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Obama offre une leçon aux libéraux européens

Le président américain Barack Obama fait ses adieux et s’offre donc le luxe du parler vrai. Il va désormais pouvoir avoir des analyses beaucoup plus décapantes que celles qu’il a été contraint de faire depuis des années. Ainsi il a estimé dans un entretien au quotidien El Pais que l’austérité est un « facteur d’explication important des frustrations et inquiétudes tangibles en Europe », plaidant pour des politiques de stimulation de la demande. C’est exactement le contre-pied de ce que le gouvernement français a décidé depuis déjà plusieurs années car il prônait (et prône encore) la relance par la politique de l’offre.
« Beaucoup de pays ont adopté (en Europe) une stratégie économique différente, assortie de mesures d’austérité », déclare-t-il au journal espagnol confirmant ainsi la réalité d’un échec global des mesures demandées par Bruxelles et souvent d’ailleurs imposées aux Etats ! « Cette politique est, de mon point de vue, un facteur d’explication important des frustrations et des inquiétudes tangibles dans beaucoup de pays européens », estime-t-il. Les Européens « ont le sentiment que l’intégration des économies et la globalisation ne profitent pas à tous de manière égale » ajoute Barack Obama.
Rappelons que la politique de l’offre est l’ensemble, inspiré d’une analyse libérale de la crise économique, des mesures prises par un gouvernement pour agir sur l’offre des entreprises et non sur la demande comme les politiques keynésiennes. L’objectif des mesures est de restaurer des conditions propices au développement de l’offre, en particulier en abaissant les taxes et impôts pesant sur les entreprises et les ménages à revenus élevés, en favorisant le profit dans le partage de la valeur ajoutée, en incitant les ménages à l’épargne, en diminuant les dépenses budgétaires de l’État et en pratiquant une politique de déréglementation. Bref exactement ce que s’efforce de mettre en place le gouvernement de Manuel Valls.
En fait Obama va beaucoup plus loin en lançant des avertissements très ciblés aux majorités européennes. « En Espagne, en Europe et dans le monde, je continuerai à défendre des politiques qui tiennent compte des gens, stimulent la croissance et créent de l’emploi », ajoute-t-il en défendant au passage l’accord de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta), contesté par une partie de la gauche en Espagne comme ailleurs en Europe. « Les gouvernements et institutions de l’Union européenne doivent démontrer qu’ils sont en contact avec les soucis quotidiens des citoyens », souligne-t-il. Il faut « rejeter la mentalité du nous contre tous les autres+ que certains politiques cyniques cherchent à nous vendre », dit-il encore, en défendant le « pluralisme, l’intégration, la tolérance ». Il fait la leçon en utilisant une vision de gauche de la réalité européenne mais en la détournant au profit des États-Unis en réclamant encore plus de libéralisme. Retenons simplement que pour lui l’UE a tout faux !
Voici ce qu’écrivait Jean-Lux Mélenchon : « Le président Hollande a déclaré « L’offre crée même la demande ». C’est l’aveu de libéralisme clair et net. Il se prétend social-démocrate mais sa politique économique depuis mai 2012 n’est ni sociale, car cela implique des acquis sociaux et non des destructions telles que la retraite à 66 ans, la casse du droit du travail avec l’ANI, la hausse de la TVA et la casse des cotisations familiales ni démocrate car il trompe ses électeurs, dresse les parlementaires de sa majorité avec l’article 49.3 de la Constitution, cherche à supprimer les élections prud’homales et décide seul de sa politique socio-économique en s’appuyant sur des accords syndicaux minoritaires. La politique de l’offre n’est pas une politique pour l’entreprise mais pour les actionnaires. Et ils ont gagné plus 30 milliards d’euros annuels avec les annonces la conférence de presse du 14 janvier, soit la moitié du budget annuel de l’Éducation nationale ou encore l’équivalent du tiers du déficit de l’État chaque année. Normal que Pierre Gattaz, président du Medef, s’en approprie la paternité ! Cela ne marchera jamais car cette politique est appliquée dans pratiquement toute l’Europe et, c’est la récession généralisée. La plupart des économistes le disent, même au FMI. » On ne peut pas être plus clair sur le sujet…
En fait la politique menée au plan européen ne repose que sur une théorie ultra-libérale de l’économie voulant que les seuls qui doivent échapper à la crise sont les actionnaires. Dans leur grande bonté ils accepteraient de recevoir des cadeaux des États pour éviter de réaliser des profits en supprimant continuellement des emplois grâce notamment à l’automatisation des tâches ou de la main d’œuvre sous-payée. L’échec est patent et la tendance « social-libérale discount de la vie sociale » se prépare à sanctionner l’Espagne et le Portugal pour avoir tenté de prendre une direction différente. Un comble !

Cette publication a un commentaire

  1. Pailley Rolland

    Entièrement d’accord

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