You are currently viewing Gare à l’argent qui file à très grande vitesse…

Gare à l’argent qui file à très grande vitesse…

De plus en plus de citoyens s’interrogent et bien d’autres s’opposent à la gabegie financière que représentent les constructions de Lignes à Grande Vitesse devant rapprocher Paris de la province comme si ce postulat était intangible. Les débats sont souvent biaisés par des affirmations péremptoires sur le formidable développement économique généré par une réduction de quelques dizaines de minutes d’un trajet essentiellement réservé aux touristes et aux personnes ayant à faire dans la capitale.

Tous ces calculs reposent sur des bases désormais obsolètes dans une société ayant largement évolué. Les investissements réalisés impactent fortement les finances des collectivités territoriales mais aussi celle des sociétés gravitant autour de la SNCF. Comme dans toutes les autres situations où un investissement colossal doit être rentabilisé et on découvre alors que les prévisions ne seront jamais tenues. Le système voulant que l’on pressure la SNCF en lui imposant des rythmes de desserte probablement déficitaires ne correspond au montant des locations réclamés par le constructeur.

Il a fallu de fortes pressions pour que Libourne et Angoulêm obtiennent quelques arrêts sur la ligne Bordeaux-Paris et sans la protestation de la métropole bordelais le nombre des aller-retours quotidiens auraient été très inférieur au 16,5 prévus. Lisea, le constructeur et le gestionnaire de cette ligne c’est-à-dire que les opérateurs ferroviaires, pour y faire circuler leurs trains, lui verseront des redevances (en moyenne… 22 euros par kilomètre), et non à SNCF Réseau comme c’est le cas sur la majeure partie du réseau français. Or la SNCF estime qu’elle perdra 150 à 200 millions d’euros par an avec cette LGV. Une paille mais les « retombées économiques » seront au rendez-vous !

On atteint le sublime en matière de grand projet ubuesque avec la gare TGV de la Mogère, près de Montpellier. Depuis de longs mois, alors qu’elle est en chantier sur une friche, ses opposants dénoncent son coût exorbitant (135 millions d’euros), son implantation sur une “zone inondable” selon eux, et son caractère “‘inutile”. Une sorte d’aéroport Notre Dame des Landes ferroviaire… Or la SNCF vient d’annoncer que cet ouvrage dans lequel plus de 60 millions d’euros ont été injectés ne verrait passer que… 4 trains par jour ! Lors d’une récente réunion officielle la SNCF a annoncé que passeraient par cette gare lors de son inauguration prévue au printemps 2018 un Ouigo aller-retour vers Marne-la-Vallée, un Perpignan-Paris, et un Paris-Montpellier. Il faut signaler qu’il existe déjà une gare à Montpellier !

Le projet d’une nouvelle gare TGV près de Nîmes, à Manduel, pourrait permettre de faire passer davantage de rames mais nul ne sait encore si sa construction sera possible et qu’ensuite elle soit une halte pour les trains à grande vitesse. D’ailleurs la région Occitanie a immédiatement suspendu son financement de 32 millions ! Qui peut prétendre que les études réalisés pour implanter de tels équipements soient fiables quand on constate qu’elles sont très éloignées des prévisions tablant sur plus d’un vingtaine de passages journaliers ! Normal car le principe même de la grande vitesse c’est d’avoir le moins d’arrêts entre les points extrêmes de la ligne pour éviter que la rame ralentisse et se relance après chaque fois 5 minutes minimum passées en gare.

La LGV traverse les territoires sans pour autant leur apporter des services supplémentaires. Sur Bordeaux-Paris nouvelle formule, il est concevable de vanter les effets positifs sur la métropole mais il n’est pas certain que le reste du département n’ait pas les retombées négatives. Certes il faudra 125 minutes pour aller de la gare Saint-Jean à Montparnasse mais combien de temps pour aller de son domicile à l’extérieur de la ville centre au quai d’embarquement et plus encore combien de stationnement à acquitter quand il y a une place disponible aux heures de pointe. Quand parfois il faut 65 à 75 minutes pour se rendre à Bordeaux depuis Créon (25 km) on peut aisément imaginer ce que deviendra l’accès à la gare devant accueillir… 18 millions de passagers !

La nouvelle gare de Montpellier n’est pas la première à avoir fait polémique. Comme le rappelle 20 minutes, la gare de Lorraine TGV à Louvigny, inaugurée en 2007, a été critiquée par la Cour des comptes. Cette gare est en effet située à une quinzaine de kilomètres de la voie ferrée, n’a aucune connexion avec le réseau TER et se trouve à côté de l’aéroport Metz-Nancy-Lorraine. Et tout cela a un coût pour le contribuable : 62 millions d’euros. Peu importe dans le fond puisque l’essentiel c’est d’avoir la griserie de la vitesse, pire ennemie de ma qualité de vie !

Cet article a 9 commentaires

  1. bernadette

    Tout va vite et mal.
    Manque de conducteurs sur les Ter impacte la suppression de 24 Ter.
    La Region Aquitaine se porte tres mal en matiere de transports.

  2. bernadette

    Les bouchons routiers autour de la capital regionale mettent 2 h pour faire 25 km pour aller bosser dans une commune de la Cub.
    Le tramway n’a rien apporte. Transport trop lent.
    La Lgv a detruit des forets, des habitations etc… Pour gagner quelques minutes a Montparnasse.
    Le Royaume de la vitesse n’est pas une entite de la democratie

  3. Bernard G

    C’est tout à fait décevant que le progrès fantastique qu’a, de toutes façons, engendré la Grande Vitesse soit ainsi contestée pour quelques malheureux millions d’euros dépensés pour le service public (qui y trouvera son compte nécessairement, sur le long terme).
    Ça me fait penser aux bourgeois de Saint-Omer(62) au 19ème siècle qui ont refusé la gare SNCF (qui dut être installée en pleins champs à Hazebrouck)

    1. bernadette

      La Lgv Sud Europe Atlantique à un coût exorbitant : 4 milliards d’euros (a confirmer), reste a charge de l’Etat 2 millards.
      Cette ligne Lgv tours bordeaux s’est construite sans aucune concertation. Pourquoi ?

  4. Alain E

    C’ est vrai qu’ un moyen de transport rapide, sécuritaire, non polluant, ça coûte cher, et la dépense file à grande vitesse contrairement au sénat ,ou la dépense file à petite vitesse et depuis des années pour entretenir un caste politique dépassée, décalée, hors d’ age.
    Ne parlons pas des hôtels de régions, communauté de communes, plus 600% d’ augmentation sur la taxe foncière 2016.
    Ne parlons pas non plus du coût du transport routier , coût humain,pollution, usure des routes, embouteillages, stress, etc…
    Un autre exemple ,un palais des congrès construit pas si loin de chez nous, pour un usage très limité, facile de dépenser l’ argent du contribuable quand on est élu.
    Il faudrait demander aux strasbourgeois, aux lyonnais, aux marseillais et autres villes ou arrive le tgv ce qu’ ils penseraient d’ une fermeture de leurs lignes tgv.
    Je crois que seul l’ avenir nous éclairera sur le bien fondé de cette ligne tgv, réussite ou fiasco, il faut attendre avant d’ exprimer un avis définitif.

    1. Jean-Marie Darmian

      oui mais en attendant la réponse les millions voire les milliards sont partis !

  5. laustralien22

    J’ai du mal à comprendre cette société où toute évolution, tout investissement est contesté. Oui ça coute de l’argent et alors? L’amortissement va se faire sur des dizaines d’années. Quel seront nos besoins en transports dans 5,10 ou 15ans. Le cars Macron risque d’être un peu anachronique, le prix de l’essence exorbitant? Je ne comprends pas cette espèce de nostalgie du passé, ce refus de voir bouger les choses. On peut aussi refaire rouler des trains à vapeur, ressortir les diligences, et remplacer internet par le télégraphe. Sans TGV en France le problème serait résolu, il n’y aurait plus de chemin de fer. Ces réactions reflètent aussi une vision égoïste de choses. A partir du moment ou certains n’utiliseront pas le TGV ils n’en voient pas l’utilité et conteste sa construction. On en revient au mal profond de notre société, l’individualisme et l’égoïsme.

    1. Jean-Marie Darmian

      Je suis un utilisateur régulier du TGV…. Libourne Paris et je collectionne les raisons pour lesquelles il ne respecte pas ses horaires… qui me conviennent parfaitement quand ils sont respectés… et je constate que le temps de trajet est un faux problème… car il faut prendre en compte le temps de déplacement dans sa totalité… c’est que je j’ai souhaité démontrer. En ce qui me concerne : 2 heures au départ de Bordeaux c’est inutile puisque je mettrai une heure aller-retour minimum pour aller et revenir de mon domicile à Bordeaux…

  6. Christian COULAIS

    « Sortie tardive du dépôt »
    01/11/2017, départ Cénac 4h35, arrivée stationnement niveau -1 > 4h55, pour un départ du TGV prévu à 5h28. Attente de l’affichage du quai. (Message d’appel pour un personnel de la fameuse rame). A 5h10, le tableau lumineux indique que le TGV aura 30mn de retard !
    5h15, message d’information, le TGV aura +/- 30mn de retard.
    Je décide de laisser la passagère attendre. Moi il m’en coûte 2€ de stationnement.
    Epilogue : départ 5h43, raison du retard > « sortie tardive du dépôt »…Encore un conducteur qui n’est pas du matin ! Et malgré les 3 arrêts, le TGV est arrivé à l’heure !

Laisser un commentaire