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L’insécurité sociale libéralisée ou la sécurité sociale maîtrisée !

Il devient impératif de différencier, en matière de santé, ce que pourrait être une politique de gauche en France de celle que propose la très grande majorité des candidat(e)s actuellement annoncés. Dans une société qui repousse toute « idéologie », le pari est risqué mais nul ne peut prétendre qu’il est inutile dans la mesure où, souvent, dès qu’une mesure de progrès social est avancée, elle se heurte au mur de « l’efficacité » instituée comme reine de la gouvernance branchée. Lors des primaires on a vite vu que le leitmotiv portée par François Fillon était clair : privatisation ! Il va donc travestir son programme de disparition de la sécurité sociale afin de ne pas être accusé de comportement réactionnaire mais tout sera fait pour créer l’insécurité sociale par l’accès aux soins lié aux moyens financiers du malade !

Pour lui, par exemple, il est indispensable de « libéraliser » sans aucun contrôle réel le système de santé. Afin de « de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible » il propose ni plus ni moins que « d’abandonner le tiers payant ». Il ajoute pour faire bonne mesure : «  assez de bureaucratie et assez de mensonge: la santé a un coût et, au bout du compte, d’une manière ou d’une autre, c’est toujours l’assuré qui paye ! Il en sait quelque chose lui qui a ajouté à son indemnité de député les revenus de son officine conseil, qui accède aux soins gratuits dont il peut bénéficier à l’Assemblée nationale et qui n’a pas de problème de fin de mois en payant des centaines d’euros pour une consultation chez un spécialiste.

Il ouvre ensuite un boulevard à la privatisation en invoquant la liberté de chois : « Je veux réaffirmer l’équilibre de notre système de santé: médecine publique et médecine libérale doivent agir de concert, dans un climat de confiance. Le patient doit pouvoir choisir librement son établissement de soins, son professionnel de santé, ce dernier devant rester maître de ses prescriptions ! » Bref on ouvre les vannes de la privatisation dont on sait qu’elle conduit inexorablement comme dans le système américain ou anglo-saxon à la nécessité de s’assurer. La carte bleue deviendra le sésame de la santé plutôt que la carte Vitale qui deviendra vite inutile ! Qui va réfléchir à ce programme strictement électoraliste destiné à récupérer le soutien du monde médical mais qui finira par tuer la sécurité sociale qui deviendra forcément toujours plus déficitaire ? Les mutuelles basculeront vers les assurances déguisées et lentement la fameuse « liberté » du choix ne sera que l’instauration de l’inégalité face aux soins déjà très prégnante dans certaines couches sociales.

A gauche, car il est de gauche, Benoît Hamon a présenté les pistes dans ce domaine qui risque d’être au cœur de la campagne. Pour résoudre le problème des «déserts médicaux»,il propose « un conventionnement sélectif des médecins ». « Si je suis élu, je laisserai les médecins s’installer librement où ils veulent… mais s’ils s’installent dans des zones surdotées, ils ne pourront pas être conventionnés par l’assurance maladie », a-t-il déclaré. Dans ce cas, leurs patients ne pourront pas être remboursés par la Sécurité sociale ! Une mesure qui va vite faire bondir la majorité des médecins « libéraux » mais qui est la seule pour réduire une profonde rupture des soins entre certains territoires du pays ! On n’est pas dans la complaisance corporatiste mais dans la volonté de mettre en œuvre un principe simple : « il n’y a de vraie liberté que quand elle peut s’exercer ! ». Il souhaite créer une agence spécialisée dans l’accès aux soins, qui sera intégrée aux autorités régionales de santé (ARS), et aura la charge de faire un diagnostic des besoins non pourvus, de les centraliser et d’apporter une aide dans les zones sous-dotées ou même désertifiées ! En matière de santé publique, Benoît Hamon s’engage à « assurer une eau de qualité et un air pur pour tous ». Pour y parvenir, il affirme vouloir s’inspirer des propositions faites outre-atlantique par Bernie Sanders lors de la campagne américaine : «mettre à contribution les entreprises qui exploitent des biens communs pour faire du profit !». Les régies seraient exemptes et les distributeurs d’eau ou les pollueurs financeraient les outils de cette préservation environnementale.

Pour financer ces différentes mesures et rétablir les comptes de l’assurance maladie qui accuse encore cette année un déficit de 4 milliards d’euros, Benoît Hamon a répondu veut renverser une logique aussi vieille que la sécurité sociale : « Ce qui prime d’abord, c’est d’assurer l’accès aux soins. On verra ensuite les moyens d’assurer le financement», a-t-il affirmé. Tout en esquissant une piste: « mettre fin à tous les allègements de cotisations maladies, qui ne sont jamais intégralement compensés par l’État ».… c’est certain : c’est moins populaire que d’affirmer que seule la libéralisation médicale constitue le salut pour les malades. Surtout si dans le même temps le tsunami des 500 000 suppressions de fonctionnaires touche les hôpitaux publics déjà mal en point !

Cet article a 4 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,
    Je trouve bien que le metier de sage femme soit revalorise en terme d’exercices.
    Le metier de gynecologue et le service apporte n’est pas ce qu’attendent les mamans pour leur bebe.
    De plus ces sages femmes realisent des Ivg.
    C’est mieux….
    Peut etre d’autres pratiques medicales comme l’orthopedie pourrait suivre le chemin

  2. bernadette

    Lisez le livre blanc du conseil de l’ordre des sages femmes. Ce livre blanc s’adresse aux candidats a l’election presidentielle 2017

    Bien a vous

  3. bernadette

    Chez des sages femmes qui font le meme travail Que les gynecologues, le 1/3 payant est utilise.

  4. faconjf

    Bonjour,
    La sécu, le sujet bateau par excellence, une vieille dame de 70 ans avec des principes moraux bien ancrés. Et des dizaines d’héritiers qui se disputent ses moyens d’existence, les héritiers fondateurs qui ont voulu le principe du modèle bismarckien et paritaire : elle est financée par les cotisations des employeurs et des salariés, soit un financement reposant essentiellement sur un mécanisme d’assurance payée par les actifs. Modèle dont on sort petit à petit en « batardisant » vers le modèle anglais ou « beveridgien », où le financement repose essentiellement sur l’impôt payé par tous les contribuables ; C’est la CSG qui a été créée à l’initiative du gouvernement Michel Rocard, pour diversifier le financement de la protection sociale. Le système de santé bascule de plus en plus vers un système privé c’est du moins ce que révèle le rapport de la cour des comptes 724 pages tout de même!
    http://www.ccomptes.fr/Accueil/Publications/Publications/La-securite-sociale
    Sur une dépense de soins et de biens médicaux de 194,6 Md€ en 2015, les remboursements de l’assurance maladie se sont élevés à 149,5 Md€ (soit 76,8 %). Le reste à charge, soit 44,3 Md€, a été financé par les ménages, soit par l’intermédiaire des organismes complémentaires pour ceux ayant souscrit une assurance complémentaire (pour 25,7 Md€), soit directement (pour 16,4 Md€). L’évolution de la prise en charge des dépenses de santé par l’assurance maladie et de ses modalités détermine ainsi celle de l’effort financier supporté par chaque assuré social à travers à la fois sa cotisation d’assurance complémentaire et son reste à charge ultime, et par là même l’accessibilité financière aux soins. Des dépenses à la charge des assurés après intervention de l’assurance maladie obligatoire parfois importantes (p181/724).
    Si le reste à charge par assuré et par an sur dépense remboursable par l’assurance maladie (y compris dépassements) s’élevait à 510 € en moyenne en 2012, 5 % des assurés connaissaient cette même année un reste à charge supérieur à 1 700 €. Pour ces 5 % d’assurés, le reste à charge annuel s’élevait à 2 750 € en moyenne, ce qui traduit l’occurrence de restes à charge d’un niveau bien supérieur pour certains.
    Un financement par les organismes complémentaires privés en forte progression depuis 15 ans
    Entre 1998 et 2015, la part des organismes complémentaires (mutuelles, institutions de prévoyance et sociétés d’assurance) dans le financement des dépenses de santé laissées à la charge des ménages par l’assurance maladie obligatoire est passée de 56 % à plus de 61 %. En 2015, ces organismes ont financé 13,2 % de la CSBM, soit 25,7 Md€, contre 12,2 % en 2000. Ce résultat place la France au deuxième rang des pays Européen ( derrière la Slovénie) pour le financement total des dépenses de santé par les assureurs privés.
    Soixante-dix ans après sa création, la sécurité sociale est plus que jamais un instrument majeur de solidarité. Elle a versé au total en 2015 456 Md€ de prestations( pour ses 4 branches), soit un montant représentant 20,9 % du produit intérieur brut. Cette somme, vertigineuse, est largement supérieure (environ 100 milliards d’euros) à l’ensemble du budget de l’état.
    Privatiser totalement la sécu en enterrant les acquis du CNR, un projet de longue haleine qui fait son chemin. Pourquoi investir tant dans les merdias? Pour fabriquer du consentement tout simplement. En fait les merdias tendent à maintenir le débat public et la présentation des enjeux dans un cadre idéologique construit sur des présupposés et intérêts jamais questionnés (Noam Chomsky – La Fabrication du Consentement).
    Salutations républicaines

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