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Le péril de la disparition des corps sociaux intermédiaires

On peut au moins se poser la question… sans pour autant être un anti-macroniste primaire : l’affaiblissement puis l’élimination des corps sociaux intermédiaires constitue-t-elle la base du maintien au pouvoir du Président actuel ? Depuis un an il semble que la réponse soit positive et que les premiers résultats commencent à pointer. Dans la construction de la République française le rôle joué par les partis politiques, les syndicats, les associations, les collectivités territoriales ou les groupements de citoyens a été essentiel car ils contribuent à l’équilibre réel entre le pouvoir central législateur et le peuple. Passer d’une action individuelle à une action collective, rendiquer ensemble, négocier solidairement, avancer collectivement, faire confiance dans la représentation issue des urnes : autant de principes qui sont en péril !
Tout au long de l’Histoire ces contre-poids évidents ont été plus ou moins puissants dans le paysage social… et ont souvent été renforcé par la Gauche qu’ils ont parfois contribué à au nom de leur liberté d’action à affaiblir. Tour à tour ils ont traversé des crises au cours d’une V° Répubique bâtie sur une Constitution se voulant salvatrice par rapport aux errances de celle qui l’avaient précédée en renforçant le pouvoir central. En fait les seules « entorses » faites à ce principe centralisateur risqué pour la démocratie ont été celles des lois de décentralisation Deferre, des lois Auroux ou quelques améliorations de la participation citoyenne.
En s’opposant parfois aux demandes constantes du milieu du profit ces « corps intermédiaires » constituent désormais des obstacles aux réformes jugées indispensables pour que reviennent « la croissance », «  le plein emploi » ou que soit diminué « le déficit structurel » d’un Etat réputé omniscient. Depuis son installation dans un fauteuil présidentiel bancal sous le mandat d’un François Hollande prisonnier de son souci permanent de la synthèse molle non-conforme aux valeurs d’une bonne partie de celles et ceux qui l’avaient élu, l’occupant actuel de l’Elysée n’a de cesse que de saper continuellement ou de détruire frontalement ces « structures » pouvant entraver le engagements pris à l’égard des « mandants » qui ont été les siens.
En exploitant des lourdes défaillances des gens dirigeant les partis politiques durant la campagne présidentielle il a gagné sa première bataille. Il a été suivi justement parce qu’il a parfaitement su démonter (car il l’avait observé de l’intérieur) les faiblesses d’un système prenant l’eau de toutes parts. D’ailleurs il n’a pas commis l’erreur de reconstituer un édifice similaire à ceux qui se sont écroulés comme des châteaux de cartes, préférant avec LREM un ersatz malléable et au service exclusif du Président. En ressassant que le clivage entre progressistes et réactionnaires ou, énoncé autrement, entre droite et gauche n’avait plus de sens il a détruit tout débat idéologique offrant à l’opinion dominante un « pragmatisme » réputé courageux orienté vers le renforcement d’une nouvelle caste dirigeante ressemblant étrangement à celle qui gravitait en son temps dans les cours princières éclairées. Il faut convenir que la classe politique actuelle et passée, a largement facilité cette opération qui va se poursuivre dès les prochaines échéances électorales.
Les syndicats viennent d’entrer à leur tour dans la spirale qui va les entraîner vers leur déclin. Les actions en cours s’essoufflent et des rafales de sondages démontrent opportunément que le soutien de l’opinion publique est en baisse. La gravité désastreuse pour leur image des faits qui se sont déroulés lors du défilé du premier mai et dont ils ne sont pas responsables va dénaturer totalement le principe originel de la « manifestation ». Qui va prendre le risque de relancer des contestations pacifiques de la politique gouvernemental ? Qui va y participer dans ce contexte quand on sait déjà que le militantisme diminue de manière constante ? Qui va assumer une opportunité de mise en cause violente d’un pouvoir présenté médiatiquement comme soucieux de « réformer » dans l’intérêt des usagers, des contribuables, des paisibles consommateurs ? Qui cautionnera une nouvelle vague potentielle de débordements destructeurs du syndicalisme ? Dans quelques mois ces corps intermédiaires de défense de la protection sociale, de la solidarité, des droits des salarié(e)s ou de l’emploi seront contraints de passer sous le joug du « c’est à prendre ou à laisser » qui se prépare car ils seront sans force !
La recentralisation déguisée introduite par la Loi de Programmation des Finances constitue le troisième volet de cette reprise en mains. Via un faux « contrat » de gestion des dépenses de fonctionnement, via la suppression de leur levier fiscal remplacé par des dotation ou des taxes, le gouvernement vise à rendre moins visibles, moins efficaces, moins indépendantes, moins réactives, moins concurrentes les collectivités territoriales. Le discrédit permanent direct ou indirect touchant les élu(e)s locaux(cales), conforté grâce à des mesures populaires ou « populistes » selon l’angle d’appréciation (diminution du nombre de parlementaires notamment) masque une véritable diminution du contre-pouvoir réel de ces milliers de personnes engagées dans la proximité au service des autres. Qui se préoccupera de la diminution du droit d’amendement ? Qui se rendra compte du danger d’un éloignement encore plus grand entre le « national » et le « local » ? Qui va accepter la baisse des services de proximité ? Ce réseau des élu(e)s de base va s’affaiblir cat il va devoir assumer la désertification des services publics (il paraît qu’en octobre les annonces prévus seront terribles) génératrice d’une privatisation tous azimuts. Les associations sont aussi dans le collimateur sur la base de la réglementation européenne sur la « concurrence libre et non faussée » qui va en faire basculer une grande quantité dans le secteur marchand avec les conséquences fiscales afférentes. La baisse de leurs soutiens est en marche… en lien avec les contraintes pesant sur les collectivités seules entités qui les aident ! Que restera-t-il en 2022 de ces corps intermédiaires ? Des lambeaux !

Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    Je pense qu’il faut mettre sur les rails un autre militantisme. Un militantisme pour un service au public rendu. Les dirigeants syndicaux doivent redescendre de leur pigeonnier et donner à chaque travailleur la possibilité de leur propre expression. L’entreprise est le seul lieu démocratique.

  2. bernadette

    Personnellement je trouve que la déclinaison syndicale est construite comme une entreprise. Comme l’expliquer un économiste statisticien, il devient urgent de faire repartir l’économie depuis le bas de l’échelle pyramidale des métiers et des salaires sinon tout le haut détruit tout ce qui est en bas de l’échelle.

  3. Alain

    l oligarchie qui s’est mise en place sur des années
    a réussie a mettre a sa tête le chef qu’il leur manquait
    A présent tel un dictateur il va décider ce que Bruxelles lui dicte
    et ça présage des jours sombres pour les gens de rien , les sans dents !
    comme tu l’expliques ils ont tout rasé.
    qui va sortir la tête pour redonner aux peuple de France ses droits?

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