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Les sportifs entrent dans le stade de la révolte politique

Il fut une époque où les artistes ou les grands intellectuels d’un pays élevaient la voix quand les politiques franchissaient les limites admissibles des valeurs républicaines. Il est impossible de ne pas avoir en référence le fameux « J’accuse » de Zola qui a changé le sort de Dreyfus. Désormais les combats se mènent à coups de pétitions sur internet ou de tribunes collectives publiées dans de grands quotidiens nationaux mais elles n’ont plus d’échos aussi fort qu’au temps de la presse écrite dominatrice. En fait une nouvelle classe sociale a pris le pouvoir de l’indignation : les chanteur(euse)s, les comédien(ne)s et de plus en plus les sportif(ve)s dont l’impact sur l’opinion devient essentiel. Partout leur rôle social s’impose. Au cours des derniers jours ce sont eux qui ont contre-carré les options prises par des pouvoirs réputés abusifs ou débiles que ce soit en Catalogne ou aux Etats-Unis. Les footballeurs, les basketteurs, les joueurs de base-ball ou les athlètes sont montés au créneau avec vigueur et courage face aux abus du gouvernement central espagnol ou des propos méprisants et racistes de Trump !
Le Président américain vient de provoquer une tempête médiatique, depuis qu’il a appelé en Alabama, les propriétaires des franchises de football américain (la NFL) à licencier les sportifs qui expriment leur mécontentement en s’agenouillant lorsque l’hymne américain est joué dans les stades pour dénoncer le racisme. « Ne seriez-vous pas ravis d’entendre un de ses propriétaires de NFL, quand quelqu’un manque de respect au drapeau, dire “foutez-moi ce fils de pute en dehors du terrain tout de suite. (…) Il est viré.” » Il visait, sans le nommer, l’ancien « quarterback » des San Francisco, Colin Kaepernick. En août 2016, il s’était agenouillé pendant la diffusion de l’hymne américain, pour protester contre plusieurs meurtres de Noirs par des policiers blancs.
L’insulte, l’invective sous-tendant un racisme institutionnel ne pouvait que provoquer des réactions. Sauf qu’elles sont venues des sportifs eux-mêmes car plusieurs joueurs sont montés au créneau ce week-end pour affirmer leur soutien à Stephen Curry tout en déclarant ouvertement qu’ils n’ont aucun respect pour leur président. Et avant de revenir sur ces déclarations et l’impact qu’elles ont eu ou qu’elles pourraient avoir, précisons qu’Adam Silver a tenu à sortir publiquement sur le sujet et que même s’il est resté très politiquement correct (pas trop le choix pour le moment), le big boss de la Grande Ligue a tout de même encouragé les joueurs à continuer de s’exprimer. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe quels joueurs : les plus célèbres !.
C’est Stephen Curry qui avait entamé cette joute avec Trump en expliquant qu’il n’avait pas envie d’aller à la Maison-Blanche pour la traditionnelle rencontre de l’équipe championne avec le président en fonction. Une déclaration bien évidemment provocante et faite en toute conscience de la part du meneur des Warriors et star parmi les plus connues de la Ligue. Et dans son style si particulier alliant le tact d’un ours en rut et la capacité d’analyse d’un poisson rouge, Monsieur Trump a directement fermé la porte de la Maison-Blanche aux Warriors. Le ton monte et partout, dans tous les sports les protestataires ont été nombreux en affirmant leur attachement à leur pays mais condamnant fermement l’attitude de ce Président débile.
A la veille des élections régionales, le climat est plus tendu que jamais autour de la cause indépendantiste catalane et des symboles nationaux. D’ordinaire peu présent dans les grands débats, le monde du sport a investi le terrain politique espagnol. Les footballeurs ne se gênent plus pour s’exprimer sur la corruption des élites politiques ou sur un éventuel référendum d’autodétermination de la Catalogne. Les élections régionales qui doivent servir de plébiscite aux partis indépendantistes ont encore fait monter les tensions d’un cran. Rejet des symboles nationaux dans les stades, tweets incendiaires ou même candidature électorale: en Espagne, le sport et la politique n’ont jamais été si intimement liés.
La plate-forme catalane «Guanyarem» («Nous gagnerons») recense des témoignages de sportifs d’élite et de dirigeants de clubs en faveur de la tenue d’un référendum pour l’indépendance de la région. Le footballeur Xavi Hernández, le trailer Kilian Jornet ou l’entraîneur Josep Guardiola, parmi une multitude d’autres grands noms, ont déjà tous apporté leur soutien à la cause des indépendantistes. Les stades servent de chaudrons à la contestation et le récent match entre Gérone et la Barça a été révélateur de l’impact du monde sportif sur une situation conflictuelle déjà très dure. Il est déjà acquis que Guardiola sera même candidat aux élections sur la liste régionaliste ! Bref les sportifs entrent dans l’arène politique avec une détermination redoutable compte-tenu de leur charisme et de leur notoriété. En France on a craint en France lors d’une présidentielle la candidature de Coluche. Au Ministère des sports dans notre pays on a appelé Laporte, Douillet, Lamour et désormais Flessel, Il y a eu Ronald Reagan et Arnold Schwarzenegger aux USA…Désormais tout devient possible pour celles et ceux qui vont toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus fort !

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    « on a appelé Laporte, »
    Bien sûr, mais qui a appelé Laporte ?
    Pour moi, et cette opinion est toute personnelle, l’appelant est à la hauteur de l’appelé …..qui se ressemble s’assemble dit l’adage.

    1. LAVIGNE Maria

      Tout à fait d’accord avec vous !

  2. JJ Lalanne

    Si chez nous un « sportif » ou un « artiste » faisait ce que l’ on voit en Espagne ou aux USA, ce serait un grand malheur pour lui. Pas intérêt à défendre autonomie ou indépendance corse,basque ou bretonne. Nous, on a remplacé la Démocratie par la démocratie. J’ai lu dans des livres qu’ elle avait existé… Quand on voit les fastes du sénat ou le concours des présidents à qui aura le plus de gardes républicains issus d’ on ne sait quelle époque, on sent que le bon peuple n’ a pas intérêt à la ramener. Chez nous pas de problèmes comme en Espagne tout est prévu et verrouillé d’ avance. Patrie des droits de l’ Homme. Vous constaterez que c’ est l’ Homme au singulier. Lequel d’ entre nous? Si vous l’ avez vu faites en part aux autres mais méfiez-vous il n’ aime pas être mis en lumière et vous allez au devant de grands soucis. J’ ai déjà donné!

    1. Puyo Martine

      et une fois de plus c’est l’Homme et pas la Femme !
      Jean Maire et vous avaient tout dit, rien à rajouter.

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