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La Gironde sur le podium des achats de pesticides

C’est un podium dont se serait passé la Gironde ! Ce n’est pas à proprement parler une grande surprise mais elle est bien inquiétante. L’association Générations Futures a établi un énorme travail d’exploitation des registres des ventes des distributeurs de pesticides sur l’année 2017 pour établir un palmarès. Or on trouve la Gironde à la seconde place des plus « gros » utilisateurs de glyphosate sur le territoire métropolitain derrière l’Aube. Une utilisation intensive de ces produits qui serait selon les instigateurs de l’étude à la « viticulture » et aux « habitudes professionnelles ». Bien entendu il ne s’agit que d’une estimation puisque rien ne dit que les produits achetés son épandus dans le département concernés. En juillet dernier avait annoncé l’augmentation de la consommation de pesticides en France.
Avec 3.276 tonnes de pesticides vendus en 2017, le département de l’Aube prend la tête du palmarés devant la Gironde (3.154 tonnes), la Marne (2.804 tonnes) et le Vaucluse (2.440 tonnes). La cinquième place est occupée par le Pas-de-Calais (2.390 tonnes), suivi du Gard (2.291 tonnes), de l’Aisne (2.078 tonnes), de la Somme (2.050 tonnes), de l’Hérault (1.841 tonnes) et de la Loire-Atlantique (1.597 tonnes). Il s’agit là de l’ensemble des pesticides et pas seulement ceux contenant du glyphosate.
En cette période où on taxe les carburants pour préparer une inévitable transition écologique il faut noter que ces produits, destructeurs directement ou indirectement de la biodiversité ne semblent pas relever du même traitement. Il a aussi des impacts sur la biodiversité. Un directeur de recherches au CNRS, rédacteur d’une alerte publiée en mars est formel : , « Le printemps s’annonce silencieux dans nos campagnes ». Il souligne qu’« une centaine d’études a évalué l’effet du glyphosate (plus précisément, de ses dérivés, comme l’Ampa) sur la biodiversité, en particulier en milieu aquatique. Des effets clairs ont été détectés, même si une grande variabilité est évidemment observée ». Par ailleurs, « le produit éliminant la flore spontanée des champs, ses effets indirects sur l’ensemble de la chaîne trophique sont avérés, puisque les plantes sont à la base de celle-ci ». Le chercheur est très clair : sur ces effets du glyphosate, ainsi que sur ceux des nitrates et des pesticides, il y a bien un consensus scientifique.
Il faut donc ramener ces quantités achetées à leur impact sur les terres sur lesquelles les quantités se cumulent depuis des années. Désormais peu travaillés les sols laissent les eaux ruisseler et conduire les produits nocifs vers des milieux récepteurs et même parfois dans des productions se situant sur le parcours des ruissellements. Des résidus de glyphosate, ont par exemple été retrouvés dans des céréales pour petit-déjeuner, des légumineuses et des pâtes toujours selon l’ONG Générations Futures qui a fait analyser une trentaine de produits.bras. Comment ne pas avoir en mémoire la polémique sur le cas des bébés nés sans mains, bras ou avant bras dans l’Ain ? Aucune cause n’a pur l’instant été mise en évidence par les enquêtes mais il est difficile de ne pas évoquer lune éventuelle conséquence de l’usage des pesticides.
Alain Rousset, Président de la région Nouvelle Aquitaine a récemment évoqué devant un parterre d’élus venus débattre du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) a évoqué la nécessaire mutation des méthodes culturales. Il en d’ailleurs fait une priorité de la politique agricole régionale. «  » Nous ne pouvons plus rester la tête dans le sable et ceux qui font la promotion des pesticides devront un jour rendre des comptes. » Il ne sera pas trop soutenu par le milieu agricole comme le démontre la poursuite des achats massifs de produits pour le moins « suspects ».
Avec ses 3 514 tonnes achetées (soit environ 2 kg/habitant) la Gironde est vraiment concernée par le maintien de sa formidable biodiversité. L’enjeu n’est pas plus mince que celui du gazole dans la préservation de nos équilibres naturels d’autant que si l’air est menacé il faut noter que les réserves en eau s’amenuisent à une allure angoissante. Si en plus, comme c’est de plus en plus souvent le cas elles sont « polluées » l’avenir s’annonce plutôt sombre. Les « gilets jaunes » peuvent compter sur mon soutien total si parmi leurs revendications ils demandent une taxation aussi sévère que celle des carburants, pour les produits chimiques dangereux qui altèrent leur santé de manière tout aussi durable. D’ailleurs ce qui n’est pas rassurant c’est que cette proposition n’aura aucun écho puisque parmi les manifestants il y a de fortes chances que l’on trouve des utilisateurs de glyphosate et qui protesteraient vigoureusement si on en doublait le prix !

Cet article a 2 commentaires

  1. Bruno DE LA ROCQUE

    J’ai lu hier la publication. Il faut toujours examiner le détail des emplois. En effet, les fongicides « pondéreux », c’est à dire ceux dont le grammage à l’hectare traité (pour un seul IFT, l’outil de comparaison des pratiques phytosanitaires) est le plus élevé sont le soufre et surtout la bouillie bordelaise, qu’emploient de nombreux viticulteurs et qui sont en outre les fongicides exclusivement autorisés en « bio ».
    Il y a donc dans le tonnage utilisé sur l’ensemble du vignoble régional une part importante des ces fongicides-là, qui a été et qui sera d’autant plus importante que croissent les surfaces converties en bio. Je sais : c’est paradoxal.

    Ajoutons à cela que le printemps 2018 a été particulièrement pluvieux et a nécessité des renouvellements incessants de la couverture fongicide à base de cuivre (qui n’est que de « contact » sur la plante)…

  2. Philippe LABANSAT

    Plus ça change, moins ça change.
    Heureusement, le bio progresse, mais beaucoup d’agriculteurs sont toujours fabricants de nourriture empoisonnée, sur des terres mortes, avec de l’eau gaspillée et empoisonnée, elle aussi.
    Combien de temps va-t-on continuer comme ça ?
    La transition dans ce domaine ne vient pas des décideurs. Malheureusement, il nous revient individuellement à faire le tri : boycotter et dénoncer les empoisonneurs, encourager et soutenir ceux qui vont dans le bon sens.
    De plus, l’accaparement des terres agricoles pour des productions intensives pesticidées et mondialisées devra être réinterrogée. Est-il judicieux de s’en remettre à l’autre bout de la planète pour produire notre alimention quand nous-mêmes produisons pour l’autre bout de la planète ? La question devra être posée collectivement…

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