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Exit la barre des 3 % du déficit budgétaire

Dans le fond la poussée de fièvre jaune aura eu une conséquence inattendue sur la gouvernance…européenne. Dans la suite de la décision prise par l’Italie de ne pas respecter le dogme des 3 % du déficit budgétaire ayant précipité, en partie, la chute du quinquennat Hollande, le pouvoir en place vient de lâcher du lest. Nombreux sont les ministres dogmatiques du gouvernement qui viennent d’avaler de travers. Darmanin le pourfendeur de la gestion des collectivités locales, l’inventeur de la sanction pour dépassement des dépenses de fonctionnement afin de diminuer leur endettement est devenu bizarrement silencieux… alors qu’il avait posé pour un bout de film avec une perruche le lendemain des événements de Paris ! Il faut dire que désormais il doit faire face aux conséquences des annonces présidentielles qui ne sont pas dans tous les documents budgétaires ! Tout est à rafistoler et surtout il va falloir aller expliquer à Bruxelles que rien n’est grave et que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. En seconde lecture à l’Assemblée le projet n’a plus aucune sincérité et n’est en aucune manière véritable conformément au droit français.
Les mesures annoncées par le Président en faveur du pouvoir d’achat, devraient coûter de l’ordre de six milliards d’euros puisqu’elles ne sont accompagnées d’absolument aucune recettes nouvelles. En choisissant de ne demander aucun effort supplémentaire via l’ISF, l’impôt sur les transactions financières ou les grandes sociétés il a mis fin au principe de l’équilibre indispensable entre recettes et dépenses. Il faut ajouter à cette ardoise potentielle les 4,5 milliards liés à l’annulation de la taxe carbone et aux premières mesures prises début décembre (chèque énergie, prime à la conversion…).
Comme la croissance n’est pas au rendez-vous et que la TVA toujours à un très haut niveau en novembre et décembre va se révéler en nette chute les résultats de 2018 ne seront pas au niveau attendu. Et dès maintenant, sans nouveaux soubresauts sociaux au printemps (ce qui n’est pas vraiment certain) il est déjà certain que la ligne rouge bruxelloise des 3 % de déficit sera atteinte. On évalue même les dégâts à 3,4 %. Quelle sera l’attitude de la commission européenne alors que nous serons en pleine campagne électorale ? Elle rappellera peut-être quelques engagements pris par celui qui fut Ministre de l’économie et chantre du respect des consignes de l’UE mais sans vraiment insister.
Le principe de la réduction des dépenses publiques était en effet inscrit dans son programme présidentiel d’Emmanuel Macron, qui avait promis une baisse de 3 points de PIB, soit 60 milliards d’euros d’économies sur l’ensemble du quinquennat. Depuis qu’il est à l’Élysée, l’ancien ministre de l’Économie a en réalité augmenté la dépense publique de 51 milliards d’euros, selon un rapport parlementaire présenté mi-octobre par le député LREM des Hautes-Alpes, Joël Giraud. Et là faute de travailler sur l’amélioration des recettes en rétablissant un peu plus d’équité fiscale il ajoute une ligne de plus de 10 milliards.
Cette situation ne laisse rien augurer de bon pour les collectivités territoriales qui vont devenir chaque jour un peu plus les remparts contre le délitement de la cohésion sociale et territoriale. Ce n’est pas pour rien que le Président a annoncé un Tour de France pour rencontrer les Maires dont une très large part ne seront plus très motivés à… un an de leur renoncement à leur écharpe. Il ne peut pas se passer d’eux puisqu’il va falloir qu’ils se montrent compréhensifs sur la compensation de la suppression de la taxe d’habitation. Quant aux départements dont les dépenses sociales ne cessent d’enfler ils vont devoir se débrouiller entre eux pour ne pas sombrer à leur tour dans la tourmente financière. Le seul espoir c’est que l’État se calme et laisse de coté des « réformes » sans grand intérêt à court terme si ce n’est celui de vouloir écraser les pouvoirs de proximité en place pour des raisons d’opportunisme électoraliste.
Des signes ont cependant été envoyés à l’égard des élus locaux voulant innover. Le fameux « revenu de base » semble ne plus être un tabou dangereux si l’on se réfère aux coups de téléphone reçus par Jean-Luc Gleyze, président du conseil départemental de la Gironde. La métropolisation de la Gironde à vocation strictement politicienne s’éloigne un peu plus en raison de son coût pour un territoire qui ne sera pas épargné par la crise. Des milliers d’emplois sont en jeu sur le site de Blanquefort dont la fermeture constitue une vraie menace pour les équilibres économiques. Une situation qui est d’une tristesse infinie quand le Président a présenté comme une mesure phare sa demande faite aux grandes entreprises de verser une « prime de fin d’année à leurs employés » sans impôt, ni charge ! On est vraiment très loin de la réalité !

Cette publication a un commentaire

  1. faconjf

    Bonjour,
    augmenter le SMIC était possible pour éviter le dérapage budgétaire et les corrections à la hausse de la fiscalité et des baisses de dépenses publiques qui l’accompagne. C’est ce que fait le gouvernement Espagnol en augmentant le salaire minimum de … 22% !! Oui oui vous lisez bien 22% de hausse en 2019 .
    Muriel Pourricaud la sinistre du patronat doit s’étrangler en buvant son café. Elle peut se consoler avec les 62 000 € d’économies annuelles réalisées par son exonération d’ISF.
    En fait le coût du travail est le moteur des réformes ( Macron- Mollande et Macron-Pourricaud) sur le travail. Mais ce mouvement vient de bien plus loin, au début des années 1980, c’est le décrochage du Smic avec les gains de productivité, un décrochage qui fut voulu par le « tournant de la rigueur » et qui s’est ensuite enraciné avec le chômage de masse. Le décrochage de la productivité et du Smic à prix constant à commencé en 1982 et n’a cessé de s’accroitre il représente un différentiel de 30% en 2018 par rapport à 1982. L’impact de ce décrochage sur l’ensemble des salaires ouvriers a été dramatique, car de nombreux salaires, situés entre 1 fois et 1,4 fois le Smic sont de fait indexés sur ce dernier. La très faible croissance du Smic depuis 2008-2009 n’a donc pas concerné QUE les ouvriers et les employés qui sont payés au Smic. Elle s’est aussi traduite pour l’ensemble des salariés dont la rémunération se calcule en pourcentage de ce dernier. L‘ouverture de l’écart, qui est très nette depuis 2009-2010, a donc des conséquences très profondes pour des millions et des millions de français. Rappelons que quand le Smic évolue moins vite que la productivité, les profits s’accroissent, quand il évolue plus vite, les profits diminuent, et quand il évolue au même rythme les profits sont constants en pourcentage, et augmentent en masse avec la valeur de la production. Alors que les investissements auraient dû augmenter, c’est le contraire qui s’est produit au bénéfice des actionnaires qui ont confisqué les profits au lieu de les réinvestir.
    L’autre effet pervers de la stagnation des salaires c’est la réduction drastique du salaire différé ( écart salaire brut et salaire net) qui finance par mutualisation la prise en charge des risques de la vie ( invalidité, vieillesse, décès, maladie). Le transfert de ce que le méprisant surnomme « charges » sur l’impôt ( CSG) paupérise le système. Système hérité du CNR et qui est aussi vampirisé par les assurances « privées » qui se parent du terme usurpé de « mutuelles ».
    Il faudrait sortir de toutes ces perversions en rétablissant la vérité. Sortir de tous ces mensonges martelés par les propriétaires des merdias et leurs journalopes un travail plus grand que le nettoyage des écuries d’Augias. Pour mémoire, Augias possédait 3 000 bœufs, mais les écuries de ses animaux étaient tellement sales qu’on ne pouvait plus y entrer, elles n’avaient plus été nettoyées depuis trente ans.
    Plus de trente années de bourrage de cranes, pas facile à décrasser !!! Le matraquage fiscal et la purge sur les services publics qui va suivre les annonces du méprisant seront habilement déguisés par les merdias pour faire endosser aux GJ une responsabilité qui ne leur incombe pas.
    Salutations républicaines

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