Primaires de la droite sous forte influence médiatique

L’approche des primaires présidentielles à droite va mettre en évidence la perversité du système médiatique français. Sans être prophétique il est évident que le résultat ne se jouera pas sur la valeur des idées portées par les candidats mais sur la préhension de son image qu’en feront les électrices et les électeurs potentiels. Il sera totalement impossible d’espérer passer le premier tour sans le soutien effectif ou occulte des médias qui comptent. D’ailleurs les communicants préparent des plans de bataille extrêmement sophistiqués afin de se trouver des alliés potentiels parmi les supports susceptibles d’influer sur le résultat. Quand on sait quel est le penchant actuel des détenteurs des titres, des chaînes de télé, des radios ou des réseaux internet on devine comment la conjonction des « amitiés » peut influer au minimum sur la désignation du candidat. Avant l’échéance clé de la V° République les réorganisation et les reprises en mains ont en effet été largement menées à bien. On s’est partagé les rôles et les machines de la guerre qui s’annonce, et tout est désormais parfaitement en place. Allez faisons un petit tour des propriétaires .
Depuis qu’il a récupéré début 2014 l’opérateur SFR au nez de Martin Bouygues, Patrick Drahi a investi tous azimuts dans les médias. L’homme d’affaires a un partenariat avec NextRadioTV et s’installe aux commandes de l’un des plus beaux groupes indépendants français. Il récupère la radio RMC et la puissante chaîne d’information BFM-TV. Un duo dont on mesure en permanence l’attachement monumental aux vertus du populisme médiatique ! Il jouera un rôle essentiel dans les prochains mois sur l’électorat proche de la Droite « dure » surtout dans le domaine de l’exploitation de l’insécurité, de cette sensation de peur collective soigneusement entretenue et cultivée. Drahi a pris aussi le contrôle de l’Express avec Altice médias !
L’autre grand patron ne cachant pas ses amitiés avec Nicolas Sarkozy se nomme Vincent Bolloré. Sa reprise en main musclée de Canal +, avec remaniement du management et de la grille, marque les esprits et constitue finalement un désastre financier mais dans le fond ce n’est pas essentiel. Ce qui comptait était ailleurs. Présent dans la publicité grâce à Havas acheteur des chaînes de la TNT, D8 et D17, propriétaire d’Universal Music et de la plate-forme de vidéo Dailymotion il veut créer « un Bertelsmann à la française ». Après s’être désengagé de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, le groupe dispose d’un trésor de guerre de 4,6 milliards d’euros qui peuvent lui servir à effectuer quelques emplettes supplémentaires. Il est donc en possession d’I Télé et bizarrement on commence à voir poindre le nez d’une certain Sarkozy dans les initiatives rédactionnelles. Il bénéficie d’une couverture coûteuse de son déplacement en Côte d’Ivoire essentiel, comme on le sait, pour la diplomatie mondiale. Il donne une interview exclusive sur la Turquie et les réfugiés. Il s’exprime largement sur la capture du terroriste Abdelsam… et en une semaine on constate déjà que ce sera difficile de l’éviter dans l’avenir sur ce plateau d’I Télé.
Que dire de Martin Bouygues qui est aussi un proche de Nicolas Sarkozy ? TF1 reste, avec 2,1 milliards de chiffre d’affaires, une puissance de la télévision gratuite et s’est développé avec un bouquet de chaînes (TMC, NT1, HD1) et vient d’obtenir que LCI bascule vers la TNT ! Il s’est aussi désengagé d’Eurosport, ce qui lui laisse près de 1 milliard d’euros de disponibles. De quoi relancer les rumeurs d’acquisitions que le groupe pourrait mener ces prochains mois, par exemple sur le front du numérique.
Bertelsmann est un puissant groupe allemand spécialisé dans l’édition et les médias. La France est son troisième marché, avec M6 pour figure de proue agrémenté de W9 et 6ter et espère être autorisé à passer Paris Première en gratuit. A ses côtés, on trouve le groupe de presse magazine Prisma Media (VSD, Capital, Femme actuelle…), mais aussi RTL, qui, avec les musicales Fun Radio et RTL2. On est plutôt tendance Juppé !
Impossible par ailleurs d’oublier qu’un certain sénateur cacochyme « Les Républicains » se nomme Marcel Dassault . Pour lui ce sera la tendance Juppé avec le Groupe Figaro dont le florissant quotidien mais aussi Le Figaro Magazine ou Madame Figaro très influents dans la perspective des primaires à droite.
Arnaud Lagardère préside Lagardère Active, L’homme d’affaires, qui se présentait un temps comme « l’ami » de Nicolas Sarkozy, dit vouloir se concentrer sur les marques les plus influentes, dont Le Journal du dimanche, Paris Match ou Elle. Présent aussi sur l’audiovisuel, il reste majoritaire dans la radio Europe 1 ce qui lui donne une influence certaine dans les mois qui viennent. Il reste Bernard Arnault qui a acquis « Le Parisien » dont l’impact est essentiel en Île de France . Il a aussi Radio Classique et surtout Les Echos. Quant à François Pinault il se contente de l’hebdo « Le Point » et on penche vers Sarkozy !
Le Monde a été repris en 2010 par un trio composé de Pierre Bergé ; le fondateur de l’opérateur Free, Xavier Niel, et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse. Début 2014, ils ont acheté la majorité de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, accentuant la coloration de centre gauche de leurs activités médias. Le Monde, possède également des titres comme Courrier international ou Télérama. On sera certainement pro-Juppé !
A vous de vous y retrouver dans ces réseaux quand on ajoute que la Presse quotidienne régionale tire la langue, que les plans sociaux concernant les journalistes n’ont jamais été aussi nombreux et que le service public (radio et télé) souffre de son manque de moyens le contraignant à se replier sur les recettes du privé, que les réseaux sociaux sont de plus en plus des outils des désinformation… mais bien évidemment les propriétaires actionnaires n’ont absolument aucune influence sur les choix rédactionnels. Ne croyez pas trop les sondages : la machine Sarkozy est en sommeil !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    HELAS !

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