You are currently viewing Gaspillage alimentaire : tout ne se joue pas à l’école !

Gaspillage alimentaire : tout ne se joue pas à l’école !

La société passe allègrement à coté des sujets essentiels pour se consacrer avec délectation au subalterne car c’est beaucoup moins difficile pour une opinion dominante n’ayant pas trop envie d’être remise en question. Plus il est indispensable de changer des habitudes de vie, des repères sociétaux absurdes mais durables, des usages incontrôlés et plus les regards se détournent. Il en va ainsi pour le gaspillage alimentaire qui pose un véritable problème pour l’avenir de l’Homme sur sa planète nourricière. Les responsables sont toujours extérieurs au cercle proche et on montre du doigt les système collectifs de restauration ou de distribution quand il serait indispensable de se tourner vers les comportements individuels ! Nous sommes et nous resterons encore très longtemps les premiers responsables de ce fléau économique et environnemental qu’est le rejet massif de produits ayant nécessité souvent un énorme effort de dépense énergétique ou naturelle.
Ainsi si l’on se fie aux études les plus récentes le gaspillage alimentaire dans la consommation des ménages représente en France : 20 kg de déchets par an et par personne, dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés (source : ADEME). Son coût est estimé entre 100 et 160 euros par an et par personne, soit de 12 à 20 milliards d’euros (source : ADEME). Chaque année, la France gaspille près de 10 millions de tonnes de produits alimentaires, soit 317 kg par seconde. Sur ces 10 millions de tonnes, plus de 1,2 tonne concerne de la nourriture encore consommable, Or contrairement à une idée reçue les restaurants ne sont responsables que de 14 % du gaspillage alimentaire en France.
La facilité consiste dans tous les domaines de la nutrition de transférer vers les autres de ce qui nous appartient. Les menus des « cantines » doivent être équilibrés, élaborés, bios…quand ils ne représentent que 12 à 15 % des repas pris par les enfants ayant le privilège de prendre une bon petit-déjeuner, un déjeuner et un dîner dans leur famille. On pointe du doigt l’absence de motivation des collectivités pour éduquer les enfants à dévorer des légumes avec enthousiasme ou à ne pas jeter 30 % de leur nourriture à la poubelle…alors que quelques heures plus tard ils ne sont soumis à aucune règle en la matière.
Pour les usagers d’un restaurant collectif, le gaspillage alimentaire semble très faible si l’ons e contente de ne regarder que le contenu des assiettes mis à la poubelle. Pourtant, si on ajoute laus mets qui n’ont pas été consommés par les convives, ceux produits en trop grande quantité par l’équipe de cuisine ou écartés lors de la phase de production, le gaspillage alimentaire se situe le plus souvent entre 150 et 200 g par personne. Pour un restaurant servant 500 convives et 200 repas dans l’année, le gaspillage représente entre 15 et 20 tonnes par an, soit en termes de budget, entre 30 000 et 40 000 euros par an de produits jetés. La valorisation des déchets alimentaires est possible mais son coût s’ajoute au montant des pertes et donc on laisse filer le gaspillage.
Depuis quelques années, de nombreux établissements prennent conscience de cette valeur de l’alimentation et ont mis en place des actions leur permettant de réduire très facilement et très rapidement leur gaspillage jusqu’à approcher le zéro gaspillage pour certains. Le point clé de ces actions est de redonner de la valeur à l’alimentation et plus globalement à l’offre du restaurant. Expliquer d’où viennent les produits, proposer des produits de meilleure qualité, mieux préparer et passer plus de temps à échanger avec les convives pour mieux répondre à leurs attentes, participent de l’amélioration de l’offre. Il vaudrait mieux souvent réduire les déchets alimentaires et payer les produits bruts au juste prix que de surconsommer afin de se donner l’illusion d’être à la hauteur des espoirs des convives !
Une bonne part de ce gaspillage réside aussi dans des astuces des marques pour inciter à se débarrasser des produits achetés et parfois consommés tardivement. Par exemple le conditionnement incitatif en grande quantité donnant l’impression d’une économie de masse alors qu’il n’est fait que pour accroitre les profits en augmentant les quantités vendues est un facteur important de mises à la poubelle quand l’achat est supérieur à la capacité d’absorption. Les fameuses « dates limites de consommation » (à consommer jusqu’à ou avant le…) ou les « dates limites d’utilisation optimale » (à consommer de préférence avant le…) n’ont pas du tout la même importance et le même rôle. Et pourtant elles sont allègrement mélangées et confondues. La première est obligatoire pour les produits périssables : au-delà de cette date, les aliments présentent en effet un danger immédiat pour la santé (salmonellose, listériose, etc.). Il ne faut donc jamais la dépasser. Par contre la seconde n’est donnée qu’à titre indicatif et concerne uniquement certains produits (boissons, conserves, café, etc.). Passée cette date, le produit peut encore être consommé, mais ses qualités gustatives et nutritionnelles ne sont plus garanties : les gâteaux seront plus secs, le jus de fruit perdra ses vitamines mais le danger ne sera réel que des mois plus tard… Or souvent ces produits finissent à la poubelle ou délaissés par les acheteurs du cercle familial… En fait tout est une question d’éducation mais pas forcément acquise en milieu scolaire mais dans la vie quotidienne…

Cet article a 6 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,

    Comment l’Ademe peut elle estimer en poids le gaspillage alimentaire ?.
    La Taxe sur les Ordures Ménagères est toujours calculée sur la valeur locative du logement occupé par le contribuable.
    D’autre part si l’estimation en est ainsi c’est du global.

  2. LAVIGNE Maria

    Vaste sujet ! Nous, les anciens, sommes en général sensibilisés et faisons attention à tout car, beaucoup, ont connu des privations. Notre éducation a été faite et la nourriture représentait la sueur du front de nos parents. Les miettes de pain ne finissaient jamais à la poubelle mais allaient dans un seau dédié pour nourrir les volailles. Aujourd’hui, combien de fois ai-je vu, de jeunes parents, jeter à la poubelle le yaourt que l’enfant n’avait pu finir. Cela me fait toujours mal de voir cela. Par contre, j’ai aussi vu, un proviseur, rappeler à l’ordre des jeunes qui se servaient au self, prenaient plusieurs morceaux de pain qui finissaient à la poubelle. Voilà de la bonne pédagogie ! Cette proviseure, rappelait que plusieurs jeunes étaient des boursiers, sans donner de noms bien sûr, voulant par là souligner que ce qui était jeté était bien payé par les contribuables.
    Alors que tant de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, ici et ailleurs, il est indécent de faire comme si cela n’existait pas. Il est temps de prendre conscience que nous sommes tous responsables.

    1. bernadette

      Oui Maria, c’est une façon de voir.

      Il y a une vingtaine d’années, j’ai découvert un homme qui faisait les poubelles pour manger. C’est ainsi que j’ai pris conscience que les besoins de se nourrir étaient primordiaux.

  3. bernadette

    Dans notre société manger n’est pas une obligation ce qui est une obligation c’est la poubelle et sa taxe.

  4. J.J.

    Bien d’accord avec Maria qui a du vivre les mêmes temps difficiles que moi !

    Malheureusement c’est quand « ça manquera » que l’on s’apercevra que c’était indispensable !
    Non seulement les restrictions nous ont appris à respecter la nourriture que l’on avait parfois la chance de se procurer(oh ! divin pain de maïs !), mais l’école nous y incitait : je me souviens des leçons de morale sur le pain.
    Mais les leçons de morale, c’est complètement démodé !
    Le « leçons de choses » également, où l’on apprenait comment on produit le pain, de la graine semée, jusqu’au four du boulanger(c’était plus simple à l’époque, il n’y avait pas les « intrants », les pesticides etc…).

    Il est vrai que la consommation de pain a baissé de façon considérable.
    Quand j’étais enfant, on me donnait un bout de chocolat (en réalité une barre de caséine saccharinée recouverte d’une couche d’environ 1 millimètre de chocolat) pour manger AVEC mon pain.
    Maintenant on donne occasionnellement un bout de pain pour suçoter et grignoter superficiellement AVEC le chocolat !

  5. Jean-Jacques Lalanne

    Les chiffres de l’ Ademe que tu cites me paraissent bien bas. On peut deviner qu’ ils ne font pas souvent la cuisine! 20Kg par an ça fait environ 400g par semaine, loin en dessous de ce que l’ on peut espérer économiser mais pour s’ en rendre compte il faut quitter son bureau. Cela me rappelle l’ intervention du responsable aquitain de cet organisme lors d’ une assemblée de la maif il y a quelques années. Entendre que l’ habitat individuel n’ occupait pas plus de place qu’ une barre alors que celle où j’ habitais pour 100m de long remplaçait plus d’ 1Km de maisons sans jardins. Entendre que la voiture à était un rêve pas encore réalisable alors que s’ il avait regardé l’ émission Turbo sur M6 quelques jours avant il aurait pu assister aux essais (par BMW si je ne me trompe pas). Si je vois les sottises dites sur ce que je connais comment me fier à l’ Ademe sur ce que je ne maîtrise pas? Minable.

Laisser un commentaire