You are currently viewing Trump-Fillon : les héros de la « révolution réactionnaire »

Trump-Fillon : les héros de la « révolution réactionnaire »

La victoire aux primaires de François Fillon est présentée comme un événement inédit sur la planète politique alors qu’en fait elle ressemble étrangement au parcours dans cette même période politique d’un certain Donald Trump. Les stratégies sont les mêmes, les constats sont les mêmes et le résultat a été le même dans la même course à la désignation. En fait intuitivement ou par calcul, l’ex-premier Ministre a anticipé depuis un mois une américanisation de la vie sociale française sur le fond et sur la forme. Il est en effet possible de trouver des points communs entre les deux campagnes « primaires » et il faut craindre que l’issue se ressemble dans le mois de Mai, qui ne sera pas forcément le plus beau.

1.- Un départ mesuré.- Trump avait lancé sa pré-campagne le 16 juin 2015, avec le slogan « Make America Great Again! » (« Rendons sa grandeur à l’Amérique ! ») et il était totalement inaperçu puisque ses rivaux occupaient tous le devant de la scène médiatique. A l’annonce de sa candidature, il était  alors crédité de moins de 5 % dans les sondages et suscitait dans un premier temps, l’indifférence générale, tandis que Jeb Bush apparaît comme le favori pour l’investiture républicaine. François Fillon est parti de son coté au printemps… 2015 par étapes et immédiatement il a été classé parmi les candidats sans intérêt. Selon une enquête Odoxa publiée début avril,  seulement 6% des personnes qui comptaient voter à la primaire choisissaient le député UMP. Ils ont tous deux opté pour un parcours hors parti avec cependant le souci pourtant de s’inscrire dans la procédure légitime mise en place. Laissant leurs rivaux faire la course en tête et s’époumoner à ravir la première place à l’autre, ils ont bâti un programme reposant sur la récupération des « non-dits » ancrés dans les minorités diverses opposées à la mutation sociétale : religieux « orthodoxes » voire « intégristes », apeurés de l’immigration, anti-fonctionnaires de principe, adversaires résolus des services publics, classes moyennes inquiètes pour leur avenir, retraités nostalgiques d’un ordre moral oublié… Tous ces mécontents dans l’attente d’une parole forte ont été fusionnés dans un rejet complet de ce que Trump appelait « l’establishment » et Fillon le « système » auxquels appartiennent pèle-mêle leurs adversaires et les médias qui portent des idées plus libres.

2.- Un programme choc.- Lors des primaires tous deux ont parfaitement compris qu’il fallait transformer des femmes et des hommes hostiles à divers titres à la vie sociale actuelle, en « justiciers » fiers de soutenir des « combattants » décomplexés. Trump et Fillon, à des degrés divers, ont confectionné un programme choc avec des propositions fracassantes, irréalistes mais indispensables pour séduire un électorat potentiel, heureux de trouver un héraut. Bien évidemment tous deux savaient pertinemment qu’ils devraient ultérieurement amender voire annuler leurs propositions mais l’essentiel était d’être désigné. Les primaires reposent sur l’outrance déclinée sur 3 ou 4 thèmes utilisés pour révéler aux soutiens potentiels leurs propres positions non formulées publiquement… Il faut oser, aggraver, accentuer, décomplexer pour espérer motiver ! Lors de primaires on ne s’adresse pas en effet au « peuple » mais à la « part du peuple » susceptible de se reconnaître dans des slogans réputés relever du franc-parler, de la volonté de bousculer les ronronnements politiciens établis.

3.- Une mobilisation ciblée. –  Les électeurs de François Fillon ont été au second tour majoritairement des hommes (56%) et des retraités de plus de 65 ans (41%). Ceux de Trump appartenaient aussi aux hommes de race blanche ( 63 %) et un électorat de plus de 45 ans (53 %). Ces constats sont en définitive très éloignés de la réalité sociale des pays concernés et si l’on fait abstraction du système électoral américain (second degré) « Donald » n’a d’ailleurs pas eu de majorité en nombre de voix. C’est ce que l’on craint dans la droite française : les ouvriers, les employés, les femmes seules, les retraités modestes sont absents or ils constituent la majorité des voix pour une élection présidentielle. dangereux! D’autant que le programme Fillon risque de la desservir électoralement : la plupart des mesures qu’il propose sont très impopulaires comme la suppression de l’impôt sur la fortune, la diminution draconienne du nombre de fonctionnaires ou l’augmentation de la TVA de deux points, la dérégulation du marché du travail, la diminution des prestations offertes aux chômeurs, la mise en cause du mariage pour tous, la diminution du droit à l’IGV… On ne peut pas plaire lors de la primaire, à des segments particuliers de la population pour être élu et à tous les autres ultérieurement ! Le passage de la primaire à la générale sera donc très délicat!

Si l’on ajoute la proximité avec un certain Poutine (approuvée implicitement par un vote massif de 10 % du corps électoral français) on arrive au minimum à quelques étonnantes convergences. Pourvu que ce ne soit pas le cas jusqu’au bout ! Tant aux USA qu’en France la « révolution réactionnaire » constitue pourtant une nouvelle forme efficace de conquête du pouvoir !

Cet article a 7 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,
    Fillon est un europeiste, trump est un americain, ils ont en commun leur raison d’etre d’appartenir a un monde tout a fait different de 1789. (Revolution Francaise).
    Vous les socialistes qui portaient juste le nom, vous vous etes juste alignes, tout en disant au peuple francais « vous avez des Obligations », nous ne pouvons rien faire pour vous.
    Et oui, c’est toujours la loi du plus fort et du plus riche meme au Ps.
    Salutations

  2. Baillet Gilles

    Pourquoi on en est arrivés là en France ?
    « C’est la faute à l’émiettement de la gauche à cause des candidats qui ne veulent pas participer à la belle primaire de janvier…  »
    Ne surtout pas remettre en question la politique de Hollande qui – à de trop rares exceptions – a été lamentablement de droite.
    Alors que faire?
    Se battre comme d’habitude mais en faisant table rase de la clique Hollande pour que renaisse le socialisme.

  3. Baillet Gilles

    lire sauf à de très rares exceptions

  4. bernadette

    Concernant Poutine, il a eu l’héritage du communisme soviétique. Il a lui a bien fallu refaire l’économie russe.
    En Russie, il y a des matières premières que nous français avons pas. La Russie ne peut pas être un pays ennemi. Pour nous français, l’ennemi vient de l’intérieur.
    Bonne fin de journée et encore merci à M. Darmian que je ne connais pas.

  5. PC

    à Fréjus Fillon a fait 80%…
    va nous faire un petit 35% au premier tour et éliminer fifille à neunoeil?

    1. faconjf

      le pilote félon de la Sarthe a prévu de rouler le plus à droite possible pour fermer la porte du F Haine… Il va falloir jouer fin car une sortie de route est toujours possible car il ne manque pas de candidats pour emprunter la bande d’arrêt d’urgence à commencer par les fauxsio-démocrates. La voie de gauche va être libre qui va l’emprunter? La méluche et les habituels de « gôche » révolutionnaires, sauf que leurs moteurs sont poussifs. Les machines et les pilotes sont au warm up pour la demi-finale on entend déjà les moteurs.

  6. MOUNIC CLAUDE

    DEUX DICTATEURS VERS LA DERIVE

Laisser un commentaire