuel qui enferme les esprits, forcer au débat et agiter les idées. Je prendrai sur le temps institutionnel les moments nécessaires à ces actions vers tous les publics.
J’accentue ma liberté de parole à l’égard de tous les pouvoirs afin de ne plus me considérer comme complice d’erreurs susceptibles de fracasser les valeurs auxquelles je crois. Je ne rentrerai à ce titre dans aucune « organisation » pouvant institutionnaliser mes positions hors de l’exercice de mon mandat départemental. La priorité sera plus que jamais l’écoute et surtout la co-construction du pacte territorial développé par le Conseil départemental avec des rencontres autour des thèmes importants. Impossible pour moi lundi matin de faire comme si rien ne s’était passé dans de nombreuses communes du Créonnais où je suis né et où j’ai construit ma vie. L’étiage du FN à plus de 20 % sans aucune justification locale contraint à une inflexion des comportements et des pratiques. Le temps presse. Il n’y a plus que 15 mois pour sauver ce qui peut l’être encore.

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7 réponses à Lundi matin il faudra ouvrir de nouveaux horizons

  1. Des mots pour des maux, nous connaissons votre engagement sans faille et sans faiblesse et je salue vivement votre parole libérée.

  2. Facon dit :

    Enfin le ras le bol ? Les politiques vont se faire hara-kiri ? Tranquillisez vous vous serez seul, rien ne changera lundi, rien ne sera regle …

  3. Charcot dit :

    Bravo. Rien à ajouter. Une parole vraie, un engagement reconnu, des valeurs réaffirmées, des perspectives encourageantes. Nous pouvons encore sur ces bases envisager un retournement de situation pour 2017. Cela demande d éveiller les consciences avant d infliger des consignes de vote.

  4. Coltri dit :

    Comme ça fait du bien d’entendre un discours responsable et honnête avec de vraies propositions. Je pense moi aussi qu’il faut tout reprendre à zéro et renouer un vrai dialogue avec les citoyens. Le chemin sera long…merci . Il nous appartient de le raccourcir.

  5. Sanz dit :

    Cher Monsieur Darmian,
    Merci pour ces paroles. A travers elles, j’y entends une méthodologie de travail pour conquérir sinon reconquérir l’espace public (et n’oublions pas l’espace public numérique !).
    A bientôt !

  6. DESBORDES Jacques dit :

    Jean-Marie, je partage la totalité de tes constats.
    Et, comme le dit « Charcot » dans un des commentaires, il y a urgence à éveiller les consciences.
    Tu peux compter sur moi pour t’accompagner avec acharnement dans tes démarches de conseil consultatif et de cercle citoyen.
    Bien sûr, ce travail militant ne produira pas immédiatement des effets mais il aura le mérite de « labourer » le terrain des consciences pour, petit à petit, faire ré-émerger la conscience citoyenne de l’autre et du bien public.
    D’accord avec « Coltri » : le chemin sera long ; il nous appartient de le raccourcir !
    Il y a urgence.
    Jacques Desbordes

  7. Sanz dit :

    Je veux revenir vers votre blog, cher Monsieur Darmian, pour faire part de mon témoignage sur mon droit et et plus précisément mon droit de vote en ce dimanche d’élections.
    J’ai fait le nécessaire mardi 08 décembre 2015 pour remplir le formulaire de demande de procuration. Nous étions nombreux ce soir-là à faire cette démarche (attente de quarante cinq minutes devant le commissariat). Aujourd’hui, j’ai eu le regret d’apprendre par mon mandataire que le bureau de vote de ma commune où je réside n’avait pas reçu ma procuration et donc le vote en mon nom n’a pu se faire.
    A l’heure du numérique qui permet justement de s’affranchir des délais et des distances, cet empêchement d’exercer mon droit de voter alors que – je le souligne encore – une technologie (celle numérique) le permet, est tout simplement… bête, n’est-ce pas ?
    Je fais part de ce témoignage (qui est le mien) dans l’idée d’offrir ici une énigme à nous tous : voici l’exemple d’un droit (le droit de voter dans cette circonstance) qui consiste et qui ne peut se réaliser alors que techniquement, rien n’empêche l’exercice de ce droit dans le fait.
    J’espère que cet exemple (que je m’efforce de rendre visible ici) puisse illustrer cette reconquête indispensable de l’espace public qui est aussi l’espace public numérique.
    Bien amicalement
    Noëlle

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