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Coup de froid sur la politique de lutte contre le réchauffement climatique

Désormais il faudra éviter de donner des leçons aux autres pays qui accentuent le niveau du réchauffement climatique. La France demeure une nation qui se veut exemplaire dans tous les domaines mais l’appréciation permanente que l’on trouve sur le « carnet international » reste le fameux et inusable « peut et doit mieux faire ». Toutes les mesures annoncées n’ont pas été mises en œuvre et comme à l’habitude on trouvera encore l’excuse de l’incapacité des prédécesseurs forcément irresponsables. L’année 2016 a en effet été totalement manquée bien que l’on ait fait du respect des conclusions de la COP 21 une priorité.
Les objectifs d’émissions de gaz à effet de serre en 2016, du ministère de la Transition écologique « appellent à une réaction ». Résumons : on est loin des objectifs affichés. Après avoir atteint « sans marge » son objectif de 2015, la France a émis 463 millions de tonnes de gaz à effet de serre (en équivalent CO2) en 2016, soit 3,6% de plus que ce qui était prévu. Un vrai dérapage qui vient essentiellement des secteurs du transport et du bâtiment. Les émissions ont toutefois baissé de 15,3% par rapport à leur niveau de 1990 ce qui devrait atténuer la déception ! Cet écart met en évidence que beaucoup plus que des normes il s’agit de changer les mentalités dans ce pays où tout le monde demande des efforts aux autres sans se l’appliquer à soi-même.
Les explications fournies sont conjoncturelles alors qu’une grande campagne sur le long terme devrait être engagée : le faible prix des produits pétroliers, qui a « incité à la consommation », et l’indisponibilité de certaines centrales nucléaires « qui a provoqué un recours accru aux centrales » à charbon et à gaz seraient les causes de cette mauvaise performance. Il s’agit d’un véritable accroc à la trajectoire antérieure. Il devient délicat de respecter la baisse des 27 % des émissions à gaz à effet de serre en 2028 et faute de cette fameuse « inversion de la courbe » la France ne va pas vers les -75 % d’ici 2050. Avec lucidité Nicolas Hulot a admis que notre pays « ne peut pas avoir un regard prétentieux » vis-à-vis du reste du monde. « Nous avons nous-mêmes nos propres contradictions et un renforcement des actions apparaît donc nécessaire pour rester en phase avec nos objectifs » ce qui relève du recueil de bonnes intentions au moment où les représentants de la « religion » du profit se retrouvent à Versailles pour discourir sur la croissance !
Les émissions de gaz à effet de serre françaises proviennent donc essentiellement des transports (29%), de l’agriculture (20%) et du bâtiment (19%), et tous ont généré un surplus d’émissions qui soit-disant été prévu. La pire progressions est imputable au secteur du bâtiment, dont les émissions étaient globalement stables depuis 1990. Elles ont dérapé de 11% par rapport à l’objectif en 2016 quand les ménages, pour leur chauffage, ont eu tendance à utiliser les énergies carbonées. Dans les transports, les émissions sont 6% supérieures à ce qui était attendu et en hausse de 12,4% depuis 1990, et elles sont 3% trop élevées dans l’agriculture.
Comme la persuasion théorique n’a pas l’air de fonctionner (éducation citoyenne défaillante dès le plus jeune âge!) le gouvernement a recours à la recette immuable de la taxation. Ce que l’équipe précédente avait enterré est en train de ressortir. On a donc fait monter en puissance du prix du carbone et il a été décidé de soutenir le remplacement des véhicules qui rejettent beaucoup de gaz à effet de serre par des véhicules moins pollueurs… les ventes d’automobiles diesel s’effondre ! Peugeot par exemple n’arrive plus à compenser ce phénomène car les chaînes manquent de moteurs au sans plomb. On les importe donc massivement de… Chine ! Encore une fois les constructeurs français n’ont pas anticipé des changements de paradigme par les acheteurs. Il faudra encore pas mal de temps avant qu’ils prennent un virage comme ils viennent de le faire avec la voiture électrique ou mieux le moteur hybride. Ils se mettront à l’hydrogène quand il sera trop tard car les Indiens par exemple y sont déjà !
En fait la lutte contre le « réchauffement climatique » devrait être érigé en « cause nationale » avec une véritable politique de communication. Considérer que les Françaises et les Français sont majoritairement prêts à modifier leurs modes de vie c’est vraiment envisager l’avenir de manière utopique. Il va encore pleuvoir des taxes dont certaines ne seront que l’adaptation de celles qui ont été inventées par Bercy sous Hollande mais jamais mises en œuvre ou repoussées par des mouvements sociaux (bonnets rouges sur les portique poids lourds).
On irait par exemple vers une vignette de transit : une décision indispensable que je soutiendrai. De même que je suis pour une forte simplification des procédures d’installation des systèmes producteurs d’énergies renouvelables. Il est aussi indispensable de revoir les largesses dans l’urbanisme qui favorisent l’étalement urbain dont on ne cesse de payer les conséquences. Une vraie politique d’aménagement du territoire luttant contre la « recentralisation » est à relancer autour de « pôles d’équilibre » dotés des services de proximité, est absolument nécessaire. Le chemin sera long car il n’est pas certain que la prise de conscience soit suffisante pour faire plier le mythe de la croissance porteuse de bonheur au détriment de la qualité de vie générale !

Cet article a 10 commentaires

  1. bernadette

    Merci Jean Marie pour ce billet.
    Residant dans une zone très éloignée de la Métropole bordelaise 35km, je ne me déplace plus vers cette zone urbaine inaccessible.
    Je ne remercierai pas le parti communiste pour ne rien avoir fait.
    Gayssot a été Ministre des Transports et a été à l’initiative de la loi SRU (renouvellement urbain).
    Les POS ont donné naissance aux PLU. Quelle planification !. Actuellement ont droit les habitants du centre urbain, les autres sont des sans droits et des sans informations.

  2. bernadette

    La politique du logement n’a rien à voir avec les infrastructures ferroviaires regionales.
    Que defendent ces elus communistes ?

  3. bernadette

    Avant de parler transport gratuit, il devient urgent de parler usage du transport. Le carburant augmente pour tout le monde, le ferroviaire regional est à défendre pour rejoindre la ville à la campagne. La bagnole coûte extrêmement cher lorsque celle ci est bloquée dans les embouteillages.

  4. Puyo Martine

    Bonsoir Jean-Marie,
    Je suis un peu d’accord avec Bernadette, moi j’habite à 40 km pile de Bordeaux et ce depuis 25 ans. J’ai vu le trafic sur la route Sauveterre/Créon augmenter quelques années après mon installation à la campagne. Il se trouve que lorsque je faisais cette route je ne croisais ni ne suivais aucun véhicule. j’avais donc dit à mes enfants que si j’avais un accident on n’était pas prêt de me trouver.
    Il est certain que l’étalement urbain est un fléau. Grignotage des terres agricoles indispensables pour le maraichage, pour la culture des céréales, enfin de ce qui est nécessaire à l’homme. vous remarquerez que je ne mentionne pas la vigne, contre qui j’ai quelques griefs. mais ceci est une autre histoire.
    Je pense que nos architectes, certains très connus à l’international, ont mal pensé l’habitat depuis quelques décennies. Les villes comme Bordeaux et autres, sont composées de maisons mitoyennes alignées le long de rues.elles ont un, deux, trois ou plus d’étages. Dans certains quartiers il y a les fameuses échoppes et leurs jardins à l’arrière. Pourquoi n’avoir pas fait de nouvelles villes, ou d’agrandissements de villages comme Créon sur le même modèle ,,?. j’ai vu quelques réalisations dans ce sens sur la route de Cursan derrière le Leader price. n’oublions pas que les bastides ont des plans nets, rues à angles droits, petits jardins à l’arrière, tout comme à Pompéi. ce sont des modèles parfaits et en plus extrêmement conviviaux facilitant la vie de proximité si quelques commerces. je pense que l’emprise au sol est bien moindre que les lotissements tels que conçus ces 25 dernières années. Pour construire à la campagne il a fallu 2500 m2, puis ça a changé et maintenant 800 m2 suffisent . Bref tout ça pour vous dire que si moins d’éloignement des lieux de travail, si plus de transports en communs fiables, moins de pollution. Quand je lis sur le SO de ce jour le temps que met le bus 91 pour faire Ambares/place Stalingrad, c’est à désespérer. Vous prenez le bus le matin pour aller centre ville, après changement pour le tram, vous mettez quasiment 2 h, et le soir pareil, et vous êtes complètement HS. Quand vous êtes assis, passe encore, mais si debout, bousculé, chahuté, imaginez.
    je pensais que l’on pourrait, peut être, envisager d’utiliser les pistes cyclables matin et soir pour faire rouler un transport en commun propre, genre petit train sur pneus et qui prendrait les gens aux anciennes gares ou aux carrefours et les rapprocherait de Bordeaux ex : Sauveterre-Créon-Latresne ? c’est une idée comme une autre. je pense qu’il faudrait récolter toutes les idées afin de faciliter la vie des gens.
    Encore une fois je suis un peu bavarde, mais quand ça m’énerve je m’exprime. Bonne soirée Jean Marie

  5. faconjf

    Bonsoir,
    plan, plan et rataplan … Dans ce document synthétique de 2008 ( 10 ans déjà !!) on retrouve l’ensemble des causes et conséquences de l’étalement urbain. http://www.annales.org/re/2008/re49/Sainteny.pdf
    On trouve l’ensemble des textes de référence en terme d’étalement urbain ( 8 rapports ) et notamment celui-ci :
    Rapport Boissieu
    Le rapport « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050 » (rapport Boissieu), publié en 2006, conclut notamment que : « Le rôle des élus locaux et de leurs services au regard du changement climatique peut viser la satisfaction des deux objectifs :
    Intégrer les dimensions énergétiques et climatiques
    ✔ dans les documents et politiques d’urbanisme de planification (SCOT, PLU, PLH…) ;
    ✔ dans les documents et politiques d’urbanisme opérationnel (zones d’activité, opérations de renouvellement urbain).
    Contenir l’étalement urbain pour réduire les consommations d’énergie
    ✔ orienter, de façon volontariste, la localisation des activités, des équipements et des zones résidentielles pour limiter l’étalement urbain ;
    ✔ favoriser les opérations de renouvellement urbain, la réutilisation des friches urbaines, la valorisation du patrimoine ;
    ✔ sensibiliser les décideurs et le grand public en les informant clairement sur les inconvénients de l’étalement urbain existant (coût des équipements urbains, temps de transport, ségrégation spatiale, etc.) ;
    ✔ limiter la dispersion des activités et des lieux de résidence, maintenir les écoles de manière équilibrée sur le territoire au lieu de concentrer les établissements sur la ville-centre ;
    ✔ limiter l’implantation des grands projets commerciaux, industriels et de loisirs sur des zones périphériques et/ou non desservies efficacement par les transports en commun.
    Le rapport note par ailleurs que : « Pour combattre ou organiser l’étalement urbain, tous les effets pervers de la fiscalité doivent être corrigés » et que : « Les collectivités territoriales doivent harmoniser leurs politiques régionales et départementales. »
    Ne cherchez pas ailleurs le foirage général des politiques conduites depuis les années 50, tout est dans les 9 pages de synthèse du document en lien ci-dessus. Tout est connu des causes depuis bien longtemps et les conséquences nous tombent dessus en effet cliquet.
    Et depuis 10 ans de ce constat accablant que s’est il passé ? Rien ou presque !
    La faute à qui? et bien à nous même et aux politiques serviles de procrastination qui ont cédé aux lobbys de la grande distribution, de l’industrie pétrolière et automobile, de l’immobilier, du bâtiment… Avec comme argument pour remettre à un autre demain le chômage que générerait les mesures appropriées impopulaires.
    Alors Nicolas le Bulot ou un autre Borloo, (n’avait et ) n’ont pas vraiment de pouvoirs pour changer nos modes de vie pour nous éviter la catastrophe, au fond les uns et les autres le voulaient ils vraiment?
    salutations républicaines

    1. bernadette

      Merci. C’est toujours de notre faute. Pourquoi ?.

      1. faconjf

        Bonjour @Bernadette, parce que nous avons les politiques que nous méritons et sans engagement citoyen pas de contrôle des élus. Parce que sans recherche d’informations nous sommes à la merci de la machine à décerveler d’Alfred Jarry qu’utilisent à fond nos maîtres à penser. Parce que nous ne sommes pas en démocratie mais en oligarchie bien verrouillée.
        Une oligarchie (du grec ancien ὀλιγαρχία / oligarkhía, dérivé de ὀλίγος / olígos [« petit », « peu nombreux »], et ἄρχω / árkhô [« commander »]) est une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante
        bonne journée

  6. JJ Lalanne

    En matière de pollution par le CO2, n’ oublions quand même pas que nous sommes des modèles par rapport aux pays nordiques ou à l’ Allemagne, ce qui ne nous dispense pas d’ efforts. Maintenant regardons que si nous sommes relativement vertueux chez nous, nous sommes responsables au plan international de bien des dégâts par nos industries aéronautique et automobile. Pour ce qui est de l’ automobile électrique rappelle toi que tu nous a démontré ici-même que c’était un bilan carbone catastrophique,pour l’ hybride n ‘ en parlons pas et quand à l’hydrogène dont je rappelais la commercialisation dans d’autres pays depuis pas mal de temps, sa production est extrêmement polluante sauf extraction par électrolyse très coûteuse donc peu utilisée actuellement. Avant de juger un système il faut bien étudier son impact en amont et ne pas oublier que s’ il y a une sectorisation des climatosceptiques,il y en aussi une de la part des autres. Quand au diesel, ne mélangeons pas tout ce n’ est pas l’ émission de CO2 qui lui est reprochée. Consommant moins que l’ essence et commercialisé dès le départ pour cela, il en produirait même moins. Il lui est reproché plus d’ émissions de particules mais si j’ en crois des motoristes que je ne peux citer pour des raisons évidentes, l’argument est commercial, le moteur essence produit autant ou plus de particules que le moteur diesel actuel mais il faut vendre… Moins de dispersion de l’ habitat, des transports en commun gratuits ou peu onéreux (cela donnerait un sens à nos contributions), taxation maximale des déplacements touristiques par avion et stop à leur promotion, etc etc,…

    1. faconjf

      mais il faut vendre… @JJ Lalanne et oui dans le débat essence /diésel voici la parole du diéséliste en chef de PSA : « Carlos Tavares, le patron de PSA, l’avoue en interne. Techniquement, le diesel moderne est guéri de tous ses maux. Mais la bataille politique est perdue! Au-delà des polémiques, la meilleure façon de faire baisser les rejets polluants est en fait la… mise à la casse des vieux modèles diesel mais aussi à essence, très polluants! C’est ce que propose le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot, avec ses primes à la casse. Éradiquer les véhicules de plus de quinze ans, qui représentent le tiers du parc roulant en France, permettrait de faire baisser de 50% les émissions de particules, souligne le CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles). Le gouvernement français en est bien conscient. »
      Donc on ne remet pas en cause le modèle de notre habitat, on focalise l’attention sur la pollution (qui découle de la politique suivie et jamais dénoncée) pour contraindre les Français à changer de bagnole. Le moyen c’est de redistribuer les impôts et de faciliter le crédit pour soutenir l’industrie pétrolière et automobile.
      Chapeau les énarques !!!

  7. J.J.

    Nous sommes confrontés à des manœuvres d’apprentis sorciers et à des abîmes de contradiction.

    On pourra toujours faire baisser (de façon non significative, d’ailleurs) les émissions de polluants, le réchauffement climatique, qui a commencé il y a certainement longtemps, et est accéléré par les activités humaines est irrémédiable.
    C’est un cycle perpétuel dans l’histoire géologique de la Terre.
    Toutes les bonnes résolutions (inapplicables et inappliquées) ne sont que des vœux pieux. Comme aurait dit irrévérencieusement mon prof de philo,les participants des COP 21,22,23,….87 « pètent dans l’azur »(au risque de trouer la couche d’ozone…).

    Quant aux médias béni oui oui, ils nous bassinent avec leur propension à vouloir nos culpabiliser, exemple : faut pas utiliser les véhicules qui polluent, faut pas manger ceci ou cela, faut plus (nouvelle lubie) utiliser les appareils électro ménager qui polluent énormément etc…
    Mais il faut consommer quand même pour faire déborder les escarcelles déjà pleines des exploiteurs du Peuple.
    4 pluviôse 226

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