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Fuite record chez les élu(e)s de proximité

« Elu » un qualificatif qui a bien évolué en quelques décennies. Il se trouve qu’ayant passé plus de 65 ans de ma vie personnelle dans une Mairie comme enfant d’employés municipaux logés (1), comme secrétaire de mairie remplaçant, comme conseiller municipal et comme Maire j’ai pu mesuré qu’après une fonction bénévole (2) considérée comme une marque de confiance et un honneur confié par les habitants on en est arrivé à une « charge » marquée par le doute et par la honte. Le 100° Congrès des Maires reflète ce constat puisque la méfiance étatique sous-entendue s’installe construisant une nouvelle offensive contre l’image des édiles de base. Ils sont suspectés d’être de mauvais gestionnaires, d’effectuer des dépenses inconsidérées, de ne pas répondre aux exigences d’une rigueur salvatrice pour un pays dans la zone dangereuse et donc devoir être mis sous tutelle ou repris en mains sans que bien évidemment ces intentions soient avouées. Haro sur les représentants des collectivités territoriales qui auraient une propension caractérisée à s’endetter outrancièrement ou à se vautrer dans les combines de toutes sortes.
Bref il va devenir de plus en plus difficile de se passionner pour l’intérêt général de proximité quand de tous les cotés pleuvent les contraintes, les restrictions, les réglementations, les suspicions, les accusations.
Bien entendu comme le veulent les règles de la communication le Président de ce qui reste d’une République étranglée par les financiers de Bercy, les membres du gouvernement vont se succéder (3) pour expliquer que les mesures annoncées le sont dans le cadre de l’intér^t suprème de la nation et que tout est de la faute des prédécesseurs. L’austérité qui ne veut pas dire son nom reste la règle d’or pour les autres. Elle est mise en œuvre de manière habile avec un délestage constant des responsabilités régaliennes nationales vers le niveau départemental ou local ! Surtout les penseurs issus des « clubs » libéraux au pouvoir allègent depuis deux décennies directement ou indirectement les charges de l’Etat en profitant d’un maquis institutionnel méconnu des électrices et des électeurs. Ils savent que dans le fond désormais qu’ils peuvent tout, absolument tout, exiger des élus municipaux et ignorent la répartition des fameuses compétences avec les échelons supérieurs. Les « bouffeurs » du « mille-feuilles » territorial se régalent en dénonçant des couches réputées d’autant plus « inutiles » qu’on ne dit jamais la manière dont on va les remplacer.
Plus un élu locale s’implique et plus la pression s’accumule sur ses épaules. Où qu’il aille il devient la cible de reproches acerbes, de demandes exorbitantes, d’exigences sans fondement. Il vaut mieux rester enfermé dans son bureau que mettre le bout de son écharpe tricolore dehors. En 3 ans la « crise » empire et les candidat(e)s « ordinaires » enthousiastes, combatifs, dévoués prennent leur distance avec un mandat qui ne leur apporte que des conflits, des déceptions, des désillusions. La proportionnelle appliquée à un niveau où jusqu’à présent les individus parvenaient à s’entendre par-delà les inévitables ego à l’origine des compositions de listes a en plus introduit un climat souvent tendu au sein des assemblées communales. Dans ce contexte les démissions se multiplient mais personne ne s’en aperçoit vraiment.
Ils seraient ainsi au moins 2.000 maires, adjoints et conseillers municipaux à avoir démissionné depuis les municipales de 2014, selon une estimation d’une grande association d’élus, qui souhaite conserver l’anonymat. Le chiffre officiel « n’existe pas », rétorque le ministère de l’Intérieur. Il faut y ajouter selon certaines sources plus de 10 % des élus non-démissionnaires qui ne viennent plus parfois depuis des mois. Quand on regarde les deux phénomènes sur le canton de Créon composé de 24 communes on constate que plus de 20 % des élu(e)s d’origine de 2014 ne participent plus (démissions ou absence durable) aux réunions. Il est même arrivé que le quorum ne soit pas atteint dans certaines collectivités (communes, syndicats intercommunaux) lors de sessions importantes (vote du budget)… En Gironde le phénomène hors Bordeaux métropole atteint un niveau record. Selon Europe 1, plus de 300 démissions ont été enregistrées dans le Nord, soit deux fois plus que lors du mandat précédent. Dans le Gard, il sont plus d’un millier à avoir rendu leur tablier, sur 353 communes. Du jamais vu. Dans les Vosges ou en Charente, essentiellement dans les communes rurales, des dizaines jettent l’éponge.
Quand je discute avec les partants on trouve plusieurs raisons : emploi changé ou perdu, vie de famille en danger ou détruite, refus d’admettre la violence défouloir des administré(e)s, sentiment d’impuissance pour répondre aux besoins, mépris de l’État au plus haut niveau qui maintient ainsi la discrédit sur les élu(e)s, sentiment d’être baladés par des réformes mouvantes (les rythmes scolaires en est l’exemple), affrontements permanents avec des catégories professionnelles enkystées, reproches récurrents sur l’insécurité, mise en cause personnelle allant jusqu’au retour des lettres anonymes , indifférence médiatique pour le travail de proximité. C’est beaucoup et il faut en convenir c’est très loin du contenu des discours officiels du 100° congrès de l’AMF !

Cet article a 8 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,

    Il n’est pas convenable de gérer une commune et d’en oublier les habitants et les contribuables qui sont selon les elus des administrés.
    Un journal municipal qui ressemble plus à des ordres qu’à un compte rendu des travaux réalisés par les élus. Ah le budget avec son vote, ses données chiffrées sans explication transparente et cohérente fait râler les habitants. C’est dans la logique même de la gestion.
    L’état est en faillite pour cause des collectivités territoriales.

  2. bernadette

    Ma question : est ce les collectivités territoriales devront elles revendre leur bien : Mairie, terrain, salles des fêtes etc?et le personnel qui a été multiplié par 2 voire 3 que va t’ il devenir ?

  3. françois

    Bonjour !
    Allons, J-M, ce manque de sérieux m’étonne de ta part car, quand on a mangé de la bonne confiture bien sucrée pendant des années, il ne faut pas venir se plaindre qu’elle moisit et devient rare et aigrelette !
    Tu parles de proportionnelle au caractère dangereux : je te signale qu’elle n’est appliquée que dans les communes de plus de 1000 habitants et qu’elle a longtemps été souhaitée par tes ex-amis… surtout quand on leur a indiqué la sortie par la non-élection. D’autre part, la fuite des élus est surtout importante dans les autres communes… certes, plus nombreuses.
    C’est là qu’il faut chercher et ne pas occulter la vraie raison que sincèrement, te connaissant pour ta franchise, je m’attendais à voir en tête de ton énumération. Or, elle est absente !
    Tu vois où je veux en venir : il s’agit tout simplement de l’ambiance dictatoriale que font régner beaucoup de maires sur leur Conseil.
    Quelques exemples :
    – «  ces maires qui se prennent pour des rois alors que l’élection n’est pas un couronnement » ainsi que me le disait un vieil électeur républicain.
    – une crise de réunionite effrénée … sans décision constructive en début de mandat qui épuise les nouvelles bonnes volontés.
    – les décisions prises avant la réunion entre le maire et son (ou ses deux premiers) adjoints, le Conseil étant réuni pour signer !
    – ces maires qui indiquent leur intention de vote … avant le tour de table et le vote, influençant les indécis,
    – «  un ras-le bol de voir toute idée un peu nouvelle démolie ou pire tournée en dérision » comme me le signalait une nouvelle conseillère en partance.
    – des demandes illégales de liberté de décision pour soi-disant accélérer le service alors que les moyens modernes permettent les convocations rapides.
    (cette liste n’étant pas exhaustive, chacun ….. !)
    Voilà ce que je pensais trouver de la part de l’opinion dominante du secteur… en mal de départ vers la retraite.
    Vouloir parler de démocratie sans l’appliquer dans les faits en invoquant toutes les raisons possibles et imaginables allant de la rapidité … au manque de décision du Conseil, c’est manquer de respect pour les rares électeurs qui font encore l’effort républicain de participer. C’est, à court terme, tuer la démocratie !
    Certes, certains font exception et bizarrement, ce sont des petits qui sont habitués à GERER comme pour leur entreprise et qui, pour le bien de leur maison, sont obligés de jeter l’éponge à la fin du premier mandat ! Ici, je pense aux petites communes et non aux grosses agglomérations où les assistants et conseils sont légions.
    Cordialement.

  4. pc

    Voila une bonne occasion de faire enfin disparaitre toutes ces mini communes.
    Chez moi, 3 communes = 500 habitants = 3 maires +30 conseillers municipaux + 3 secrétaires de mairie + 3 ou 4 cantonniers (en partage) etc… on croit rêver…

  5. bernadette

    La crise de la dette étant phénoménale il était question de faire disparaître selon mes lectures 10 000 communes. Ces 10 000 communes ont des employés, des conseillers municipaux etc, adhérent à des syndicats intercommunaux et bien autres choses aussi. Il est tout à fait logique et légitime que les electeurs/habitants/contribuables se mettent en défiance de la gouvernance communale. Je souhaiterais attirer votre attention sur la diminution de la DGF de 3% et qui a une grave répercussion sur le Plan Local d’Urbanisme puisque l’organisation des réunions informatives est faite paraît il par des géomètres experts et l’emploi de ce géomètre est rémunéré par les deniers communaux pour chaque commune.

    1. bernadette

      Que vont devenir ces terres gelées par le capitalisme vert ?

  6. JJ Lalanne

    Que des problèmes de petits dictateurs ou autres existent, on ne peut le nier mais ces problèmes existent par l’ inaction des gens qui le dénoncent. Ce n’ est pas en mettant un bulletin dans une urne tout les cinq ans que l’ on peut se revendiquer de la démocratie. Un élu ça doit s’ accompagner pour être contrôlé sans suspicion maladive ou soutenu. Sans contrôle, le pervers risque de déraper et sans soutien le régulier va être l’ objet de pressions des milieux économiques, financiers, politiques ou étatiques telles qu’ il risque lui aussi de déraper. Pour avoir tâté un peu de la représentation syndicale ou du personnel, j’ ai pu avoir un aperçu du problème. Personne ne veut s’ y coller par peur de se mouiller ou de multiples autres raisons, tout le monde est content de vous trouver( hors l’opposition, bien sûr) et ensuite on vous soupçonne ou même vous accuse de tous les maux. Élu et bouc émissaire en même temps! Mon bonheur a été de ne pas avoir de finances à gérer! Soutenez vos élus et s’ il y a des soucis demandez vous quelle est votre part de responsabilité.

    1. Puyo Martine

      Vous n’avez pas tord. j’habite une petite commune où la salle du conseil très petitecompte une table et 9/10 chaises. pas moyen de pouvoir y assister. aucune information n’est donnée par la mairie, de temps en temps un compte rendu du conseil est affiché à l’extérieur (pas souvent et quand ce n’est pas très important) les permis de construire ou de travaux eux ne sont jamais affichés. la plus grosse part du budget passe dans le salaire de la secrétaire 2 1/2 journées et les indemnités du maire et des 2 adjoints. comme si dans une commune de 120 h on avait besoin de 2 adjoints.
      quand la secrétaire est absente, personne ne fait une permanence.

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