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Un vrai procés en hérésie fait à Benoît Hamon

Il y a de plus en plus d’essence religieuse dans la vie politique. On y remarque de plus en plus l’irruption des extrémistes de tous poils ou des croisés des temps modernes. Il existe en effet dans un parti des gens qui n’analysent rien mais qui se contentent des aspersions de paroles bénites distillées sur les réseaux sociaux par des « Saints » en politique. En parcourant les commentaires qui ont suivi l’élection de Benoît Hamon on a une idée plus précise de ce phénomène très proche des comportements de ceux qui se disent « croyants ». Amalgames, insultes, rejets, répudiations, excommunications et surtout une sorte de psalmodie de mots tout faits extraits d’ouvrages écrits depuis belle lurette. Il en ressort souvent un principe simple : «  toutes celles et tous ceux qui critiquent la hiérarchie politique commettent un acte irréparable » comme ce serait le cas à l’égard des hiérarques d’une église. Des hérétiques méprisables ! Des immatures dangereux ! Des contestataires scandaleux ! Des gens à vouer aux gémonies ! Le « croyant » manque de tolérance et de respect !

Ne pas être d’accord par exemple avec le dogme de l’offre, de la croissance, des largesses économiques, de l’austérité sociale, de la destruction des garanties pour les salariés… mérite l’excommunication. Pas de place au doute. A priori il n’y a eu au cours de ce quinquennat aucune défaillance, aucun raté, aucune erreur, aucun manquement aux valeurs! Quand en plus il se trouve selon eux des « idiot(e)s » incultes pour le contester la vie n’est plus possible ! Le purgatoire approche et l’enfer devrait accueillir ces mécréants insensibles aux miracles accomplis au cours des dernières années ! Les commentaires même mesurés du résultat obtenu par Benoît Hamon, suscite des tombereaux de dégoût ou de reproches comme ceux adressés aux parias accédant à une marche plus haute que celle ambitionnée par leurs détracteurs. la lapidation est proche ! N’empêche que la réalité est là : la grand-messe primaire n’a pas attiré les fidèles eexcomptés puisque celles et ceux qui sont venus, incrédules et motivés, n’avaient pas majoritairement la mémoire qui flanche !

Dans cette situation beaucoup des adeptes préfèrent aloirs se tourner prudemment vers un autre messie. On a refusé le leur. Ils vont vite l’oublier pour confier leur destin (ou attendre l’évolution de la situation !) à un « jeune pape » assez habile pour contenter tout le monde. Cet homme providentiel s’est affranchi de tous les parcours traditionnels de la curie socialiste. Il impose les mains sur les victimes des écrouelles politiciennes ; il fait marcher les paralytiques de l’économie ; il rassure la droite molle en s’attirant les reproches de la gauche dure ; il marche sur l’eau des sondages ; il donne à voir aux aveugles de la lutte des classes; l attire les foules qui adorent ses prêches faits de mots creux mais impressionnants. Comme le veut désormais une société de la croyance et de l’irrationalité il ne tardera pas à s’entourer « d’apôtres » venant d’horizons divers chargés de répandre la bonne parole : le nouveau messie est arrivé !  Il possède un atout précieux : celui de pouvoir distribuer des indulgences ou promettre des prébendes que les autres n’ont plus !

Je ne supporte pas ce climat dans lequel encore une fois la démocratie sort affaiblie de ce qui a pourtant été présentée comme la panacée contre l’athéisme politique. Quelques dizaines de dignitaires socialistes et leurs ouailles vont en effet expliquer que le vote tant vanté il y a maintenant 5 ans quand François Hollande battait Martine Aubry n’a plus aucun intérêt ! « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. » aurait écrit (mais c’est contesté) Bertolt Brecht. En l’occurrence sans possibilité de changer le résultat (et donc une part évidemment jugée modique du peuple) les « battus » vont tenter lentement mais inexorablement en coulisses de faire  fondre par tous les moyens les opportunités de renforcement de la dynamique créée lors des primaires. Pour y parvenir ils psalmodieront le mot clé de « frondeur » ou rappeler la « trahison » que représente le doute ou l’opposition à certaines mesures (essentiellement sociales) prises depuis un peu moins de 3 ans.

Benoît Hamon est devenu un dangereux hérétique accusé (et qui n’a pas fini de l’être) sur les réseaux socaux et les plateaux d’avoir promis le paradis à bon prix ! Pourtant plus il sera dénigré par les tenants de l’opinion dominante socialiste et plus cela renforcera sa stature de Thierry… la Fronde capable de combattre les plus puissants et les idées reçues. Cette accusation a renforcé son image et a construit son succès à la manière de celui d’un Robin des Bois combattant un Prince Jean agressif se voyant déjà vainqueur. Il a pris du poids sous els coups de ses « amis » et pas de ses adversaires !  Ce scrutin a simplement mis en exergue le principe de Diderot voulant que « quand un peuple n’est pas un frondeur dangereux, il est le plus séducteur des courtisans ». Il a été oublié par beaucoup  et trop tard.  La fidélité n’empêche pas en effet la franchise. La loyauté nécessite parfois le parler-vrai. L’amitié ne nécessite pas toujours l’indulgence. La fraternité s’enrichit aussi des différences. Toute cette semaine les faux-semblants, les défections, les anathèmes, les dérobades vont se succéder. Il en a toujours été ainsi au PS depuis ses origines.

Cet article a 9 commentaires

  1. Baillet Gilles

    Dans Sud Ouest d’aujourd’hui: Benoît Hamon a le soutien du premier ministre à condition qu’il « défende le bilan »… Il va bientôt être reçu par le président de la République… On dirait que « l’hérétique » revient très vite dans le giron de la « vraie foi »…Il ne sera pas le Martin Luther ou le Jean Calvin du PS…

  2. J.J.

    A l’évidence, tous ces politiques nombrilistes qui sont en train de faire couler le navire et se prétendent de gauche sont des nantis.

    Evidemment, le Pompidou en barboteuse que l’on est en train de promouvoir fait nettement plus « propre sur lui » et n’a pas des idées aussi scandaleuses et hérétiques que le vainqueur des primaires !

    Si maintenant on se met à prendre en compte les souhaits et les aspirations du peuple , mais où va-t-on, ma bonne dame ?

  3. Robert LUBEK

    Excellent.

  4. faconjf

    Bonjour,
    aux cris de sortons les sortants le chamboule-tout fait recette à la foire aux candidats. Sitôt adoubé par les primaires de droite et de gauche le candidat choisi est trainé dans la boue par les caciques de son propre camp. Personne ne me fera croire que le Pénélope-gate vient d’ailleurs que de son propre camp.
    Chez les Solfériniens les haines cuites et recuites, les frustrations et la panique de perdre les avantages de la fonction préparent l’effondrement sur lui-même de ce qui reste du parti.
    Le déballage des petites turpitudes des élus députés et sénateurs finit d’écœurer militants et électeurs. La Vème république agonise, les électeurs sont outrés de tout ces donneurs de leçons. Ces pères la morale qui nous promettent du sang et des larmes pour gagner un paradis futur fait de sécurité, de prospérité, de « valeurs » morales … Le bonheur c’est toujours pour demain!
    Le rideau mité des promesses non-tenues est usé jusqu’à la trame et ne cache plus la perte de la souveraineté nationale. Souveraineté nationale sans laquelle aucun élu ne pourra imposer une politique autre que celle écrite par Bruxelles et dictée par Angela.
    Il faudra une journée des tomates ( 6 février 1956) pour que nos politiques molettistes acceptent enfin de défendre notre pays face aux banksters qui dirigent nos pays en sous-main.
    Ou alors, à la recherche d’un compromis, un de plus, nous allons céder aux sirènes des merdias et nous livrer sans défense aux marionnettes des Banksters.
    Ma conviction profonde est qu’il faut réformer la constitution ET notre participation à l’OTAN ET à l’Europe. Si rien n’est fait les banksters nous saigneront sans aucun scrupule.
    Salutations républicaines

    1. bernadette

      @faconjf,
      Tres juste la participation de la France a la constitution europeenne doit etre revue en profondeur.
      Maintenant si les politiques ne veulent pas prendre sur le territoire sur lequel ils vivent. Ca sera dommageable pour tout le monde
      Bien a vous

  5. BAILLERGEAU

    ll y a une petite erreur dans l’histoire du film.
    Le scénario n’a pas été écrit avant le tournage.
    Les deux acteurs qui ont été reconnus par le public comme ceux qui ont joué le mieux l’histoire qu’ils ont écrite eux-mêmes.
    Le meilleur acteur doit ensuite être soutenu par tout le public.
    Ceux qui ne veulent pas n’iront plus au cinéma.
    Le monde est peut-être fou !

  6. SOULET Gilbert

    Merci Jean-Marie de ce contre-procès.
    Il est magnifique !

  7. LAVIGNE Maria

    Merci d’avoir mis les points sur les i. Vivement que ceux qui refusent le résultat démocratique de la primaire, soient à leur tour dégagés.
    Pour ma part, je pense qu’un peu de sang neuf ne nuira pas.
    Soutien à Benoit et qu’il reste lui-même

  8. Philippe

    « Ma conviction profonde est qu’il faut réformer la constitution ET notre participation à l’OTAN ET à l’Europe. » (faconjf) En effet. Mais nous sommes loin de la position de B. Hamon. On a vu il n’y a pas si longtemps le virage à droite de Tsipras en Grèce ! Et si en plus Hollande lui met la pression ! Ministre, il était bien dans la ligne. Il a mis en place la réforme Chatel-Peillon des rythmes scolaires, qui déstabilise et municipalise l’école publique. Reste à savoir ce qu’il veut faire: se prendre pour le nouveau Zorro, chef regroupant les lambeaux du PS (bon courage) ou vraiment reconstruire sur d’autres bases. Pour l’instant, je doute.

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