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Les comptes précaires sont ceux que l’on fait banquer le plus

Dans le fond si vous êtes pauvres, souvent à découvert sur votre modeste compte bancaire vous êtes un bon client pour un système bancaire sans scrupules. En effet c’est vous qui rapportez le plus ! Selon les estimations de 60 millions de consommateurs, l’ensemble de ces frais liés aux « incidents de fonctionnement » des comptes est très rémunérateur puisqu’ils atteindraient 30 à 35 % du chiffre d’affaires des banques de détail, soit 6,5 milliards de collecte financière sur les budgets les plus faibles chaque année. Le résultat net est estimé à… 4,9 milliards ! Une « taxe » qui bien évidemment ne soulève pas de révolte populaire puisque les payeurs sont liés aux auteurs des ces prélèvements exagérés.
En moyenne, un client standard verse chaque année 34 € de frais liés à un solde débiteur, selon les centaines de relevés qui ont été analysés par l’association. Pour le consommateur en difficulté, c’est presque dix fois plus : 296 € en moyenne, selon les relevés de ceux qui ont demandé une aide aux associations familiales en 2016. Cette année-là, un foyer en difficulté sur cinq a vu s’envoler plus de 500 € ! Les plus fragiles ne sont cependant pas les plus « punis ». Ceux qui touchent 1 000 € par mois versent, en moyenne, 154 €, alors que ceux qui gagnent en moyenne 2 000 € par mois, salariés du public comme du privé ou retraités, sont prélevés de 352 €. Des sommes qu’il faut rapprocher des impôts acquittés par ces banques qui ont eu recours aux aides d’État quand elles ont frôlé le dépôt de bilan à cause d’erreurs de gestion colossales. Dans le fond elles se refont une bonne santé en ponctionnant les victimes de la crise auxquelles elles ont parfois prêté en limite de ressources et de la légalité (inclusion des allocations familiales dans le montant des ressources par exemple alors qu’elles cesseront avant la fin de l’emprunt) sans que ce système choque le moins du monde les politiques !
Afin de ne pas perdre un euro de cette manne financière les banquiers ne lésine pas à honorer un découvert. Pas d’alerte. J’ai ainsi eu connaissance d’une personne qui avait eu 6 mois consécutifs de découvert sans demande d’agios pour se les voir réclamer cumulés d’un seul coup ! En fait si les agios n’ont rien d’anormal malgré souvent des taux prohibitifs sur ce qui pourrait s’apparenter à un prêt à court terme ils se cumulent avec des frais divers (étude du dossier pour 8 €) qui sont automatisés et justement sans vraiment des dépenses réelles. Une entente existe puisque les sommes réclamées sont toutes identiques. On y ajoute souvent des frais de rejet de chèque et de prélèvement sont, eux aussi, identiques au maximum légal. Partout, le rejet d’un chèque coûte par exemple 30 € s’il est inférieur à 50 € et 50 € s’il est d’un montant supérieur. Partout, le rejet d’un prélèvement de plus de 20 € est tarifé 20 €. Aucun échappatoire (La Banque Postale est parfois moins chère et les banques en ligne peuvent se révéler moins gourmandes!) pour celui qui produit un tel document.
Bien entendu si vous laissez en fin de mois un peu d’argent sur votre compte vous devenez un client moins intéressant pour votre banque. Elle enregistre avec dépit que vous contribuez peu à ses bénéfices puisqu’elle ne peut que rarement vous pénaliser. Si vous épargnez c’est pire. Les meilleures affaires se font sur les emprunteurs qui règlent des intérêts et qui, s’ils ne parviennent pas à acquitter leurs mensualités on va appliquer une batterie de frais rémunérateurs. Bien évidemment si la situation devient trop critique les banquiers se montrent intransigeant En fait ils prennent leurs précautions et sont encore plus gagnants qu’on le pense. Deux précautions valent mieux qu’une. Le proverbe est bien connu des banques françaises, qui re- doublent de prudence lorsqu’il s’agit d’accorder un prêt immobilier : l’emprunteur doit souscrire une assurance décès, invalidité, incapacité, voire, de plus en plus souvent, perte d’emploi. La banque exige en outre presque toujours une garantie lui permettant de récupérer sa mise dans l’hypothèse où les échéances ne seraient plus honorées. Ce qui est souvent méconnu c’est qu’elle récupère encore eds béféices sur ce système alimenté par quasiment 100 % des emprunteurs.
On note un recours massif au système du cautionnement mutuel puisque 90 % des banques nationales et 70 % des mutualistes n’ont plus recours qu’à ce mode de garantie. Les organismes de cautionnement ont des critères de risque beaucoup plus stricts que les banques elles-mêmes et depuis la crise financière de la fin des années 2000 et il existe une tendance à n’accorder de prêt immobilier qu’aux seuls clients dont les dossiers ont été au préalable validés par leur société de cautionnement, “maison” ou pas. Ce qui fait que les plus démunis ou les gens en limite de solvabilité ont en plus bien du mal à accéder à des prêts convenables et se retrouvent systématiquement en position difficile. Pas de chance ils sont au cœur de la cible des profiteurs !

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    C’est normal, il est bien plus facile de racketter un petit client sans grands moyens, qui de surcroît se juge en infériorité, qu’un riche débiteur qui n’hésitera pas à marchander, voire menacer.
    Du temps d’un de mes mandats de trésorier, j’avais un jour déposé à notre banque un gros paquet de chèques, et en même temps réglé une somme bien inférieure à mon dépôt. La banque avait débité des aggios sous le prétexte que le chèque avait été débité avant que les chèques déposés soient encaissés (dates de valeur !)
    Je n’avais pas apprécié la plaisanterie, et menacé de rendre compte au Conseil d’Administration, en demandant la clôture de notre compte. Les aggios ont été supprimés immédiatement….

    1. bernadette

      C’est normal, dites vous. Qu’est ce qui est normal ?
      Je trouve disgracieux que la banque accompagne ses clients à faire un peu plus de chômage. Avec l’automatisation de ses produits bancaires, elle est responsable de supprimer des milliers d’emploi dans les banques et ordonne aux commerçants d’en faire autant. Et cerise sur le gâteau, la banque accompagnée du gouvernement nous donne des moyens de nous securiser parce que nous devenons responsables à part entière des produits bancaires offerts.
      Est ce normal ?

      1. bernadette

        Est ce normal J.J de robotiser ainsi l’offre bancaire ?

      2. J.J.

        Je parle à la place du banquier, il faut comprendre l’ironie !
        C’est normal pour un banquier (je ne parle pas de l’employé qui fait ce qu’on lui demande pour ne pas perdre sa place) de ponctionner un client qui ne comprend pas bien ce qu’on lui dit, (exemple cité par J.J.Lalanne) qui n’est pas au courant des réglements banquaires qui n’a pas de grosses ressources, et qui s’en laissera imposer. C’est une victime de choix.
        Quelqu’un qui est habitué à manipuler des sommes importantes, que ce soit pour son compte ou parcequ’il a cette responsabilité, ne se laissera déstabiliser et remettra en place gentiment mais fermement, le banquier qui aurait l’intention de lui faire avaler des couleuvres.

  2. JJ Lalanne

    J’ai pu constater directement des abus scandaleux sur des personnes qui ne dominent pas la langue française comme nous. C’ est pour ne pas risquer des poursuites que je ne citerai pas le nom de la banque. Une amie qui pour obtenir une carte facilitant le transfert d’ argent vers sa famille a du remplir sur le champ un dossier où il était stipulé que son salaire serait domicilié dorénavant dans cette banque. Comme domicilier un salaire ne dit rien à la majorité des immigrés vous pouvez deviner les problèmes qu’ il a fallu résoudre, la banque précédente allait effectuer le transfert. Je suis donc allé avec elle pour faire annuler ce contrat. Voyant qu’ ils étaient pris la main dans le pot de confiture et devant le ton qui montait ils se sont exécutés mais c’ est alors que j’ ai découvert qu’ ils avaient fait signer deux contrats d’ assurance et de placement. Contrats que j’ai fait annuler. La personne qui avait fait signer tous ces contrats était parfaitement consciente des difficultés linguistiques que mon amie rencontrait dans un domaine aussi spécialisé (que souvent nous ne dominons pas suffisamment nous-mêmes). Depuis la salle d’ attente j’ ai pu constater qu’ elle agissait de même avec une brave mère de famille qui avait un français laborieux et non seulement elle lui a placé des contrats mais elle a ouvert un compte pour sa fille sous prétexte qu’ elle allait avoir 18 ans et que ça lui serait utile… Parfois on regrette d’ être astreint à la non-violence quand on voit la violence sociale de personnes comme cette commerciale qui estiment avoir le droit pour elles. Tu as raison, JM, les pauvres se font vraiment racketter par les banques. En plus ils ne le savent pas et si ils s’ en aperçoivent ils sont désarmés contre ça à moins de pouvoir être épaulés. Mais là on entre dans les problèmes rencontrés par les assos que tu as soulevés.

    1. J.J.

      Et ça n’est pas nouveau ! Le siècle dernier (ben oui, c’était en Francs…) j’avais découvert qu’un employé de l’organisme où ma tante plaçait son argent lui avait fait signer un contrat de placement pour une longue durée. J’ai demandé à l’employé de résilier ce contrat bidon. Dans un premier temps il a refusé. Quand je lui ai rappelé que ma tante étant âgée de près de 90 ans, cette opération était parfaitement illégale et que j’allais déposer une plainte, il n’a pas insisté.

      1. bernadette

        Oui J.J, je comprends. Ce que je ne comprends pas est que le supermarché du coin a supprimé le caissier de la station service et que le carbu peut se vendre qu’au moyen d’une carte bancaire.
        Il n’y a pas d’alternative et que les emplois peuvent être supprimés à l’aide de ces petits robots.
        Pauvre caissière qui accepte les petits boulots pour faire perdurer son emploi.
        4 caisses dans ce supermarché ont été robotisées.
        Et bien bravo pour la légalité orchestrée !

  3. bernadette

    La banque gère le pognon qui nous appartient et renvoie le client dehors avec les cartes de retrait qui sont aussi payantes. Tout est payant à la banque. J’ignore si la protection du client est à 100% fiable. Attention ne perdez pas la carte et le numéro qui va avec.
    Les banques et leur système automatique déborde très largement d’un accord 50/50 avec le client . Les banques ont tout les droits.

    1. bernadette

      L’intelligence artificielle ou robotisation prévoit de supprimer une quantité énorme d’emplois bancaires.
      Les comptes précaires vont être supprimés automatiquement.

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