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L’inclusion systématique n’est pas la solution au handicap

L’inclusion est devenue la panacée dans bien des secteurs : éducation, dépendance, social… sans qu’une véritable évaluation ait été effectuée sur ses résultats. Pour l’instant dans presque toutes les situations on supprime les structures spécialisées pour affirmer que la personne en difficulté trouvera la réussite ou le bonheur. La panacée qui permet souvent de dissimuler une fâcheuse perversité consistant à supprimer des postes ou à diminuer des crédits. Il ne saurait cependant être mis en cause le principe de l’inclusion même qui offre par exemple une opportunité d’offrir à des enfants handicapés de suivre une scolarité « normale » ou à des personnes âgées de rester le plus longtemps possible à domicile mais il faut admettre qu’il a ses limites. La règle qui a tendance à devenir générale ne tient aucun compte du contexte dans lequel on l’applique. Il est toujours affirmé que les personnels d’accueil sont suffisants, formés et que c’est leur métier ! En fait ma propre enquête, par exemple sur les enfants autistes démontre le contraire avec certes des réussites mais aussi des échecs et des souffrances plus grandes que quand la prise en charge est effectuée dans un cadre spécialisé avec d’autres moyens humains et techniques. Il y a, et ne pas le reconnaître c’est trahir une idée louable, des exemples de mises en danger d’élèves « inclus » (on dit aussi intégrés) dans une classe pédagogiquement inadaptée Dans le système éducatif actuel, même accompagnés par des Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS) dévoués et compétents des situations sont proprement inadmissibles car elle accentue une souffrance de tout le monde (enfants, enseignants, parents).
Ainsi deux élèves «violents», âgés de cinq et six ans, « perturbent depuis trois ans la vie » d’une école primaire de la Loire. Ils affichent un « trouble du comportement » reconnu par la maison départemental du handicap et «perturbent depuis trois ans la vie de l’établissement». Ce duo bénéficient dans leurs classes respectives de grande section de maternelle et de CP de l’accompagnement de deux AVS. Ce sont des enfants aux besoins éducatifs particuliers mais les autorités font la sourde oreille car ils ne peuvent déroger aux instructions officielles. Il ya q aussi comme dans bien d’autres départements un vraie pénurie de places dans des établissements spécialisés ! Mais bien entendu c’est passé sous silence. En Gironde ce sont plus de 180 enfants,a adolescent(e)s ou jeunes qui attendent une affectation… au domicile de leurs parents ! Une mère célibataire, actuellement au RSA, expliquait dans une réunion de paroles autour de l’inclusion qu’elle était condamnée (c’est son terme) à ne pas travailler car elle n’avait aucune solution pour la pris en charge de son fils. Elle attend comme la communauté éducative du village de la Loire des réponses de l’inspection académique… car ces deux enfants sont en situation de mal-être à l’école. Pourquoi ne le reconnaît on pas ? Pourquoi s’obstine-t-on ? Les élèves handicapés doivent être intégrés, cela fait partie du travail des enseignants depuis la loi sur le handicap à l’école de 2005 mais jusqu’à quel point et dans quel intérêt pour les élèves malheureux et traduisant leur désarroi par la violence ou l’insoumission. Bien entendu cette situation extrême accompagnée malheureusement d’un décision outrancière de fermeture de l’école par le Maire ne saurait occulter les milliers de cas dans lequel l’inclusion s’effectue avec moins de difficultés. C’est une erreur !
Je peux d’autant plus en parler qu’il y a 40 ans j’accueillais volontairement dans ma classe des enfants souffrant de troubles du comportement venant de l’Institut AGREA… et que je connais parfaitement ce que cette décision comporte comme efforts.
Suppression de la formation d’enseignants spécialisés, raréfaction des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), fermetures de classes locales d’intégration scolaire ayant succédé aux classes dites de perfectionnement, diminution des niveaux des SEGPA dans les collèges, abandon des créations de places dans les établissements spécialisés… ce sont les réalités actuelles. Des parents ont décidé de faire appel à des solutions alternatives en finançant sur leurs deniers ou avec les prestations reçues pour leur enfant autiste des associations qui tentent de faire du « sur-mesure ». Le plan autisme ne les prend pas en compte suffisamment or elles jouent un rôle alternatif de premier plan et les appels à projets sont rares et vont à l’encontre de la doctrine officielle sur l’inclusion. Il faut admettre que chaque enfant en difficulté mérite une attention particulière, un suivi spécifique, une véritable réponse individualisée. Est-ce possible dans le système éducatif actuel ? J’espère ne pas me tromper en affirmant que les réponses existent mais… j’ai un doute sur les finalités des grands principes énoncés quand les moyens ne suivent pas !

Cet article a 5 commentaires

  1. JJ Lalanne

    Moi aussi à Créon,il y a 40 ans et juste en face au collège,j’ ai eu des élèves de l’ AGREA. Effectivement dur mais je suis toujours ému au point de ne pas pouvoir retenir mes larmes en pensant à la situation tragique de l’ un d’ entr’eux. Quel apaisement de l’ avoir vu se « civiliser » et non seulement accepter les autres mais aussi être accepté par eux. L’ enseignant pourra toujours servir de béquille, injecter de l’ instruction mais tant qu’ il ne se fera pas substituer par le vivre ensemble la société n’ évoluera pas et la rechute sera inévitable.

  2. J.J.

    Difficile de généraliser !
    Dans une maternelle où je faisais un remplacement, nous avions en petite section de maternelle un petit trisomique qui menait la vie dure à tout le monde : ASEM, maître, autres élèves. Il mettait parfois en danger ses petits camarades et empêchait tout travail.
    J’ai également « fait » de la SEGPA, dans un quartier réputé difficile. Après quelques rapports de force pour évaluer l’autorité du maître, j’ai eu le plaisir de travailler en confiance, avec des enfants appliqués, désireux de progresser, ne correspondant pas du tout à l’image colportée par la « rumeur publique ».
    Même chose, cette fois comme intervenant sécurité routière, dans une SEGPA spécialisée en horticulture : des élèves attentifs, appliqués, responsables. J’avais été vraiment impressionné par leur sérieux et leur attitude responsable.

    Mais évidemment cela demande du temps, des moyens qui, comme tout ce qui ne génère pas un profit immédiat, de substantiels dividendes, des revenus rapidement amassés sans effort, n’intéresse pas nos financiers.

  3. bernadette

    L’ handicap physique fait apparaître chez l’handicapé une différence par rapport aux autres.
    Pendant mes dernières années de travail à Bordeaux, chaque matin, je prenais le train avec un jeune trisomique qui était scolarisé dans un centre pour handicapé sur Bordeaux. Il connaissait plein de gens et à la simple contrariété, il devenait hyper anxieux et avait besoin de surveillance.

  4. bernadette

    Je ne suis pas enseignante, ni médecin, ni aidant mais j’ai remarqué que le point commun entre un trisomique et un autiste était l’expression orale, le dire.
    Je connais 2 jeunes autistes qui travaillent dans la viticulture, l’expression orale n’est pas au top mais par l’exercice de leur métier, ils ont progressé, ont passé le permis de conduire. Ils travaillent beaucoup. Se sentir utile devrait être la clé de la réussite.

  5. JJ Lalanne

    @JJ:Loin de moi l’ idée de généraliser mais si je n’ ai pas rencontré que des cas lourds, il faut savoir que là où on me faisait intervenir il y avait de gros soucis (Créon à part). Tel établissement où j’ ai dû exercer suite au départ en dépression en un mois de deux enseignantes successives. Une qui se réfugiait sur des meubles et l’ autre qui s’ enfermait dans les WC pour échapper aux élèves. Telle autre, chevronnée,partie en pleine crise de nerfs, sa voiture avec vitres arrière et latérales pulvérisées. J’ ai eu à me battre lors d’agressions au couteau, à la bouteille cassée,à l’ épée et au rasoir de coiffeur et je ne cite que le pire. L’ avantage de la médiatisation maintenant c’ est d’ empêcher que l’ administration étouffe ou ignore les affaires de ce type (ou au moins pas toutes). On est loin d’ un petit trisomique de maternelle ou de la SEGPA tranquille et ce n’ est pas plus de moyens qui résoudra quoi que ce soit dans ces cas. Pour avoir exercé aussi dans des centres d’ apprentissage, là, j’ ai vu aussi des élèves très durs parfois mais le risque de perdre leur contrat (donc leurs revenus) les faisait beaucoup plus réfléchir qu’ une exclusion de un,deux ou trois jours qui pour certains en ferait plutôt des « notables ». Autre avantage, le jeune peut voir l’ intérêt direct de beaucoup de notions apprises et grâce à ça j’ ai pu voir bien des élèves perdus de l’ EN se révéler même parfois brillamment. La motivation. Attention,je ne dis pas que tout est toujours rose mais de là à voir dénigrer ce système qui a sauvé bien des jeunes par exemple par tel Secrétaire Régional du Sneta pour d’ailleurs voir ensuite ce monsieur,le soir,venir y croquer de l’ heure sup, il y a un monde.

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