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La gouvernance actuelle fait exploser la proximité

La disparition de références comme celle de la « lutte des classes », celle le la « solidarité active », celle de « la référence à la politique » a été accentuée depuis quelques mois au titre du modernisme de la gouvernance. Se basant sur la montée d’un individualisme sociétal croissant l’énarchie a décidé de profiter des circonstances pour discréditer tout ce qui peut d’une manière ou d’une autre constituer une opposition reposant sur un ancien système de pensée. Grâce à une communication globale toutes les réformes en cours ou à venir sont présentées comme «indispensables », « essentielles’ « salvatrices » rendant donc la tache de celles et ceux qui en doutent, qui veulent s’y opposer ou les condamner comme des ringards attardés ou des défenseurs d’intérêts particuliers désastreux pour l’avenir. Il s’agit toujours de la même méthode : s’appuyer sur une large majorité de député(e)s volontairement coupée de leurs mandants qu’ils n’identifient même pas pour avant 2022 renforcer le pouvoir central.
Allant de l’indifférence polie au rejet dédaigneux la stratégie commence à devenir préoccupante pour la démocratie.
Tous les corps intermédiaires organisés qui fondent l’équilibre démocratique sont dévalorisés et affaiblis puisque l’existence même de leur rôle est mise en cause. Ils sont raillés, caricaturés, ignorés et même méprisés.
Tous les textes qui ont été votés depuis 13 mois, dans tous les domaines, affaiblissent les syndicats, les associations, les partenaires traditionnels ! Au nom de « l’urgence » du rétablissement des comptes publics ou plus largement de la remise au niveau général du libéralisme réputé salvateur il est devenu monnaie courante que soit sabordées des valeurs fondatrices du système républicain.
Les arguments ultimes sur des sujets pourtant essentiels mettant en péril la liberté, l’égalité ou la fraternité sont ceux du « poids de la dette » et de la bassesse dépassée de positions réputées « politique ». Il est impossible de contester le bien-fondé de ces « armes idéologiques » jugées irréfutables et surtout soutenues (de moins en moins) mais soutenues tout de même par à la fois la pyramide technocratique retrouvant ce goût perdu de son pouvoir de caste et une opinion publique persuadée que le pays conduit au bord de la faillite par une vielle classe socio-politique dépassée par les exigences de notre temps.
Longuement entretenues médiatiquement les formules « tous pourris », « tous impuissants », , « tous menteurs », « tous privilégiés » appliqués aux autres servent de références au jugement porté sur les oppositions. En fait au fil des mois « refuser », « s’opposer », « résister » deviennent des signes évidents d’obsolescence sociale évidente. Personne n’est audible s’il tente d’expliquer qu’il y a certainement d’autres approches, d’autres responsabilités, d’autres chemins, d’autres moyens, d’autres méthodes ! Le pouvoir central est le seul à détenir la vérité et d’ailleurs elle est légitimée par des votes massifs de député(e)s lui conférant une véritable légitimité.
La réforme constitutionnelle va illustrer les effets pervers de cette gouvernance. Elle vise à « moderniser » le fonctionnement républicain et c’est suffisant pour justifier des mesures dont il est difficile de mesurer les conséquences pour la démocratie représentative. L’opinion dominante actuelle ne retiendra que les deux paramètres inscrits dans l’air du temps : « économies » et « modernité » alors que ce n’est qu’une stratégie visant à « professionnaliser » à outrance la vie publique et surtout de ne plus soumettre les élus nationaux à la proximité citoyenne. En effet la réduction du nombre du parlementaires va personnaliser les scrutins et favoriser largement le milieu urbain (parfois 2 député-e-s pour des départements ruraux et… un seul sénateur-trice-) et donc nettement favoriser l’émergence d’une majorité facile à conserver jusqu’en 2040 (la règle de 3 mandats consécutifs n’entrera en vigueur qu’en 2021 ou 22).
La réduction du droit historique aux amendements ne va pas révolutionner les électrices et les électeurs alors qu’il présente un danger de restriction des débats autour d’un texte. La faiblesse du militantisme politique ne laisse pas espérer une mobilisation particulière. Il en est de même sur la réforme de la fiscalité locale très technocratique qui sortira très vite, contre l’avis des associations d’élu-e-s méprisées car accusées de prise de position « politique ». La dépendance des collectivités territoriales à l’égard des subsides nationaux va conduire à un retour sur la décentralisation et à une disparition certaine des spécificités des politiques sur des territoires différences. Mais c’est vain de tenter de l’expliquer !
Le lien entre population et élu-e- local-e- sera remplacé par cette coercition des dépenses qui imposera une volonté nationale dénuée de toute humanité puisque ce sera celle des « comptables » de Bercy. L’Etat revient pas à pas dans la gestion des territoires de telle manière que le pouvoir en place s’assure un avenir sécurisé. Il n’y a qu’un seul problème de fond : que se passera-t-il le jour où le (la) tenant (e) de cette techno-structure en fera le même usage qu’en Italie, en Pologne, en Autriche, en Hongrie, en Slovénie, en Russie, aux Etats-Unis… La France républicaine ne sera plus qu’un souvenir !

Cet article a 6 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    Oui, la technostructure a pris le pouvoir, mis un des siens à la tête du pays, et mis les politiques au placard.
    Mais sur quoi va régner cette technostructure ?
    Elle obtient effectivement le soutien de la majorité de ceux qui se déplacent encore aux urnes.
    Mais, pour le reste, la désertion s’organise. Désertion des urnes, on l’a vu, mais désertion de la parole politique, des média « main stream », désertion des institutions publiques. Des finances, des solidarités parallèles, des logements, des associatoons… des écoles, s’organisent en dehors des cadres habituels.
    Alors, effectivement, une faction du pays a trouvé la martingale pour subjuguer le pays (au sens étymologique « mettre sous le joug ») : il suffit de dissoudre la République…

    1. faconjf

      Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. »
      Bertolt Brecht

  2. faconjf

    Bonjour,
    Le Méprisant de la République et ses sbires n’aborderont JAMAIS ce sujet
    https://youtu.be/ZE8xBzcLYRs
    Et pour cause c’est le moyen de justifier la casse sociale et d’enrichir indument les banksters !!
    A ce jour plus de 2 300 milliards d’€ de dette publique et plus de 7 000 milliards de dettes privées…
    Les banksters peuvent dire merci à l’article 123 du traité de Lisbonne.
    L’article 123-1 du traité de Lisbonne (ex-article 104 du traité de Maastricht) interdit de façon très claire tout financement direct des États et administrations publiques de la zone euro par le Système européen de banques centrales (SEBC).
    Les États remboursent-ils leurs dettes ? La réponse est NON! Les états Roulent la dette c’est à dire qu’ils payent les intérêts aux banksters et empruntent le capital à rembourser. Donc la dette en valeur ne se réduit pas elle augmente! Le moyen le plus efficace de « réduire  » la dette est en prenant en compte sa valeur par rapport au PIB, d’où la course à la croissance. Pour clarifier mon propos, si vous allez à votre banque pour rembourser votre ancien prêt en demandant un nouveau prêt, avez-vous réellement remboursé votre prêt? Non, vous l’avez « roulé » ! Mais si entre votre premier prêt et son remboursement, votre revenu disponible brut a augmenté (via l’inflation ou une promotion dans votre entreprise->croissance réelle) , alors le poids votre dette aura diminué.
    Il existe des cas où il est possible de diminuer sa dette en valeur. Par exemple lorsqu’une entreprise est privatisée, cela crée une rentrée d’argent pour l’État qui peut l’utiliser pour rembourser (et ici rembourser est le bon mot) une partie de sa dette. Mais ce sont des opérations « one-shot », on ne peut bizarrement pas privatiser une même compagnie tous les ans. Un autre moyen de « rembourser » sa dette est d’utiliser la planche à billet (=monétiser sa dette) ; mais si demain la France imprime 2300 milliards pour rembourser sa dette, vous pouvez sortir votre brouette, mettre un tas de billets dedans et aller acheter votre baguette avec (c’est le raisonnement pour contrôler l’inflation le fameux article 123).
    Pour les gouvernants rembourser la dette n’est pas un but en soi. L’objectif est de maintenir la dette à un pourcentage du PIB qui n’effraie pas les banksters et fasse monter les taux d’intérêts. Si les taux augmentent alors le service de la dette pèse plus sur le budget et il faut alors soit augmenter les impôts ( des pauvres pour ne pas effrayer les riches) soit couper dans les dépenses ( de préférence sociales, les pauvres sont plus faciles à plumer). Et voila la justification du train de privatisations qui s’annonce, et les coupes sociales et l’augmentation des impôts car la journée de « solidarité » supplémentaire c’est un impôt.
    Salutations républicaines

  3. Bernadette

    Selon moi, Il devient urgent de bien séparer l’entreprise du lieu de vie.
    L’entreprise : syndicats
    Lieu de vie : politiques
    La commune est l’échelon le plus démocratique qui n’est pas selon mes sources d’informations adaptée aux besoins de la population.

  4. J.J.

    facon jf@ … la journée de « solidarité » supplémentaire c’est un impôt.

    Non, ce n’est pas un impôt, c’est pire, c’est le retour à la corvée, (autrement dit un retour à l’esclavage), abolie par la Révolution de 1789.

    Philippe Labansat @ Elle obtient effectivement le soutien de la majorité de ceux qui se déplacent encore aux urnes.

    Ceux qui se déplacent encore aux urnes, ce sont d’une part les vrais citoyens, une minorité, hélas, d’autre part ceux qui ont très bien compris qu’en criant « élection , piège à cons », on rétablissait de facto le suffrage censitaire d’avant 1848, ce qui leur permet de mettre en place un fantoche à leurs ordres.
    C’est comme ça que l’on se retrouve avec une désastreuse mascarade de République.
    D’ailleurs, instituer le suffrage universel, pour en arriver à l’élection de Badinguet, on ne peut pas vraiment dire que ce fût une réussite.

    1. faconjf

      Et non toutes les corvées n’ont pas été toutes abolies le 4 aout 1789.
      La corvée (du latin corrogare, « demander ») est un travail non rémunéré imposé par un souverain/seigneur/maître à ses sujets et dépendants, qu’ils soient de statut libre ou non. Il s’agit d’un rouage essentiel du système politico-économique médiéval et tire son existence de la rareté de la monnaie à cette époque. C’est un impôt perçu de manière non pécuniaire.
      Ainsi Avant le statut du fermage de 1946, les fermiers étaient à la merci des pressions des propriétaires. Ceux-ci ne craignaient pas d’en abuser, cela expliquait […] que tous les ans, le 29 septembre, il y eût un véritable cortège de charrettes et de bétail. […] À la Saint-Michel, en effet, les baux arrivaient à leur terme. […] Outre le montant du fermage, […] [le fermier devait] aussi au propriétaire un certain nombre de journées de travail gratuit, [par exemple] trois jours de charrue (homme, cheval et matériel), un homme chaque jour pendant la durée des foins ». D’autres corvées pouvaient exister comme débarder du bois, voire nourrir le chien du propriétaire.
      Les impôts locaux sont restés longtemps concernés par ce système. Jusque dans les années 1950, les paysans étaient aussi astreints à un système de corvées, en guise d’impôt local payable en prestations de travail.
      Les corvées municipales se sont éteintes du fait de l’exode rural vers le milieu des années 1950. En France, en 2004, une loi du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin établit le premier jour férié travaillé non payé, officiellement annoncé journée de solidarité envers les personnes âgées.
      La corvée reste, dans l’imagination contemporaine, le symbole de la domination des seigneurs et de la monarchie, au même titre que la dîme ou la gabelle.
      Bref, nous voici EN MARCHE … Arrière !

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