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La Hollande fait passer l'Europe à l'orange

Il est certain que s’il y avait actuellement un référendum dans n’importe quel pays membre de l’UE sur un sujet touchant de près ou de loin la gestion européenne le résultat serait négatif. Éloignée des peuples, entièrement tournée vers la gestion comptable, arrimée au monde du profit, irresponsable politiquement, véritablement anti-démocratique l’Europe issue du Traité constitutionnel va vers l’implosion avant la fin de cette décennie. En 2005, les Néerlandais avaient rejeté la Constitution européenne à près de 62% soit un score encore plus élevé que les Français un texte entièrement fait pour confisquer tout pouvoir aux peuples. Ce fut la crise ! Et ces mêmes électeurs viennent de rejeter, par référendum, l’accord d’association UE-Ukraine signé… en août 2014 et qui porte sur un rapprochement politique et économique. Le problème c’est qu’il a été mis en œuvre par anticipation et que rien n’est prévu dans ce genre de situation. Le conflits ukrainien, la précipitation es Occidentaux à récupérer cette part de l’ex-empire soviétique a encore une fois condamné la Commission de Bruxelles au ridicule. Mais tout n’est pas perdu puisque comme en France le gouvernement batave va tenter de rattraper cette erreur du peuple. En effet tous les Etats de l’UE, à l’exception des Pays-Bas, ont déjà ratifié l’accord.
Le vrai problème c’est que le vote de la Hollande n’a rien à voir avec le sort de l’Ukraine. Tous les observateurs sont d’accord : la votant(e)s ont avant tout dit non à l’incapacité de Bruxelles à réconcilier les citoyens avec les institutions européennes. Si le vote avait eu lieu à l’échelle européenne, le résultat ne serait probablement pas très différent. En grande majorité, les citoyens veulent une Europe qui unit, écoute, rassure, protège, aide et coopère. Force est de constater qu’ils n’ont pas l’impression que l’Europe correspond à leurs aspirations. Elle se querelle, se concurrence, se combat, se divise, se moque pas mal des dégâts sociaux de ses politiques et se contente toujours d’accords à minima sans aucun véritable impact. Qui peut expliquer à quoi à servi un conseil des Ministres franco-allemand quand dans son rapport l’OCDE point du doigt les ravages que fait sur notre pays la politique du déficit zéro du budget d’Angela Merkel ? Les nationalistes, les populistes ont beau jeu de démonter que ces règlements pointilleux, uniformisateurs, souvent déshumanisés arrivés de Bruxelles détruisent l’identité nationale. Ils en profitent et ils se nourrissent de cette UE technocratique pour occuper les premières places dans bon nombre de scrutins nationaux. Il n’y a plus aucun lien, même le plus maigre entre la Commission européenne et les citoyens qu’elle ne représente d’ailleurs absolument pas !
Les conséquences des disparités de positions sur les réfugiés, l’incapacité de trouver une réponse à la crise économique qui frappe désormais les classes moyennes, le niveau du chômage des jeunes, les hésitations incessantes en politique étrangère, les manquements caractérisés dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité dans tous les secteurs de la vie collectives. Au Pays-Bas une majorité a témoigné de son ras-le-bol cumulé et absolument pas de son rejet de l’Ukraine. A quoi bon ajouter un pays en crise et en guerre à ceux qui sont en paix mais incapables de s’entendre !
Il ne faudra pas oublier qu’arrive dans quelques mois le référendum en Grande-Bretagne où les eurosceptiques et les nationalistes vont exploiter à fond ce résultat d’une nation très proche. Il est de plus en plus prévu que les mêmes appréciations sur Bruxelles conduisent au même résultat. Les réfugiés, les difficultés économiques, les enjeux mondiaux, la fierté britannique vont peser sur une consultation déjà mal partie ! Le président Jean-Claude Juncker avant le vote néerlandais, avait déclaré, qu’«un non serait une catastrophe continentale». Il va bien évidemment minimiser maintenant cet avertissement significatif d’un peuple pourtant peu touché par la crise. Que voteraient l’Espagne, le Portugal, la Grèce ou pour d’autres raisons l’Autriche, la Slovénie, la Hongrie, la Pologne si on organisait une consultation sur un sujet européen ?
Il est quasiment certain que les présidentielles françaises devront d’une manière ou d’une autre prendre en compte cette faillite démocratique. Le FN va surfer sur les défaillances de Bruxelles et son unanimité paralysante. Tous les voyants sont au rouge et les mécanismes sophistiqués de la Banque centrale européenne pour tenter de relancer une économie mal en point sont totalement incompréhensibles pour les électrices et les électeurs. Devenue un puzzle démantibulé et obsolète qui n’a que l’Euro comme véritable point commun. Pour le reste la devise est simple : « Tous contre un et un contre tous ! »

Cet article a 4 commentaires

  1. faconjf

    bonjour,
    au sujet du Brexit on voit qui s’engage pour le maintien dans l’UE sur bfmbusiness (21/01/2016) on peut lire: « De grandes entreprises se sont prononcées publiquement contre le Brexit. D’autres s’activent en coulisses pour que ce scénario ne se produise jamais. La puissante banque d’affaires américaine Goldman Sachs a donné des centaines de milliers de livres pour donner un coup de fouet à la campagne contre la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, selon une source proche du dossier.  »
    Mais dites moi, Goldman sachs c’est bien la banque dont Mario Draghi président de la BCE, fut vice-président pour l’Europe entre 2002 et 2005.
    étonnant non ?
    Et par rapport au fond de ce référendum, comment ne pas comprendre les inquiétudes des salariés hollandais face à un projet de libre échange avec l’Ukraine où le salaire minimum est de 50 € mensuels!!!!
    Pour moi l’Europe que les technocrates nous vendent est celle du libéralisme et de la finance. Pas étonnant que le peuple se cabre sous les coups d’étrier et de cravaches infligés par les partis inféodés au dogme libéral. Facile pour les partis d’extrême droite de récupérer la mise, les technocrates et les politiques creusent chaque jour un peu plus le fossé entre eux et nous.
    Salutations républicaines

  2. C. Coulais

    Analyse fort juste. Chaque nation tire à hue et à dia la couverture de ses compétences, en voulant conserver ses prérogatives. Il est vrai que sur le plan intercommunal, il en est un peu de même ! Et les citoyens n’ont que le miroir aux alouettes pour comprendre la, les situations.
    Jean Monnet, revenez, nos politiques perdent raison.

  3. batistin

    Il existe tout de même une chose à noter, qui va forcement jouer en faveur du maintien de l’Europe.
    C’est que toutes les branches, et jusqu’à la plus petite feuille de l’arbre France, ne peuvent plus se passer d’Elle, l’ Europe.
    Quelques exemples:
    Agricole: budgets de l’ Europe, primes en tous genre, devenues indispensables.
    Associatif: budgets de l’Europe, sans lesquels plus aucune association un peu importante ne pourrait subsister
    Social: budgets de l’Europe pour toute création d’entreprise de réinsertion
    Solidarité: budgets de l’Europe, (pour preuve, un nouveau formulaire estampillé Europe, pas obligatoire mais fortement conseillé, présenté aux chômeurs et Rsa: origine des deux parents ?)
    Armée: sans commentaire
    Banque: sans commentaire
    Energie: sans commentaire
    Presse, radio, télévision: sans commentaire
    Campagnes électorales à venir: sans commentaire
    Architecture Urbaine et remaniement des petits villages: budgets de l’Europe
    Ecologie: budgets de l’Europe
    Tourisme et maintien vie locale: budgets de l’Europe
    etc???
    Le tout étant d’avoir à sa disposition, pour tout projet, un homme de loi capable de passer des journées entières à remplir des liasses administratives…

  4. J.J.

    «  »En grande majorité, les citoyens veulent une Europe qui unit, écoute, rassure, protège, aide et coopère. «  »

    Voilà l’image que notre prof d’histoire nous avait donnée, il y a très longtemps, du projet européen, dont il était un ardent partisan. Ce n’était alors qu’une vague idée développée par des esprits très en avance sur leur temps et jugés quelque peu utopiques.
    Nous sortions juste de la seconde guerre mondiale, dont les destructions et les séquelles étaient encore bien visibles. Aspirer à la paix et à la concorde était une idée nécessaire, mais il fallait d’abord éteindre les haines entre les anciens belligérants.
    Ce fut chose faite, malheureusement, la Phynance aux Doigts Crochus, toujours à l’affût de quelque profit nous a volé ce beau projet à son bénéfice.

    Dans le cas d’un référendum comme celui auquel viennent de participer les bataves, ma réponse serait certainement NON ; mais je ne me vois pas mêler ma voix à celle des populistes récupérateurs du malheur des peuples.

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