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L’épargne populaire devient le cauchemar du monde du profit

L’observation des dépôts effectués sur leurs livrets d’épargne par les Françaises et les Français est au moins autant instructive de la situation du pays que tous les sondages. Or sur l’ensemble de l’année 2017, les épargnants ont abondé de 12,4 milliards d’euros, dont un peu plus de 10 milliards sur le seul Livret A le volume de leurs économies. Cette collecte avait été principalement réalisée sur la première partie de l’année (14,6 milliards d’euros de collecte en 8 mois) avant une phase de désengagement depuis quelques semaines (-360 millions). Il suffit de prendre en compte ces phénomènes pour constater que durant la période électorale toutes celles et tous ceux qui en avaient les moyens ont joué les écureuils gagnants au cas où…Le réflexe de peur de l’inconnu a joué à plein et donc les réserves ont considérablement augmenté ce qui tendrait à démontrer que la situation globale du pays était déjà en progression.
Fin 2017, l’encours du Livret A s’élevait à 271,7 milliards d’euros, son niveau le plus élevé des dernières années. En ajoutant les 104,3 milliards sur d’autres livrets plus spécialisés on arrive à un matelas de liquidités de 376 milliards d’euros, dont 2,68 milliards de capitalisation annuelle des intérêts (à seulement 0,75%). Une somme colossale à rapprocher du déficit budgétaire souvent présenté comme un gouffre mettant en péril l’existence même de la France  alors qu’il ne se situera qu’à 77 milliards d’€ ! On peut ajouter que malgré la baisse des rendements, l’assurance-vie reste aussi un placement très prisé par les Français. À titre indicatif, encours contrats s’établissait à 1679 (sic) milliards euros , à fin novembre 2017, Bien entendu cette comparaison ne sera pas faite avec le fameux déficit par les éminents politiques qui gouvernent car pour eux il faut sans cesse des mesures destinées à réduire cette dernière somme qui excite Bruxelles.
Il n’est pas inutile de préciser que dans le même temps il est imposé aux collectivités territoriales dispensatrices des services de proximité indispensable à la qualité de la vie un volume d’économies estimé à 13 milliards ! La ponction effectuée grâce à la ponction sur les retraités via une sévère augmentation de la CSG est évaluée pour sa part à un peu plus de 20 milliards. Là encore il faut effectuer un lien entre ces données financières pour bine comprendre qu’il y a une autre idée dans la tête des « saigneurs » de Bercy !
Quand on sait que les livrets d’épargne servent essentiellement au financement des prêts effectués par la Caisse des dépôts et Consignations en faveur du logement social on commence à être sur la piste. Les mesures prises (baisse APL, baisse des ressources pour les organismes HLM, diminution des aides de l’État) vont dans le sens d’une non utilisation des milliards placés (hors imposition) par les petit(e)s épargnant(e)s pour ce secteur de l’économie solidaire. L’ambition c’est de réorienter cette manne vers le milieu économique et américaniser ou « allemandiser » les placements effectués par des personnes trop prudentes. «Je ne crois pas que les Français soient fâchés avec l’économie, avec les entreprises ou avec la Bourse: nous sommes en réalité un vieux pays capitaliste», avait déclaré le premier ministre Édouard Philippe en ouverture d’une rencontre organisée à l’assemblée nationale sur cette volonté de vider les livrets pour garnir les capitaux des PME. Les banques ne vont tout de même pas prendre de risques : il vaut mieux que ce soient des braves péquins qui aillent boursicoter ! Alors on a gelé pour 2 ans le taux de rémunération de l’épargne populaire.
On a acté la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI). En outre, elle a permis la mise en place d’un prélèvement unique forfaitaire (PFU) de 30% sur les revenus du capital mobilier. Autant de mesures destinées à inciter tout le monde à entrer dans le système libéral et à devenir un « actionnaire » avides de dividendes. Ce serait mortel pour les valeurs portées depuis des décennies par le principe de l’épargne sécurisée.
Si l’on se réfère par exemple aux annonces du jour du groupe Carrefour on constate que le PDG échange Plus de 2 400 suppressions d’emplois qualifiés du tertiaire contre… une augmentation en bourse pour les actionnaires de 3,22 % sur une seule séance ! Au total ils auront gagné sans absolument rien faire la bagatelle de 475 millions soit si on fait un calcul simple un « départ » a rapporté 226 000 euros à celles et ceux qui « s’enrichissent » en dormant. C’est un risque que ne prennent pas les personnes qui placent de petites sommes souvent économisées sur des livrets qui même s’ils ne leur rapportent rien leur permet de ne pas encore participer à cette course au profit qui ne fait que conforter les inégalités et les drames sociaux qui désormais ne chqouent plus grand monde !

Cet article a 7 commentaires

  1. LEON

    Merci pour ces infos précises.
    L’arnaque démesurée.
    Va falloir pour les petits vider les plans et livrets… ?
    …et sortir le bas de laine ?

    1. bernadette

      Il faut que l’argent circule, ne pas laisser l’argent sur le livret trop longtemps, sinon l’Etat s’en empare.

  2. J.J.

    Tous ces milliards dont ils ne peuvent pas disposer, qu’ils ne peut ni dilapider ni détourner à leur profit !
    Qui sont en possession de tous ces gens qui ne sont rien, peut être des illettrés, ou des ivrognes, voire des cyniques ou des fainéants !
    Un crime de lèse majesté versaillaise !
    De quoi rendre malade les requins, vautours, caïmans et autres charognards de la phynance, qui lorgnent et bavent de concupiscence sur nos trois sous économisés avec plus d’efforts et de peine que ces parasites sont incapables d’imaginer, eux qui n’ont aucune notion de ce qu’est le travail quotidien (quant on a la chance d’en avoir) .
    4 pluviôse 226

  3. DUCLOU jean louis

    ayant fait partie d’un club d’investissement organisé par la société Générale. j’en ai tiré la conclusion que la manipulation des cours n’a pas d’autre objet que de faire plumer les petits par les gros. J’ai détenu quelques action de France Télécom pendant un ou deux ans. Elles ont fait l’objet d’une offre publique d’achat avec retrait obligatoire ou je n’ai reçu que le prix de souscription. La bourse moins rentable que le livret A sans compter les frais de garde perçus par la banque
    Globalement je n’ai rien perdu et je ne parle pas d’euro tunnel Après cela certains s’étonnent que les français préfèrent les livrets réglementés.
    il ne faut être surpris que les multiples tentatives de réorientation de l’épargne fassent un flop depuis les sicavs Monory, les PEA etc.

    1. J.J.

      DUCLOU Jean Louis @ J’ai fait le même genre d’expérience, l’argent de mes cotisations mensuelles au club m’a rapporté grosso modo la même somme que si j’avais placé cette somme sur le livret A .
      Mais j’ai beaucoup appris ! La spéculation en bourse, par exemple.
      Le président du club a gagné le pari de nous faire gagner (ou plutôt ramasser sans peine) de l’argent avec des actions d’Euro-tunnel. Suffit de prendre ou d’avoir le temps et de bien observer et d’agir au bon moment !
      5 pluviôse 226

  4. jacques

    Et si le fait de placer ses économies sur un simple livret A était aussi un acte politique ?
    C’est mon cas ! Je considère que le capitalisme sauvage que nous subissons depuis plus de 30 ans a gagné lorsqu’on a créé, et applaudi, l’actionnariat salarié et l’ouverture des actions à l’ensemble de la population par les dénationalisations. En faisant entrer dans le circuit la majeure partie des petits épargnants on les habitue à un système pervers auquel ils s’opposeraient plus ou moins violemment s’ils n’étaient pas partie prenante. Je m’explique. Le but d’un actionnaire, même petit, est que son investissement lui rapporte le plus possible. Dans ce cas peu lui importe que la montée du dividende soit générée par l’essor de l’entreprise ou des licenciements boursiers. Il n’en a d’ailleurs souvent pas conscience et l’important pour lui est seulement que le taux du rendement soit supérieur à l’inflation et aux frais de garde grassement encaissés par la banque. Cette situation est confortée par la nomination à la tête de ces entreprises de gouvernants qui ne sont pas rémunérés sur l’évolution positive du groupe mais sur l’évolution du cours de l’action.
    On en arrive des situations très schizophréniques comme on les adore en France où des salariés descendent dans la rue pour protester contre les licenciements boursiers dont ils sont victimes tout en ayant placé par ailleurs leurs maigres économies dans des plans d’actions (PEA ou autres) où le rendement est en partie assuré par des licenciements boursiers dans d’autres sociétés. Mais tant que cela ne nous concerne pas, on ferme les yeux n’est-ce pas ?.
    Et ce n’est pas fini, nos actionnaires attendent avec délice la nouvelle réforme des retraites par points prévu par Jupiter qui va générer des milliards à placer et jouer au monopoly boursier. Vous avez regretté qu’il n’y ait pas de fonds d’investissement vautour français, ne désespérez pas, ils arrivent !
    Au final, le ratio 80 % du PIB annuel pour les riches et les miettes pour les pauvres a encore de beaux jours devant lui.
    Aussi ayant compris cela je me refuse à participer à ce système et même si je perds de l’argent, ce qui n’est jamais agréable le conçois, je préfère placer mes petites économies dans le livret A ou des plans épargnes non adossés à des actions. J’ai au moins ma conscience pour moi et peut gueuler sans retenue contre les chacals qui nous gouvernent (les possesseurs du CAC 40 par les élus qui les servent).

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