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Que reste-t-il du lien de confiance dans les produits alimentaires ?

Il faut repenser les relations entre les gens et l’alimentation. C’est devenu une nécessité de revenir à des rapports de confiance qui ont été grandement altéré par des scandales sanitaires alimentaires successifs mais que l’on a oublié. Le plus souvent il s’agit de fraudes qui servent à augmenter les profits.
Ainsi en mai 1981, une épidémie inconnue touche l’Espagne et fait rapidement des centaines de morts. La France est également touchée et compte quelques cas. Très vite, les médecins soupçonnent un problème alimentaire mais il faut plusieurs mois pour en découvrir la cause : des huiles de colza contenant de l’aniline (un dérivé du benzène), en théorie réservées à l’industrie, avaient été vendues comme huile de table sur les marchés pendant des années par de petits entrepreneurs véreux. Au total, selon un décompte de l’OMS arrêté en 1997, près de 1.200 personnes seraient mortes.  On découvrira neuf ans plus tard du benzène dans des bouteilles de Perrier beaucoup moins « pétillantes » qu’elles ne paraissaient mais l’impact est très limité.
Le premier cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) détecté en 1986 au Royaume-Uni sera beaucoup plus impressionnant Mais ce n’est qu’une décennie plus tard que le grand public prend connaissance de la maladie de « la vache folle », cause possible du syndrome, mortel pour l’homme, de Creutzfeldt-Jakob. Des milliers de bovins sont abattus, des millions de produits alimentaires à base de viande transformée sont rappelés et les farines animales, à l’origine de l’ESB, sont interdites. La consommation de viande s’effondre et il faudra des mois et des mois avant qu’elle reprenne une courbe ascendante. Actuellement la tourmente est revenue avec les manifestations plus ou moins violentes contre les conditions d’abattage des animaux pu plus radicalement contre la consommation pire et simple de viande.
Régulièrement, des scandales de contaminations aux dioxines éclatent comme en avril 1999, quand on découvre en Belgique des traces toxiques dans des poulets. Aussitôt, une expertise est menée à l’échelle européenne : à cause d’un nutritif donné aux volailles et qui contient des traces d’huile de vidange, des milliers de volailles sont touchées et plusieurs élevages concernés en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Presque dix ans plus tard, un scandale du même type éclatera de nouveau : en 2008, l’Irlande doit faire face à une contamination à la dioxine dans ses élevages de porcs. La même année, la police italienne découvre une contamination du même type concernant l’ensemble de la production industrielle de mozzarella.
C’est chez les Britanniques que l’on découvre une étiquette « pur boeuf, produits en Irlande » sur des steaks hachés venant… de France. Le groupe suédois Findus fait alors des tests et découvre que ses lasagnes « pur boeuf » contiennent de la viande de cheval. Moussakas et hachis « parmentier » pourraient être aussi concernés. Le coupable? Un petit sous-traitant français basé dans le sud-ouest du pays, au nom fleurant bon les troisième mi-temps : Spanghero. Elle est accusée d’avoir changé l’étiquetage de la viande de cheval roumaine en « viande bœuf origine UE ». On est en 2013.
On retrouve un autre produit toxique dans les œufs : le fipronil qui élimine les parasites des animaux domestiques. Il est tracé dans les productions qui se trouvent en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une exploitation dans le Pas-de-Calais est peut-être concernée. L’enquête pénale est en cours pour connaître l’origine du scandale… qui date de 2017. !
Récemment les laits pour enfants en bas-âge Lactalis contaminés aux salmonelles à rappeler qu’il fallait que des familles, des associations se battent pour que les « profiteurs » admettent leur faute et acceptent difficilement de ne plus vendre ce qui est dangereux pour… des enfants ! Ce dernier manquement décelé dans l’industrie agro-alimentaire intensive révèle que rien n’est vraiment contrôlé dans des pays du libéralisme outrancier où l’on a supprimé les contrôleurs pour les remplacer par la vague notion d’auto-contrôles…qui ne sont pas toujours effectués ou qui parfois sont planqués pour éviter des pertes massives. Certains fruits et légumes sont ils inoffensifs? Glyphosate? Chlordécone? Tant d’autres…
La confiance a progressivement disparu. La ruée sur les produits certifiés biologiques le démontre. Mais encore une fois le fossé est creusé par les moyens financiers qui permettent d’y accéder et par l’insuffisance des circuits courts. Le combat des élu(e)s devraient désormais se baser sur un retour à des formes diversifiées d’auto-production (jardins partagés, régies alimentaires, jardins « ouvriers »), par des formes de distribution nouvelles (AMAP, coopératives de consommateurs, surfaces de vente directe…) ou par des labels sérieux ! C’est au moins aussi important pour eux que d’accorder des milliers de m² de surfaces commerciales démesurées qui n’ont comme intérêt que celui d’enrichir des investisseurs n’ayant aucun lien avec le commerce.

Cet article a 3 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    …et soutenir les monnaies locales (La MIEL en Gironde) qui incitent au changement de comportement, en orientant la consommation vers les producteurs locaux de qualité et les circuits courts, au détriment de l’agro-industrie et de la grande distribution…

  2. Alain.E

    Merci pour le rappel de toutes ces affaires , il est exact que le lien de confiance avec les produits alimentaires est bien rompu .
    Je me questionne souvent dans les rayons de ma moyenne surface sur ce que je vais bien pouvoir acheté , et me donne bonne conscience en achetant de plus en plus de ce que l’ on nous vends comme bio.
    La demande est là , les rayons bio explosent dans les magasins du reste .
    Consommer moins , mais consommer mieux , c’est la devise de beaucoup de gens aujourd’hui……

  3. Maria LAVIGNE

    Il est vrai que la nomination de la nouvelle secrétaire d’état venant de chez DANONE, qui défendait l’utilisation de l’huile de palme y compris dans le lait pour nouveaux nés, la confiance se renforce…

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