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Quand le civisme relance des jeunes…

Si l’on étudie la sociologie des abstentions lors des législatives il y a un point sur lequel la totalité des analystes se retrouvent : ce sont majoritairement les retraités qui font actuellement les élections en France ! La jeunesse qui devrait être la plus concernée a été absente du choix des gens qui auront en charge de transcrire le chemin vers l’avenir dans les lois. Il se trouve que depuis plusieurs semaines le conseil départemental, grâce à des fonds européens a mis en place sur six territoires ruraux des cohortes de jeunes mineurs et majeurs de moins de 25 ans en service civique. La composition de ces groupes très hétérogènes recouvre la diversité des situations sociales, économiques ou même de santé. Le public visé par les recruteurs concerne des mineurs ou des majeurs n’ayant plus de lien direct avec les organismes pouvant les aider. Investis auprès de « multiples organismes (collectivités territoriales, associations, EHPAD…) ils mettent en œuvre des projets utiles à l’intérêt général sur une durée de six mois. Suivis par des associations spécialisées comme « Unis Cités » ou « Osons Ici Maintenant » ils reviennent tous progressivement à un rythme de vie adapté à leur profil.

Lors du bilan des mi-parcours les animateurs ont dressé un bilan de la situation de ces enfants égarés d’une République les ayant abandonnés au bord des sentiers de la réussite. Édifiant et révélateur ! D’abord parce que quel que soit leur niveau ces « services civiques » trouvent très majoritairement les opportunités de créer, d’imaginer, de faire vivre des initiatives de grande qualité lorsqu’ils sont mis en confiance et encadrés positivement. Ensuite les repérages effectués démontrent des comportements extrêmement significatifs de la face cachée d’une jeunesse avec par exemple des addictions fortes. Les échecs sont peu nombreux avec même dans certains parcours des réinsertion via l’emploi dans les structures où ils ont travaillé bénévolement et qui les embauchent. Mais le constat général est le même : un manque flagrant d’autonomie dans un monde de plus en plus dur et complexe ! Isolés géographiquement et en plus recroquevillés sur leur sentiment d’échec ces jeunes sont victimes d’une double peine les condamnant à sombrer souvent dans la marginalisation. Ce n’est ni une question de diplômes, ni une question d’origine sociales. Ils ne savent absolument pas se repérer dans un système complexe qui les a abandonnés.

Avant les élections des ateliers ont tenté de compenser l’extrême-faiblesse de leur culture citoyenne. Avec les professions de foi anonymisées les accompagnants ont ainsi permis à ces jeunes souvent non-inscrits sur les listes électorales d’apprécier un programme, d’y rechercher des centres d’intérêt et ainsi de se forger une opinion sans connaître la personnalité qui produisait le document. Certains ont ainsi tout bonnement découvert ou renoué avec la… politique ! En fait le constat est désespérant sur le niveau de leur connaissance des rouages d’une société qui leur est largement méconnue. Cette éducation permanente de la culture d’une autonomisation responsables manque terriblement à un pays qui vient de s’offrir le luxe de mépriser ses échéances démocratiques. Plus rien n’est fait dans le milieu scolaire dans ce domaine et ce n’est pas demain que l’on abordera cette dure réalité de ce système ressemblant pour beaucoup

Une pédagogie souvent passive, répétitive, inactive condamne des milliers d’enfants et d’adolescents a subir le monde plutôt que de s’y repérer, s’y engager, s’y plaire. Lors d’une conférence de Lionel Lacaze célèbre lutteur désormais spécialisé dans l’analyse de la performance, un intervenant racontait cette histoire. « Un jour, abattu pas mes mauvais résultats je suis allé voir ton père expliquait-il en s’adressant à celui qui a conquis 14 titres de champion de France. Je lui a fait part de ma décision d’abandonner la lutte. Nous avons discuté et il m’a dit cette phrase qui a servi de fil conducteur à ma vie : Tu n’es pas mauvais… Tu est bon au contraire… mais tu ne sais pas encore dans quel domaine tu es bon… il n’existe pas d’être humain qui ne soit pas bon… Tu cherches et tu finiras par trouver ! Je suis devenu compagnon du Tour de France et j’ai trouvé seul ma voie ! » J’ai fortement pensé à lui en écoutant les bilans de tous ces jeunes perdus dans les dédales sombres de l’échec. Je les ai rencontrés sur Créon et j’en garde une sensation personnelle de révolte car tous m’ont enchanté par leur envie mais m’ont ému par leur fragilité ! Cette initiative départementale en milieu rural portant sur 128 volontaires est considéré comme exemplaire par le Haut Commissaire président de l’Agence du service civique et j’espère qu’elle sera partagée au plan national !

Cet article a 5 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour M. Darmian,

    Je ne suis pas favorable à faire des lieux pilotes, suivre un panel de jeunes n’est pas démocratique. Je suis favorable à une information communale. La sociologie au service de quelques uns n’apportent rien de concret.
    Donc une information pour tous les jeunes urbains et ruraux.
    Que se développe en zone rurale des lieux de lecture, d’écriture, de théâtre, de culture locale, de sports.
    Que les communes apportent l’information à leur village. Le journal municipal doit servir de relais.

    Bonne journée

  2. Bernadette

    Pourquoi l’abstention ?

    Parce que les jeunes se sentent oublié d’abord puis les familles net font plus confiance auX politiques. Les promesses des professions de foi ne sont pas tenues.
    Les critiques acerbes d’un parti à l’autre sont considérées comme violentes.
    Les transports locaux sont déconsideres. Aucune information sauf bien sûr internet. Internet est un outil simplement. Internet coûte cher.
    On s’aperçoit au niveau des travaux des abris bus c’est du béton et encore du béton.

  3. pc

    Nos jeunes votent (quelle chance) parce qu’on les motive….

  4. faconjf

    Bonjour,
    je connais un peu les jeunes en service civique ( Unicité) que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans mes activités bénévoles. Les jeunes qui choisissent le service civique démontrent par ce choix leur volonté de s’intégrer dans notre société. Leurs rencontres avec le milieu associatif est souvent un déclic dans leur parcours sinueux. L’échec scolaire les a souvent impacté, mais pas toujours, le dispositif du service civique est un moyen de renouer soit avec la scolarité, soit d’identifier des pistes insoupçonnées par ces jeunes. Le plus inquiétant reste les oisifs qui « tiennent les murs » naguère concentrés dans les cités et aujourd’hui partout sur le territoire! Eux ne franchiront pas les portes du service civique, certains feront business autour de l’herbe qui fait rire, d’autres partiront à la dérive vers la rue et/ou la prison et malheureusement quelques uns ne supportant plus le rejet mettront fin à leurs jours… Triste constat que la société que nous laissons à nos descendants.
    Notre système scolaire est soumis aux contraintes du donneur d’ordres ( l’État), aux parents et aux élèves ( le système « client » direct), aux lobbies religieux et moraux ( valeurs différentes), aux employeurs de cette future main d’œuvre ( système client indirect). Toutes ces contraintes génèrent un appauvrissement des contenus une perte de sens et surtout un incroyable gâchis humain et financier. Un grand débat national pour déterminer quelle école voulons nous pour notre pays ? Une démarche nécessaire pour sanctuariser l’école et réconcilier toutes les parties aujourd’hui en opposition.
    On peut rêver !!

    Ce couplet de Madame la Misère illustre tristement le sort de ces jeunes enfants perdus de la République :

    Ce sont des suppliciés au ventre translucide
    Qui vont sans foi ni loi comme on le dit parfois
    Régler son compte à Monseigneur Éphéméride
    Qui a pris leur jeunesse et l’a mise en ses rides
    Quand il ne leur restait que ça

    Léo Ferré « poète vos papiers » 1967
    salutations républicaines

  5. Bernadette

    Connaître son village et l’histoire du village au travers des générations est émancipateur.
    Il devient selon moi urgent d’émanciper les jeunes par l’histoire locale et bien sûr la géographie.

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