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Aura-t-on un service bien compris ?

Encore une fois, une stratégie de communication se met en place au plus haut niveau de l’Etat afin de valoriser le retour du « service national » abandonné il y a un peu plus de 20 ans par Jacques Chirac. C’est en effet le 22 février 1996 que le Président de la République, annonce au cours d’un entretien télévisé une profonde réforme de la Défense. « Le service militaire a été créé en 1905, comme vous le savez, à une époque où il fallait des poitrines à opposer à d’autres poitrines – si j’ose dire – face à un danger extérieur », explique le Président Chirac. « Cette époque est complètement révolue. Nous n’avons plus besoin d’appelés, de gens faisant leur service militaire. » Suite à ces annonces, un grand débat national est lancé dans les mairies et les préfectures pour recueillir l’avis des Français sur cette réforme, notamment sur le volet du service militaire.
Le 23 mai 1996 : la mission d’information de l’Assemblée nationale, après avoir mené plus de 70 auditions, rend un rapport, « la France et son service » où les principales orientations sont indiquées. Le 28 mai 1996, Jacques Chirac propose « que le service national que nous connaissons aujourd’hui soit supprimé dès le 1erjanvier 1997 ». Il faudra attendre le 28 octobre 1997 pour que la loi portant réforme du service national soit promulguée par le chef de l’Etat. Elle officialise la suspension, et non la suppression, de l’appel sous les drapeaux. Une erreur car elle a brutalement interrompu un lien entre les jeunes et la République. Mais ce fut une décision essentiellement… financière !
Il ne s’agissait certes pas de maintenir le coté « guerrier » de cette séquence de la vie sociale mais de l’adapter à un « service d’intérêt solidaire » à l’égard de la collectivité nationale et en faire une condition obligatoire à une demande de nationalité ou à une entrée au service de l’État républicain tant pour les filles que les garçons. Dans la mesure où sa durée aurait été très réduite et son contenu largement modifié il aurait été accessible à tout le monde. Le Président de la République actuel a décidé de relancer une forme de contribution de chaque jeune via le « service national universel » et je soutiens cette initiative si le contenu est orienté vers une « éducation civique » et vers le « vivre ensemble ».
Les grandes lignes du projet sur lesquelles semblent arrêtées. Ce sera d’abord sur une durée de un mois avec des séquences distinctes qui sera effectuée dans les collèges ou les lycées. Il me paraît indispensable que tous les jeunes déjà effectivement parties prenantes dans une action volontaire d’intérêt général (jeunes sapeurs-pompiers par exemple, jeunes secouristes, jeunes gestionnaires d’une activité associative…) puissent faire valoir leur engagement. Il y aurait en effet prévu dans une « courte période de brassage » en internat que les « gestes de premier secours » soient systématiquement enseignés avec les réflexes indispensables à avoir en temps de crise , une éducation à la citoyenneté active, une période de prévention des risques et des addictions sont à l’étude.
Il parait indispensable de l’accompagner d’une véritable bilan de santé et de niveau afin de détecter des phénomènes qui aggravent les inégalités depuis de longues années. Pour ma part l’approche des armes est à proscrire totalement mais une présentation du rôle des armées ou des forces de l’ordre (gendarmerie, police) me paraît indispensable.
La réussite de cette initiative reposera essentiellement sur la qualité de l’encadrement, de ses approches et de ses méthodes. La diversité paraît indispensable avec le recours à « une société civile associative », « le service civique » ou «  la réserve ». Il est indispensable qu’un lien intergénérationnel soit créé grâce à ces séquences diversifiées. Si on en revient à un système « scolaire » bis l’échec est garanti. Des moments d’échanges entre jeunes, la mise en œuvre de projets concrets de solidarité, des rencontres sur des thèmes choisis ou proposés peuvent également éveiller les consciences. Il leur faudra une part d’initiative ou l’effet souhaité sera inatteignable : ramener le maximum de ces participant(e)s vers une vision globale de la citoyenneté.
Un investissement sociétal paraît par ailleurs inévitable compte-tenu du coût de l’opération qui se situerait entre 2,5 millions et 3,1 milliards. Une « mobilisation générale » est à décréter et à mettre en œuvre : mouvement sportif, mouvement associatif, milieu économique, structures publiques car l’enjeu est décisif pour l’avenir d’une appartenance républicaine ne tenant plus qu’à un fil. A la fois assemblage de moments de partage, d’apprentissages utiles, de projets, se solidarité ce « service national universel » peut l’espace d’un mois transformer en citoyen(ne)s celles et ceux qui se préparent à devenir des consommateur(trice)s de la vie sociale. C’est un objectif très ambitieux mais vital !

Cet article a 9 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,
    J’opterai plus facilement sur l’apprentissage. L’apprentissage pour exercer un métier est vital.
    Dans le passé, il y avait des centre de formation acceleree. Que sont ils devenus ?
    Oui le travail est un bien pour les générations que sont les jeunes.

    1. FLORES Robert

      Vous avez raison, l’appentissage doit être beaucoup plus valorisé et promu.

  2. JJ Lalanne

    Pas bête, l’idée de rapprocher les jeunes du monde du travail… Maintenant, pour un mois, c’est absurde, inutile et coûteux de faire quoi que ce soit.Un mois à rien foutre si ce n’ est à freiner le fonctionnement de services ou assos. Pour du positif, c’ est à dire en s’ impliquant, c’est un minimum d’ un an. L’armée sans les armes, je connais, on a été nombreux à servir gratos de chauffeurs,secrétaires,cuistots,mécanos, etc. Des emplois qui allégeraient le budget de l’ armée et fausseraient les chiffres du chômage. Mieux quand même que l’ armée de jadis où ceux qui découvraient la civilisation (il y en avait), découvraient surtout comment boire, fumer, « aller aux putes », tirer au flanc et par contre mal tirer sur des cibles. Ah,ils pouvaient voir que dans l’ armée on savait faire un lit au carré ou bien cirer ses pompes… Les politiques qui l’idéalisent pour la plupart n’ont jamais fait le service. Ou ils ont été exemptés,ou fait là coopération ou fait un service minimum tels les footeux appuyés par des députés. Pas la peine de me raconter des blagues, j’ étais à l’ État-major d’ un groupement de moyens régionaux, on pouvait tout voir… Opter pour un service civil, pourquoi pas mais assez long,minimum un an, pour extraire le recruté de son environnement (c’est pas gagné) et que ça ne serve pas à simplement piquer un emploi.

  3. bernadette

    Combien de jeunes sortant du système éducatif sont sans diplôme ?
    Personnellement je trouve que la théorie de l’égalité des chances doit être revu à l’école primaire et au delà. L’enjeu n’est pas de mettre l’enfant au centre du système éducatif mais de lui offrir la chance d’avoir un travail après le diplôme ou même sans diplôme.

  4. bernadette

    Les risques psychosociaux sont partout : dans les entreprises, dans les rues, à Paris par exemple.
    Oui la CGT s’est trompée, le syndicalisme c’est dans chaque entreprise, ce n’est pas dans les défilés de rue.

  5. J.J.

    La période de mon service militaire a eu des aspects positifs (mais si, mais si, il y en eut).
    Ce fut pour moi un moment privilégié d’échange avec des jeunes gens de régions différentes, de métier différents. Nous avons eu l’occasion de nous enrichir mutuellement des connaissances des autres.

    J’ai même été invité à l’aumônerie par de jeunes séminaristes qui voulaient avoir l’avis d’un athée (il fallait déclarer sa religion, ou non religion, au moment de l’incorporation) sur des questions dont ils débattaient.

    Bien sûr, je n’étais pas spécialement bien vu par la hiérarchie, qui me jugeait trop prés de « mes hommes ».
    Mon chef de peloton m’avait demandé de montrer plus de solidarité envers les autres gradés plutôt que de poser en « président du syndicat des 2éme classe ». C’est le plus beau compliment que l’on m’ait fait !
    Je lui avais d’ailleurs répondu, aggravant mon cas, que le responsable d’un syndicat n’est pas un président mais un secrétaire général….

  6. JJ Lalanne

    Tu as eu de la chance parce que en 72/73 mes « patrons » t’ auraient envoyé au « trou » ou dans un endroit merdique avant même que tu comprennes ce qui t’ arrive. Seule exception, c’ est qu’ ils soient intéressés par le fait de savoir qui t’écoute. Dur à voir et à entendre. J’ ai même vu des militaires parmi les plus durs être pris de mauvaise conscience après coup d’ avoir fait ce qu’ ils avaient fait.

    1. J.J.

      Ça m’a valu un certain nombre de jours d’arrêt, pour des prétextes hypocrites.
      J’aurais même eu droit à du « rab »si un camarade au secrétariat du commandant n’avait pas fait le nécessaire pour accélérer mon retour à la vie civile.
      D’autre part, sachant que je venais d’une unité au passé « sulfureux », qui avait ses relations avec la presse, on n’osait pas trop m’attaquer frontalement.

  7. JJ Lalanne

    Leur système était effectivement de donner des motifs bidons ou pas de motif du tout. Ça permettait de maintenir le secret des décisions,même les plus minimes et de traquer les sources. Des malheureux, en se confiant au Canard Enchaîné, en ont fait les frais. La Grande Muette est peut-être muette mais elle avait des yeux et des oreilles au sein de ce journal et d’ autres (elle doit toujours avoir). Ça surprenait toujours de voir des gens de la Sécurité Militaire en jean’s crades, cheveux longs et pull marin. Moi je ne risquais pas de faire de rab puisque ils m’ avaient pris comme leur chauffeur attitré. Réduit au silence pour cause de Secret Défense et coupé de la troupe. Même des commandant et colonels se sont fait virer de bureaux où ils croyaient pouvoir me suivre. Marrant mais aussi psychologiquement pesant d’ avoir vu et entendu des choses qu’ on aurait préféré ni voir ni entendre…

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