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De qui ont-ils le plus peur ? Du FN ou des migrants ?

Il est impossible pour un élu local de laisser passer sans réagir les positions prises par notamment par les conseils municipaux d’Arès (Gironde), Saint Honoré les Bains (Nièvre) ; Pont sur Sambre (Nord) ; Etival-Clairfontaine (Vosges), Barcelonnette (Hautes Alpes) ; Allex (Drome) et quelques autres qui s’opposent à l’installation sur leur territoire d’un groupe de quelques dizaines de migrants en provenance de la Jungle de Calais. Partout des réunions tenues sous la pression et en présence souterraine ou ostentatoire du FN, ont démontré les limites des valeurs républicaines souvent inscrites sur le frontispice des Mairies : liberté, égalité, fraternité ! Partout les argumentations sont les mêmes et reprennent jusqu’à la nausée des arguments sommaires sur l’insécurité potentielle pouvant être créée par ces arrivants suspectés de tous les maux.
A Arés (maximum 50 migrants) selon Sud-Ouest : « Jean-Guy Perrière qui refuse de se « placer sur le terrain de la sensiblerie, ou la politique, seulement sur la capacité d’Arès à accueillir ces migrants. Or, les conditions ne sont pas assurées pour la sécurité et la tranquillité des habitants d’Arès »…
A Saint Honoré les Bains (40 migrants) selon le JDC : « « Le débat a duré 1 h 15 et a été des plus démocratiques », assure François-Pierre Grandjean, Maire. Le nombre, le sexe (sic), l’accompagnement… « Ce qui ressort est qu’il y a trop d’incertitudes. Rien à voir avec le côté humain ».
A Pont sur Sambre selon la Voix du nord (45 migrants): « Selon Michel Detrait, le Maire, les Pontois sont en majorité contre l’accueil de migrants pour plusieurs raisons. « La peur de la proximité, de débordements, d’être dépassé par le nombre (…) Il n’y a rien de raciste dans mes paroles mais quand on voit ce qui se passe à Calais, ça fait peur (…) »
A Etival-Clairefontaine (40 migrants) selon Vosges matin : Christian Fégli, le Maire, a déclaré : « J’ai fait part au préfet de mes craintes quant à la suite potentielle de la démarche dans une commune de petite taille, dépourvue de service ou de structure adaptés pour faire face aux problèmes d’ordre public et aussi compte tenu de l’image donnée par les migrants de Calais et relayée par les médias (sic) »
A Barcelonnette (30 migrants) d’après Alpes 1, une pétition contre le Maire décline ces arguments : « La politique proposée aujourd’hui fait courir le risque que parmi eux s’infiltrent des djihadistes pour semer le chaos (…) Dans un contexte de guerre au terrorisme doit-t-on être de bons samaritains ? ». Le conseil municipal a suivi cette diatribe !
A Allex selon le Dauphiné Libéré, où une cinquantaine de migrants est arrivée : « Une lettre ouverte au conseil municipal pointe les maux qu’apportera « la cohorte de clandestins ». La liste fait froid dans le dos : » Vols, viols, agressions, terrorisme, prostitution, dégradations, attaques de véhicules (sic) » .Un mystérieux collectif de citoyens signe ce courrier alarmiste, mais seul Olivier S. parle à visage découvert. Rappelant son passé de parachutiste à Sarajevo, ce chef d’entreprise prévient : « S’il se passe quoi que ce soit, si nos enfants sont impactés, je suis prêt à prendre les armes. Qui veut d’une Europe musulmane ? Je vous rappelle qu’un peuple de Gaulois vivait ici, les Segovellaunes ». Ce n’est qu’un début des prises de positions qui reflèteront simplement l’état de la France républicaine ! En fait les élus ont davantage peur du FN que des migrants.
Pour ma part j’ai longuement dialogué sur ce sujet avec Michel Dagbert Président du conseil départemental du Pas de Calais : « La jungle de Calais est devenue une zone de non-droit dans laquelle les passeurs, les mafias, les trafiquants extérieurs font régner leur loi. Les services de l’État ont déjà expulsé près de 1 900 personnes ne pouvant prétendre au droit d’asile. Or actuellement il est absolument impossible d’examiner sur place toutes les situations individuelles. Le but de la répartition en petits groupes c’est d’abord de faire disparaître des conditions inhumaines de vie avant l’hiver et de pouvoir au cas par cas régler la situation de « migrant » ou de « réfugiés ». Enfin il faut que cesse cette polémique outrancière sur le sort de ces gens qui ne veulent plus tous se rendre en Angleterre mais que l’on exploite en les maintenant dans cette illusion à Calais ou ailleurs. En fait ils rapportent à beaucoup de gens et on vit sur une exploitation politicienne d’une situation critique avec par exemple 600 mineurs à prendre en charge par le département ». Michel Dagbert évoque une autre réalité bien différente de celle qui transparaît dans des prises de position médiatiques autour de la peur de l’autre, d’accusations sommaires, de fantasmes sécuritaires, de supputations sans aucun fondement, des fondements de la propagande du FN.
Qu’un Maire ou un élu s’assure de l’encadrement général de ces petits groupes que certains qualifient sans vergogne de « mini-Calais » de telle manière que leur passage ait une vraie utilité pour eux et pour le pays, nul ne songerait à le contester. Que des élus oublient la solidarité, l’humanité, la confiance en l’autre comme ce fut le cas en une époque noire vis à vis des immigrés (1) devient problématique pour la démocratie de proximité ! Et je le conteste !
Alors au risque de déchaîner les forces brunes qui sommeillent dans de nombreux esprits je citerai cet extrait du terrible livre de Bernanos « Le chemin de la Croix-des- Armes : « La guerre actuelle m’apparaît de plus en plus comme une guerre des races contre les nations. Je ne méprise nullement l’idée de race, je me garderais plus encore de la nier. Le tort du racisme n’est pas d’affirmer l’inégalité des races, aussi évidente que celle des individus, c’est de donner à cette inégalité un caractère absolu, de lui subordonner la morale elle-même, au point de prétendre opposer celle des maîtres à celle des esclaves ». En sommes nous éloignés ?

(1) Le massacre des Italiens d’Aigues-Mortes se déroulent les 16 et 17 août 1893, à Aigues-Mortes (Gard, France). ils ont conduit au massacre de travailleurs italiens de la Compagnie des Salins du Midi, par des villageois et des ouvriers français. Les estimations vont d’une dizaine de morts (officiellement 8) à 150 morts (selon la presse italienne de l’époque), ainsi que de nombreux blessés, victimes de lynchages, coups de bâton, noyade et coups de fusils. Cet événement est aussi l’un des plus grands scandales judiciaires de l’époque, puisque aucune condamnation ne fut jamais prononcée.

Cet article a 2 commentaires

  1. Sanz

    Honte à ces maires.
    Leur rôle, bien au contraire, serait de braver les préjugés des personnes peureuses et de lutter contre cette bêtise qui pourra devenir méchante, d’autant plus si ces élus laissent faire sur leur territoire des actes et donc des dires non respectueux des valeurs républicaines. Le massacre des italiens d’Aigues-Mortes en est une preuve.
    Ne laissons pas triompher cette bêtise. N’oublions pas que nous sommes plus nombreux que ces maires qui ne sont que le porte-parole d’une minorité de personnes n’ayant même pas le courage de sortir de leur anonymat.
    Merci pour ce billet, cher Monsieur Jean-Marie Darmian.
    NS

  2. Tetrel Mireille

    Certes, il y les maires , mais quand on a un président de région, la nôtre Auvergne Rhône -Alpes, Laurent Wauquiez qui lance une pétition pour que les maires refusent d’accueillir des migrants, c’est encore plus lamentable!

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