You are currently viewing La bataille musicale des sixties a forgé ma génération

La bataille musicale des sixties a forgé ma génération

Les années 60 du siècle passé sur France 3 ! Les « sixties » ou celles de « SLC » comme diraient les spécialistes durant lesquelles on saluait les copains en écoutant le transistor mais surtout on défiait les adultes tout juste frais et vermoulus par l’après-guerre en brisant tous les tabous musicaux. Une manière de rompre avec une génération ayant oublié son conformisme durant les années d’une occupation souvent mollement combattue ou volontairement oubliée. La vérité musicale venue d’Outre Atlantique bouleverse les repères fracturant la France entre adeptes du rock’n’roll et ses opposants regroupés dans le culte de la guitare, la pipe et la moustache de Brassens. Des sous-groupes se créèrent même au fil de la sortie des microsillons puisque il y avait dans chaque camp les purs et durs qui ne souffraient pas les parodies traduites en français des standards venus des USA. Les affrontements furent parfois verbaux mais aussi virils et incorrects avec des excès faisant voler des fauteuils !
Les « Chausssettes noires » paraissaient pourtant bien pâles et les « Chats sauvages » très câlins à certains « intégristes » face au couleurs vives, endiablées, mordantes de  Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran ou Chuck Berry…
Dans les lycées encore réservés à une portion congrue des jeunes selon les sections conduisant à la seconde partie du baccalauréat on notait vraiment des signes distinctifs révélateurs. Par exemple en ces temps révolus, les « philos » masculins étaient rarement rockers et jamais « yéyé ». Pour eux la pipe, l’Amsterdamer, la longueur des cheveux accompagnaient les chansons de Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Aznavour ou Jean Ferrat symboles de la contestation par les textes. On y méprisait tout ce qui pouvait-être facilité et futilité comme il en fleurissait chaque jour sur les ondes d’Europe n° 1 mais il fallait bien parfois faire quelques concessions au copines que l’on souhaitait davantage embrasser que saluer ! Alors on avait des faiblesses à la limite pour Lény Escudéro, Jacques Dutronc ou Barbara mais on était sans pitié pour les Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Halliday, Stone et Charden, Dalida, Adamo, France Gall, Claude François ou Richard Anthony. Mais il n’était pas question de se compromettre en fredonnant une chanson, qui était peu de chose mais qui quand elle se posait au creux d’une oreille ne quittait souvent plus l’esprit. Le matraquage des radios banalisées via le transistor ou le Teppaz des surboums était oppressant et difficile à éviter !
Les succès préfabriqués par Eddy Barclay et ses confrères envahissaient les nouvelles bibles des commandements musicaux que devenaient chaque semaine les hit-parades et finirent par marginaliser les chanteurs installés depuis parfois seulement quelques années. La révolte gronde ! Le tsunami du yéyé banalisa les airs jetables ressassés sur des périodes courtes et surtout sur celle de l’été. Tous les orchestres furent bien contraints de donner en pâture à leur nouveau public quelques rocks et surtout de reprendre ces refrains qui prenaient le titre glorieux de de « tubes ». L’émancipation passait alors par le « punaisage » des posters de ces vedettes artificielles trouvés au cœur des magazines sur les murs de la chambre ! Elle franchit une étape supplémentaire avec la diminution de la longueur des jupes ou la poussée des pattes d’éléphant aux pantalons. Il était surtout mal vu d’éclabousser la majorité bien-pensante avec le choix de la non-coupe de cheveux que l’armée se chargeait ensuite de détruire. Les admiratrices ou admirateurs firent place aux « fans » beaucoup plus extrémistes et envahissants qui éclaboussaient la société de leurs passions frivoles.
Ces vraies années 60 antérieures au plus joli mois de mai que la France ait eu, celui de 1968, ont fait naître dans cette dualité musicale, des convictions fortes, des oppositions contrastées, des envies de contestations dans les facultés où arrivaient les « classes » ayant échappé à la passivité cultivée par des supports formateurs d’une opinion dominante. Elles ont d’abord appris à exister et souvent à résister en continuant à s’intéresser aux valeurs véhiculées par des chanteuses ou des chanteurs jugés par contraste avec les autres comme « révolutionnaires ou au minimum contestataires de l’ordre établi par une société de la consommation. « Nuit et brouillard » (63), « La Montagne » (64), « Potemkine » (65) de Ferrat ; « Salut beatnik » (67) « Les Anarchistes » (68) de Léo Ferré ; « Vivre Debout » (61), « Les Bourgeois » (63) ou « Les Moutons » (66) de Brel; toutes celles de Brassens sans exception entretiennent une vision sociale qui ressortira à la fin de la décennie des sixties. Ils seront provisoirement emportés par le raz-de-marée de l’éphémère triomphant. D’ailleurs malgré leurs retours réussis dans les années 80 on ne les entend plus que très rarement sur les médias sonores ! Leurs œuvres sont redevenues dangereuses ou au minimum décalées avec l’époque de cette contestation dont nous sommes désormais à des années lumières.
J’ai aimé profondément ces « sixties » qui dans deux décennies appartiendront à l’Histoire. J’y ai appris la liberté, la fraternité et l’envie de bouger, d’agir, de ne pas subir qui ne m’a jamais quitté ! J’ai rajeuni hiers oir devant ma télé : c’est un événement !

Cet article a 4 commentaires

  1. bernadette

    Que pourrions nous mettre sur les oreilles des plus de 80 ans pour les égayer ? Tous ne dansent pas parce qu’ils sont handicapés mais ils entendent pas toujours bien et déforment beaucoup.
    Je n’ai pas 80 ans et j’ai beaucoup aimé Petula Clark « l’hiver, le vent, la pluie chantent leur mélodie la la la » ou la Comtesse de Hong Kong
    J’ai essayé de chanter cette chanson à une grand mère qui était très malheureuse de son passé de femme de militaire, son passé lui paraissait tellement lourd qu’elle ne m’a pas écoutée. Elle souriait simplement. …

  2. JJ Lalanne

    Période qui a souligné le caractère répressif de la famille et ce parfois brutalement. Après une période de guerre, les gens frustrés de ne pas avoir eu une jeunesse normale ne supportaient pas la libération des jeunes. Cela soulignait trop ce qu’ ils n’ avaient pas eu. Période étonnante de liberté d’ expression où de l’ extrême-droite à l’ extrême-gauche , on pouvait s’ exprimer sans se retrouver au tribunal. Si la démocratie a gagné sur certains points, de ce côté on peut parfois se poser des questions. Personnellement je ne me les pose même plus…

    1. J.J.

      « Période étonnante de liberté d’ expression où de l’ extrême-droite à l’ extrême-gauche , on pouvait s’ exprimer sans se retrouver au tribunal. »

      C’était aussi le temps de la Guerre d’Algérie, de ses séquelles, et si l’on n’était pas vraiment de l’avis de certains partisans de notre maintien outre Méditerranée, on pouvait se trouver confronté à des gens d’extrême droite, style OAS, qui n’étaient pas(et ne sont toujours pas) des enfants de chœur.

  3. bernadette

    La mode c’est du copié/collé ila n’y a rien de personnel.
    Idem dans les chansons, les tubes avec leur Hit parade du numéro 1.
    Les radios et les chaînes de TV réussissent à faire prendre conscience aux auditeurs et téléspectateurs que c’est le plus fort, le plus écoutés et le plus regardé c’est l’audimat.

Laisser un commentaire