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On se contente de déplacer le vrai problème de la mobilité

Est-il totalement utopique de se passer de l’automobile dans le quotidien ? Le débat mérite d’âtre ouvert…mais comme bien d’autres il vire vite à l’énumération de moyens matériels ou de décisions financières alors que c’est purement une discussion politique. Pour lutter contre les conséquences de la mobilité dans le réchauffement climatique le choix qui a été fait consiste seulement à sanctionner l’usage des véhicules utilisant des carburants extraits du pétrole alors qu’il serait indispensable d’identifier les causes avant d’en traiter les effets. Le premier travail vise à refonder les principes de l’urbanisation.. Un Ministre avait tenté de juguler le phénomène désastreux de l’étalement urbain : Louis Besson ! Avec sa loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, couramment appelée loi SRU il avait tenté de redonner un sens à la mixité sociale et surtout à la densification urbaine. Ce ne fut pas le texte du gouvernement Jospin le plus apprécié mais il constitue le socle d’une nouvelle vision de la manière de concevoir l’aménagement du territoire.
Dans le domaine des transports, la loi développait une philosophie tendant à réduire la place de l’automobile dans les zones convenablement desservies par les transports en commun, principalement par la raréfaction des places de parking des centres commerciaux et des multiplexes cinématographiques. Besson a profondément changé la donne en incitant à une véritable planification que bien évidemment certains élus ont jugé trop contraignante. Les schémas directeurs (SD) ont été remplacés par les schémas de cohérence territoriale (SCOT) ; les plans d’occupation des sols (POS) ont été remplacés par les plans locaux d’urbanisme (PLU). Dans le cadre d’une démarche de développement durable, la loi SRU visait à inciter à réduire la consommation des espaces non urbanisés et la périurbanisation, en favorisant la densification raisonnée des espaces déjà urbanisés (limitation de la possibilité de fixer une taille minimale aux terrains constructibles, suppression du contrôle des divisions de terrains ne formant pas des lotissements).
Il appartenait aux collectivités territoriales de gérer la mobilité. Elles l’ont fait avec une forte volonté de répondre à cette évolution des règles. Le tram sur la métropole bordelaise, le développement du réseau TransGironde ont considérablement fait évoluer les rapports entre les habitants de les liaisons avec la ville centre ou même avec des pôles secondaires. Des tarifs très incitatifs ont été proposés mais en milieu « rurbain » ou même rural le trajet domicile travail n’a jamais été vraiment modifié par ces efforts collectifs…
Le vrai problème c’est que même en augmentant les cadences ou en adaptant au maximum les horaires il est impossible d’effacer les conséquences de mesures antérieures. L’isolement réel volontaire de certaines habitations nouvelles ou de certains groupements d’habitations (choix de vie) et le retrait de services basiques de nombreuses communes ont accentué le besoin de déplacement individualisé. La concentration des emplois sur les zones urbaines et la distanciation des habitats ont rendu l’usage de l’automobile inévitable. Or il n’y a aucune proposition dans ces domaines qui traiterait simplement de la racine de la consommation en carburant !
Aucune proposition en direction des jeunes. Le chemin de l’école ou du collège doit être au centre des propositions municipales ou départementales. Le transport sur de très courtes distances d’enfants ou d’adolescent(e)s par des parents motorisés relèvent de l’aberration écologique. L’obésité menace mais rien n’est fait pour favoriser les déplacements responsables à pied ou à vélo… Des plans de déplacement pour chaque établissement devrait être obligatoires ! On constate au contraire que bien des initiatives des années 2000 sont abandonnées…ou le déploiement d’idées nouvelles n’existe plus !
Tout est fait pour céder à la facilité en zone périurbaine ou rurale : augmentation des places de parking le plus près possible des établissements présentée comme une réalisation répondant à un besoin, créations de sortes de Mac Drive pour les garderies ou l’accès aux écoles, prise en charge dans les transports d’élèves habitant à parfois 200 ou 300 m de l’établissement, abandon des Pédibus, Vélobus et autres actions de citoyenneté active. Faire quelques centaines de mètres à pied relèverait d’une astreinte épouvantable quand on occupe les giratoires car le gazole est trop cher !
De nombreuses collectivités territoriales agissent quand beaucoup d’autres attendent et c’est certainement là le vrai problème. La transition énergétique passe par le local ! Si l’on prend par exemple le Département de la Gironde depuis ces dernières années c’est plus d’une centaine d’aires de covoiturage construites ; des pôles intermodaux de transport aménagés ; des centaines de kilomètres de pistes cyclables créés ; des tarifs attractifs pour les transports collectifs, des efforts de communication impressionnant : une augmentation constante du télé-travail ; une aide pour le personnel utilisant les transports collectifs…. Ce sont des efforts financiers quotidiens mais sont-ils perçus comme positifs ?

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    On en est toujours réduit au concept du Yfaudraikon-yapuka,… pour les autres….
    J’observe depuis mon perchoir, et je constate chaque matin la désinvolture d’une part importante de parents d’élèves qui viennent déposer leur précieuse cargaison à l’école voisine. Un grand espace de stationnement a été aménagé et mis à leur disposition.
    Certains bien sûr l’utilisent, mais pour d’autres, quelques dizaines de mètres à parcourir représentent une bien trop grande distance, et ils s’arrêtent devant la porte de l’école, prenant tout leur temps et formant une longue queue derrière eux.
    Et parmi ceux qui poirotent, certains vont rejouer le même scénario, ne pensant même pas à profiter de l’arrêt pour faire descendre leur progéniture qui devrait parcourir parfois jusqu’à 10 ou 15 mètres !
    Bon, et je ne vous parle pas de ceux qui stationnent sur les pelouses, et qui traversent en dehors des passages protégés pour s’éviter quelques mètres.
    Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes que l’on pourra ensuite admirer en train de faire leur « jogging »….
    Octidi 8 frimaire 227

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