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A votre santé, les pauvres trinquent…

Lorsque dans un pays l’espérance de vie est liée au niveau des ressources, que la sécurité sociale est dans le collimateur, que les hôpitaux sont au bord du gouffre, que les EHPAD publics habilités à l’aide sociale sont en péril, que la carte bleue est devenue Vitale pour les dépassements d’honoraires on doit légitimement se poser la question du niveau des valeurs républicaines. République : elle a été invoquée lors des émouvants discours en Corse mais au quotidien il s’agit d’un concept vidé de son sens que l’on confond avec une forme de gestion réputée démocratique. En fait nous avançons inexorablement dans la « contrainte » du fric, « l’inégalité » institutionnalisée et la « rivalité » exacerbées dans la plus parfaite indifférence.
Des femmes et des hommes ne se soignent plus car ils n’ont plus les moyens d’accéder à un service public de santé submergé et privé de moyens. Or une récente étude de l’Insee allant de 2012 à 2016 (Institut national de la statistique et des études économiques) prouve que plus on est aisé, plus l’espérance de vie à la naissance est élevée. Ce devrait être le titre de tous les médias français ! Ce devrait être un sujet de débat au Parlement ! Ce devrait être un motif de pétition citoyenne. Or ce sera une tempête dans un verre d’eau pour cachet d’aspirine !
Tous les principes sont bafoués quand on constate que le niveau de vie des personnes parmi les plus aisées est en moyenne de 5 800 € par mois. Parmi ce 15 % des personnes qui sont les plus aisées, les hommes ont une espérance de vie à la naissance de… 84,4 ans tandis que parmi les 5 % plus modestes dont le niveau de vie moyen est de 470 € par mois, les hommes ont une espérance de vie de 71,7 ans, soit un écart de… 13 ans. Impossible d’imaginer que le fric puisse creuser un écart de 13 ans d’espérance de vie entre deux citoyens d’un même pays ! Chez les femmes, cet écart est moins marqué car l’espérance de vie à la naissance des femmes parmi  les 5 % ayant un niveau de vie supérieur atteint 88,3 ans, contre 80 ans parmi les 5 % les plus faibles. On tombe seulement à un supplément de 8 années ! Par ailleurs, l’étude précise qu’avec ou sans diplôme, plus on est aisé, plus l’espérance de vie augmente, vraisemblablement parce que c’est le niveau de vie, plus que le niveau d’études, qui facilité l’accès à la prévention et aux soins. Un intelligent pauvre n’a pas d’espoir de vivre plus longtemps qu’un riche idiot !
On trouve dans cette étude les précisions suivantes : « la vie souvent plus longue des femmes s’explique notamment par certains de leurs comportements plus favorables à une bonne santé. Par exemple, d’après le Baromètre Santé 2014, seulement 5  %des femmes âgées de 18 à 75 ans consomment quotidiennement de l’alcool, contre 15 % des hommes du même âge. De plus, les femmes bénéficient d’un meilleur suivi médical, en particulier pendant la vie féconde. Par ailleurs, leur durée de travail est plus faible que celle des hommes, ce qui réduit ainsi leur exposition à des risques professionnels. Enfin, selon certaines études, les femmes disposeraient d’avantages biologiques expliquant en partie leur espérance de vie plus longue ». C’est connu et vérifiable par les statistiques ! On peut également trouver dans ce document qui mériterait un véritable débat public une différenciation selon les zones dans lesquelles on passe sa vie. Pour être clair et paraphraser un sketch de Coluche si vous êtes pauvre, habitant du Nord et dans un secteur économique exigeant votre âge de décès est nettement… avancé !
En Ile-de-France, cette probabilité est par exemple la plus faible alors qu’elle est la plus forte dans les Hauts-de-France. C’est en Occitanie et dans les Pays de la Loire que l’on vit le plus longtemps, probablement en raison de différences culturelles (notamment l’alimentation), comportementales (consommation d’alcool), tabagisme, pollution environnementale ou encore liées à l’offre de soins. On pourrait ajouter à ces critères celui du niveau de pollution ! En fait il existe des parties du territoire où commence aussi à se faire sentir la désertification médicale de proximité, la rareté des structures hospitalières équipées et performantes.
Ce constat ne va qu’empirer dans les prochaines années. Il sera difficile de garantir à chaque citoyen(ne) une durée de vie assez proche d’un équilibre réel. Lorsque j’ai été opéré du cœur, dans le service de pointe où j’ai été remarquablement soigné, en arrivant au bloc je me suis entendu demander par l’infirmier anesthésiste : «  vous parlez français ?… Ah ! Bon ! Vous êtes le premier de la journée.. ; » En effet des malades venant de très loin, ayant les moyens financiers de régler des additions très élevées, viennent régulièrement se faire opérer dans cet… hôpital public où il faut avoir la chance d’obtenir une place dans un délai raisonnable. Nous avons globalement un des meilleurs réseau de service de santé du monde. Il ne résistera pas longtemps aux principes du nouveau monde appliqués en France !

Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,
    Une santé précaire n’est pas liée aux ressources. Je connais des personnes certainement milliardaires qui ont une santé précaire.

  2. Philippe LABANSAT

    On peut facilement faire le lien avec l’article précédent.
    Nos compatriotes ont bien compris que la médecine à 2 vitesses est maintenant bien en place, elle aussi, et leur vote, là non plus, n’y changera rien…

    1. bernadette

      Macron et ses députés n’en n’ont rien à faire et Melenchon non plus. Bien payés à leur poste d’élus. Ils se votent leurs rémunérations accompagnés de leur protection sociale. C’est le rêve.
      Il serait convenable de regarder la sectorisation des médecins, chose que la Ministre de la Santé n’a pas fait. Notre Ministre a cédé aux syndicats des généralistes pour une augmentation de leur consultation mais les secteurs sont en concurrence les uns contre les autres. Une mésentente qui porte tort à la qualité des soins. Il faut revoir tout ça c’est à dire le contenu des conventionnements.

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