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L’ordonnance destinée à soigner les mèdecins

Incroyable:la Cour des comptes réputée pour ses rapports très sévères sur le rôle toujours contestable de l’Etat dans une vie collective devant toujours être maîtrisée financièrement. Voici les juges de cette docte assemblée résolument hostile, dans les faits, au libéralisme qui règne dans le monde de la santé. Après que des études statistiques aient mis en cause le fait que le système actuel avait des effets pervers pusique des chirurgiens opéraient à tour de bistouri uniquement pour améliorer les profits la CdC on trouve dans « l’ordonnance » sur l’avenir de l’Assurance maladie des prises de position extrêmement sévères.
La Fédération hospitalière de France (FHF) avait en effet tiré la sonnette d’alarme en réclamant une réflexion sur « la pertinence des actes médicaux ». Dans sa dernière étude elle révèle qu’en France, trop d’interventions chirurgicales sont inutiles. On opère trop et trop vite. De plus, les examens tels que les prises de sang, scanners ou IRM sont souvent réalisés alors que le patient n’en a pas réellement besoin. Selon un sondage commandé par la FHF en novembre, 88% des médecins déclarent avoir déjà prescrit des examens qui leur ont semblé injustifiés après coup. Secteurs public et privé sont concernés, bien que le nombre d’actes médicaux inutiles soient plus élevés dans le privé. Cinq opérations parmi les plus fréquentes ont été passées au crible dans chaque département. Il s’agit du pontage coronarien, la césarienne, la chirurgie de la colonne vertébrale, la pose d’un stent coronarien et la chirurgie du cristallin.
De grandes disparités géographiques ont été constatées.Par exemple les césariennes sont 20 fois plus pratiquées dans certains départements que dans d’autres. En Haute Corse, dans la Vienne ou les Landes, on en comptabilise 149 pour 100 000 habitants, tandis que dans l’Aisne, les Yvelines ou les Alpes-Maritimes, leur nombre s’élève à 308. Le nombre de praticiens n’entraîne pas ces écarts, à Paris, la fréquence de la pratique de la césarienne se situe en dessous de la moyenne nationale. En fait ce sont des filières, des connivences, des méthodes qui font que ces opérations sont à féométrie financière variable. Ce fut une véritable alerte peu commentée !
Pour la cour des comptes, « les outils actuels de régulation ont atteint leur limite ». Par conséquent, selon elle, la principale planche de salut est, pour atteindre l’équilibre des comptes, des restrictions de liberté infligées aux médecins hors système hospitalier. L’un des points marquants de ce rapport est la dénonciation « des dépassements tarifaires, qui entravent l’égal accès aux soins », et qui, selon les juges , « devraient être mieux maîtrisés, et le cadre de la négociation conventionnelle revu en profondeur ». La Cour propose ainsi que soient établies des règles de plafonnement des dépassements d’honoraires entraînant en cas de non-respect l’exclusion du conventionnement du professionnel de santé. Bien évidemment les intéressés vont invoquer la « liberté » du patient de choisir en toute connaissance de cause son « spécialiste ». C’est oublié que dans certains domaines leur rareté contraint celui qui ne peut pas « choisir » de sortir sa carte bleue après sa carte Vitale !
D’ailleurs la Cour des comptes fustige la mauvaise répartition des médecins sur le territoire, mauvaise répartition qui serait à l’origine de 800 millions d’euros de dépenses inutiles. La rue Cambon estime ainsi «indispensable» de réguler l’installation des médecins par un conventionnement sélectif et l’obligation pour les jeunes médecins à exercer dans les « déserts ». Alors là ce serait révolutionnaire ! Voici les « sages » qui virent dans le dirigisme étatique sur les installations ce qui avec le gouvernement actuel est totalement impensable. N’empêche qu’une véritable iniquité territoriale vis à vis de l’accès à la santé se créée chaque jour davantage.
Concernant les revenus des médecins la CdC insiste fortement sur le fait qu’il est indispensable d’ « augmenter significativement la part des rémunérations forfaitaires »… ce qui n’est vraiment pas du goût des professionnels réclamant au contraire une tarification quasiment individualisée.
Autre constat sur des faits réels à rectifier ; l’engorgement des urgences dû au désengagement médical dans les services de garde. Très tenté par l’installation dans les maisons de santé collective financée par la puissance publique les professions médicales doivent assurer des horaires d’ouverture beaucoup plus larges. Il faut imaginer le tollé que provoque aussi l’expérimentation «  à l’entrée des urgences une régulation médicale indépendante de l’hôpital permettant d’orienter les patients vers la réponse de soins, ambulatoire ou hospitalière, la mieux adaptée à leur état ». Ils y voient un surcroît de travail et une contrainte inadmissible !La cour des comptes ose aussi proposer la mise en place d’une remise en cause régulière des pratiques médicales par la « généralisation » de l’ordonnance électronique qui permettrait, intrusion inimaginable « l’analyse de la qualité des soins et des effets des médicaments ». Pas certain que ce rapport soit vraiment pris en compte par l’Etat pourtant si prompt à mettre le couteau sous la gorge du système public de santé !

Cet article a 7 commentaires

  1. J.J.

    Les dépassements d’honoraires m’apparaissent comme un pur scandale, la plupart du temps ils sont parfaitement injustifiés. A compétence égale, ou même supérieure, on trouve des praticiens qui utilisent ou non cette forme de racket.

    Quant aux opérations inutiles, ou même néfastes, je n’ai dû qu’à l’attitude énergique de mon médecin généraliste, de ne pas subir une contestable intervention que le médécin « expert »(?) de la commission de réforme voulait m’imposer, en échange de la prolongation de mon congé de longue durée.

  2. cassagneau

    Il est toujours plus facile de mettre en place un système privé s’appuyant sur des fonds publics ou quasi publics que le contraire, ce dernier relevant pour certains libéraux de « la spoliation » des possédants. Ce n’est bien entendu jamais le cas quand le public doit absorber les déficits du système privé…
    Dans le cas de la médecine, la difficulté de l’accès au soin, la faute en revient cette fois aux deux parties.
    – Au système privé qui a vite vu dans les failles de la mise en place d’un système de santé quasi public depuis la Libération, la possibilité de développer une médecine libérale à plusieurs vitesses où le rapport à l’argent prenait la place du serment d’Hippocrate. Ceci avec le soutien des grands groupes pharmaceutiques qui ne voyait que des avantages, notamment par la corruption, au développement du la sacro-sainte « liberté de prescrire ». C’est ainsi que le privé a su introduire de nombreux acteurs au sein des cabinets ministériels et instances nationales, bien secondés par certains élus nationaux cherchant tous les jours à favoriser l’avancée de ces libéralités.
    – Au système public et politique qui accepté la création des secteurs conventionnés et hors convention car cela l’arrangeait de ne pas augmenter les honoraires des médecins (qui sont rappelons le parmi les plus bas d’Europe) car devant les rembourser nos élus et gouvernants (toutes obédiences confondues) auraient dû décider l’augmentation des cotisations patronales et salariales ou d’y consacrer une partie d’impôts qu’ils ont préféré réserver à certains de leurs affidés. Permettant ainsi au système privé de secteur 2 ou hors convention de s’enrichir outre mesure.
    De plus la non obligation d’installation dans des territoires autres que les métropoles favorisent encore plus cette situation par la pression qu’elle met sur les populations obligées d’accepter cet état de fait.
    Cette situation démontre une fois de plus que l’augmentation des coûts d’un service ne relève pas de contrôles soit disant tatillons mais bien plus de leur absences.
    Par ailleurs, il est fortement à craindre que, comme pour ce qui est prévu pour les allocations chômage, les nouvelles dispositions du gouvernement Macron concernant la suppression des cotisations pour les salariés aggraveront le problème car elles laisseront l’Etat seul en face des médecins sans le filtre et la pression de l’usager. Il sera possible alors pour l’Etat, peut-être pas pour cette mandature, de décider un jour pour des raisons budgétaires de supprimer purement et simplement la sécurité sociale pour la remplacer, comme dans le rêve Fillon, par des assurances privées.
    Mais il ne faut dire du mal du dieu vivant…….

  3. JJ Lalanne

    Moi aussi certains me poussaient vers l’ opération de la colonne vertébrale, incités par aussi des experts, incités eux-mêmes par l’ acharnement de l’ Éducation Nationale à vouloir trouver une solution médicale à mon cas au lieu de m’ employer à un travail moins physique et c’ est le chirurgien Pédram à Pellegrin qui m’ a expliqué que son intérêt était de m’ opérer alors que le mien était qu’ il ne m’ opère pas. Je cite son nom parce qu’ il n’ y a pas que des trains qui n’ arrivent pas à l’ heure. En quelques années mes soucis ont disparu et je le remercie. Ne dites surtout pas que c’ était dû à du stress, l’ IRM ne laissait aucun doute sur la cause. Par contre la lourdeur de l’ administration, en ne me reclassant pas, a fait que le contribuable et la mutuelle ont dû me payer des années à ne rien faire. Il n’ y a pas que les toubibs et j’ en connais qui font du burnout, dénigrés comme, enseignants, il arrive qu’ on le soit. Le côté paperasserie n’ est pas du pipeau et est parfois kafkayen. Ne pas croire que je dis que tout va bien. Difficile voire impossible de trouver certains spécialistes (et anesthésistes) sans supplément et pour les autres des délais d’ attente dissuasifs. Dans certaines spécialités, le rejet ou le mépris envers les  » assistés »(dont il m’ est arrivé d’ être témoin) est écœurant.

    1. bernadette

      Il faut demander un devis et au préalable il faut faire une étude de marché. Il y a bien longtemps que cela existe.

      1. bernadette

        Le spécialiste ne fait pas de cadeau. Il faut payer, c’est comme le carbu propre de la bagnole etc…Afin de ne pas boucher l’autoroute. Tout est payant pour être bien soigné.

    2. J.J.

      @J.J.Lalanne Il faut aussi parler des trains qui arrivent à l’heure : c’est le Professeur Sénégas, à Pellegrin qui a confirmé la décision de mon médecin de ne pas intervenir chirurgicalement sur la colonne vertébrale.
      La commission « ad hoc » m’a bien octroyé le droit à un emploi adapté, mais l’administration a argué que ce type d’emploi n’était pas disponible, j’ai donc essayé de tenir, quand c’était possible ….

  4. Alain.e

    Dans les années 1970 à 1980 environ , la grande mode c’ était , un mal de ventre égale opération de l’ appendicite , j’ y suis passé , mon frère aussi, et tant d’ autres , avec le recul , combien d’ opérations inutiles.
    aujourd’hui c’ est la prostate pour tout le monde ou presque, permettez moi de douter du bien fondé de nombreuses opérations médicales.
    Ma seule certitude , avoir des doutes évidemment.

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