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En oubliant son projet d’avenir par peur du présent Hamon a perdu son crédit…

Benoît Hamon est au bout du chemin qui devait lui permettre de devenir le candidat de l’avenir de la France. Il avait fait le pari durant les Primaires de tabler sur une demi-douzaine d’idées neuves à mettre en œuvre au-delà du quinquennat de telle manière que l’on anticipe un avenir qui ne s’annonce pas très radieux pour les générations qui arrivent. Tant sur le plan de la protection environnementale que sur celui d’une nouvelle donne en matière d’accès au travail ou de modification des rapports entre le pouvoir politique et les citoyens il avait fait du neuf. Ces propositions avaient donc conquis un nouvel électorat ayant accepté de se déplacer vers une urne alors que souvent il appartenait à la catégorie des gens tentés par l’abstention.

Les votants avaient largement dépassé les frontières des militants du PS en nombre de plus en plus réduits surtout hors des grandes villes. Un rapide calcul nous avait permis par exemple de comptabiliser plus de 500 personnes différentes qui sur Créon, entre le premier et le second tour des primaires, avaient déposé un bulletin pour un…candidat potentiel pouvant représenter leur vision de la France alors que la section comprend une douzaine de courageux à jour de leur cotisation. La victoire de Benoît Hamon fut nette, claire et porteuse d’espoirs… durant peu de temps ! Les quelques minutes que le battu Manuel Valls consacra à affirmer qu’il respecterait le verdict de cet éliminatoire s’estompèrent avec d’abord un pesant silence, ensuite avec des consignes demandant à ses troupes de prendre leurs distances et enfin un départ sans aucun état d’âme. La mesure phare du revenu universel d’existence (RUE) fut vite dézinguée, traitée d’utopiste et de ruineuse. La transition écologique raillée et le 49-3 citoyen mépris2; Inexorablement la machine interne se mit en route avec la technique habituelle : faites ce que je ne veux pas faire car je ne peux pas prendre le risque d’apparaître comme ne faisant rien !

Emporté par sa volonté de rassembler les gauches irréconciliables Benoît Hamon a perdu lentement ce qui avait fait sa force : la conviction, l’innovation, la différenciation ! Il a conclu un accord électoral à l’ancienne, à la hâte, avec le seul Jadot sur la base de ce troc historique de ciconscriptions qui en général ne se réalise qu’au second tour après un vrai constat des forces en présence. Il a commis une lourde erreur car le candidat écolo n’avait pas plus de militants en France que le seul nombre des votants aux primaires en… Gironde ! Il n’aurait jamais obtenu les 500 signatures (ou très difficilement) et son parti n’avait pas un euro à mettre dans la campagne (il a fallu lui rembourser 200 000 euros de ses primaires et de son début de parcours présidentiel!). Il espérait décrocher un accord avec Mélenchon qui ne pouvait pas se faire. Il a laissé pousser le chiendent de la trahison dans son propre camp… qu’il a essayé d’éradiquer en modifiant ses propositions ! Il a alors fauté de manière irrémédiable par peur d’un exode de cadres de l’aile droite du PS vers le candidat centriste Emmanuel Macron, Il a réduit son projet phare de revenu universel cédant aux chantres d’une rigueur injustifiée et culpabilisante. Or, c’était la promesse-phare de sa campagne pour gagner les primaires, le symbole qui a servi de locomotive à sa victoire et il a disparu des radars.

Vider de sa substance son programme de la proposition la plus marquante de toutes, c’était une erreur suicidaire. Il fallait tenir bon et en appeler à son électorat du tour de chauffe pour la défendre ! Il y avait des forces vives, des personnes nouvelles, des jeunes dynamiques prêts à s’investir hors du parti. Il les a sacrifiés en pensant qu’il récupérerait les troupes enkystées dans le social-libéralisme ayant voté Valls et qui, dès sa désignation, avaient décidé de lui faire la peau ! De toutes les manières elles se seraient ralliées à Macron car c’était décidé bien avant les Primaires et la parole donnée n’avait aucune valeur dès le départ ! La messe du ralliement était dite !

Le feuilleton des désertions a entretenu un climat où Benoît Hamon est apparu comme… celui qu’il avait critiqué: hésitant et trop calculateur. Il s’est incarné en François Hollande l’homme du compromis et de la raspa (danse mexicaine avec un pas en avant et deux pas en arrière). Ses vrais soutiens se sont lentement érodés et notamment ces jeunes que personnellement j’avais eu l’immense joie de retrouver dans la salle du fémina, face à moi lors de la réunion de Bordeaux. La jeunesse n’a pas accepté de voir sa flamme de renouveau placée sous l’éteignoir des tenants d’une politique qu’ils condamnaient ! Jean-Luc Mélenchon n’a eu alors aucun effort à faire pour s’installer dans le fauteuil de l’homme solide, pugnace, tonitruant ne reculant pas d’un pouce sur des idées répétées comme autant de coups de poings donnés à son rival PS !

L’aile « droite » du PS à Emmanuel Macron… l’a laissé s’embourber. Le parti nationalement a fait le minimum syndical (une déclaration de principe) pour priver les néo-macronistes de leur investiture ou pour condamner les refus de erspecter l’engagment pris. Cambadélis est déjà au soir du premier tour des présidentielles. Il reprendra d’autant plus facilement la main que le score de Benoît Hamon sera faible. Des chiffres alarmistes circulent à Paris avec… 50 à 70 députés frontistes élus et donc un groupe supérieur à celui que peuvent espérer les socialistes qui resteront fidèles à leurs valeurs. Dès le lendemain du premier tour les idées nouvelles seront recouvertes du linceul du réalisme politicien et on assistera à la Saint Barthélémy où les protestataires seront soigneusement exterminés et les fugitifs récompensés. On condamnera sévèrement les « frondeurs » en oubliant su’ils ne défendaient que la stricte application du projet sur lequel le «peuple de gauche» avait élu François Hollande. On ne peut donc pas mettre sur le même plan une rébellion par loyauté envers le vote de l’électorat PS, et une rébellion par déloyauté… envers le vote de l’électorat PS. Mais on s’en fout ! Cette réalité que Benoît Hamon n’a pas assumé lui ont fait perdre ses soutiens sur sa gauche quand ceux qui étaient sur sa droite étaient depuis toujours, prêts à partir ! Ainsi va la politique ! Dans le fond je suis encore plus certain de voter Benoît Hamon !

Cet article a 7 commentaires

  1. vinz

    La seule chose que je ne comprends pas bien après cette lucide analyse, c’est ta dernière phrase… Ton candidat s’est embourbé dans ses contradictions, il va couler et perdre la direction du ps, et tu penses toujours qu’il n’y a pas d’autres alternatives à gauche dans cette élection? Tu préfères couler avec le pédalo plutôt que de renforcer un « homme solide, pugnace, tonitruant ne reculant pas d’un pouce sur des idées » (je te cite).
    Amitiés.

    1. PRADAYROL

      Ton analyse est dure, très dure pour notre candidat. Permets- moi de dire que, de plus, je la trouve pour le moins inopportune en ce moment où BH est en difficulté et à moins de 3 semaines du scrutin. Tu as cependant raison sur 2 points.
      BH a perdu du temps dans la négociation avec Jadot et Mélenchon. Il a obtenu le retrait du premier dans le cadre d’un accord, qui est loin d’être parfait mais qui est préférable à ce que tu évoques: l’impossibilité de Jadot à se présenter par manque de parrainages orchestré forcément par le PS.
      L’aboutissement de la négociation fait des Verts des partenaires au lieu d’en faire des supplétifs humiliés. Respecter nos partenaires, cela n’est pas secondaire, à mes yeux.
      Quant à Mélenchon, il fallait engager une approche par principe. Nous ne sommes pas inconscients; l’intéressé est depuis toujours dans une aventure personnelle qui n’admet aucun partage, la manière dont il traite les communistes est suffisamment explicite.
      BH aurait « hollandisé » son programme et notamment ce qui en faisait l’avant gardisme, à savoir le Revenu Universel d’Existence. Est-ce reculer que de passer de l’universalité à 19 millions de récipiendaires, puis revoir ensuite les conditions de généralisation à tous? A ma connaissance, il n’a jamais dit le contraire.
      Ce qui pourrait laisser penser à une sensation de « recentrage » de la candidature de Benoît Hamon, pourrait n’être que la conséquence de la droitisation de celle de Macron. Par crainte d’être submergé par les ralliements des éclopés libéraux libertaires ou sécuritaires, Macron multiplie les appels à droite et stigmatise les valeurs de la Gauche, renvoyant le programme commun de 1981 et les Ligues factieuses de1934 dos à dos.
      Enfin, s’agissant de la jeunesse, j’observe que ce sont les jeunes qui reçoivent nos tracts et programmes avec le plus d’intérêt et qu’ils sont très présents dans cette campagne.
      C’est pour ces raisons que, comme toi, je voterai Benoît Hamon.

    2. Pascal

      Alors si même eux n’y croient plus, je ne comprends pas ! Le vote utile , le vote républicain que l’on nous bassine à longueur de temps ne fonctionne plus ? Ancien militant socialiste je vote utile , je voterai La France Insoumise. Cordialement .

  2. Bernadette

    Ce que je me demande, pourquoi le PS s’est il rallié à EELV ?. Ce ne peut pas être un système plus à gauche.
    Pour moi, c’est un système de droite imposée.

  3. Dupart Lescure

    Jean Marie, ne nous déçois pas toi aussi . Tu nous a donné la force, à quelques uns ,de faire campagne pour Hamon tu ne peux pas baissé les bras, je ne voudrai pas être à la place de Benoit Hamon, qui a gagné les primaires et que le PS a pratiquement lâché dès le lendemain, si nous, ne sommes pas là pour le soutenir, mais où on va . Depuis que je me suis engagée au P.S, j’ai soutenu les candidats qui n’étaient pas mon choix et je l’ai quand même fait, par respect du vote majoritaire .
    Ne lâches rien !!!!!!!!

  4. D. Jobard

    C’est la première fois qu’un candidat socialiste respecte son partenaire écologiste et place l’écologie au coeur de son projet. Benoît Hamon a eu le courage de bousculer ses camarades socialistes en reconnaissant l’apport des écologistes -qui certes ont un nombre de militants plus modeste- mais dont les idées et les combats innervent toutes les alternatives de la société actuelle, et bien au-delà des frontières nationales. Parce que, contre tous les nationalismes, l’écologie est l’internationalisme du XXIe siècle.
    Alors, ceux qui confondent écologie et ripolinage environnemental, politique et gestion, accord politique et instrumentalisation, grognent, grincent des dents, jugeant que Benoît Hamon laisse bien trop de place à de si petits partenaires. Ceux-là même qui valident le quinquennat de F. Hollande, qui auraient tout aussi bien soutenu M. Valls, et qui dès le 23 avril au soir se mettront probablement en marche vers un horizon embrumé sous prétexte de sauver la république.
    Pour moi, la République que j’aime c’est celle que notre candidat a dépeinte avec poésie en conclusion du débat de mardi dernier : celle des « Auvergnats, Bretons, Catalans, Occitans, Dogons, venus des rives du fleuve Sénégal, aux senteurs du jasmin d’Algérie … »
    Dominique Jobard

  5. De Dietrich

    Je comprends la souffrance des militants socialistes dans la difficile épreuve qu’ils subissent et j’éprouve pour eux de la compassion.
    Cependant, il s’avère que le PS, à l’instar de l’impossibilité absolue et prévisible d’Hollante de se représenter, n’est pas en capacité de porter une candidature, tellement a-t-il été anéanti par ses propres dirigeants qui œuvrent à marche forcée pour la recomposition libérale.
    N’y a-t-il, pour les socialistes sincéres et restés fidèles à leurs engagements une autre voie que le maintien d’une candidature, aussi sympathique soit-elle, sans autre issue que la gueule de bois pour l’ensemble du peuple de gauche au soir du premier tour, ainsi que les larmes pendant des années ?
    Serait-il inconcevable de mettre en œuvre un retrait négocié assorti d’un engagement de toutes les composantes de la gauche de transformation à bâtir une majorité de gauche alternative et un projet commun? Les convergences existent sur la 6eme République, sur l’Europe à refonder sur des bases sociales et démocratiques , sur des politiques anti-austérité, la dictature de la finance, le droit du travail…
    Il nous reste peu de temps.
    Une opportunité de victoire ne se représentera pas dans cinq ans car, les mêmes causes produisant les mêmes effets, si les mêmes politiques se poursuivent et surtout si elles s’aggravent, nous aurons alors vraiment un Fhaine en position de l’emporter !

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