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Un seul ennemi commun : haro sur les fonctionnaires !

Quand vous n’êtes d’accord sur rien, il est indispensable de se mettre d’accord pour taper sur un ennemi commun. Pour tous les candidats putatifs de la Droite à l’élection présidentielle celui qui les réunit n’est autre que le fonctionnaire. Responsable de tous les maux de la France actuelle, l’employé de ce qu’il reste du service public. Le fonctionnaire devient pour l’ex-UMP l’obsession dominante comme le migrant l’est pour le FN et il doit disparaître du paysage. Chacun y va de sa méthode.
C’est Nicolas Sarkozy qui a été le plus simpliste reprend le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux mis en place pendant la Révision générale des politiques publiques entre 2007 et 2012 qui a touché absolument tous les secteurs de la vie sociale. On a vu les dégâts faits par la RGPP dans l’éducation, la justice, la santé… mais au diable l’avarice on va sabrer dans la qualité du service public pour confier les taches au privé sauf pour les Ministères de l’Intérieur et de la Défense. Une vraie américanisation de ce qu’il reste de l’action pour tous, fondatrice de la République. Pour l’ancien Maire de Neuilly il sera même indispensable de réduire au minimum le personnel des collectivités locales (communes et départements). La fonction publique territoriale verrait elle aussi, le non-remplacement de 150 000 agents, notamment en passant un contrat avec les associations de collectivités (sic).
Alain Juppé est plus nuancé en « refusant brutalement et partout la méthode dite du ‘un sur deux’, c’est-à-dire le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux », tout en appelant de ses vœux une baisse des effectifs de 250 000 à 300 000 fonctionnaires par le non-remplacement ciblé des départs à la retraite. La différence tient dans la notion de « ciblage » encore très imprécise (lesquels ? A quel rythme ?) des coupes sombres effectuées. Comme il faut bien rassurer le contribuable le trio Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et François Fillon souhaite aller encore plus loin encore en supprimant… 500 000 postes de fonctionnaires sur 5 ans. Nul n’est capable d’expliquer les conséquences de ces annonces sur la qualité du service public. Ils ne l’ont jamais défendue et ils ne rêvent que de privatisation tous azimuts dont on sait qu’elle renforce forcément les inégalités.
Il faut également, pour eux, détruire cette fonction publique considérée comme un lourd handicap par l’Europe libérale. Haro unanime sur le statut ! Pour Bruno Le Maire il devrait devenir « une exception ». Plus précisément, il annonce vouloir en « finir avec le statut de la fonction publique territoriale ». Autrement dit, si les agents en poste ne seraient pas concernés et conserveraient leur statut, les nouveaux agents seraient, eux, embauchés sous contrat de droit privé.
Nathalie Kosciusko-Morizet estime, elle, que le statut doit être réservé aux « fonctions régaliennes » dont ne feraient pas partie l’éducation nationale (sic) alors que Copé qui ne peut exister que par l’exagération propose « d’abroger » purement et simplement les « 3 statuts de la fonction publique » (1) ce que Nicolas Sarkozy et François Fillon n’ont pas explicitement proposé. Derrière ces propositions la remise des clés de la France aux grands groupes qui ne prendront en charge que les secteurs rentables du quotidien. Bien évidemment toutes les missions de contrôle déjà décimées par les suppression de postes (impôts, consommation, environnement…) seraient dévolues à des organismes dénués de toute indépendance.
Ces annonces concordantes mettent en péril le fondement même de la République mais elles recueillent le soutien aveugle de l’opinion dominante qui veut toujours plus de professeurs des écoles, de gendarmes, d’infirmières, de cantonniers, de juges, de gardiens de prison… lorsqu’ils sont concernés mais qui votent pour celles et ceux qui les suppriment ! Bien des parents rêvent d’une place de fonctionnaire pour leur fille ou leur fils mais ils ne s’alarment pas quand les recrutements se restreignent…
Les candidats de l’ex-UMP en phase de surenchère aiguë ont trouvé les victimes expiatoires de la crise financière : les fonctionnaires ! Au fil des débats ils vont accroître les coupes dans les effectifs, détruire des statuts issus des préconisations du Conseil National de la Résistance, abolir ce qu’ils considèrent comme des privilèges sans évoquer le moins du monde les effets induits de ces propositions. En cinq ans sous le règne de Sarkozy pas moins de 85 000 postes avaient disparu avec une certaine propension à frapper l’éducation nationale. A peine 25 000 ont été retrouvés sous Hollande qui en a promis 65 000 nouveaux… Bref la réalité est bien différente des effets de manche simplificateurs sur un plateau primaire !
(1) La fonction publique est en effet divisée en trois versants : la fonction publique territoriale, la fonction publique hospitalière et, donc, celle d’Etat qui compte environ 2,5 millions d’employés.

Cet article a 6 commentaires

  1. Sanz

    Je n’ai jamais voté pour celles et ceux qui suppriment les postes de fonctionnaires. J’ai fait les frais de la mise en place de la Révision générale des politiques publiques entre 2007 et 2012 : j’ai lutté et réussi à passer au travers de cette sale période. Cette réussite me semble dérisoire… mais non exempte d’enseignements. Si je ne sais pas militer, au moins sais-je lutter.

    En début d’année prochaine, je vais rejoindre tous ces hommes, femmes et enfants qui sont comme des bouchons flottants sur cette Terre, naviguant au gré des rencontres qui ne pourront pas être pires que mes expériences passées. Surtout, j’espère ainsi me soustraire à un environnement qui m’est toxique et ouvrir un improbable qui ne pourra être que meilleur, en ce qu’il sera déjà différent, autre, que je veux tenter d’imaginer et que je crois m’être défendue de rêver depuis très longtemps.

    Je ne crois pas mentir en disant que je partage votre idéal de la fonction publique telle que vous l’avez toujours fait vivre et comme vous la pensez encore. La transmission a échoué et les plus jeunes qui l’incarnent, dont pourtant je fais partie, n’en comprennent plus rien et, pire, l’ont falsifiée. Mon plus grand regret est de n’avoir pas croisé votre route et appris à travailler à vos côtés.

    Dans ce manque, j’y puise à n’en pas douter, cher Monsieur Darmian, le plaisir sans cesse renouvelé de vous lire.
    Bien amicalement,
    Noëlle

    1. bernadette

      Bonsoir Noëlle,

      Je vous comprends. En fait il devient nécessaire de requalifier les emplois de fonctionnaires qui existaient. Il y a les concours qui offrent très peu de postes en interne ou en externe. L’informatique évolue mais ne peut pas remplacer une personne. Il est à iliminer cette façon disgracieuse de dire imaginer votre poste de travail pour vous adapter. Retraitée de l’insee, je pense aux jeunes.

  2. bernadette

    La culture de ces politiques c’est du management d’equipes.
    Il n’y a pas d’innovation. Toujours moins avec moins.
    Ce qui n’est pas dit dans tout
    cela. Comment réduire la
    charge qui sert à rien.
    En fait les impôts locaux
    servent à rémunérer d’abord
    les élus. Le contenu de
    leurspropositions c’est du
    negationisme.
    Innovez dans le positif!!!
    Assez de faux culs qui traînent
    leurs souliers pour ne rien
    faire dans toutes ces réunions des diverses institutions.

  3. bernadette

    La part communale et la gestion de l’intercommunalitedoit etre rrevue en particuliers pour la taxe sur les ordures menageres ou tout au moins la gestion au plus pres du contribuable. La gestion communale c’est un « foutoir ». On entend « ce n’est pas nous », c’est eux.
    Il devient naturel de se poser la question. Qu’est ce Que je fais et pourquoi je le fais ?
    De regarder ces tableaux issus du service comptable des impots avec des ecarts pour un immeuble collectif. Le cout est different pour un meme logement avec une seule personne. Curieux !.

  4. bernadette

    Les 3/4 des calculs des impots sont fait par la machine. Programmation oblige. Les mises sous enveloppe aussi.
    La machine a supplante le fonctionnaire des impots.

    Si privileges il y a, la suppression devrait se faire chez les hauts salaires 1 poste/2.

  5. Cubitus

    Avant, on disait « c’est la faute des juifs ». Mais ça, on peut plus.
    Après, « c’est la faute aux immigrés ». Mais ça, personne n’y croit plus.
    Alors restent les fonctionnaires. Et là, ça marche pour le bon peuple. Parce qu’un fonctionnaire ne rapporte rien, ce n’est d’ailleurs pas son rôle, mais il coûte. Enfin c’est ce qu’on s’imagine quand, la bouche en cœur, on oublie la contrepartie du service rendu.
    Je ne vais pas m’étendre sur le sujet tant il y aurait à écrire dessus. D’autres l’ont fait mieux que moi.
    Ces braves candidats à la primaire veulent économiser 100 milliards par an ??? Mais la solution est simple et pourtant pas un seul ne l’a évoquée.
    Fraude fiscale + niches fiscales = plus de 160 milliards de manque à gagner pour l’État ! Petits joueurs avec leurs 100 milliards.
    Mais bon, on va pas aller emmerder les copains.
    Et puis je ne suis pas présidentiable…

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