You are currently viewing La terrible réalité du décrochage scolaire et social

La terrible réalité du décrochage scolaire et social

En France, sauf erreur de ma part, l’école au sens générique du terme est obligatoire jusqu’à 16 ans ! Du moins je le croyais puisque lors de plusieurs bilans du travail effectué sur le terrain par des structures de détection des jeunes en grande difficulté un constat revient : le décrochage scolaire ne faiblit pas. Des adolescentes ou des adolescents ne fréquentant pas un établissement sont retrouvés sur tout le territoire girondin sans que le système s’en soit préoccupé. Normalement ces absences de longue durée devraient être signalées et devraient entraîner des sanctions prévues par la loi. Or certains des « repérés » on abandonné le cursus obligatoire depuis la fin de l’école élémentaire ou en classe de collège sans figurer sur aucune liste dites de « décrocheurs ». ils sont parfois toujours dans les effectifs et nul ne sait pourtant ce qu’ils sont devenus. Les causes et les facteurs du décrochage scolaire sont multiples, tout comme les profils. Il y a plusieurs types de jeunes ayant oublié le chemin de l’école.
Certains ont des problèmes de comportement, ils sont punis à répétition et se construisent en opposition à l’école. Ce sont les présents-visibles, ceux qui perturbent le bon déroulement de la classe. D’autres sont des élèves moyens, peu intéressés par les cours et pas à l’aise en classe. Ils s’ennuient et restent en marge. Ce sont les présents-invisibles. Ils viennent au lycée, sont bien là dans les salles de cours, mais leurs difficultés d’apprentissage et leurs retards sont tels qu’ils décrochent sans faire de bruit. Les enseignants ignorent souvent leur présence, car ces élèves ne posent aucun problème de comportement et ne sont pas ancrés dans la spirale de l’absentéisme. Certains décrocheurs rencontrent aussi des difficultés familiales ou relationnelles, souffrent de phobie scolaire ou de dépression. Les jeunes dépressifs représentent d’ailleurs un jeune décrocheur sur cinq. Bref ces causes multiples ne sont pas forcément prises en charge par une société qui souhaitent avoir un formatage scolaire rassurant. Dans certains cas il faut noter que les causes sont essentiellement aussi familiales avec une monoparentalité permettant à des adolescent(e)s difficile en opposition avec l’autorité maternelle ou paternelle de se retirer d’un système dans lequel aucune place ne leur est faite.
La définition est simple si l’on se fie aux textes de l’Education nationale : « un décrocheur est un élève qui quitte un cursus de l’enseignement secondaire sans obtenir le diplôme finalisant cette formation ».  Ainsi, tous les jeunes qui ont quitté l’école au niveau du collège, ceux qui ont abandonné leur cursus de baccalauréat ou leur formation en CAP et BEP font partie des élèves qui ont « décroché  » d’une formation de l’enseignement secondaire.  Le gouvernement estime que 620 000 jeunes, âgés de 18 à 24 ans, sont dans cette situation en France. Il s’agit d’une sous-estimation car selon les constats effectués sur le terrain on se situe avec environ 20 % de cas non recensés en scolarité obligatoire (moins de 16 ans) non pris en compte dans cette statistique. Ets-ce normal ? Pourquoi ces cas détectés par des organismes extérieurs échappent-ils au contrôle quotidien obligatoire des établissements scolaires ? Que fait-on concrètement non pour sanctionner mais pour les ramener vers des études ? La sélection par l’échec ne porte-elle pas le germe de ces décrochages aux multiples facettes ?
Face à l’augmentation croissante de ce phénomène l’Europe a lancé de vastes programmes dont l’un financé par le Département de la Gironde et le Fonds social européen (FSE) se déroule sur le secteur du médoc, du Libournais-Blayais et du Sud Gironde. Il faut dire selon les enquêtes de l’Insee, la France atteint 12 % de décrocheurs au niveau national. C’est certes moins bien que la Suède (10,7 %) et la Finlande (9,9 %), mais mieux que l’Italie (19,2 %), ou l’Espagne, qui affiche un taux de décrochage de 25 % parmi les jeunes de 18 à 24 ans. On arrive à ce qu’un jeune Européen sur sept arrête l’école sans avoir les compétences ou les qualifications jugées aujourd’hui nécessaires pour réussir une transition vers le marché du travail et pour prendre une part active à l’économie actuelle, fondée sur la connaissance. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, on considère qu’environ 6,4 millions de jeunes Européens sont en décrochage scolaire ! En Gironde le constat actuel démontre que cette réalité concerne toutes les couches sociales et qu’elle conduit à la délinquance dans certains cas.
Établir un contact direct avec ces jeunes, leur redonner confiance en eux (près de 600 ont été contactés et une cinquantaine a bénéficié d’un suivi spécialisé), les réconcilier avec un accompagnement structuré, les ramener sur un chemin du savoir : de véritables défis quand ils ont « décrochés » depuis longtemps. La mission est ardue mais essentielle sur des territoires où les difficultés s’accumulent très vite.

Cet article a 17 commentaires

  1. LAVIGNE Maria

    Merci pour ce billet dont le contenu est une véritable préoccupation pour moi. Confrontée à cette situation, un chef d’établissement m’a affirmé que les textes ne lui permettaient pas d’alerter comme il le souhaiterait. Les enfants dont les parents sont en conflit familial et qui se servent de leurs enfants pour régler des problèmes, sont les premières victimes. La gendarmerie ne peut même pas prendre de plainte et le temps passe, les difficultés s’accumulent, la scolarité est hypothéquée, l’enfant mineur est la grande victime. Parfois, j’ai envie de crier au secours mais la voix se brise contre un mur…

  2. bernadette

    La loi du diplôme non obtenu ne peut pas guider les enfants décrocheur.
    Apprendre à lire, à compter et à écrire devient la base du système dit éducatif. La responsabilité est donnée à la communauté éducative. Le conflit familial existe bien mais ne saurait être le fer de lance du soit disant décrochage scolaire.
    L’enfant doit recevoir un enseignement de qualité pour grandir avec les autres.
    Non à la double exclusion par la communauté éducative.
    Ne pas stigmatiser les enfants en primaire et pre primaire. Ne surtout pas les confronter les uns aux autres
    L’éducation est un droit pour tous les enfants.
    Oublions le conflit social……

  3. bernadette

    L’établissement scolaire (école, collège, lycée) est construit comme une entreprise :
    Le chef
    Les adjoints
    Les profs principaux et les remplaçants
    Les délégués de classe et même chose pour les parents (est ce utile ces délégués? Et à quoi ça sert?
    Sont nombreux les intervenfants!

  4. pc

    Le milieu de l’enseignement est quand parfois un peu bizarre.
    Je me suis occupé (un peu) de 2 frères jumeaux lorsqu’il étaient en 6ème.
    Au début je ne faisait que de la lecture (et il y avait du travail…) et puis peu à peu on a fait un peu de math, d’anglais etc…
    Je me suis surtout attaché à essayer de leur donner une méthode de travail, car ils fonctionnaient sans aucun repère.
    A la grande surprise des parents (et à la mienne aussi) en 3 ou 4 semaines leurs résultats scolaires se sont nettement améliorés… (moyenne passée de 6/8 à 10/12 sur 20)
    Surprise, questionnement et suspicion du professeur principal : « cette personne est-elle un enseignant en retraite » a-t-il demandé au père en parlant de moi?
    Eh bien non, je ne suis qu’un retraité qui a eu la chance de faire quelques études il y a bien longtemps et qui a fait partager à ces 2 jeunes son maigre savoir et son expérience….
    Je ne m’en occupe plus depuis 2 ans; et sans aide les 2 gamins sont maintenant en 3ème, avec des moyennes honorables autour de 12, ils travaillent et ont un objectif (sport étude) pour la suite.
    Qu’est-ce qui manquait à ces 2 gosses pour y arriver? tout simplement que le milieu scolaire dans lequel il évoluaient fasse son travail et s’occupe d’eux…

    1. bernadette

      Le milieu scolaire doit faire le travail qui leur est demandé. Il faut arrêter de faire imaginer des fadaises aux enfants mais plutôt chercher le point de gravité pour faire évoluer l’enfant.

  5. LABANSAT Philippe

    Un constat qui ne me surprend guère.
    Maintenant, il faut arrêter de se le cacher, notre pays comme les autres convertis à « l’économie de marché » et à la « concurrence libre et non faussée », a définitivement renoncé à accorder sa place à chacun.
    On ne demande au système éducatif que de faire de bons petits soldats pour rentrer sur le « marché du travail » (encore et toujours le marché), et plus de forger de futur(e)s citoyen(ne)s libres et éduqué(e)s.
    Qu’ils le veuillent ou non, malgré toute leur bonne volonté, les enseignants doivent s’y plier.
    Alors, 750.000 enfants décrochent d’eux mêmes ? Autant de fait doivent penser nos gouvernants puisque, de toutes façons, notre monde concurrentiel les aurait éliminés un peu plus tard, parmi des milliers d’autres…

    1. bernadette

      Oui je partage Philippe ton avis. L’espace réservé à l’enfant est de plus en plus réduit. L’école doit offrir autre chose à l’enfant, assez d’automatisation des systèmes, d’intelligence artificielle, une école à dimension humaine.
      Quelle horreur l’école d’aujourd’hui !

  6. J.J.

    « Établir un contact direct avec ces jeunes, leur redonner confiance en eux (près de 600 ont été contactés et une cinquantaine a bénéficié d’un suivi spécialisé) »

    Malgré l’intérêt incontestable de la démarche, c’est une goutte d’eau dans la mer …..

    Depuis l’avènement de la « cinquième », on assiste, piano, piano, mais efficacement, à une destruction de ce qui avait fait la cohésion des Républiques, en ce qu’elles avaient de populaire et de fraternel, avec ce que cela implique de défauts et de qualités.
    Mais à peu près tout le monde pouvait y trouver son compte.
    Le but caché des princes qui nous gouvernent, en réalité, est le complet démantèlement du système éducatif : réussiront ceux qui en auront les moyens financiers et pourront profiter d’un milieu familial favorable(par exemple se procurer par n’importe quel moyen une Rollex avant cinquante ans).

    Les élites autoproclamées au pouvoir en sont un exemple, avec leur petit chef qui affiche ostensiblement son mépris pour ceux qui n’ont pas eu comme lui, la chance de pouvoir réussir(enfin, si moralement on se contente de peu).

  7. Alain

    d accord avec JJ
    Jean Marie tu nous fais connaître un constat désolant.
    pauvres enfants de France, et surement d ‘ailleurs
    quel monde basé sur le libéralisme!!
    mais tout cela n’est il pas voulu??

  8. DULONG André

    Bien sûr, tout est calculé. J’ai déjà expliqué que l’individu rendu volontairement inculte et ignare dès le plus jeune âge allait grossir la masse irrationnelle et manipulable. Le système éducatif a détruit la démocratie pour qu »une guerre civile éclate et soit réprimée violemment. Les éconocrates ui pantouflent en surnombre à Bercy, surpayés dans le seul but de détruire le petit peuple doivent dégager. Seule une réaction citoyenne des usagers, consommateurs, clients; ont le pouvoir de boycotter le consumérisme inutile ; éteignez cette foutue télé pendant une semaine, achetez vos yaourts à l’unité, n’écoutez pas ce soir le MAQUEREAU psychopathe et dictayeur. RESISTEZ; revendiquez le refus de charit : plus vous serez généreux, plus vous démontrerez que vous ête encore trop riches et donc surtaxables. Faites la grève du bénévoles, démissionnez en nombre significatif de vos engagements sociaux, humanistes ou caritatifs. R2SISTEZ sans vous résigner. Le pouvoir chancellera, peut être… peut être…

    1. bernadette

      Bonjour André,

      C’est vrai que l’audiometrie a une implication dans la communication qui est la base du management tout public, en particulier pour les jeux de pouvoir.
      Macron a été élu par ce système. Hollande, Sarkozy, Macron et Melenchon ont trompé une grande partie des électeurs. Les électeurs se sont retournés vers les parias du FN.
      C’est grave, voire très graves ces agissements.
      Contrairement à vos dires, je regarde la TV qui m’endort le plus souvent.

      1. J.J.

        Je ne vois pas en quoi Mélenchon aurait trompé les élécteurs, attendu qu’il n’a pas été élu, un dènigrement systèmatique et bien organisé(et qui dure encore, car il fait toujours peur aux nantis) lui ayant ôté toute chance.
        Quant à ce cher ami Fillon, il n’a pas tenté de tromper les élécteurs ?

  9. bernadette

    Curieux que les électeurs et électrices n’ont pas voté pour Melenchon. Pourquoi ?

    1. J.J.

      Pourquoi ?
      Parce que l’on a agité l’épouvantail Mélenchon, comme on a agité l’épouvantail Le Pen, pour ouvrir la voie au petit machin. Mais Mélenchon est plus dangereux, car lui il a un programme !
      Donc il fallait l’élimiter avant le deuxième tour.
      CQFD
      Post scriptum : il y a eu des électeurs et électrices qui ont voté Mélenchon, pas assez, malheureusement.

  10. bernadette

    Jean Marie Darmian

    Je viens de lire le C/R du dernier conseil municipal.
    Je suis totalement en désaccord avec la réduction du prix du repas à la cantine à partir du 2 ème enfant.
    Quelle inégalité envers les familles qui ont 1 enfant.
    Je ne réside pas à Créon.

    .

  11. JJ Lalanne

    Pour des enseignants, apprendre est une chose mais apprendre à apprendre est encore mieux. Les sources de connaissances sont devenues tellement nombreuses que c’ est plus dans le développement du sens critique qu’ il y a urgence. Nous parlons bien des 18/24 ans. Comment être motivé quand on voit que les copains galèrent,des années sans boulot avec le diplôme que vous essayez de passer. Comment être motivé quand, en difficulté, on vous fait étudier les Grecs de l’ antiquité pour préparer votre CAP. Comment être motivé quand serveur en contact avec le public votre épreuve de langue sera écrite alors que le cuisinier loin des clients passera cette épreuve à l’ oral. Comment être motivé quand vous devrez subir le racisme d’ employeurs et qu’ en attendant vous devez subir le racisme d’ enseignants. Des choses ont pu changer dans les programmes mais c’ est du vécu. Ces jeunes là imaginent-ils qu’ un correcteur puisse dire qu’ il ne porterait pas sa voiture à réparer à un jeune qui fait tant de fautes de français. La connerie de certains de nos collègues permet d’ appréhender l’ infini… Imaginez le ressenti d’ un jeune face à ce genre de personnage. Pour ce qui est des familles monoparentales, il ne faudrait quand même pas culpabiliser les parents. Les jeunes qui vivent dans les familles « normales » sont parfois plus étouffés et ceux qui sont en famille monoparentale ou orphelins ont parfois la chance d’ avoir une assistance par des éducateurs bien supérieure à celle que des parents pourraient leur apporter même si les difficultés psychologiques sont là. Comment faire fermer leurs g… à ces artistes et membres connus des médias qui se vantent de n’ avoir rien fait pendant leur scolarité. Ils rajoutent un sentiment d’ inutilité des études. Inutile d’ en rajouter. Des jeunes sont en difficulté mais l’ Éducation Nationale et la société sont bien malades.Dans un monde de sauvages, il ne peut y avoir qu’ un comportement de survie. Maintenant si on peut assister les jeunes comme je l’ ai vu faire par des éducateurs,tant mieux, allez-y!

  12. Coulais Christian

    Taux de décrochage élevé en Europe, mais quant on voit les taux de chômage chez les actifs….https://data.oecd.org/fr/unemp/taux-de-chomage.htm
    Partageons le temps de travail, proposons un revenu (décent) universel et les générations futures se projetteront dans l’avenir.
    Sans oublier un vaste coup de filet dans les milieux de l’argent sale. Car vendre de la drogue pour avoir du fric facile ou se prostituer pour payer ses études n’est pas digne de notre humanité.
    Et acceptons l’éducation à 2 ou 3 vitesses, les aller-retours facilités entre les filières, la deuxième ou la troisième chance ! Mais aussi plus de personnel public, plus de moyens publics. L’ascenseur social doit être reconstruit.

Laisser un commentaire