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L’utopie réaliste du revenu universel de base

La proposition de Benoît Hamon d’instituer une revenu universel de base a semble-t-il réveillé une partie de la… Gauche qui porte immédiatement des doutes ou des accusations sur le financement puisqu’il est de bon ton de qualifier toute mesure d’innovation sociale anticipant la fin de vie de la société du plein emploi, de « dispendieuse » et super injure… » d’utopique » ! Un vrai retour en arrière politique puisque ce sont exactement les mêmes accusations que porta la Droite lors de l’instauration du Revenu Minimum d’Insertion (actuellement le RSA) par un certain Michel Rocard ! Je l’ai soutenu avec conviction… et je continue à le faire !

C’était tout aussi osé que celle qui a été faite récemment par un certain Benoît Hamon. Rappelons simplement les propos de Rocard qui, lors de sa déclaration de politique générale du 29 juin 1988 (à relire tellement elle est d’une criante actualité), avait posé les bases d’une nouvelle solidarité: « L’espoir c’est aussi permettre à ceux qui sont les plus durement frappés, que notre société laisse partir à la dérive, que la marginalité guette, d’avoir droit à une deuxième chance. Tel est le sens profond du revenu minimum d’insertion. Instaurer un droit au revenu minimum est une innovation d’une portée considérable. Après la création de la sécurité sociale, puis sa généralisation, après l’instauration du minimum vieillesse et des allocations chômage, c’est construire le dernier étage, franchir la dernière étape. Qu’on y songe, notre pays a déployé des décennies d’efforts pour lutter contre la pauvreté, contre le dénuement complet. II entreprend maintenant de les attaquer avec une vigueur nouvelle. II n’est pas digne de notre passé, ni concevable pour notre avenir, que tant de gens survivent dans la misère et se voient rejetés aux franges d’une société qui les frappe d’exclusion sans appel. La solidarité n’est pas la bonne conscience de la modernisation, elle est la condition de sa réussite. Parce qu’elle donne tout son sens au respect de l’autre, au respect de la dignité humaine(…). ». Ces propos étaient scandaleusement utopiques mais ils ont été concrétisés (avec la CSG) et absolument aucun gouvernement de gauche ne l’a remise en cause même si la Droite en le transférant aux départements lui a ôté son sens solidaire national et son égalité initiale. Bien évidemment comme dans toute utopie on balaie la proposition d’un revers de main au nom des moyens financiers. Comment peut-on financer le revenu de base ? D’abord en admettant que le système actuel comporte onze allocations de solidarité gérées par des organismes différents. Elles peuvent s’exclure les unes des autres, se compléter, se cumuler ou être inutilisées. Des milliards sont gérées par des personnes différentes en des lieux différents et souvent avec des frais qui s’ajoutent qui avec le revenu universel de base ce qui permettra de trouver des sommes conséquentes puisque le revenu de base universel fusionnera un certain nombre de ces soutiens sociaux ! Il suffirait de mettre en place un revenu de base financé par un impôt proportionnel qui viendrait remplacer le système actuel du RSA, de la prime pour l’emploi et des exonérations de cotisation patronales (réductions Fillon). Il y aurait par ailleurs un revenu de base enfant plus faible – versé dés le premier enfant contrairement aux allocations familiales – qui viendrait remplacer les allocations familiales – ainsi que le quotient familial dont bénéficient les familles les plus riches. Ce revenu de base serait financé par un impôt proportionnel sur l’ensemble des revenus.

L’impôt serait individualisé (tout comme le revenu de base) et idéalement prélevé à la source (c’est fait!), comme l’est actuellement la CSG. Par ailleurs, le système public d’assurance chômage, le système de retraite, l’assurance maladie, l’aide pour le logement et les autres prestations particulières sont maintenus tels quels(allocation adulte handicapé, aide personnalisée d’autonomie, etc.) mais leur mode de financement est modifié : le chômage et la retraite – prestations contributives dont le montant dépend de la cotisation – sont financés uniquement par cotisations sur les salaires tandis que l’assurance maladie est universalisée et financée par une CSG assise sur tous les revenus.

Enfin il faudrait regarder le coût de l’ensemble des prestations non-contributives que le revenu de base rendrait obsolètes ainsi que celui de l’ensemble des politiques de subvention à l’emploi qui disparaîtraient avec l’instauration du revenu de base. On peut aisément imaginer compléter ces financements par une augmentation de la CSG ou de l’impôt sur le capital, en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale, en faisant rentrer le revenu de base dans le revenu fiscal ou en mettant en place une taxe sur les transactions financières qui seraient certainement de vraies mesures de gauche !

Il est également possible de fusionner l’aide sociale, du système de chômage et du système de retraite dans un revenu de base. Simplification, amélioration, généralisation : des principes indispensables ! La Finlande teste depuis le premier janvier les vertus du revenu de base, également appelé « allocation universelle », une première au niveau national en Europe. Pendant deux ans, 2000 chômeurs sélectionnés toucheront ainsi la somme de 560 euros par mois, et ce quelle que soient leurs autres rentrées d’argent. Là-bas aussi le revenu de base a ses partisans aussi bien à gauche, chez ceux qui appellent « l’Etat-providence » à assurer à tous un niveau de vie décent, que parmi les libéraux, qui voient dans le dispositif « la possibilité de remettre à plat la protection sociale ». En France Benoît Hamon et Yannick Jadot ou encore Manuel Valls ou Nathalie Kosciusko-Morizet se sont déclarés favorables à une telle mesure…. alors on peut rêver !

Cet article a 7 commentaires

  1. DULONG André

    Cette idée généreuse de revenu de survivance ne date pas d’hier… Poir ma part j’y suis opposé car cela justifiera la hausse des prix et des loyers et le blocage des salaires, voire leur baisse. Il faut augmenter les salaires et les retraites, bloquer les loyers ou encadrer leur hausse, redonner du pouvoir d’achat pour relancer l’activité. Et je revendique le refus de la charité qui fait de ces cons de français drs êtres très généreux, donc assez riches pour être plumés davantage. J’irai quand même aux primaires pour tenter d’éliminer VALLS, ce faussaire fossoyeur. Meilleurs voeux pour 2017.

  2. faconjf

    Bonjour,
    je vais essayer de faire court pour une fois, Il faut intégrer le fait que la nécessité du RDB est imposée non pas en raison des inégalités, mais en raison de la disparition du travail qui contraint à une redéfinition de la redistribution de la création de richesse. Un RDB en 1950 n’aurait eu aucun intérêt. Bien sûr, socialement il aurait été un plus, mais il n’aurait produit aucune avancée notable. Vivre de son RDB restera, quoi qu’il advienne, une situation de pauvreté. Non, c’est bien le fait que les possibilités de bénéficier de la redistribution de la création de richesse diminuent avec la disparition du travail qui impose donc l’instauration d’un autre système social.
    Les inégalités, elles, proviennent du fait que le système actuel n’est pas financé. Le nombre d’heures travaillées par des humains en proportion de la création de richesse ne cesse de s’effondrer et les riches encaissent directement le Delta de ce décalage entre la production de richesse et le nombre de personnes à se le partager. Ils deviennent de plus en plus riches et les pauvres sont de plus en plus nombreux, subventionnés par l’État qui doit emprunter pour compenser la perte des charges sociales.
    N’oublions pas concernant le RSA ( Revenu Sans Avenir), que 68% des travailleurs pauvres ayant droit au RSA activité n’en font pas la demande. Soit parce qu’ils ne savent pas qu’ils y ont droit. Soit parce qu’ils trouvent les démarches ou la prestation trop stigmatisante.
    Un vaste débat qui dépasse le cadre d’une somme mensuelle donnée à toutes et tous mais bien un choix de société.
    Salutations républicaines

    1. bernadette

      @ faconjf
      Les nouvelles technologies ont reduit considerablement le travail jusqu’a changer le quotidien de tas de gens.
      Des entreprises ont ete delocalisees par branches les plus rentables.
      Je ne suis pas favorable a l’impot soutenable pour le RDB. Seul le travail peut inverser la donne.
      Bonne fin de journee

  3. Christian COULAIS

    Je me suis penché sur les démarches du RSA… j’en suis resté coincé ! Et encore je sais lire et écrire, utiliser l’informatique !
    Une lecture saine : http://sortirdutravail.org/docs/textes/travailler_1h_web.pdf
    « REMETTRE LES PENDULES A L’HEURE !
    Travailler plus pour gagner plus, généraliser le travail le dimanche, faire sauter les 35 heures, reculer l’âge de la retraite et le nombre d’années de cotisations nécessaires pour la percevoir : nous assistons à tous les niveaux à une remise en cause brutale de toutes les limites imposées à la place du travail salarié dans nos vies et nos sociétés. Nous subissons quotidiennement une véritable guerre
    idéologique sur ces questions là.
    Nous avons décidé aujourd’hui de publier ce texte « Travailler une heure par jour » pour remettre les pendules à l’heure sur ces questions, démontrer l’absurdité de certaines soi-disantes évidences, faire apparaître les éléments manquants – car systématiquement escamotés – du débat sur le temps de travail.
    Il s’agit de l’adaptation à la société et aux données statistiques de ce troisième millénaire, d’une partie du livre intitulé « Travailler deux heures par jour » publié en 1977 *.
    Un outil pour nos luttes et pour notre réflexion :
    Nous espérons que ce texte permettra de mieux comprendre en quoi la réduction du temps de travail est un enjeu à la fois écologique et social. Nous espérons qu’il aidera ses lecteurs à mieux comprendre et argumenter sur l’absurdité du système capitaliste et la nécessité de le remplacer par une organisation sociale et économique conçue pour répondre aux vrais besoins humains, de manière égalitaire et respectueuse de l’état dans lequel nous transmettrons la planète aux générations qui nous suivent. »
    Commission Lana/Travail du mouvement Bizi !
    http://www.bizimugi.eu/
    info@bizimugi.eu
    * Par le Collectif Adret aux Editions du Seuil. Il entendait démontrer qu’une société moderne pourrait fonctionner, et vivre mieux qu’aujourd’hui, en réduisant radicalement le temps de travail salarié auquel nous sommes astreints pour vivre.
    L’explication se concluait -comme son titre l’indiquait- par le fait que l’on pourrait ainsi réduire la journée de travail à deux heures !
    La démonstration en question était en fait un brillant exercice pédagogique démontant point par point la perversité des règles fondant l’économie capitaliste. Un exercice très concret, compréhensible par le plus grand nombre.

  4. Sanz

    Merci, cher Monsieur Darmian, pour ce rêve que vous partagez si généreusement sur cette page de blog en égrenant de manière claire et réaliste les étapes de sa déclinaison : ainsi, les non spécialistes comme moi peuvent faire la relation entre le fait et le droit. Un bémol, toutefois, concernant le montant qui ne doit pas s’apparenter à une aumône.
    J’invite également à découvrir cette vidéo sur le blog d’Ars Industrialis sur le revenu d’existence et le revenu contributif – réunion du 19/11/2016, en partenariat avec Multitude consultable ici : http://arsindustrialis.org/
    Bien amicalement

  5. Baillet Gilles

    Bonjour,
    un revenu d’existence pas de revenu de base. 1 500€ pour permettre à chaque adulte de vivre. L’importance de la somme transforme radicalement la société. Le travail doit être un complément.

  6. Georges SIMARD

    L’aumône du voleur au producteur de richesses
    « Consomme et tais-toi ! » …
    Ce n’est pas un hasard si Benoit Hamon, voiture balai d’un parti $olférinien effondré, s’en est fait récemment le chantre; les media aux ordres présentent le « Revenu universel » comme la panacée aux maux du système capitaliste en crise.
    Un projet inscrit dans la stratégie du CAC 40
    Le projet est concocté depuis quelques années déjà par les « think-tanks » de « mon amie la Finance ».
    [Littéralement , « think tank » se traduit par « réservoir d’idées » ; personnellement je préfère l’expression « chars d’assaut de la pensée …dominante ».]
    Cette idée lumineuse nous est aujourd’hui – ô miracle ! – vendue comme « progressiste », ou « marqueur de la goôoche » par les apothicaires d’un système capitaliste tenu de refaire constamment les peintures.
    Une fois encore – c’est dans ses gènes politiques – le candidat $olférinien fait campagne pour les idées du MEDEF voilées sous la burqa rose bonbon.
    Le capital « moderne » ne veut plus s’ennuyer avec les soucis du « fournisseur d’emploi » … : Il devient trop « lourd » de gérer l’affrontement avec le bétail destiné à la tonte. Il est plus confortable de devenir « purement » rentier, d’autant que les gains de productivité prodigieux des dernière décennies sont aujourd’hui bien encapsulés dans les « procédures qualités » des multinationales.
    Pour en finir avec le détricotage des conquis du CNR, encore attachés aux institutions du salariat, – qui décidément, malgré tous leurs efforts, ont encore la vie dure …- il convient donc d’opérer un nouveau « ravalement » :
    — « Baillons donc à ces manants un peu d’oseille, à seule fin qu’ils consomment et se taisent ! » … Et surtout qu’ils restent soumis à nos impératifs d’exploitation, si d’aventure ils avaient le désir de bénéficier d’un peu plus que le minimum vital.
    Une proposition typiquement réformiste
    Voilà le sens de la proposition de Benoit Hamon qui, vous l’aurez noté au passage, ne se donne même plus la peine de parler de la nécessaire reprise en main de notre économie nationale …. puisque l’État – dans son projet – est voué à devenir l’agence centrale du Secours Populaire, Catholique et Restos du Coeur réunis et que les producteurs de richesses sont réduits au statut d’êtres de besoins, de consommateur assisté.
    Rien sur les destructions massives d’emplois, on la joue pianissimo sur la remise en cause radicale du code du travail.
    L’argument qu’il avance selon lequel les « mutations technologiques » imposeraient un « nouveau modèle social ».
    En réalité, il s’agit exactement d’un retour aux archaïsmes sociaux du Moyen-Âge, qui voyaient les journaliers de l’époque tenter de vendre leur sueur, chaque matin, sur le « marché du travail » en place de grève.
    Pour une nouvelle maîtrise de la valeur
    L’analyse scientifique des processus économiques, nous démontre exactement le contraire :
    Les mutations technologiques et les gains de productivité qui les accompagnent ouvrent des possibilités nouvelles d’élévation de la qualité et de la durée de vie des travailleurs …
    Sous réserve que producteurs de la richesse se donnent politiquement et économiquement la maîtrise de la valeur qu’ils génèrent.
    C’est le rôle d’un Parti Communiste de porter ces idées et d’en organiser la traduction dans la réalité … encore faut-il qu’il s’en donne les moyens, au lieu de continuer à patauger lamentablement dans la vase de $olférino.
    Je vous convie à entendre sur Youtube la conférence de Bernard Friot, expert en économie, professeur émérite à Paris X – La Défense, spécialiste reconnu de la sociologie du salariat et des systèmes de protection sociale en Europe.
    Cela vous a une autre gueule que les élucubrations €urolibérales auxquelles nous convient les partisans du revenu universel.
    Video de la conférence, ici : https://youtu.be/lHujBHqNSBg

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