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Après le mur de Berlin l'Europe espère celui de Schengen

Il faut se rendre à l’évidence, l’Europe doit soit se résoudre à accepter les flux migratoires en s’efforçant de les contrôler soit les restreindre en tentant de boucler les frontières de Schengen. Dans les deux situations les dépenses seront à supporter par un budget européen déjà mal en point. En fait ne pouvant compter sur la Turquie dont le gouvernement joue en permanence un jeu ambigu à la limite du soutien aux terroristes ou à la mise à mal de leurs adversaires les plus efficaces que sont les Kurdes on cherche à verrouiller l’accès à la Grèce. Étranglé par les exigences financières du FMI, de la BCE ou des banques, le pays par où transitent des milliers de réfugiés est en effet montré du doigt par le reste de l’UE. La passoire que constitueraient les îles de la mer Égée nécessitent des moyens humains et matériels considérables or les moyens actuels ne permettent pas au gouvernement grec de répondre à cette attente internationale. Il va donc falloir que la solidarité soit réelle afin de réguler ce qui pose problème au reste du continent.
On a donc fait pression sur la Grèce pour qu’elle contrôle mieux sa frontière avec la Turquie. Les ministres de l’intérieur ou de la sécurité ont aussi demandé à Bruxelles de préparer les mesures pour permettre le maintien, si nécessaire, des contrôles frontaliers rétablis par certains États. C’est l’aveu d’un échec complet de la politique de libre circulation des biens et des personnes au sein de l’UE.
« Actuellement, ces mesures temporaires ne peuvent être prises que pour six mois. Mais l’afflux sans précédent de demandeurs d’asile (…) ne s’est pas tari », a déclaré le ministre néerlandais de l’Immigration, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne. Les États membres ont donc invité la Commission à préparer les bases légales et pratiques pour la poursuite des mesures provisoires de contrôle aux frontières, au terme de l’article 26 du code de Schengen. Pour faire simple on a donc rétabli provisoirement pour le moment une fermeture des déplacements sur un territoire ayant été construit sur justement la liberté de mouvement. L’espace Schengen comprend, rappelons-le, 26 pays, dont la Suisse. Six d’entre eux (Allemagne, Autriche, France, Danemark, Suède et Norvège) ont décidé de rétablir momentanément des contrôles à leurs frontières. Ces contrôles peuvent rester en place jusqu’en mai avant d’être normalement levés.
D’après la réglementation en cours, les vérifications temporaires aux frontières internes peuvent être prolongées pour deux ans maximum si les États membres estiment que des « insuffisances graves et persistantes » dans les contrôles aux frontières extérieures de Schengen mettent en péril l’existence même de l’UE. Il est prévisible que cette clause sera activée avec l’approbation de la majorité qualifiée par les chefs d’Etat et de gouvernement de Schengen. Le secrétaire suisse d’Etat aux migrations a estimé pour sa part qu’il n’était pas nécessaire de prendre de telles mesures, la sécurité publique n’étant pas menacée. C’est exact en ce qui le concerne car les contrôles ont été maintenus.
La Grèce a été fermement invitée à faire plus pour contrôler l’arrivée de migrants sur son sol et menacée par certains pays d’être exclue de l’espace Schengen. Belle Europe que celle-ci. Elle a mis à genoux un peuple sous de faux prétextes uniquement destinés à renflouer ou à préserver ses banques et maintenant elle l’accuse de ne pas être assez efficace pour la sauver de l’afflux des réfugiés ! A l’origine de cette action on trouve l’Autriche qui a dénoncé le laxisme dont fait preuve selon elle la Grèce qui est ne ferait pas assez en matière de contrôle de son espace maritime. D’autres (Allemagne, France, Italie, Espagne) ont également appelé à un renforcement du contrôle des frontières extérieures de l’UE, mais se sont refusés à demander l’exclusion de la Grèce. « La seule façon d’agir à une frontière maritime, c’est de faire des opérations de sauvetage », a insisté son ministre chargé de la politique migratoire sauf à « laisser les migrants se noyer » et encore une fois il a seulement mis en évidence les fondements de cette union désormais en lambeaux.
Il a appelé ses homologues à plus de solidarité (quel mot bizarre en Europe !), notamment dans la mise en oeuvre des plans de répartition des réfugiés dans l’UE. Il a aussi accusé certains Etats de tarder à envoyer à la Grèce des gardes-frontières et le matériel qu’ils devaient lui fournir. Pas possible ! Les donneurs de leçons ne le sont que pour leur opinion publique mais ne veulent pas mettre en un seul euro dans le dispositif indispensable. Ce jeu de dupes continuera et donc amplifiera le rejet populiste des « réfugiés » devenus « migrants » et bientôt « envahisseurs ». L’Europe incapable de revenir à ses fondamentaux va droit dans le mur. Pas celui de Berlin mais plus certainement celui fictif de Schengen…

Cet article a 7 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour Mr. Darmian,

    Oui Shenghen. Mais en France, l’armée est pratiquement inexistante. Les casernes ont été dissoutes par les prédécesseurs chefs d’État et militaires.
    Shenghen est un accord pour la libre circulation au sein des 26 pays états membres de l’UE des personnes. C’est au chef de l’État à protéger le peuple français. C’est aussi aux maires quelque soit l’étiquette politique de faire le nécessaire pour éviter la jungle comme à Calais.
    En France, il faut développer une vraie politique de l’immigration comme le signaler Marine Le Pen.

  2. Bernadette

    Pour répondre aux précédents messages sur l’endettement des collectivités territoriales, il faut créer un veitable service de suivis des dépenses publiques.
    Les emprunts il y en a trop et comment vont être remboursées ces dettes ?Les contribuables paieront et bien voilà, c’est l’aménagement du territoire. L’impôt à la source……

  3. J.J.

    On fait des gros vilains reproches au gouvernement actuel dans sa gestion du bourbier de Calais, les Répu(gnants)blicains en tête : laxisme, amateurisme etc…

    Mais rappelez moi s’il vous plaît, qui était président de la République et qui était ministre de l’intérieur quand les problèmes à Calais se sont manifestés pour la première fois ?
    Et qui alors ne les a pas résolus ?

  4. Jouvet Fabienne

    « Ils » érigent des murs, et derrière leur murs, toutes les misères du monde…..il est des droits qui devraient être respectés par tous, partout….les droits de l’homme en premier lieu…

    1. Bernadette

      Oui Fabienne, les fonctionnaires de bas de gamme gagnent environs 1000 euros par mois mais les fonctionnaires haut de gamme c’est 30 000 euros par mois. Il serait judicieux de baisser le haut de gamme et de remonter le bas. Comme les agriculteurs qui ont 870 euros de retraites par mois mais qui toute leur vie en activité ont payé des charges et des impôts leur laissant même pas le SMIC.

  5. faconjf

    bonsoir,
    Fermer les frontières les unes après les autres est une absurdité économique qui remet en cause ET Schengen ET l’Euro. Ce n’est pas moi qui le dit mais le président de la commission Européenne JC Junker !! L’ancien Premier ministre luxembourgeois a évoqué les 1,7 millions de travailleurs frontaliers et les “57 millions de mouvements de transport routier transfrontalier” (par an) qui bénéficient de l’espace Schengen.
    “Rien que sur le pont entre le Danemark et la Suède, le fait de la réintroduction des contrôles aux frontières comporte un coût de 300 millions (d’euros). Les pénalités, sous forme de délais d’attente aux frontières pour les camions, se chiffrent à 3 milliards”, a-t-il souligné.
    “Si les frontières sont fermées, si le marché intérieur commence à souffrir de conséquences, non maîtrisées parce que non maîtrisables, de la réintroduction des frontières, il est évident que viendra le jour où on se posera la question de savoir si vraiment il nous faut une monnaie unique si on n’a plus de marché intérieur et si on n’a plus de libre circulation des travailleurs”, a conclu Jean-Claude Juncker.
    Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, dont le pays prend la présidence tournante de l’UE, a confirmé que la mise en œuvre des décisions du Conseil européen de décembre était sa priorité : création d’un corps de garde-frontières européen, de centres d’enregistrements des migrants aux frontières, relocalisation des demandeurs d’asile et concrétisation des accords conclus avec la Turquie pour aider ce pays à accueillir les réfugiés sur son sol.
    La situation inhumaine vécue par les réfugiés au Liban, en Syrie ou en Jordanie est une catastrophe qui alimente le flux de réfugiés. Améliorer sensiblement leurs conditions de survie devrait être la première mesure à prendre. Ces dispositions faciliteraient grandement le retour de ces populations sur leurs lieux de vie dès que la situation militaire le permettra… Mais cela est difficile à concevoir pour des élus qui ne raisonnent pas plus loin que le bout de leur jardin. Pour vous faire une toute petite idée de ce scandale humanitaire regardez ceci:
    http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/en-images-des-enfants-syriens-photographient-leur-quotidien-de-refugies-dans-des-camps-au-liban_1079289.html
    Se barricader ne règle pas le problème … Construisons des ponts pas des murs!
    Salutations républicaines

    1. Bernadette

      Oui Joël, si vous n’avez pas de travail, en Syrie les villes sont à reconstruire, mais la guerre n’est pas terminée.

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