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Le pouvoir économique trace sa route vers l’Elysée

Depuis une bonne décennie je ne cesse de clamer et d’essayer de démontrer que la véritable mutation de la République tourne autour de l’équilibre des pouvoirs qui en constituent les fondements. A partir de la publication de « L’esprit des lois » la Révolution française avait construit un système social beaucoup plus avancé. La séparation des pouvoirs en est un principe, une théorie, qui préconise que les trois grandes fonctions de l’Etat (le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire) soient chacune exercée par un organe ou une instance différente. Le pouvoir législatif, dévolu aux assemblées représentatives, édicte les règles. le pouvoir exécutif, détenu par le gouvernement, exécute les règles et le pouvoir judiciaire, assuré par les juridictions, règle les litiges. C’était la base du fonctionnement républicain jusqu’au moment où sont apparus des facteurs forts de déséquilibre…non prévu à l’époque!

Ainsi depuis la fin du XIX° siècle le pouvoir « économique » (les maîtres des forges puis les 200 familles et aujourd’hui le CAC 40…) a toujours tenté d’imposer ses volontés au pouvoir politique et il a eu les marionnettes nécessaires pour l’exercer par procuration. Il est proche semble-t-il d’y parvenir au XXI° siècle en France (c’est fait aux USA) en s’appuyant sur le tout nouveau pouvoir médiatique qu’il a avalé en raison surtout de la faiblesse de la culture citoyenne.  En transformant sous de multiples formes les électrices et els électeurs en consommat(eurs)rices protéiformes il a atteint son but ! Cette campagne présidentielle lui permet même d’espérer faire encore mieux. Absolument tous les programmes connus (en dehors de ceux de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon) servent en effet de manière avérée et incontestable les intérêts de l’économie réputée salvatrice de l’intérêt général alors qu’elle ne vise qu’à la promotion d’intérêts particuliers ! En occultant la confrontation idéologique (avec la forte complicité des partis) grâce à une évidente complaisance médiatique d’un système qu’ils dominent, ils sont parvenus à s’offrir leur propre candidat : Emmanuel Macron !

Il leur fallait un homme se présentant comme « ni de droite, ni de gauche » mais forcément de leur bord afin de pouvoir vendre justement la caricature du marketing instauré en politique. Il était aux cotés du Président Hollande pour déjà défendre les positions des grands groupes réputés indispensables au bonheur du peuple : la politique de l’offre! Un mythe car jamais on est parvenu à ce jour au plein emploi dans des conditions décentes et avec une vraie reconnaissance de l’importance du travail. Au contraire le libéralisme suppose le maintien calculé d’un niveau de chômage indispensable pour favoriser la baisse des salaires et surtout la destruction de la protection contre l’insécurité sociale. C’est d’ailleurs clairement énoncé (7 %!) dans les annonces de Macron !

Le chantage exercé par le milieu économique sur les gouvernements réputés en mesure de lui résister ne cesse de croître en France depuis deux décennies. Faute de contre-poids efficace dans les secteurs salariés du privé on en arrive à ce que la peur des délocalisations, le déménagement du territoire, la casse réglementaire confortée par une Europe exclusivement préoccupé par le profit conduisent les « tenants de la régulation politique » a sans cesse reculer. Il faut croire que ce n’est pas suffisant ! On annonce le démantèlement de la fonction publique (surtout territoriale) au plus près des gens.

Depuis un an le milieu économique craignant la chienlit que causerait l’arrivée au pouvoir de l’entreprise Le Pen a donc décidé de s’installer à l’Élysée par procuration. Surpuissant mais pas encore prêts comme Trump a franchir le Rubicon, le « pool » économique  n’a plus confiance dans la Droite extrême qui lui a beaucoup promis mais n’a pas été au bout de leurs demandes. Reposant sur les courants sociétaux les plus réactionnaires, incapable de se dépêtrer du chewing-gum de ses affaires de fric (ce n’est pas très sain pour les grands patrons) Fillon n’a plus leur soutien. Ils s’en détournent puisqu’ils ont trouvé le gars au CV idéal et au profil conforme à leur besoin.  Comme eux Macron ne fait pas de « politique ». Comme eux il est réputé « réaliste ». Comme eux il ne place pas « l’humain » au cœur de ses préoccupations. Comme eux il prône les recettes immuables de « la baisse des charges » et des « impôts ». comme eux il connaît bien les rouages de la « finance »… Bref avec des « unes » tapageuses et positives de leur magazines et de leurs journaux ils ont effectué une promotion type tête de gondole du produit « Macron » rendant la politique plus blanc que blanc ! Quelques petits financements venus des places financières… ont accentué la pression sur l’opinion publique et on va continuer la campagne de com !

Des « socialistes » déchus et déçus, des anciens communistes en voie de disparition, des libéraux sociaux funambules, des revanchards de tous bords, des ambitieux prêts à sauter dans le train privé qui passe sous leurs yeux, des calculateurs drapés dans la dignité de celle ou celui qui a résisté à la fronde : l’attrape fines mouches fonctionne ! Ils n’ont même pas regardé le programme sur le fond et sur la forme car personne n’en parle. Ils ne se réfèrent qu’à un seul critère : faire barrage à Le Pen & Co et soutenir celui qui symbolise à leurs yeux le renouveau leur permettant de taper sur la Gauche qu’ils ont quitté et sur la Droite extrême qu’ils jugent dangereuse pour les affaires.

Cette promiscuité entre des gens ayant combattu fermement (ou alors ils n’étaient pas sincères et c’est fort possible) le « grand capital », ayant souhaité mettre en place des mesures d’équité fiscale (ou alors ils ne le pensaient pas!), ayant combattu pour la sauvegarde des collectivités locales libres de leur gestion (ou alors ce n’était que du cinéma électoraliste), ayant souvent emprunté à Jaurés la conclusion de leurs discours d’estrade (est-ce que ça avait un sens?), ayant vanté la primauté de l’humain dans leurs paroles (ce n’était qu’eux d’abord ?) devient suspecte car elle sent l’absence totale de sincérité de promesses déjà malheureusement entendues au Bourget ! Mais aussi la mort programmé du « politique » en France et la »rivée d’un nouveau populisme !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Macron, ce dangereux Pompidou en barboteuse !
    Ce n’est pas la barboteuse qui présente un danger, c’est le Pompidou.

  2. bernadette

    Bonne analyse mais il manque nombre de details.
    Nous sommes assis sur une multitude de dividendes alors Que l’embauche est necessaire a l’economie Francaise.
    Macron doit faire bouger les lignes, mais lesquelles ?
    Que va faire ce riche personnage ?

  3. bernadette

    L’ensemble des partis politiques sont comme les entreprises. Il y a les gros partis et les petits.
    Voter pour un petit parti est democratique.
    Ce sera ma demarche.

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