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La Concorde, seul temple grec à avoir resisté au temps

En fait les urbanistes grecs avaient des milliers d’années d’avance sur leurs successeurs dans l’époque actuelle. Il savait que pour réussir une ville, il fallait une ouverture sur le monde (un port), des lieux symboliques pour créer une identité (des temples), un habitat structuré et protégé (la cité), une place pour la vie sociale (agora). Ils ont donc exporté durant leurs périodes d’expansion ces principes autour du bassin méditerranéen. L’acropole athénienne n’a certes jamais été égalée mais elle a été largement démultipliée et l’un des plus beaux exemples se trouve sur le plateau rocheux qui domine la baie sicilienne d’Agrigente.
La « vallée des temples » possède en effet l’un des édifices le mieux conservé de la seconde moitié du premier siècle avant J.C , celui dédié à…la « Concorde ». Un bijou de pierre ocre à laquelle on n’est pas habitué installé sur un piédestal le rendant visible de très loin lorsque la brume de chaleur le permet. La simplicité des lignes, le caractère dépouillé voire austère des formes, la logique mathématique de l’ordonnancement des colonnes donnent au temple une élégance forçant l’admiration. La teinte du matériau ajoute à cette rigueur une touche de tendresse surtout quand un rayon du soleil couchant vient se perdre dans les allées intérieures de ce lieu de culte ayant hébergé quasiment toutes les religions des conquérants de la Sicile.
A quelques kilomètres de ce repère léger et sobre de la capacité des Grecs à bâtir des demeures pour leurs dieux, la cathédrale d’Agrigente massive, complexe dans ses styles, paraît lourde et illisible. La pureté du temple tellement bien nommé de la Concorde, se détachant sur un ciel bleu azur apparaît à chaque pas sur la longue avenue rectiligne conduisant d’un édifice à l’autre. Celui d’Héra situé au bout du promontoire n’a pas la même prestance. Il dégage une force due au volume de ses colonnes ayant une étrange similitude avec les troncs plus courtauds des palmiers voisins. Il a été malmené par les hommes mais moins que tous les autres. Hercule n’a plus quelques éléments alignés massifs du squelette de son édifice qu’il aurait lui-même dressés pour atteindre le ciel. Le plus mal loti ce retrouve être Zeus dont on invoque le nom pour quelques vestiges laissant à penser qu’il aurait été le plus majestueux.
La promenade longe des murailles de pierres naturelles creusées et recreusées, transformées en tombeaux pour dignitaires ou parfois en logis de fortune pour le peuple vivant dans une cité mêlant la mort et la vie. Un immense champ d’oliviers et d’amandiers occupe le flanc nord de la montagne avec des témoins séculaires muets de la grandeur et la décadence de cette acropole sicilienne qui ne se livre qu’aux marcheurs…acceptant de ne pas rencontrer le culte de Jupiter !

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Oui ! On n’a guère fait mieux depuis l’Antiqité. Quand certaines ou certains veulent absolument nous persuader des  » racines chrétiennes de la France », il n’est que de cosidérer ce que nous ont apporté les héritages de l’antiquité grecque, romaine ou celtique, pour conclure que ces soi disant racines chrétiennes ne sont en réalité qu’opportuniste récupération.
    D’ailleurs, madame Boutin (qu’elle référence !) ne reconnaît-elle pas elle même les racines celtes de la France en déclarant : » Moi, j’aime bien les gauloiseries » ?

  2. JJ Lalanne

    « Des lieux symboliques pour créer une identité » dis-tu en parlant des temples… C’ est bien ce qui pose problème. Identité comme identitaire. Quand on contemple ces temples ou les grandes cathédrales voire mosquées-cathédrales espagnoles (après lesquelles tout paraît petit), on est impressionné et je pense que c’ est le but. Comment ne pouvait-on pas se soumettre devant une telle puissance? Pour ceux qui voulaient essayer, il y avait la peine de mort comme pour Socrate, accusé principalement d’ avoir voulu introduire de nouveaux dieux. L’ ouverture d’ esprit des grecs de l’ antiquité est un mythe. On confond trop avec l’ ouverture d’ esprit des philosophes grecs. Maintenant c’ est vrai que ces édifices sont magnifiques. Maintenant, les nouveaux temples ce sont les stades géants que l’ on construit et l’ on parle toujours de communion avec le public. Je ne m’ étendrai pas sur ce que j’en pense, ça pourrait être long. Architecturellement très beaux quand même. Nouveaux temples aussi, les édifices gigantesques, magnifiques et inutiles construits par le Qatar ou autres émirats pour nous persuader que l’ avenir c’ est eux. Religion et pognon réunis. Et là, sans état d’ âme. Rampez, c’est tout, et rappelez vous du bol de cigüe si vous doutez il est pour vous. Ce ne sont que des plantes…

  3. J.J.

    Quand on contemple ces temples ……. on est impressionné et je pense que c’ est le but.

    Non, je ne suis pas impressionné, sans être insensible à l’esthétique de certains monuments, je suis surtout en colère de penser que l’on a obligé des être humains à travailler jusqu’à l’épuisement, que ce soit pour assurer le financement ou pour réaliser ces œuvres.

    Je suis en colère de penser que pour arriver à édifier ces monuments on a parfois réduit à la misère et à la famine des populations.

    Je suis en colère de penser que des notables se voient attribuer le mérite de la construction de ces édifices, alors qu’ils n’ont probablement jamais touché un outil.

    On entend ou on lit parfois :
    Le prince machin, l’évêque untel, le pape chose, le sultan quidam ont construit….
    Le roi Louis XIV a bâti le château de Versailles ….
    NON, ils n’on rien bâti, seuls, ils en auraient bien été incapables ; c’est le peuple qui a bâti, avec sa peine, sa sueur et parfois son sang.

  4. JJ Lalanne

    Je suis bien d’accord que ces édifices ont bien été construits avec la peine et le sang du peuple et ce dans le but de conforter un ordre moral comme les constructeurs de la basilique du sacré-cœur ne s’ en sont pas caché, de soumettre et exploiter avec l’ approbation contrainte ou volontaire des victimes. Écœurant, mais architecturellement, ça ne me laisse pas de…marbre!! Je sais, c’ est pas bien (si le bien existe) et tu as raison.

    1. J.J.

      Moi non plus, ça ne me laisse pas de marbre, et je n’en suis pas fier.
      Quant à l’approbation des victimes, si elle a été volontaire, c’est probablement après un efficace lavage de cerveaux.
      Il y a une association(je ne me souviens plus laquelle, mais pas dut tout politiquement correcte) qui a demandé la démolition du sacré cœur, comme étant injurieux pour le souvenir des victimes des massacres perpétrés à Paris par les Versaillais en 1870. Peu de chance que la demande aboutisse…
      Il y a le Mur des Fédérés, au Père Lachaise, moins spectaculaire, mais autrement émouvant.

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