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L’usage des drones devient problématique

Il y a toujours dans les actions spectaculaires ou se voulant contestataires une bon ou un mauvais coté. Ainsi quand Greenpeace annonce qu’un drone en forme de Superman piloté par ses militants a survolé une centrale nucléaire française pour s’y écraser sur un bâtiment « vulnérable » il faut s’interroger sur l’impact réel de pareille communication. Les militant(e)s qui sont à l’origine de cette action ainsi que celles de l’envoi d’un petit avion télécommandé affirment leur volonté d’alerter les autorités et l’opinion publique sur la faiblesse de la surveillance de ces lieux extrêmement dangereux. Cette action « hautement symbolique » annoncée par l’ONG, photos et vidéo à l’appui, visait des piscines d’entreposage de combustible usé.
Greenpeace affirme que son engin a terminé sa course contre un entrepôt de ce type dans l’enceinte de la centrale EDF de Saint-Vulbas, près de Lyon, au centre-est du pays. Une alerte probablement salutaire mais qui pose le problème de savoir si ce type d’initiative ne permet pas à des gens très mal intentionnés d’exploiter de manière moins symbolique cette défaillance de la défense d’une installation pourtant réputée hautement sécurisée. Les drones en vente libre permettent en effet de préparer ou de mettre en œuvre des attaques pouvant devenir catastrophiques. C’est désormais une vraie menace contre absolument tous les sites protégés.
Électricité de France a voulu immédiatement rassurer en reconnaissant que si deux drones avaient survolé le site un avait été intercepté par les gendarmes. « La présence de ces drones n’a eu aucun impact sur la sûreté des installations. Il s’agit cependant d’une infraction au regard du code de la défense, qui donnera lieu au dépôt d’une plainte », a précisé EDF. « Le bâtiment combustible est un bâtiment important pour la sûreté, dimensionné notamment contre les agressions externes naturelles ou accidentelles, ce qui lui assure une robustesse élevée. Le survol de drone ne constitue pas une menace vis-à-vis de la sûreté ». Dont acte ! Il n’en reste pas moins vrai que d’autres faits peuvent inquiéter : des intrusions de militants de Greenpeace dans les centrales de Cattenom en octobre et Cruas en novembre avec le même objectif de dénonciation de failles dans la sécurité des piscines de combustible. En 2014 et 2015, des drones avaient survolé plusieurs sites nucléaires français, des actions non expliquées à l’époque alors que Greenpeace avait démenti toute action de ce type contrairement à cette fois.
Les drones ne vont pas trader à poser des problèmes sérieux de sécurisation de leur utilisation. Certes à partir d’un certain gabarit (plus de 800 grammes un permis est nécessaire) mais les conseils donnés aux autres restent très symboliques. Il ne faut pas survoler des personnes car les hélices peuvent blesser ceux qu’ils heurteraient. Il est fortement conseillé de ne pas voler au-dessus de 150 m même si l’appareil… peut aller jusqu’à 300 m ! Il est aussi prohibé d’utiliser cet engin la nuit, en ville ou à proximité des aéroports ou des aérodromes. Pour le reste il n’y a pas semble-t-il de périmètres de sécurité ou d’interdiction. Bien entendu la vie privée doit être respectée et les films réalisés sur les autres ne peuvent être diffusés sans leur autorisation… On est très éloigné des utilisations pouvant être envisagées par des esprits dérangés ou malveillants.
On a vu par exemple avec l’évasion de Redouane Faïd du centre pénitentiaire de Réau. Le commando, qui a permis l’évasion spectaculaire du braqueur, avait sans doute repéré les lieux par le biais de drones.  Il y a quelques mois, les services de l’établissement avaient repéré ce type d’engins qui survolaient l’établissement mais il n’y avait aucune réaction officielle. Il sera donc possible dans bien d’autres cas d’opérer de la même manière pour bien d’autres lieux puisqu’il n’existe aucun contrainte légale en la matière. Encore une fois les textes suivront au gré des événements malheureux pouvant se produire.
Quand on sait que les Chinois viennent de créer des drones ressemblant à de vrais pigeons mais leurs ailes sont mécaniques. Ils sont équipés d’un GPS, d’une caméra et d’un système de transfert par satellite des images, de haute qualité et en temps réel vers le sol. Les données peuvent être récupérées par la police, l’armée, des équipes de secours et même pour la protection de l’environnement. Cinq provinces chinoises les utilisent déjà, dont le Xinjiang qui est une région où vivent les Ouighours, une province très surveillée par l’armée chinoise déployée là-bas pour prévenir et réprimer les mouvements séparatistes islamistes. Ces drones ont la particularité d’être discrets, ils ne font pas de bruits et les radars ne peuvent pas les détecter. La Chine n’est pas le seul pays à utiliser des robots bioniques qui ressemblent à des oiseaux, l’armée américaine en a déployé aux États-Unis et l’Allemagne s’en sert aussi pour éloigner les oiseaux des aéroports.

Cet article a 4 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
    on n’arrête pas le progrès mais sans progrès moral il n’y a pas de progrès pour l’humanité.
    Les piscines à combustible des centrales nucléaires sont le tendon d’Achille de ces installations. En France, les piscines de stockage de combustibles usés ont des parois de trente centimètres ( 30cm ) d’épaisseur, dont 2 à 3 centimètres de tôle métallique. Les piscines elles-mêmes semblent solidement construites, mais ce n’est généralement pas le cas des bâtiments les abritant, qui sont « construits en matériaux conventionnels et a priori vulnérables à la collision d’un avion ou à des explosifs», ou comme on l’a vu à Tchernobyl et au Japon en 2011, très vulnérables à une explosion d’hydrogène. Et oui on peut imaginer qu’un petit avion, ou un gros drone, bourré d’explosifs serait en mesure de propager un feu de zirconium qui relarguerait une grande quantité de radionucléides dans l’air. Voila qui n’est guère réjouissant!
    Dans le cirque merdiatique où nous vivons, il faut savoir que les coups de comm de Greenpeace sont toujours déclarés à l’avance aux « victimes » (eDF, AREVA ou autres…) . Ceci dans le but de prévenir tous dérapages mettant en péril la vie des militants. Dans ces conditions on comprend que la réaction des moyens de défense des sites sensibles soit mesurée et souvent contrainte à l’état de spectateur. Il nous faudra sans doute attendre, très longtemps j’espère, pour voir la VRAIE réaction dans une attaque réelle.
    Notre société de « progrès !! » focalise sur le nucléaire mais ce n’est malheureusement pas la seule source de dangers aux radionucléides biologiques ou chimiques ( militaires, industriels, médicaux) vecteurs potentiels de bombes sales.
    Pour revenir aux drones, lourds ou furtifs, au global représentent-ils un progrès technique ou moral ? Là est la question!
    Salutations républicaines

  2. Bernadette

    L’innovation ne sert à rien sans maîtrise de soi. Le commerce de ces petits engins doit rapporter beaucoup d’argent à ses créateurs.

  3. JJ Lalanne

    Ce qui a changé c’ est surtout la qualité des images transmises car depuis longtemps les aéromodélistes avaient des engins bien plus performants que les petits drones. Vitesse,masse,distance et altitude,tout y était et y est encore. Leurs drones,maintenant,ne risquent pas de faire un tant soit peu de mal à une centrale nucléaire et il serait malvenu de les contrer systématiquement en dévoilant les capacités de défense. Une attaque chimique ou bactériologique sur une population urbaine pourrait elle être crédible et vraiment dangereuse. Rien à faire pour contrer dans ce cas.

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