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La violence n'épargne plus la totalité de l'espace scolaire

A Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) la proviseure du lycée professionnel Hélène-Boucher a été frappée devant la grille de l’établissement après avoir tenté de raisonner plusieurs personnes qui se livraient à des actes de dégradation et de violence devant l’établissement. C’est le troisième incident en moins de deux semaines dans cet établissement. Il y a une dizaine de jours, un groupe d’une trentaine d’individus s’est massé devant cet établissement avant d’y retourner deux véhicules et d’y mettre le feu.
A Argenteuil, (Val-d’Oise), un enseignant a été violemment agressé par deux jeunes hommes alors qu’il ramenait sa classe de CE2 d’un cours de sport. Il grondait une fillette qui disait des gros mots quand deux hommes sont descendus d’une voiture pour lui reprocher de mal parler à la fillette et d’être raciste.
A Colomiers (Haute-Garonne) un élève de terminale a frappé une professeure de sport au visage, alors qu’il tentait de sortir du lycée par une porte non autorisée. A Calais, un élève de terminale d’un lycée professionnel a cassé la mâchoire et plusieurs dents de son professeur lors d’une altercation survenue en plein cours d’électricité.
A Saint-Denis (Seine-saint-Denis), un proviseur et son adjointe avaient été roués de coups par un élève de seconde professionnelle qui n’avait pas supporté de se voir rappeler à l’ordre parce qu’il était arrivé en retard…. A Bordeaux au Lycée Tregey (Bordeaux) des bagarres ont éclaté devant la porte de l’établissement avec des blessures plus ou moins graves.
Ces événements médiatisés ne sont que la partie visible d’un iceberg composé d’agressions plus ou moins graves envers l’ensemble de la communauté éducative : enseignants, agents techniques des conseils régionaux ou départementaux, secrétaires ou personnels non enseignants, personnel municipal… Insultes, harcèlement, menaces, humiliations appartiennent désormais au quotidien des établissements scolaires allant de la maternelle au lycée. Cette pression constante pèse de plus en plus sur la carrière des gens affectées aux tâches dans les établissements scolaires. Dire que c’est récent relève de la propagande politicienne des adeptes de la destruction du service public par la peur. La situation devient cependant critique tant ce qui autrefois aurait pris des allures d’événements exceptionnels devient le quotidien. Et en général les plus « faibles » dans les rôles et els fonctions ne se rebellent pas toujours.
L’irrespect porté par la société à l’égard des fonctionnaires a imprégné les esprits des générations montantes. Il fut une époque où l’entrée dans la fonction publique devenait le gage d’une réussite sociale puisque le recrutement s’effectuait par concours ce qui valorisait l’engagement au service de l’État. Actuellement la Droite se déchaîne en une surenchère d’affaiblissement massif de la sphère publique avec un bémol sur le secteur de la sécurité intérieure et extérieure. Peu à peu s’installe l’idée que la société nourrit une bande de fainéants inutiles constituant un frein à la prospérité du pays. Les profs deviennent même la nouvelle cible de l’agité du bocal « exemplaire ».
Leur temps de travail a toujours suscité de nombreux fantasmes politiciens. Preuve encore quand Nicolas Sarkozy déclare que les profs travaillaient « six mois de l’année », précisant que s’il était élu les enseignants auraient « entre 20-25 % d’obligation de présence dans les établissements en plus »… Une manière directe insupportable de dénigrer le travail des enseignants, de les stigmatiser, de ternir leur image, de saper leur autorité et donc de les livrer en pâture à ces tenants de la facilité démagogique. Alors qu’il faudrait ériger la fonction en cause nationale forte pour tenter d’enrayer une chute des vocations (compréhensible dans le contexte actuel) il repart sur ses vieux démons.
La déstructuration sociétale et l’insécurité sociale ont conduit des milliers de jeunes à l’échec dans une école qui ne pourra jamais effacer les défaillances familiales, la pauvreté matérielle et culturelle. La violence imprègne bien des esprits car elle devient la seule solution pour se tailler une place dans le monde actuel. Elle monte chaque jour un peu plus et gagne du terrain, ne respectant plus aucune règle et aucun lieu. Banalisée elle gomme toutes les notions antérieures de respect de la hiérarchie ou de l’autorité.
Une frange des jeunes vit dans le système scolaire avec ses repères extérieurs venant de la famille, du quartier ou d’autres considérations totalement étrangères à celles mises en œuvre par l’équipe éducative. Il faut craindre que les faits récents ne soient que le début de graves difficultés qui si elles se développaient renforceraient la privatisation et condamnerait toutes les tentatives de mixité pourtant indispensable à la résurrection de l’ascenseur social.

Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour M. Darmian,

    Permettez de vous remercier pour tous les messages que je laisse sur votre blog.
    Concernant les agressions dans les établissements scolaires: il me semble que la 1ere responsable est la presse écrite et télévisée qui diffusent des articles et des informations sur le sujet.
    Cette presse est subventionnee par l’État. Donc c’est à l’État de faire son travail correctement.
    La culture médiatique s’invite un peu partout.
    Chaque jour un peu plus d’image encourage ces délits.
    L’enfant n’est pas responsable de ces maux, ce sont les élites, les politiques publiques informationnelles.

  2. faconjf

    Bonjour,
    mouaippp! tout cela me semble un peu court. L’éducation n’est pas la seule victime des violences http://www.lavoixdunord.fr/61215/article/2016-10-18/ch-dron-apres-l-agression-de-samedi-les-medecins-organiseront-une-journee-d
    Que dire des pompiers et policiers qui tombent dans de véritables guets-apens. Le renoncement permanent mot poli pour désigner la lâcheté des politiques au pouvoir ou l’ayant été. Notre société est en plein délitement, le respect est une valeur perdue et les soudains revirement pour le retour du Service militaire n’y changeront rien. Une phrase longtemps entendue dans ma vie de militant  » quand on ne sait plus quoi faire on appelle les CRS » ou l’armée…
    Les faits sont têtus, la violence est maintenant la seule expression des exclus de la société et dans le cadre actuel ( trafic business/ travail) les ploutocrates au pouvoir n’ont AUCUNE solution.
    Pas de soucis, ce phénomène gangrène tous les pays capitalistes ( c.à.d tous), la solution qui fait froid dans le dos pointe son nez dans les conflits régionaux en cours en attendant sa globalisation.
    Salutations républicaines et pacifistes

  3. françois

    Bonjour !
    Comme toi, je ne peux que constater et déplorer une situation avilissante pour la jeunesse mais aussi la profession et … le pays !
    Mais, confronté de plus près que toi à ce mal ( mon fils de quarante ans est professeur en collège ! ! ) et, bien sûr, jamais écouté quand j’actionne la sonnette d’alarme car « nous n’avons pas les connaissances des politiques et des énarques, nous citoyens de base » ( pour rester poli !), je me lance une fois de plus ( cent fois sur le métier …! ! ) dans une diatribe qui, je le crains, encore une fois, s’estompera jusqu’à disparaître comme les ondes de mon caillou dans la mare de mon enfance !
    En effet, si l’on peut « apprécier » le résultat médiocre des 2/3 de notre jeunesse, il faut en rechercher les causes antérieures d’une façon objective c’est-à-dire sans se voiler la face (aucun rapport avec un objet à la mode !) et en acceptant les erreurs commises, non point pour en palabrer mais pour rechercher les solutions urgentes bien sûr et …. durables car l’Education scolaire ne doit pas être sensible à des phénomènes de mode surtout politique !
    Certes, il y a l’éducation familiale. Souvent, je pense à cette image viticole où l’on met BEAUCOUP de soins à dresser le jeune pied sur un tuteur … DROIT, lequel, avec de beaux raisins atteindra les 80 ans alors que l’humain, promis au même âge doit se construire …. lui-même. Sur ce point, rappelle-toi, nous ne devions pas copier les thèses des USA 1950-1960 ( l’enfant -roi ) dont on a vu les ravages ! Réussite totale, n’est-ce pas !
    Ensuite vient l’ECOLE. Si l’âge d’entrée est avancé ( pour débarrasser les parents !) et l’âge de sortie obligatoire reculé, il semble que le temps scolaire, support des connaissances de base, se soit évaporé à moins que le niveau des connaissances est baissé car, si je prends mon grand-père comme référence ( tu connais la valeur d’un grand-père !), celui-ci avait passé et obtenu son CEP (certificat d’études primaires) en 1905 à l’âge de … treize ans. En 1961, c’était encore quatorze ans avec un niveau (hors langues vivantes)permettant de rentrer dans la vie active, bien supérieur au BEPC 2016 malheureusement paré d’un caractère social comme bien des CAP actuels. Par exemple, je citerai cet ami commun, professeur de menuiserie en LEP girondin qui m’a mis en garde vis-à-vis des dangers d’embauche de ces CAP « sociaux » aux connaissances « pousse-planches »! De même, cette aide-soignante (vingt ans de pratique) qui voit arriver des stagiaires, direct Pôle-Emploi, qui ne savent pas ….lire. N’oublions pas qu’ils vont travailler au contact de l’humain ! ! !
    A ce niveau de l’exposé, il ne faut pas oublier les observations d’un vieux maçon (Compagnon du Tour de France) qui, en 1980, s’était aperçu de la difficulté grandissante à former un apprenti de 18 ans alors qu’à 14 ans, c’était agréable et encourageante.Il invoquait « une ouverture d’écoute qui s’était refermée » ! ! !
    Et la violence ? me diras-tu !
    Elle est malheureusement le résultat du début d’exposé complété par un manque de perspectives d’avenir après quinze ans d’école en moyenne avec un seul objectif: 25 ans pour toucher RSA, le tout en écoutant palabrer des dirigeants-menteurs grassement payés.
    Quand on devine l’argent facile d’un certain commerce …toléré, on se demande si ….! ! ! !
    – Et les profs ?
    – Pardon, lesquels ?
    Ceux qui cherchent, consciencieusement et au péril de leur vie, à transmettre leur savoir malgré des directives de gratte-papiers ignares car ignorant les problèmes de non-suivi ?
    Ceux qui, pieds et mains liés ( ! ! ), proposent leur cours à des fauves en essayant d’être des gardiens de zoo et non des dresseurs hautement qualifiés ?
    Ceux qui annoncent trente-sept ans de service alors qu’ils n’ont connu la marmaille que durant quatre ou cinq ans naviguant ensuite entre les années sabbatiques, syndicales ou aux réceptions des classes citadines privant ainsi un simple éducateur d’un poste adéquat.
    Je t’en laisse la réponse.
    Cordialement.

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