You are currently viewing Fidèle avec Castro au printemps de mon engagement

Fidèle avec Castro au printemps de mon engagement

Il n’y a jamais de grand homme reconnu par l’Histoire pouvant se résumer à une image d’Epinal acceptable par toutes les composantes sociales. Bien évidemment les partisans de Fidel Castro se feront un point d’honneur à le présenter comme une personne de lumière, intelligente et volontaire alors que ses détracteurs ne retiendront que les aspects antidémocratiques de sa gestion de Cuba ! En fait il ne reste dans l’esprit des laudateurs ou des destructeurs que ce que chacun voit et retient à travers la fenêtre du temps. Difficile de toutes les manières de ne pas être dézingué par un camp ou un autre quand on évoque un personnage révolutionnaire tel que Castro puisque les véritables constructeurs de l’Histoire ne peuvent justement jamais laissé indifférent et provoquent la haine des vaincus ou la grandiloquence des vainqueurs. La seule certitude c’est que souvent s’ils n’avaient pas existé le cours de l’Histoire en eût été modifiée !

Pour ma part je me revois dans mon adolescence suivre sur le Prais-Match qu’achetait ma mère la révolte de jeunes barbus réfugiés dans une forêt montagneuse hostile. La jeunesse porte à la révolte, à l’admiration pour ceux qui conteste même violemment les règles établies. Condamné, exilé, défait piteusement lors d’un débarquement manqué, celui que rien ne destinait à devenir marxiste va construire sa légende dans le contexte de la Sierra Maestra. De rares images réputées « exclusives » en noir et blanc de la vie d’une poignée de rescapés vivant hors du temps dans les pires conditions alimentèrent le sentiment que les « compagneros » étaient des surhommes animés par une passion farouche en faveur du peuple ! En fait dans ces conditions terribles Fidel Castro a façonné sa meilleure arme, celle de sa capacité à galvaniser les autres par le verbe. Orateur hors pair, réveilleur d’énergie il devient une sorte de prédicateur d’une guerre contre la dictature de Batista mais plus encore contre celle qu’imposent au monde de l’après-guerre des Etats-Unis rongés par l’activité de la CIA. Le poids des mots se transforment en plomb pour les balles. Le romantisme, la fougue, la force qui se dégageaient des déclarations castristes ont eu vite fait d’éveiller en moi des envies de résistance à l’ordre établi. Qui n’a pas eu une part du Che en soi ? Qui n’a pas entendu le fameux slogan «  hasta la vitoria sempre » avec émotion ? Qui n’a jamais pensé à Cuba en imaginant qu’il était de ces combattants de l’impossible ? Et ils l’on fait… ils ont conduit le peuple à la victoire contre plus qu’un dictateur puisque Cuba était le poumon de la mafia !

La pauvreté ne cessait de s’accroître alors que le jeu et la prostitution, contrôlés par les gangs nord-américains et notamment la Mafia (grâce aux relations entre Batista avec les parrains mafieux Meyer Lansky et Lucky Luciano), se développaient. Les casinos et hôtels de luxe fleurissaient notamment à La Havane qui était devenu, avec la bénédiction de la Cia ravie de voir les truands quitter son sol, le principal centre de blanchiment d’argent du trafic de drogue de la Cosa nostra américaine, fournissant ainsi des recettes considérables au régime. La capitale cubaine avait même accueillie même en décembre 1946 une conférence au sommet des principaux chefs mafieux nord-américains… Cette lutte du bien « castriste » contre le « mal » américain n’a jamais quitté les esprits de celles et ceux qui ont admiré le « leader màximo » comme l’avait baptisé ses adversaires et non pas son peuple !

Oui j’ai aimé cette période durant laquelle la Révolution cubaine a tâtonné pour chercher sa voie. Oui j’ai aimé cette volonté de fer de ne pas se laisser dévorer par l’ogre américain ! Oui j’ai aimé les priorités cubaines en matière d’éducation et de santé. Je sais pertinemment que derrière il y a la privation de liberté fondamentale, la mort de milliers de personnes hostiles au régime, une forme de misère sociale relative car comparé avec notre monde de la surconsommation, un système politique verrouillé… C’est indéniable mais il faut savoir si ces situations sont les conséquences de la volonté castriste ou celles de la pression du blocus, des attaques, des restrictions économiques, des privations imposées par les USA déterminés à reconquérir leur « bien ». Quel sort aurait réservé aux Cubains les USA si leurs entreprises n’avaient pas été nationalisées ? Quel a été l’impact réel de l’idéologie dans les décisions de Fidel, enfant abandonné, entré par sa réussite dans son parcours scolaire dans la haute société cubaine par le mariage ? Il aura été toute sa vie un résistant à la passion outrancière avec les contraintes qu’impose cette classification ! « Parfois j’ai l’impression de faire l’amour avec la révolution ! » a-t-il déclaré en 1979. Un résumé de sa vie !

Son corps a été à sa demande, très rapidement réduit en cendres pour éviter toute exploitation du style « mausoléisation ». Mais Castro restera pour moi Fidel et vous me priverez pas de mes images de jeunesse, celle du printemps des engagements ! Impossible de ne pas l’écrire sous peine de renier les fleurs rouges de mon parcours personnel !

Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,
    Je suis avec d’autres a l’ecoute de ce Que sera cette ile economiquement et socialement. Cuba est tout de meme sortie de l’imperalisme qui dominait et c’est un point de depart positif. Merci aussi a Poutine, chef d’Etat du plus grand pays de la planete.
    La theorie marxiste aura
    permis de trouver un concept philosophique et sociologique. La science economique donne essentiellement une valeur chiffree sans philosophie, sans sociologie. Le chiffre doit etre accompagne de la sociologie pour permettre au peuple de vivre mieux.
    Fidel Castro avec sa revolution en continue n’a rien fait pour le peuple sauf pour la sante.
    L’appropriation des moyens de production par l’Etat n’est pas viable à long terme et ne concerne que les machines.

  2. faconjf

    Bonjour,
    Le point sur lequel le régime castriste est le plus attaqué (par les médias occidentaux) est celui des droits de l’homme et de la liberté d’opinion. Examinons les derniers rapports d’Amnesty International sur la situation à Cuba et comparons avec celle des États-Unis :
    Cuba 2015/2016 https://www.amnesty.org/fr/countries/americas/cuba/report-cuba/
    Malgré l’amélioration progressive des relations diplomatiques du pays, les libertés d’expression, d’association et de circulation continuaient d’être soumises à des restrictions draconiennes. Plusieurs milliers de cas de harcèlement à l’égard de détracteurs du régime, d’arrestations et de détentions arbitraires ont été signalés.
    Selon la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale (CCDHRN), plus de 8 600 militants et opposants au régime ont été placés en détention pour des motifs politiques durant l’année.
    Cuba un pays où un moratoire sur la peine capitale est en application depuis 2003 Année de la dernière exécution connue . http://www.deathpenaltyworldwide.org/country-search-post.cfm?country=Cuba&language=fr

    États-Unis d’Amérique 2015/2016
    https://www.amnesty.org/fr/countries/americas/united-states-of-america/report-united-states-of-america/
    Personne n’a été amené à rendre de comptes pour les crimes au regard du droit international commis dans le cadre du programme de détentions secrètes géré par la CIA, et aucun recours n’a été mis en place pour les victimes. De très nombreux hommes étaient toujours détenus, pour une durée indéterminée, sur la base navale américaine de Guantánamo Bay (Cuba) alors qu’un petit nombre de prisonniers continuaient d’être jugés par des commissions militaires. La détention prolongée à l’isolement dans les prisons fédérales et des États ainsi que l’utilisation excessive de la force par la police étaient toujours des sources de préoccupation. Vingt-sept hommes et une femme ont été exécutés au cours de l’année.
    Recours excessif à la force Au moins 43 personnes, dans 25 États, sont mortes après avoir été touchées par des décharges de pistolets Taser administrées par des policiers, ce qui portait à 670 au moins le nombre total de décès survenus dans de telles circonstances depuis 2001. La plupart des victimes n’étaient pas armées et ne représentaient manifestement pas une menace de mort ou de blessure grave au moment où elles ont reçu les décharges.
    Je vous invite à lire les chapitres suivants du dit rapport d’amnesty ; Torture et autres mauvais traitements, Droits des migrants, Droits des femmes, Conditions carcérales,
    Peine de mort En 2015, 27 hommes et une femme ont été exécutés, dans six États, portant à 1 422 le nombre total de prisonniers exécutés depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Le chiffre de 2015 était le plus bas enregistré depuis 1991. Une cinquantaine de condamnations à mort ont été prononcées au cours de l’année. Près de 3 000 prisonniers étaient sous le coup d’une condamnation à mort à la fin de l’année.
    Vous jugerez par vous-même en lisant ces rapports où se trouve la plus grande violence.
    Un dernier mot concernant l’état sanitaire de ces 2 pays si proches et si lointains
    • Taux de mortalité infantile à Cuba 2014 : 4,7°/°° (en constante amélioration malgré un cruel embargo de 55 ans) 7.51 pour 1000 en 2000
    • Taux de mortalité infantile aux États-Unis 2014 : 6,17°/°° (en forte détérioration par rapport à 2013 (5.9 pour 1000)) 6.82 pour 1000 en 2000
    Les choses ne sont pas toujours telles que les prestitués des merdias nous les présentent
    Salutations républicaines

  3. SOULET Gilbert

    Bonjour Jean-Marie,
    Je comprends et partage ton billet. J’ai une référence à Fidel CASTRO : celle de l’Algérie et de son soutien à ce Pays avec notamment son aide lors de la guerre des Sables qui a opposé en 1963 le Maroc à l’Algérie de Ben Bella. C’est en 1963 que je me mariais en n’oubliant pas mes derniers évènements d’appelé du contingent vécus là-bas de janvier 1960 à mars 1962 …
    Bien à toi,
    Gilbert de Pertuis

Laisser un commentaire