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La campagne électorale actuelle détruit la démocratie représentative

Lorsque la campagne pour les élections présidentielles sera terminée il faudra lucidement en faire le bilan. Je suis certain qu’il sera catastrophique quel qu’en soit le résultat. La démocratie au sens large et la République au sens strict en seront altérées dans leurs fondements tellement l’opinion publique n’a plus confiance dans tous les niveaux de la représentation sociale. Le doute s’est installé dans absolument tous les interstices d’un pays marqué par des entorses répétées à l’éthique républicaine et par des comportements personnels scandaleux. Un niveau jamais atteint !  Cette pluie continuelle de discrédits mineurs ou graves a noyé ce qui fondait le régime de la démocratie représentative : le lien créé par le suffrage universel entre un peuple et ses élus. Lentement il s’est délité, déchiré, rompu sous l’effet des coups incessants portés par des irresponsables se considérant comme au-dessus des lois qu’ils ont parfois eux-mêmes votées.

Il devient de plus en plus difficile d’avouer (oui le verbe n’est pas trop fort) « en société » que l’on détient un mandat électif car on sent bien qu’aussitôt la méfiance s’installe. Après cet aveu le climat s’alourdit, la suspicion s’installe et l’ironie pointe surtout si vous dites que vous êtes de gauche car bien évidemment les tenants de la Droite eux ne se posent vraiment pas de cas de conscience. J’hésite désormais à sortir, à aller au café, à me rendre dans une manifestation, à simplement participer à un moment de la vie publique d’autant que je porte en plus (et c’est un lourd handicap!) un idéal en décalage avec la seule référence qui compte : celle du fric ! On baisse la tête ou on se planque ! Tout engagement politique durable et motivé rend encore plus suspect un(e) citoyen(ne) consacrant son temps (non quantifiable) au service des autres. Il doit bien y avoir pense-t-on un sombre calcul « politicien » dans une prise de position engagée ou selon la mentalité actuelle une prise de position doit dissimuler une mise en jeu d’intérêts personnels. Impossible dans ce marécage de la généralisation d’échapper aux pires des reproches : tous pourris ! Il est impossible dans le tintamarre national actuel d’assumer avec sérénité un mandat électif. Accusations généralistes, insultes discrètes, propos publics ou semi-publics acerbes conduisent inexorablement à instiller le doute ! Le mal est fait ! La gangrène populiste permet désormais de mesurer cette avancée de la déliquescence !

Que des milliers de citoyens(ne)s acceptent de soutenir une candidate accablée par des constats irrefutables sur l’utilisation des fonds publics en France et hors de France confirme cette propension à considérer que le « tous pourris » permet désormais d’excuser toutes les malversations. Non seulement l’héritière de la famille Le Pen bafoue en permanence, par ses prises de position, les valeurs fondatrices de la République (liberté, égalité, fraternité) dans ses propos mais elle se vante de le faire par ses actes. Elle échappe à la défiance que doit supporter en permanence tout autre élu(e) de base. La médiatisation des ces faits ne change rien à rien puisque la célébrité naît de l’outrance et pas nécessairement de la qualité des personnes.

Un autre des prétendants à la plus haute fonction de la République tient des propos hallucinants qui ne font parait-il que renforcer sa popularité dans son électorat réactionnaire et tellement à cheval sur la « morale » (pour les autres!). Il en existe encore un autre qui ne se rappelle plus quels frais il a engagés dans son ministère avant d’en partir ! Dramatique car il renforce ce sentiment d’inégalité de traitement entre les fonctions électives. Tout le monde se retrouve dans le même sac à coups tordus ! Manipulation de l’opinion publique par des détournement des faits et des fautes, postures de victimisation, attaques en règle calculées du système républicain lui-même, appels à la haine ciblée : la stratégie porte ses fruits puisqu’elle est reprise quotidiennement par un système social ennuyé de devoir trancher sur des valeurs !

Le « j’accuse » de Zola barrant la une de L’Aurore ne risquerait plus au XXI° siècle d’émouvoir une opinion publique fossilisée. Il suffit quand on s’appelle Fillon de déclarer : « Je m’en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel. » Comme s’il voulait habituer les esprits à l’idée qu’une éventuelle mise en examen dans cette affaire ne remettrait pas en cause sa candidature. Il joue les valeurs fondamentales de la république ( la loi commune, la morale, l’éthique) contre las eule vox populi ! Au moment où on doute de la parole de Théo, ce jeune blessé psychiquement et physiquement par justement des représentants de l’ordre républicain, ce type de déclaration conforte le malaise et à une résonnnance particulière : la société est bel et bien inégalitaire face à la loi ! On en verra bientôt le résultat dans les urnes ou plus exactement la faiblesse des résultats dans les urnes.

Les élu(e)s dont je suis et qui n’ont pas une valorisation médiatique permanente auront bien du mal à reconquérir leur légitimité surtout si la tempête actuelle dure encore quelques semaines. Je plains les candidat(e)s aux législatives qui vont relever le défi de la crédibilité en juin… car le paysage sera dévasté par les vents mauvais venus d’à travers la morale républicaine !

Cet article a 11 commentaires

  1. bernadette

    Les elus transforment leur pouvoir avec l’aide des fonctionnaires ou plutot des hauts fonctionnaires pour empecher un terrain de se vendre en terrain constructible. Ce n’est pas de la democratie mais tout autre chose. C’est le temps des seigneurs.

  2. jacques

    Justement non. Le vote FN est incompréhensible à l’aune de la probité et de la justice. Ses dirigeants démontrent tous les jours, que s’il y a des « pourris » dans la politique, ils en sont les dignes représentants avec un fondateur condamné de multiples fois, dont la fortune repose sur des faits « gris » pour ne pas dire noirs, dont les élus ayant dirigés des communes ont presque tous été condamnés pour prévarication, dont la nouvelle équipe passe son temps à détourner des fonds publics (affaire Jeanne, Cotelec, attachés parlementaires européens, fraude fiscale pour sous estimation de fortune etc….), et qui osent se présenter comme des chevaliers blancs œuvrant pour les petits, alors que tous les partis d’extrême droite en France a toujours été du côté des puissants et des riches, de la bourgeoisie locale que vous pourfendez dans vos message. C’est une imposture mais malheureusement le dire est inaudible pour ses électeurs et il faudra qu’il accède au pouvoir pour que le peuple souffre des privations de liberté qui en découleront.
    Ne jamais oublier que ces partis sont souvent arrivés au pouvoir par les urnes, mais qu’il n’en sont partis que par la force. Nous devons à la mémoire de nos parents et grand-parents qui en ont souffert dans leurs chairs, parfois jusqu’à la mort et à nos petits enfants pour qu’ils ne vivent pas de terribles moments de combattre leurs idées nauséabondes.

  3. LAVIGNE Maria

    @ Jacques. Je suis assez d’accord avec votre commentaire mais les jeunes, en grande partie, n’ont pas la mémoire de ce que vous avez peut-être vécu. Dans ma famille, les témoignages étaient forts, répétés pour ne pas oublier. Aujourd’hui, les faits insupportables des élites ou supposées telles, sont connus, véhiculés sur la toile et dans la presse et c’est une bonne chose. Ainsi nous ne pourrons pas dire « nous ne savions pas ». Seulement, les lois et règlements sont faits par ces élus qui transgressent eux-mêmes les lois et les valeurs dont ils se réclament parfois. Quant à nous, simples citoyens, nous devons dénoncer ces pratiques toujours en cours, sinon nous serons complices et soutenir les élus au service de tous pour qui l’honneur est plus fort que les honneurs ou les breloques qu’ils portent pour services rendus à des nantis qui n’en ont pas besoin. Défendre des valeurs oui, céder à la propagande non !

  4. Dupart Lescure

    Au commentaire de Bernadette : Comment peut elle approuver le vote vers le FN, alors qu’elle condamne les élus corrompus, les élus de ce parti e sont-ils pas eux même poursuivis pour des détournement d’argent etc, etc…..

    1. bernadette

      La corruption se décline de différentes façons. Je n’ai jamais dit que je voterai FN. Il n’y a plus d’élus capables d’apporter un brin de réalisme. La population est soumis à des obligations votées par des lois. Les élus dépassent les bornes.

  5. Yvon

    Un grand merci à Jacques qui apporte une belle réponse au blog de Jean-Marie et qui retrace bien la situation catastrophique de notre démocratie en danger. Après les énormes progrès sociaux et humains acquis depuis la seconde Guerre Mondiale, on se demande où nos citoyens veulent en venir. Il y a bien sûr trop de citoyens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce qui est le plus choquant, c’est de voir que l’écart entre les pauvres et les riches s’accentue. Ce sujet devra être abordé avec beaucoup de sérieux dans la campagne des Présidentielles. Malheureusement on est mal parti avec un candidat se disant de gauche mais qui ne veut pas suivre un corbillard. Et pourtant si toutes les voix de gauche et écologiste étaient regroupée sur un seul candidat, une puissante dynamique nous mènerait à la victoire. Je crois que je rêve.

  6. Baillet Gilles

    « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traitres n’est pas victime! Il est complice. » George Orwell
    L’électeur FN est franchement cynique: « Si on était à leur place, on ferait pareil ! »
    « Ils ont raison de frauder pour les impôts parce qu’il y en a marre de payer pour les assistés ! »
    Plus il est jeune, plus il est cynique…

  7. Puyo Martine

    Puyo Martine

    Je suis d’accord avec vous totalement. Mais à qui la faute ? même des élus de base se comportent mal. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe avec les cartes communales et les plu. Toi ton grand terrain en bordure de route, électricité, téléphone, eau tout y est, et bien sorti de la zone constructible, même si le propriétaire veut faire une maison pour lui plus accessible vu son âge. mais l’Élu lui agrandit sa maison en fraudant sur l’appellation de l’agrandissement. ça ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Alors on n’a plus confiance ni dans les uns, ni dans les autres, l’appât de l’argent est trop puissant. Tous les pauvres pauvres qu’il y a en France c’est indécent. Tout le monde devrait avoir un toit et de quoi vivre décemment je reconnais que l’immigration c’est un problème, mais pourquoi ne pas disperser ces populations sur le territoire où des villages se meurent, les écoles ferment, les terres sont en friche, il y aurait peut être moins de manifs violentes dans les grandes villes.

    1. bernadette

      Absolument d’accord. Si le FN cramponne est Que les elus de base sont absents. C’Est le Préfet qu’ils disent. Non ce n’est pas moi le Maire.

  8. Alain E

    les chiffres de 1997 à 2012 .
    Taux de condamnation des élus par parti :
    – FN 15,68%,
    – UMP 3,12%,
    – PS 1,94%.
    Ensemble des élus : 0,35 %.
    Alors , oui, je pense que ça va très mal, et que malgré ses casseroles , le FN peut l’ emporter, car beaucoup de personnes disent , les autres ont a essayé mais pas le FN.
    Une note d’ espoir, deux familles kurdes accueillies dans un village de campagne avec leurs enfants après quatre ans de périples sur les routes, et les gens se mobilise pour eux , trop facile de traiter tout les français de raciste finalement.

  9. LABANSAT Philippe

    La lame de fond du dégagisme est inarrêtable.
    Aucun argument ne peut nuancer l’hystérie des groupies de la Le Pen ou même de Fillon, et l’on est éberlués à ce spectacle.
    Le problème français est que nous sommes experts en bonapartisme, mais des pucelles et puceaux en matière de démocratie : séparation des pouvoirs, prééminence du Parlement, contre-pouvoirs, corps intermédiaires, média indépendants, limitation des mandats, restitutions de mandat, contrôles et initiatives citoyennes, etc. nous ne sommes pas encore sortis de notre caverne institutionnelle.
    Je place cela comme la priorité des priorités : construire enfin une démocratie dans notre pays. Selon moi, c’est cette porte de sortie par le haut qui nous fera émerger de notre fange.
    C’est pour cela que je soutiens le mouvement de Mélenchon, malgré un certain nombre de bémols dont je ne fais pas secret : je récuse le croissantisme, le jacobinisme, je crois beaucoup au fédéralisme, à l’autogestion, au revenu universel et inconditionnel, bref, je fais une analyse citoyenne et des choix…

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