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Les partis dans le piège de la réforme constitutionnelle

Dans le contexte actuel de l’opinion publique la stratégie de l’Elysée sur la réforme des institutions est d’une diabolique habileté pour affaiblir la démocratie représentative et préparer une professionnalisation outrancière de la vie politique nationale. Elle consiste à forcer les représentants des partis traditionnels à se « suicider » ou à conforter l’image très négative qu’ils ont dans un électorat les ayant écartés antérieurement du jeu démocratique. En annonçant 30% de parlementaires en moins et 15% de proportionnelle aux législatives le Premier Ministre a jeté un énorme pavé dans la mare. Si on rapporte ces chiffres à la Gironde c’est la disparition annoncée de 4 députés et de 2 sénateurs ! Des circonscriptions électorales immenses dans le milieu rural et avec près de 200 000 habitants pour des députés qui seront dans l’incapacité absolue de s’inscrire dans la proximité. C’est une véritable sanction pour un tiers des élu(e)s actuel(le)s qui appartiennent à la mouvance « En Marche » puisqu’ils (elles) sont déjà hors course en raison de la fusion probable des territoires électoraux !
La réforme de la carte des circonscriptions va encore relever d’habiles calculs comme l’on fait avant eux les Ministres de l’Intérieur de la V° République de toutes les appartenances politiques. D’ailleurs certain (e)s d’entre eux savent que leur sort est scellé. On sent bien que les nouvelles venues cherchent leur salut dans une présence parisienne mais délaissent totalement le terrain…qui ne leur apportera absolument rien ! Quant aux sénatoriales les places vont être chères surtout si les municipales ne donnent par de véritable avance à un camp ou un autre ! L’Élysée sait fort bien que forcément il sème la zizanie dans les oppositions et que de cette manière il resserre son autorité sur les parlementaires de sa majorité puisque forcément il ne gardera que celles et ceux qui bossent de manière conforme aux souhaits du gouvernement.
Grâce à la proportionnelle il se préserve un « noyau » dur de député(e)s qui grâce à des alliances avec le ventre mou du centre aura une opportunité d’échapper aux contraintes locales. Ce taux de 15 % ne « satisfait » pas l’objectif de « sortir durablement de la bipolarisation et représenter les différentes sensibilités politiques », ont averti les députés MoDem. Il est certain que personne ne s’opposera à cette initiative puisque l’on sait que les « grands » leaders s’assurent une élection en se plaçant dans le haut de la liste ! C’est une assurance de vie politique nationale ! Il ne restera plus que les conseillers départementaux (s’ils subsistent), les député(e)s ne figurant pas sur la liste nationale et les élus locaux des communes de moins de 1 000 habitants qui seront désignés au scrutin uninominal à deux tours.
Les marchandages ont débuté avec des échanges politiciens sans pareil. Il faut en effet une majorité au Sénat pour garantir sur certains points un Congrès positif. Et là Les républicains ont la clé du scrutin. S’il s’opposent frontalement à la réforme ils font « défenseurs des intérêts personnels » et s’ils lâchent prise ils abandonnent une bonne part de leurs forces en route ! La Gauche n’est pas mieux ne sachant pas par quel bout prendre la réforme… Les trois projets de loi de réforme (ordinaire, organique et constitutionnel) seront au menu de l’Assemblée probablement en juin-juillet, du Sénat à la rentrée, en vue d’une adoption définitive repoussée à 2019 car il y a déjà bien de sujets de discorde dans le pays pour en rajouter un.
Actuellement deux pistes existent avec le congrès (majorité des 3/5° à réunir) ou le référendum sur les modifications constitutionnelles constituées par la suppression de la Cour de justice de la république , la réforme du conseil supérieur de la Magistrature et le processus de fabrique de la loi ! Aller à un référendum sur ces sujets c’est un bide assuré sur la participation mais un succès assuré. Avant il est indispensable que les deux assemblées votent les textes en termes similaires. Ce ne sera pas trop difficile. L’exécutif n’aura pas trop à marchander pour que les autres propositions (proportionnelle, hara-kiri parlementaire et non-cumul au-delà de 3 mandats identiques) passent au palais Bourbon puisque c’est là que se trouve le dernier vote et où la majorité En Marche est absolue.
En cas d’impasse au Sénat et dans un éventuel Congrès, Emmanuel Macron n’a jamais exclu le recours à un référendum (article 11 de la constitution), arme constitutionnelle très encadrée et pouvant être à double tranchant. Il est bien connu que souvent des conjonctions d’oppositions parviennent à détourner la consultation de son objectif initial. En c’est tout bénéfice tellement le discrédit sur les élus conduira l’opinion publique à trouver indispensable, efficace, normale et novatrice la vision consistant à diminuer le nombre de parlementaires sera populaire ! Lentement se met en place une confiscation du pouvoir pernicieuse car basée sur des idées reçues instillées dans les esprits de moins en moins conscients des enjeux démocratiques !

Cet article a 11 commentaires

  1. JJ Lalanne

    Pas besoin pour l’ électeur de se faire instiller des idées reçues. Il se trouve avec des élus députés sincères ou clientélistes souvent inaccessibles qui, lorsque après des séances de foire à l’Assemblée Nationale finissent par se mettre d’ accord, voient leur travail rejeté par des sénateurs élus par copinage (pardon, par démocratie indirecte). Des commissions parlementaires qui se croisent avec des rapports,des enquêtes,des études, quasiment tous contestés. Une grande partie de la population active privée de droit de vote alors qu’ elle participe au développement du « pays » (je parle ici des « immigrés »). A l’ ère d’ Internet,Google,Facebook et autres Twitter, le système parlementaire français est à bout de souffle. Pour déboucher sur quoi? Il devient urgent d’y penser parce que apporter des modifications pour favoriser l’ action d’ un gouvernement quand il devient impopulaire, ça ne peut satisfaire personne. Tout au plus cela peut-il faire honteusement porter le discrédit sur de malheureux élus victimes eux-mêmes d’ une machine qu’ il ne dominent plus (sauf au plan local mais bien entravés, c’ est autre chose).
    Pour ce qui est d’ un référendum, on est nombreux à penser à l’ aventure de Charles le Grand (plus réjouissant que l’ effet du référendum sur la constitution européenne). Chiche… A défaut de faire avancer les choses, ça peut faire un petit moment de bonheur!

  2. Philippe LABANSAT

    Du billard à sept bandes pour conforter le trône du prince.
    Du point de vue démocratique, la réforme consttutionnelle relève de la thanatopraxie. Personne ou pas grand monde n’est dupe.
    Mais notre pays aime trop peu la liberté et la (vraie) démocratie pour que l’on puisse espérer que cette tambouille n’aboutira pas… avant la tambouille suivante…

    1. bernadette

      Bonjour Philippe,

      Il semblerait que les éboueurs du Smicval sont en grève. L’économie circulaire voulue par certains décideurs politiques n’apporte pas
      rien de bon ni pour eux (éboueurs) ni pour l’habitant.
      La grève est dans la logique même. Avec mon voisin nous l’avons compris.
      Il devient urgent de revenir à l’ancienne méthode. Ramassage des poubelles tous les 15 jours.
      Quelles conditions de travail ont ils ces éboueurs ?
      @ bientôt

  3. JJ Lalanne

    Les gens aimeraient la démocratie s’ ils y étaient invités en dehors des élections et encore faudrait-il que l’ éducation les y ait initiés. Résumer le danger du fascisme au ressassement de la Shoah ou à l’ indigestion de films sur l’ occupation est contreproductif. On se fait plaisir mais on en fait oublier toutes les formes que peut prendre cette plaie. Nos anciens enseignants pour avoir vécu un fascisme pur et dur nous donnaient des clés pour s’ en défier mais le serpent s’ est adapté et a pris une apparence « soft ». Nos gouvernants et élus en jouant comme ils le font au lieu d’ amener la démocratie à maturité la font sombrer pour le plus grand bénéfice de nostalgiques d’ un passé peu reluisant.

    1. bernadette

      Donc les élections et le suffrage universel c’est du pipeau !
      Pourquoi voter !
      Pourquoi les mairies font elles voter les habitants ?

  4. bernadette

    Quelque soit le parti politique, la représentativité est anti democratique. Il devient nécessaire de renverser toute cette illusion politique. Le peuple doit décider sinon il n’y a rien que des identités representants une marque politique.

  5. JJ Lalanne

    Il faut arrêter de tirer sur les maires car à part ceux de grandes villes comme Bordeaux, où on se demande qui les conseille, ils sont en direct avec les réalités de leurs communes. On sait qui ils sont,on sait où ils sont, on sait ce qu’ il font et on peut les interpeller. Quand j’ai, à une période, représenté du personnel ou un syndicat, j’ ai eu l’ occasion de voir comment beaucoup vous crachent dessus mais personne ne veut prendre votre place. Ça va même quelques fois assez loin, du type: « non, non,ne change pas, reste à ce syndicat car le notre (FEN de l’époque, avant UNSA) ne peut signer un accord suivant le code du travail, il faut quelqu’un pour nous représenter » et le sacrifié en avancement et autre c’ était ma pomme. Alors les élus, ou représentants, par pitié, foutez leur la paix ou présentez vous. Même ceux que je considère comme mes adversaires je ne dirai jamais que ce sont des fainéants.

  6. bernadette

    Les petits maires des petites communes ne reçoivent pas les syndicats pour défendre le personnel communal. Le personnel communal est géré par d’autres structures.

  7. bernadette

    Il serait démocratique que les maires se regroupent pour les lignes regionales pour défendre les trains régionaux et les bus (trans gironde) qui vont avec. Ex : ligne bordeaux st jean – St Mariens. Si tous les Maires de cette ligne se regroupent pour défendre ce mode de transport pour le habitants des communes respectives, ce serait démocratique.

  8. pc

    petit calcul: 577 – 30%= 404 députés x 15%= 60 députés élus à la proportionnelle soit 20 à 25 députés minimum pour la peste brune à rajouter à ceux élus à l’ancienne ça pourrait faire 40 députés, voire + si la participation est faible. Inespéré pour Marine, elle va pouvoir lui faire une bise à Manu…

  9. JJ Lalanne

    Mais ça lui enlèvera partiellement l’ argument de ne pas être représentée à hauteur de son audience, ce qui est une réalité qui lui fait une pub énorme. Sans cela Wauquiez aurait récupéré la majorité de leurs électeurs. Ce qui ne serait pas beaucoup mieux, j’ en conviens. Les conduire à s’ exposer peut également permettre de les faire s’ auto-détruire. On l’ a vu pour le père Le Pen en 2002 paniquant face à l’ éventualité d’ être élu et pour la fille en 2017 où même son parti a explosé. Naturellement, il faut en face éviter de déc…et là il y a beaucoup de travail!

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