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Le revenu de base possible en Finlande, inimaginable en France

Qui va oser dans ses promesses électorales 2017 inscrire l’attribution en lieu et place d’allocations éparpillées, diverses et mal réparties d’un « revenu de base ». Cette proposition qui prend souvent d’autres noms (allocation universelle ou revenu universel) est une proposition d’un journaliste du nom de Stanilas Jourdan et elle est à l’étude dans de nombreux pays qui tente d’anticiper la fin du travail sur les bases actuelles et de stabiliser leurs dépenses d’accompagnement social. L’idée est très ancienne mais elle a été dévoyée par de multiples textes législatifs qui tentent de pallier les inévitables inégalités ou carences sociales.
« Sans revenu, point de citoyen » proposait en 1792 le philosophe Thomas Paine du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale. La révolution française venait d’éclater, mais Thomas Paine lui, prévenait ses camarades révolutionnaires : la Démocratie ne peut réellement fonctionner que si les citoyens qui la composent sont économiquement libres et disponibles pour la faire vivre. Réprimé par la Terreur, le promoteur de cette idée vraiment révolutionnaire mourut quelques années plus tard, seul et pauvre aux États-Unis où il s’exila. Mais l’idée qu’il avait impulsée, celle d’un revenu citoyen garanti, n’a pas arrêté de faire son chemin depuis.
La Finlande vient officiellement de décider de sa mis en œuvre ! Preuve s’il en fallait une de la faisabilité du principe.
Le projet faisait partie des promesses électorales du Premier ministre centriste (ni social démocrate, ni socialiste, ni de la gauche extrême) qui a immédiatement tenu parole. Il espère ainsi stimuler l’emploi et simplifier le système de prestations sociales qui ont le sait chez nous atteint une complexité telle que souvent rien n’est vraiment suivi dans ce domaine de la solidarité. Le ministère des Affaires sociales et de la Santé finlandais indique qu’il soumet à enquête publique un projet de loi qui permettrait de mener ce test sur 2 000 personnes en âge de travailler, choisies au hasard parmi l’ensemble de la population. « Le premier but de l’expérience du revenu de base est de promouvoir l’emploi », a poursuivi le ministère. Mais l’exécutif souhaite aussi « réduire la bureaucratie et simplifier le système complexe des aides sociales d’une manière viable pour les finances publiques ».
En France on cherche soit-disant des économies de gestion mais personne n’ose les prendre car il y a des emplois administratifs ou sociaux à protéger car certains vivent aussi sur les actes de solidarité. La première erreur souvent commise part du principe que le « RDB » va coûter beaucoup plus que le système actuel comprenant en France le RSA, l’APL, les allocations familiales et souvent d’autres prestations versées aux gens dans la difficulté. En fait il s’agit d’unifier des dispositifs éparpillés, multipliant les interventions, nécessitant des tonnes de justificatifs. L’autre reproche concerne le fait que ce revenu dissuaderait les bénéficiaires de rechercher un emploi comme si la somme de 400 à 600 euros suffisait à vivre dignement. Le gouvernement finlandais souhaite intégrer le projet à sa loi de Finances 2017, permettant de verser cette prestation sociale dès le 1er janvier et il reste à négocier la suppression de certaines aides en cours.
Le revenu de base implique de reconnaître les liens de profonde interdépendance qui unissent les membres d’une société, et qui conditionnent cet épanouissement. C’est même l’un de ses traits les plus frappants : il invite à prendre conscience du fait qu’on travaille toujours pour les autres, même si on a l’illusion de travailler pour soi parce qu’on en retire un salaire…. Il en a toujours été ainsi mais le système ne veut pas vraiment effectuer un examen objectif de la situation très inégalitaire et surtout complexifiée par des réformes complexes et surtout déconnectées de la réalité. Il s’agirait comme dans beaucoup d’autres domaines d’une véritable simplification sociale .
Si l’on prend l’exemple du RSA on atteint le sommet de l’inextricable à la française. Le dossier est établi par les services sociaux transmis ensuite pour paiement par la Caisse d’Allocations Familiales qui fait les appels de fonds auprès du conseil départemental qui a en charge le suivi de l’insertion individuelle des attributaires… on sait fort bien qu’en plus l’État se satisfait de cette confusion qui lui permet de ne pas s’impliquer dans une prestation sociale qu’il a inventée, dont il fixe le montant mais qu’il ne finance que très partiellement.
Les candidats aux présidentielles n’ont pas du tout envisagé cette mise en place puisque leur seul intérêt électoral résiderait dans un moyen de calmer la colère des millions de chômeurs, précaires qu’ils fabriquent, pour éviter un soulèvement concerté et organisé contre ces institutions qu’ils ont aussi fabriquées. On en est loin… et comme le veut les analyses historiques : prévoir n’est qu’une qualité théorique dont s’inspirent peu les gouvernants adeptes du replâtrage mais jamais de la révolution !

Cet article a 14 commentaires

  1. vinz

    Le revenu de base est la solution a de nombreux problèmes actuels. Tu parles de simplification administrative, mais c’est à mon sens le plus petit problème auquel il répond.
    On le sait aujourd’hui, il y a plus d’actifs que de postes salariés dans l’économie, et avec la numérisation galopante et la démographie actuelle, cela ne va pas s’arranger. Alors, au lieu de promettre un plein emploi qui ne reviendra jamais, parlons d’activité et non plus d’emploi. Une mère au foyer joue le même rôle social qu’une assistante maternelle, mais l’une a un emploi et l’autre pas. Le revenu de base redonnerait à chacun une reconnaissance de son rôle dans la société.
    Passons aux 28 heures de travail hebdomadaire pour partager le peu d’emplois qu’il reste et mettons en place le revenu de base pour permettre à chacun de retrouver un rôle dans la société. Et pourquoi pas majorer ce revenu de base pour les personnes qui exercent une activité bénévole dans une association, pour les mères au foyer…?
    Qui osera porter un tel projet de société? J’ai entendu que Hollande s’intéressait au RdB, mais dans une optique de remplacer le RSA par le RdB… On changerait simplement le nom. Il faut faire attention quand on parle de RdB, c’est un terme qui est utilisé par beaucoup de personnes mais qui ne recouvre pas forcément la même chose. Il intéresse les courants les plus libéraux (car cela remplacerait toutes les prestations et allocations sociales), et les courants les plus à gauche.

    1. bernadette

      Actuellement, le système economique est figé selon quelques grands penseurs que je salue au passage.

      La classe politique ne va pas du tout donc pour moi parler de projet de société c’est impossible.

  2. bernadette

    En France, c’est impossible pour cause de la masse salariale des élus qui représentent 15 milliards d’euros TTC.
    Un nombre inconsidéré d’élus qui manipule la population.

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