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Je resterai un frondeur préférant sa conscience aux consignes

Il y a exactement 40 ans, jour pour jour, nous entrions à Créon en pleine campagne officielle des municipales. J’étais déjà archi-frondeur et donc aux cotés de ceux qui contestaient dans une confrontation extrêmement virulente, les méthodes de gestion et les décisions prises par le Maire d’alors durant son mandat précédent. Un moment décisif dans mon engagement politique personnel. Je n’étais pas parmi les candidats et donc ma position n’était nullement intéressée mais absolue, loyale, motivée, construite. Aucun des grands élus socialistes de cette époque ne soutenait cette liste constituée de membres du PS dissidents, de communistes et de personnalités désireuses de modifier les modalités de gestion de la vie créonnaise. La section locale avait été dissoute et tous ses adhérent(e)s contestataires jetés à la rue politiquement. Bannis les frondeurs !

J’arrivais du PSU et je sentais probablement trop fort la contestation, l’utopie, le débat d’idées., la fumée des Gitanes ou du tabac Amsterdamer. J’avais en tête les éléments de gouvernance municipale de Michel Crépeaux et Hubert Dubedout reposant sur une nouvelle citoyenneté. Je parlais culture, vie associative et summum de l’arrogance d’autogestion ! J’ai conservé toutes les publications dactylographiées par mes soins, mises en page manuellement par mes soins avec des lettres transfert. J’ai une plaisir profond à relire ces « lumières sur Créon » pour mesurer le chemin parcouru. C’est ébouriffant ! C’est réjouissant ! C’est réconfortant !

Personne ne nous donnait une chance de convaincre et de gagner. Un sondage aurait donné au début de l’affrontement moins de 10 % des voix à cette bande de « soixanthuitards » attardés défiant un maire conseiller général, employant une bonne part de la commune et bénéficiant de la mansuétude des caciques girondins de toutes tendances ! Or le soir du premier tour après une nuit entière (18h-7 h du lendemain) de dépouillement 15 des contestataires sur 17 étaient élus au premier tour ! J’ai appris ce jour-là que jamais on en reproche à quelqu’un de rester fidèle à ses idées et que seuls les combats que l’on ne livre pas sont perdus d’avance. Je n’ai jamais oublié ces mois passés à ferrailler sur des principes, des valeurs, des objectifs…car ils ont constitué mon apprentissage en politique moi qui arrivais du syndicalisme enseignant et de la mutualité. Prendre ses responsabilités, son autonomie et refuser les héritages faciles ! Je pense que je quitterai l’engagement dans la vie publique sans avoir oublié une seule des leçons reçues ou administrées en 1977 !

J’ai même conscience de ne pas toujours avoir su ou pu respecter ce que j’avais appris dans une campagne véritablement extra… ordinaire qui a profondément marqué la suite de mon parcous. Les survivants de cette aventure se comptent sur les doigts des deux mains et malheureusement les épisodes suivants les ont séparés ou opposés. J’ai brutalement conscience d’être le seul parmi tous à n’avoir jamais quitté le parti socialiste même si à au moins 3 reprises le PS a voulu me quitter en m’excluant pour fronde exagérée ! L‘ « inventivité » de Rocard, la « franchise » de Mendés-France restent mes boussoles et j’ai pu constater en ces 40 ans de travail quotidien ininterrompu au service des autres que la plus belle réussite était souvent au bout d’un voyage plus ou moins long ou tempétueux.

J’ai gagné avec le soutien de bien des gens simples, dévoués, amicaux, compétents toutes les élections sur lesquelles j’engageais seul ou en équipe, mes idées et souvent avec des marges confortables. Je me suis révolté contre des terribles injustices faites pour hérétisme à celles et ceux qui empruntaient les sentiers de la politique pouvant les conduire vers leur sommet. Je me suis fais haïr par mes prises de positions publiques jugées agressives ou déplacées car à contre-courant des la bien-pensance politique du moment. J’ai suivi sans arrière-pensée, sans regrets les prises de position de Rocard, Jospin, Fabius, Aubry… quand tout était perdu pour eux ! Et le pire c’est que je l’assume pleinement comme j’assume mes erreurs politiques nombreuses et celles qui ont pu émailler ma gestion des affaires publiques. J’ai été un indécrottable frondeur préférant viscéralement sa conscience aux consignes. Il n’y a aucune chance que je change si près du but !

J’exècre les exploiteurs de la misère matérielle, morale, culturelle, éducative ! Je déteste les fabricants d’inégalités, d’injustice, d’exclusion, de mimétisme de pensée ! Je suis révulsé par les les faux-culs, les culs bénis, celles et ceux qui veulent péter plus haut que leurs cul ou qui l’ont entre deux chaises ! Je me révolte contre les procureurs qui bâtissent des réquisitoires contre les défenseurs des mêmes valeurs qu’eux mais qui ont seulement une approche différente de la leur. J’admire les résistants, les combattants de l’impossible, les tenants de l’utopie, les audacieux, les vrai(e)s ami(e)s que l’on peut appeler camarade ou compagnon car ce sont eux qui ouvrent les yeux d’une société aisément indifférente.

Comme je n’ai jamais rien eu à perdre en dehors du peu d’estime que je me porte parfois j’admets que je puisse un jour être le dernier des Mohicans ! Je préfère entrer seul dans le désert plutôt que me faire voler par des assoiffée(e)s de pouvoir ou des affamé(e)s d’ambitions personnelles qui m’accompagneraient, l’eau fraîche de mes gouttes d’illusions. J’avoue que l’une de mes chansons de référence a été écrite par Brel : « La quête » car elle correspond à ce que je vois dans le rétroviseur du chemin parcouru : « Rêver un impossible rêve /Porter le chagrin des départs/ Brûler d’une possible fièvre /Partir où personne ne part… »

Le vrai militant ne doit jamais être sûr de son choix mais il doit faire tout ce qu’il peut pour rendre les autres sûrs de leur choix. Alors pour moi ce sera Benoît Hamon et rien d’autre ! Advienne que pourra !

Cet article a 6 commentaires

  1. Boëdec Monique

    Jean-Marie . .. je vous dis chapeau , je vous admire et j’aime en vous cette franchise ,et cette ténacité .. je suis comme vous , je préfère ma conscience aux consignes .. je suis aussi une frondeuse qui reste a gauche Aprés avoir quitté ce parti Socialiste qui m’a profondément déçu . je suis fidèle à mes idées de gauche ce qui veut dire que je n’exclue personne de cette famille Je ne pense pas pour autant être dispersée puisque tout le monde appelle à l’union ..
    Ou nos idées divergent c’est que je ne voterais pas Hamon .. Et que là je ne suis plus le raisonnement de votre décision . sinon qu’il représente le PS et là vous suivez la consigne …..

    1. Jean-Marie Darmian

      Non je choisirai Hamon même s’il n’était pas au PS pour ses propositions (RUE, interdiction pesticides…, 49-3 citoyen, abolition du 3% de déficit, proportionnelle partielle, renforcement du système éducatif, lutte contre la fraude fiscale…) et c’est en ça que je revendique d’^tre frondeur puisque si demain le pS ne le soutient plus je le soutiendrai !

  2. CADEREAU Josette

    Je suis tout à fait d’accord avec ce que dit JM DARMIAN car c’est ce que je ferait car j’ai toujours fait ce qui me semblait être bon les étiquettes ne m’intéresses pas dans ces cas là

  3. Sylvain Bahlia

    Frondeur Hamon ? Mais jusqu’où ? J’ai une difficulté à comprendre ce qu’il dit. Il m’apparait écartelé entre la nécessité de paraître s’opposer, aux yeux des électeurs, à la politique des gouvernements Hollande successifs, et son pacte avec le PS. Alors que sera son rôle réel, sinon poursuivre avec d’autres mots leur politique pro-européenne et pro-patronale ? Où est la rupture ? Par exemple comment la Sécurité sociale pourrait-elle être améliorée si les patrons continuent à être exonérés ? Et à ce sujet je ne comprends pas ce revenu universel, sinon à remettre en cause notre protection sociale, depuis 1945 fondée sur le contrat de travail. C’est quoi cette « protection personnelle universelle » ? Je regarderai avec attention ce que met en place de Conseil départemental. Pourquoi ne pas y consacrer quelques articles pour nous éclairer ? Je n’ai jamais voté à droite, mais il y a longtemps que je ne me sens plus du côté de cette soi-disant « gauche » « de gouvernement » qui depuis plus de 30 ans fait la même politique que la droite, à peine de temps en temps avec un habillage dans le discours.

  4. LAVIGNE Maria

    Merci pour ce billet qui me fait du bien car je le partage en tous points. Il est temps de tourner la page pour certains qui ont oublié ce que socialisme veut dire.

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